Référence :
21319
Titre :
La société de masse
Date :
2013
Technique :
Acrylique sur toile
Famille/Série
Dimensions
162 x 130
Signature
en bas, à gauche et titre en bas, à gauche
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Provenance
Collection particulière
Observations
Expositions
ECI
Bibliographie
Mythanalyse des masses sociales
Il convient de parler au pluriel des masses sociales, car elles peuvent se former et se déplacer simultanément au sein d’une même société, et entrer alors inévitablement dans un conflit qui assurera la victoire de l’une et éliminera l’autre; ou varier significativement dans leur gestation et leur profil d’une société à une autre.
On devrait aussi se demander si, à la différence des foules, les masses sont visibles. Si nous avons vraiment conscience de faire partie d’une masse – et si oui, de quelle masse et qui vise quoi?
Les masses existent-elles? La question se pose dans nos sociétés du Nord, où coexistent des deux forces, celle d’un individualisme exacerbé, et celle d’une conscience de masse. Comment ces deux pôles sont-ils compatibles? Comment s’articulent-ils? Sont-ils liés? Nous voyons bien que dans les sociétés très organiquement liées, comme les sociétés japonaise ou chinoise ou russe ancienne. dans les sociétés qu’on appelle collectivistes, l’individualisme ne compte guère par rapport à la soumission au groupe.
Sans doute pouvons-nous caractériser les sociétés occidentales de classes moyennes comme un cas particulier qu’on appellera « sociétés hyperindividualistes de masse ». C’est un paradoxe, mais probablement pas une contradiction, l’intégration forte à la masse permettant sans danger d’éclatement une marge bien réelle de pseudo liberté individuelle. Je peux librement choisir de boire du Coca plutôt que du Pepsi, de manger du pain biologique ou industriel, d’aller en vacances à la mer ou à la montagne, voire d’être homo ou hétérosexuel. Le système de masse, soutenu par ses médias, son système de gestion, de consommation, de contrôle, est assez puissant pour programmer ces choix et les offrir sans que la coquille se fracture.
La question est alors de savoir qui génère, contrôle, oriente ces masses, qui, une fois en mouvement, peuvent devenir très puissantes. Le fascisme, le maoïsme, le communisme ont su maîtriser cette dynamique. La masse devient alors redoutable, elle dévore tout obstacle sur son passage, comme un énorme insecte, comme le cloporte de Kafka.
Le concept de masse sociale, en temps plus normal, disons démocratique, correspond-il à la réalité? Est-il un pôle imaginaire de notre conscience? Une peur? Ou une réalité qu’on peut décrire et mesurer?
L’imaginaire du concept de masse s’enracine dans quel mythe? Celui de la fusion organique? Celui de l’unité sociale dans laquelle se réfugie l’individu effrayé par la conscience de sa propre liberté? Répond-il à la peur des fils qui se rassemblent soudain dans l’ombre et sous l’autorité absolue du père? Lorsqu’on observe les traits de caractère de personnages comme Staline, Mao, Hitler, Mussolini, Franco, on découvre que ces leaders ont été créés, soutenus, adulés par des humains en quête d’un chef capable de les protéger contre leurs peurs, contre la misère réelle, contre les boucs émissaires (les méchants juifs, socialistes, républicains, homosexuels, gitans, etc.) Bref, contre la peur de l’Autre, du différent.
On croit être capable d’analyser le phénomène des masses fascistes. Hannah Arendt a clairement décrit le dispositif, basé sur le ressentiment du faible.
Mais dans le cas des démocraties marchandes – je préfère ce terme à celui de démocratie bourgeoise ou de classe moyenne, car il est beaucoup moins confus, pouvons-nous parler de masses démocratiques? Masses des fils qui ne se réclament pas de la protection d’un père?
Une masse peut-elle s’autogérer? Je ne le crois pas. La figure du père tout puissant semble être la clef de voûte de tout phénomène de masse. Nous, les fils libertaire, nous devrions donc redouter toute idée de masse sociale.
Question à reprendre et à approfondir, car elle touche certainement à une clé du système social actuel.
