Autoportrait

Référence :
20039

Titre :
Autoportrait

Date :
2000

Technique :
Acrylique sur toile

Famille/Série
Choc du numérique

Dimensions
50 x 40

Signature
en bas, à droite et titre en bas, à gauche

Provenance
Collection particulière

Observations


Expositions
Buenos Aires – Santiago – La Havane – Ceret – ECI – Centre Pompidou

Bibliographie
J’opte pour les beaux-arts numériques
Beaucoup affirment que l’émergence des arts numériques a mis fin aux beaux-arts, même si les arts numériques suscitent encore une forte résistance et soient loin d’avoir obtenu la place qu’ils revendiquent dans les musées et galeries. Il est vrai que les artistes des beaux-arts et ceux des arts numériques se sont jeté l’anathème les uns aux autres dès l’émergence des nouvelles technologies. Il n’y a pas eu d’armistice. Ils ne se parlent plus aujourd’hui. Ainsi Jean-François Lyotard, l’auteur de La condition postmoderne et qui a été en charge de l’exposition Les immatériaux à Beaubourg en 1984 déclare sans ambages que sous la pression des avant-gardes, il est devenu « totalement exclu que quelqu’un saisisse simplement un pinceau et mette quelque chose sur la toile. Je sais que cela arrive encore, que cela revient même en force, mais je trouve cela une calamité et je ne crois pas que cela va durer » (entretien avec R. Wester, 1985, cité dans Mémoire de l’Histoire de l’Art, Gita Brys-Schatan, 1991). Après ce genre de propos, qui ont été multipliés à l’envi, il est devenu d’autant plus difficile de surmonter le fossé creusé par cette nouvelle bataille des anciens et des modernes, qui oppose de nouveaux modernes aux postmodernes.
Mésententes et réconciliations
Les arts numériques ont tendance, selon la logique même des technologies, à rejoindre la culture de masse, dans la foulée de l’appropriation publique du web et du développement des industries du divertissement, de sorte que les journalistes de télévision, qui apprécient les effets visuels spéciaux, s’y intéressent souvent plus qu’aux arts traditionnels. Alors que l’avant-garde des années 1970, promue par les galeries d’initiés, s’était coupée du grand public, les technologies numériques semblent au contraire réconcilier l’art et la classe moyenne. Du moins élargissent-elles l’accès populaire aux arts.
Il est vrai aussi que les arts numériques tendent aujourd’hui à occuper tout le terrain, aussi bien celui de l’image que des installations, de la musique, du théâtre et du cinéma. Ils proposent en outre au public une participation interactive, ludique, qui suscite le même attrait magique que les spectacles de prestidigitation. Au-delà des retrouvailles arts/société sous le signe des nouveaux médias, je rêve aujourd’hui aussi d’une autre réconciliation, celle des beaux-arts et des arts numériques, même si c’est encore une position publique intenable. Au premier abord, il faut bien l’admettre, leurs différences paraissent irréconciliables.
Nous optons plutôt pour que les arts numériques, tout en explorant leurs propres spécificités, restaurent le dialogue nécessaire avec les beaux-arts quant aux questions artistiques fondamentales, celles de notre rapport au monde, de notre sensibilité, de la souffrance, de la beauté, qui s’imposent toujours à nous avec les mêmes exigences que jadis, quelle que soit leur évolution sociologique, technologique et culturelle. Ainsi, Oliver Grau a rappelé avec pertinence qu’il n’y a pas de rupture, mais au contraire une continuité esthétique évidente entre les fresques des villas de Pompéi, les peintures en trompe-l’œil et panoramiques du XVIIe siècle et les œuvres actuelles d’immersion virtuelle (From Illusion To Immersion, 2003). Des arts apparentés ? Encore faudrait-il que des artistes s’en persuadent eux-mêmes. Et il faut admettre que ceux qui ont imité la peinture avec l’ordinateur, comme Matta ou Darcy Gerbarg n’ont pas été très convaincants. Mais il faut dire qu’ils n’ont pas actualisé leurs thèmes d’expression, tentant seulement d’user des logiciels et des palettes graphiques comme s’ils faisaient toujours la même peinture qu’avant. L’option qui s’impose est d’explorer le monde numérique, qui mérite au moins autant notre intérêt que le paysage rural ou urbain. Même Matta, qui s’est beaucoup intéressé aux environnements technoscientifiques, ne l’a pas considéré lorsqu’il travaillait avec des moyens électroniques. Pour surmonter le faux débat entre matérialité et virtualité, qui, en art, n’a pas de sens, et construire le dialogue désormais nécessaire entre médias traditionnels et nouveaux médias, nous proposons l’idée et la pratique de beaux-arts numériques.
Réf : Blog Avenir de l’Art 03/03/2010
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Exposition Hervé Fischer et l’art sociologique, Centre Pompidou, 2017 (revue +-0)
Hervé Fischer: « mon exposition au MNAM, Centre Pompidou, 15 juin-11 septembre 2017, m’impose une relecture inattendue de mon œuvre. »
Étrange expérience existentielle que de sortir du bois (je vis au Québec, dans les Laurentides) et de me retrouver sous les phares de l’actualité parisienne. Étrange expérience que de voir ma démarche d’art sociologique, autant dire ma vie, mes émotions, mes méditations, exposées aux yeux de tous dans l’une des plus importantes institutions d’art contemporain au monde. Mais ce fut aussi, en soi, une expérience pleinement sociologique. Elle m’a fait prendre conscience de la distance psychique que j’ai parcourue depuis mon émigration au Québec au début des années 1980.

