
Référence : 214001 Titre : Le monde est redevenu mythique Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Nous vivons désormais à nouveau dans un monde mythique. La grande différence d'avec les Égyptiens, les Grecs anciens, les Mayas ou les Chrétiens, c'est que nous le savons. Et il faut en tirer toutes les conséquences. Voilà une immense divergence du futur, à supposer que nous en soyons capables collectivement. Réf : Blog Mythanalyse 20/12/2014 URL |

Référence : 214002 Titre : L'homme au centre de l'univers Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Après Copernic et Galilée, retour à la case départ. La métaphysique numérique de la science contemporaine renverse symboliquement la révolution copernicienne qui initie une cosmogonie réaliste en Occident. L'Homme n'est plus l'étranger apparu par un hasard improbable dans un univers indifférent. Il est à nouveau la mesure de toute chose, l'illusionniste, le fabulateur de toutes les fictions. Nous vivons désormais dans un monde mythique. Réf : Blog Mythanalyse 25/12/2014 URL |

Référence : 214003 Titre : Penser le XXIIe siècle Date : 2014 Famille/Série Icone Observations : Bibliographie Peut-on penser le XXIIe siècle ? Peut-on l'imaginer ? Quelle différence ? On ne sait penser ou imaginer que ce que l'on connaît déjà, qu'on projette vers une époque dont on ne peut être sûr que d'une seule chose : elle ne sera ni ce qu'on pense, ni ce qu'on imagine aujourd'hui. Il suffit d'observer l'archaïsme de la science fiction pour être sur ses gardes sur toute prospective qui serait linéaire et ne ferait que réanimer nos imaginaires archaïques. Réf : Blog Avenir de l’Art 21/12/2014 URL |

Référence : 214004 Titre : Boko Haram et l'enlèvement des Sabines Date : 2014 Famille/Série Icone Observations : Bibliographie Boko Haram: le nouvel enlèvement des Sabines Sans doute le sunnite Boko Haram, qui sévit dans le nord-est du Nigéria, n'a pas lu Tite-Live et ne s'inspire pas de son récit célèbre qui décrit l'enlèvement des Sabines par les premiers Romains, avec à leur tête Romulus, en quête de femmes pour ses hommes afin de pérenniser la fondation de Rome. Mais il n'en actualise pas moins le mythe, pour donner des femmes à ses guerriers et renforcer la prédication et le djihad. Tite-Live ne traitait pas les premiers Romains de terroristes, puisqu'il célébrait la fondation de Rome et il manquera sans doute à Boko Haram un grand écrivain et historien pour légitimer et célébrer ses tristes exploits. Il est vrai que «Boko Haram» signifierait, selon les spécialistes: «l'éducation occidentale est un péché». Le mythe traverse les cultures et les religions. Réf : Blog Mythanalyse 26/06/2014 URL |