Ref : Blog Mythanalyse 12/06/2011
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La conscience augmentée (1)
Le numérique, comme Janus, a deux visages : celui de la puissance, mais aussi celui de la solidarité humaine Nous vivons de plus en plus sur une planète hyper. De même que nous parlons de «réalité augmentée» pour désigner les médias enrichis qui lient grâce aux réseaux numériques des images ou la captation de sites touristiques à des informations historiques, biographiques, scientifiques, etc., de même nous pouvons appeler «conscience augmentée» cette connaissance de plus en plus englobante et immédiate que nous donne l’information planétaire sur le web. C’est ainsi que nous nous engageons dans des campagnes en faveur des équilibres écologiques à respecter de l’autre côté de la planète tout autant que dans notre cour. Cette globalisation de la conscience, c’est aussi celle de l’économie et de la spéculation financière ; c’est celle du commerce international, de la santé publique, de la sécurité alimentaire, de l’aventure scientifique et spatiale. Et la conscience que nous avons sans cesse, de tous les évènements qui bousculent les sociétés, de tous les scandales qui surgissent sans cesse sur notre globe terrestre, créent en nous une exigence éthique de dénoncer les criminels, de sanctionner, de légiférer, d’intervenir pour secourir les hommes qui souffrent de calamités naturelles, de désastres des guerres, de violences. Nous avons créé les agences des Nations Unies, une cour de justice internationale, nous oeuvrons pour la coopération Nord-Sud, Sud-Sud, des organisations humanitaires «sans frontières». Cette conscience augmentée, c’est celle des liens, celle de notre appartenance non plus seulement à une famille, à un groupe social, à une nation, mais de façon inclusive à l’humanité, à l’humanité entière, par-delà les diversités, les conflits, les déchirements, les violences. Nous allons redécouvrir de plus en plus l’importance fondamentale, fondatrice, des liens de solidarité, comme une morale qui prend pouvoir de contrepoison politique face à l’anonymat dangereux des masses, aux manipulations et aux fascismes qui peuvent en résulter, comme l’histoire récente et l’expérience quotidienne nous le démontrent. Nous allons redécouvrir le sens de la morale confucéenne, celle des liens sociaux, qui fait écho aux liens des idéogrammes. Nous prendrons ainsi conscience de la nécessité d’une éthique planétaire. Une éthique qui est la base de l’hyperhumanisme auquel nous aspirons et qui deviendra plus importante que la technoscience elle-même comme moteur d’évolution de notre espèce – et sans doute même pour sauver notre planète et notre espèce de l’autodestruction. Je n’ai pas de doute que la technoscience va poursuivre glorieusement son accélération, selon sa propre logique de compétition intellectuelle, commerciale et politique. Je n’ai donc pas d’inquiétude pour elle et il n’y a pas lieu de la défendre. Il n’en est pas de même de la morale planétaire, qui a tant de mal à s’imposer dans les esprits. Et si nous avons appris l’importance de contrôler démocratiquement et de contester les abus de pouvoir de ceux qui nous gouvernent, nous prenons aussi conscience de la nécessité de soutenir des institutions planétaires, notamment celles des Nations-Unies, qui peuvent nous permettre d’établir une meilleure gouvernance internationale. Nous appuierons de plus en plus vigoureusement les organismes humanitaires qui mettent en œuvre nos exigences de solidarité. Bref, nous militerons de plus en plus activement pour une éthique planétaire qui cible notre salut collectif par le respect des liens qui nous unissent chacun à chacun, par-delà les différences culturelles et identitaires. L’internet est un puissant outil de réseautage planétaire, d’éducation, et de développement. Il a permis aux organisations humanitaires d’augmenter spectaculairement leur capacité à promouvoir les droits de l’homme, à dénoncer les violences humaines, à sauver des vies face à la barbarie de certaines coutumes et gouvernements. L’internet joue un rôle stratégique en faveur de l’information internationale, qui est une condition essentielle d’un meilleur respect mutuel. Ce fut une vertu de Wikileaks de permettre la démystification des hypocrisies gouvernementales. En ce sens, le web n’est pas qu’un instrument, ni seulement une métaphore pour penser le monde. Il devient aussi un laboratoire populaire, partagé, d’informations, d’échanges, de solidarités, de conscience et d’innovation. La planète devient un hypertexte. Les technologies numériques resserrent nos liens mutuels, favorisent nos compréhensions réciproques. En évoquant une planète hyper, je dis hyper tout à la fois pour souligner l’augmentation de la conscience humaniste dont nous avons besoin et pour reconnaître l’importance des hyperliens comme structures mentales, psychiques, cognitives et sociales de notre espèce.
L’internet fait émerger de nouveaux comportements humains. Il favorise la diversité culturelle, les échanges interculturels, l’accès aux bibliothèques publiques et à la culture. Bien sûr, il y a aussi des usages humains criminels de l’internet. Mais globalement le numérique est un outil stratégique de progrès humain et de paix. Voilà une technologie binaire, qu’on pourrait qualifier de triviale, et qui constitue pourtant une divergence majeure en soi ; plus encore : constitutive de notre «conscience augmentée», que nous partageons comme membres de la même humanité, elle devient un outil de progrès humain et finalement d’hyperhumanisme. En ce sens, e-Confucius devient le symbole de notre e-planète, notre hyperplanète.
