Action de signalisation artistique, Paris/Père, Angoulême/Fille
Extrait : Catalogue de Céret p 44
Je pris goût à ce mode d’expression et l’ai employé de nouveau à de nombreuses reprises, notamment à Angoulême (1980).
J’y mets en place une centaine de panneaux imités de ceux de la signalisation officielle, avec l’aide des étudiants de l’École des Beaux-arts d’Angoulême. J’exploite la symbolique sexuelle des panneaux, directionnels pour Paris et rectangulaires pour Angoulême. À tous les grands carrefours en bas de la ville, qui est bâtie sur une colline, nous plaçons des panneaux « Père » orientés vers le haut de la vieille ville, qui sont lus comme « Paris » par les chauffeurs de poids lourds venant du sud de la France et allant vers la capitale avec leurs cargaisons de fruits et légumes. Il en résulte rapidement un embouteillage monstre des poids lourds dans les rues étroites du centre ville. Nous avons placé aussi systématiquement des panneaux « Père » devant les bâtiments officiels (gare, palais de justice, poste, théâtre, bureau de tourisme, commissariat de police, etc.) Et les panneaux « Angoulême » sont doublés de panneaux « Filles ». Une distribution de cartes postales interrogatives, des entretiens avec les passants sur les rapports entre la province et la capitale complètent le dispositif. Bien sûr, les autorités de police, passée la surprise et tentant de rétablir l’ordre et la circulation, réagissent mal à ce « parcours poétique ». Nous les croisons bientôt. Ils ont autant de panneaux sous les bras que nous… Tout se termine dans le bureau du préfet, encadré d’hommes galonnés, qui a mis sur sa table une pile d’articles de la constitution, du code civil, des règlements municipaux, etc., qui ont été enfreints – une colonne d’au moins soixante centimètres de haut ! Plus haute que sa tête, sur la table où il est assis pour me recevoir, c’est ce que je remarque tout de suite en entrant.