Voir reproduction (lien blog)
Tweet art, tweet philosophie, 2011

Quel n’a pas été mon étonnement, pour moi qui suis né à Paris en 1941 sous l’occupation nazie, qui ai vécu une enfance mortifère et névrosée à l’os, et qui en ai gardé une mémoire profondément traumatisée, d’entendre tant de commentaires unanimes sur la “joie de vivre” qui rayonnerait de toutes parts dans mon oeuvre. Cette posture étonne manifestement les intellectuels parisiens qui mesurent leur intelligence pénétrante à la toise de leur brillant pessimisme. J’ai donc redécouvert à Paris, dans le méli-mélo des ambitions, des discordes, des luttes mortelles d’ego, des stratégies médiatiques tordues, des soupçons et des hypocrisies, dans les chicanes intellectuelles et les dérives psychiques théâtralisées tous les délices empoisonnés de la culture européenne. Un monde qui m’est devenu étranger, au point de m’y sentir désadapté. On y goûte comme à une boisson épicée, mais le plaisir ne dure pas.
Je m’y suis retrouvé comme un « bon sauvage » débarqué en ville, dont la quasi naïveté étonne, mais crée aussi, conséquemment, des amitiés solides dont je m’honore. J’avais pourtant le sentiment que mon art expose clairement la critique parfois grinçante et l’ironie de l’art sociologique que m’inspire notre époque. Mais j’ai appris qu’on y trouve avant tout en Europe une expression de bonheur dont je n’avais pas conscience. Cette nouvelle scène sociologique parisienne m’a donc imposé une relecture de mon travail à laquelle je réfléchis actuellement. Un artiste, un génie, ne devrait-il pas plutôt être un monstre comme Michel-Ange, Picasso, un malheureux comme Van Gogh, Soutine, etc. ? Suis-je un artiste naïf ? Un douanier Rousseau de l’art sociologique et du monde numérique qui me fascine ? Un philosophe trop apaisé pour demeurer créatif ? Ma vérité est-elle dans le Vieux ou dans le Nouveau monde ? Voilà un questionnement qui pourrait me pousser plus loin dans mes retranchements.

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Réf : Blog Avenir de l’Art 20/09/2017
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