Ref : Blog Mythanalyse 17/02/2013
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Une conscience augmentée
Comment appeler ce grand mythe nouveau de l’humanité planétaire interactive à la conquête d’elle-même dans le cybermonde du web planétaire ? Nous le nommerons l’hyperhumanité. Hyper parce qu’il se constitue par multiplication des liens numériques, les hyperliens ; hyper aussi pour souligner l’émergence d’une conscience augmentée en temps réel de cette masse réseautée d’êtres humains en quête de son unité par-delà les distances géographiques s’abolissent aujourd’hui dans le respect de sa diversité culturelle et linguistique.
Nous avons entrepris de tisser des hyperliens de plus en plus serrés sur la toile numérique qui recouvre peu à peu toute la Terre. Sur ce vaste réseau technologique, que relient les fibres optiques, les satellites, les serveurs, les routeurs, les modems, les ondes courtes et les terminaux, fixes et mobiles, nous nous sommes mis à communiquer en temps réel, en tous sens, sans cesse et avec tous. La société de la communication planétaire interactive s’est répandue comme l’eau, comme une crue nourricière sur les vastes solitudes et les déserts d’incompréhension de la Terre. La société de l’information est née. Elle nous enthousiasme légitimement. Elle fait circuler sur ses larges bandes et à haute vitesse des milliards de données, de pages web, de fichiers de tous ordres, d’images et de messages interpersonnels vocaux, ou textuels, touchant à toutes nos activités humaines publiques, professionnelles et privées.
Et quelles que soient les fractures, les divergences, les luttes persistantes, voire exacerbées, qu’on observe dans le web, nous ne pouvons en nier pour autant la dynamique intégratrice, encore plus puissante. Nous voyons apparaître une société de masse numérique, planétaire, qui oscille entre le fantasme d’elle-même et son incarnation réelle. Et nous aimons ce corps lumineux irradié, euphorisant, maternel.
Ces liens hyperactifs renvoient à une nouvelle solidarité, une sorte de gigantesque corps social virtuel, une humanité numérique à laquelle nous aspirons tous à nous lier, comme en témoigne le succès spectaculaire des médias sociaux. Nous y multiplions les amis, nous recherchons cette chaleur humaine qui nait des clavardages et du web interactif. Nous développons avec ce corpus numérique des relations intenses, qu’elles soient utilitaires ou émotives.
Cette nouvelle réalité est certes technologique, mais elle devient organique par les comportements humains qu’elle induit. Imaginairement nous hypostasions les réseaux numériques, qui ne sont qu’une technologie extensive, et leur attribuons une réalité supérieure à nous et au codage binaire qui les fonde, sous la forme d’un être réel auquel nous donnons des attributs susceptibles de répondre à nos désirs, à nos besoins, et de compenser nos manques et nos frustrations d’ici-bas. Nous sommes socialement enclins à ce type de fantasme, puisque c’est ce que nous faisons déjà depuis des millénaires en imaginant un dieu qui existerait réellement, puisqu’il nous rassemble dans son Eglise.
Ce concept de conscience augmentée, que je propose avec insistance depuis quelques années, et qui me paraît plus important pour notre avenir que le concept de réalité augmentée, parce qu’il est le fondement de l’éthique planétaire de l’hyperhumanité, il est manifestement moins populaire parce qu’il parle de cette accumulation de liens humains qui le fondent et non d’innovation technologique susceptible de rentabilité commerciale, mais il est la résultante historiquement la plus importante de la révolution numérique dans laquelle nous sommes engagés. Espérons qu’il prendra sa place bientôt dans le vocabulaire du XXIe siècle.
Ref : Blog OINM 14/02/2013
La conscience augmentée
Par les hyperliens numériques, notre conscience planétaire augmente et nous développons une solidarité organique, comme membres libres et avertis des innombrables scandales auxquels nous aspirons à mettre fin. Nous ne vivons plus localement, mais conscients des multiples évènements qui menacent les droits humains en Syrie, au Mali, etc., qui menacent les équilibres écologiques, qui résultent des spéculations financières et créent des crises économiques. Stéphane Hessel nous invitait à nous indigner et à nous engager. C’est cela la conscience augmentée, une hyperconscience que développe paradoxalement une technologie triviale et son code binaire.
Ref : Blog Hyperhumanisme 11/03/2013
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