Extrait du catalogue de Céret (p 69)
… nous avons enquêté sur trois quartiers très différents de Perpignan, qui communiquaient peu entre eux. La Réal est le quartier central, catalan de Perpignan, avec ses rues étroites, ses boutiques et ses marchés. Saint-Jacques est le quartier gitan, aussi en centre ville, animé, pauvre, avec beaucoup de gens dans la rue, des enfants qui y jouent. Les gitans constituent une communauté très vivante. Le Moulin-à-vent est un quartier résidentiel neuf, avec des bloc appartements de style moderne sans couleur locale particulière. On y trouve des rues larges, avec de la végétation, des lampadaires modernes; on y croise peu de gens dans la journée. En rencontrant les habitants, en enregistrant des entretiens avec eux, en faisant beaucoup de photos que nous affichions et que nous donnions, en présentant sur des téléviseurs dur les marchés des vidéos réalisées notamment par Fred Forest, en organisant place Cassaynes, dans le quartier Saint-Jacques des tables d’échanges d’objets (un livre d’enfant à colorier déjà utilisé contre un broc en plastique, un collier contre un briquet, une paire de ciseaux contre un broc en plastique, un ballon gonflable contre trois tickets de bus, etc) nous avons développé des relations de grande confiance dans chacun des trois quartiers. L’évêque gitan Pitoux nous a invités à l’office religieux pour nous introduire dans la communauté et nous manifester son appui.
Ce fut une expérience d’art sociologique intense et mémorable, tout un évènement pour Perpignan. Nous avons construit un vrai miroir ethnologique. Le centaines de photos en noir et blanc que j’ai gardées, réalisées par les uns et les autres membres du collectif, sont d’une grande beauté humaine.