Référence : 214005 Titre : Yoyo Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Le yoyo cosmique Nous voici dans l'âge du numérique. L'opposition entre le monde d’ici-bas que nous dévalorisons une fois de plus et celui d’en haut que nous survalorisons plus que jamais nous replonge dans le mouvement de balancier cyclique de nos interprétations de l’univers. Dans un premier temps, qu’on a appelé « primitif », le monde animiste était d’une seule pièce. Les hommes faisaient partie de la nature dont ils célébraient les esprits. Puis cette unité a été déchirée par Platon, qui nous voyait ici-bas dans la pénombre d’une caverne, enchaînés par des simulacres et des ombres trompeuses, sans pouvoir nous retourner vers la pure lumière de la vraie réalité qui resplendissait là-haut, dans le ciel des idées, et que seul le sage voyait. Le christianisme a renforcé cette opposition, qualifiant de vallée des douleurs et de péché la Terre d’ici-bas et glorifiant la lumière pure et l’infinie sagesse et connaissance de Dieu pour nous inviter à sacrifier nos vies terrestres et mériter le ciel. Puis, cette curieuse topologie a été inversée par les hommes de la Renaissance qui ont substitué la trilogie de l’humanisme, du rationalisme et du réalisme d’ici-bas à celle du Dieu du ciel incarnant le vrai, le bien et le beau. Revalorisant la vie terrestre et contestant la théologie sacrificielle de l’Église, on a dénoncé de plus en plus l’obscurantisme du Moyen-âge. La science expérimentale nous libérés de la superstition et s’est affairée à représenter, explorer et transformer la réalité matérielle d’ici-bas. Nous étions enfin des hommes à part entière, les pieds sur Terre. Mais après avoir bâti pendant cinq siècles, un réalisme qui semblait répondre à nos exigences rationalistes et humanistes, c’est la science elle-même qui a décrédibilisé ce réalisme si difficilement conquis. Elle n’y croit plus. Elle a abandonné l’observation expérimentale et opté pour la modélisation numérique. Elle s’est rapprochée de l’imaginaire de la science fiction et explore des hypothèses instrumentales de plus en plus idéelles. Elle s’est dématérialisée. Elle flirte avec les chimères. Cette perte de substance du réalisme, que nous devons donc paradoxalement à la science contemporaine, s’est conjuguée en un moment historique fort avec la mort de Dieu tant clamée depuis Nietzsche. Et cette disparition simultanée de la foi dans le réel et en Dieu a ouvert un grand vide dans notre imaginaire et dans notre besoin de croyance, laissant le champ libre au «numérisme», qui s’y est engouffré, tout la fois comme une nouvelle réalité, plus intelligente et plus instrumentale, donc supérieure, et comme un nouvel ailleurs plus prometteur, plus spirituel, et inclusif comme une nouvelle Église. L’effacement concomitant de la réalité et de la figure divine a créé le momentum d’un nouvel essor de l’imaginaire collectif. Avec l’émergence de l’âge du numérique, notre cosmogonie s’inverse donc encore une fois. Nous revenons à une sorte d’idéalisme platonicien. Nous déprécions à nouveau la réalité d’ici-bas, ce monde trivial de nos sens, pauvre en informations, qui n’intéresse plus la science, tournée désormais vers l’exploration des complexités invisibles qu’elle modélise numériquement. Nous le quittons aussi parce qu’il nous résiste, nous déçoit et nous frustre dans nos désirs, en comparaison de l’ailleurs numérique qui nous attire, qui nous fascine, qui nous hypnotise, parce qu’il nous promet l’intelligence et la puissance d’une nouvelle étape de notre évolution humaine, et qu’individuellement nous avons le sentiment d’y accéder à une existence plus gratifiante et plus réelle. Réf : Blog Mythanalyse 17/05/2014 URL |

Référence : 214006 Titre : Le vivant Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Les algorithmes du vivant Nous interprétons désormais le monde non plus à partir du couple matière/énergie, mais selon des algorithmes, comme si l’univers et la vie étaient d’immenses hypertextes dont nous explorons les liens qui configurent des phénomènes, des lois, des dynamiques et des inerties. Et dans cet ensemble qui nous englobe, tout est devenu information : des informations que nous déchiffrons, des informations que nous constituons et des informations que nous associons de façon inédite. Pourquoi alors nous étonner encore des fleurs naturelles colorées artificiellement comme des cornets de crème glacée, des maquillages en tous genres, des lèvres noires ou violettes, des faux ongles, des faux cils, des perruques ou des faux seins. Nous fabriquons aussi bien du sérum et du sang artificiels, des os et de la peau de synthèse, des aortes et des cœurs en plastique, que des textiles en fibre de lait pour les gilets pare-balles, des alliages ultralégers et performants pour l’aéronautique. Nous manipulons les gènes, les chromosomes et les cellules souches. Avec la chirurgie esthétique un énorme marché est apparu, tant sont nombreuses les femmes qui se font remodeler le corps selon les critères esthétiques à la mode. Les opérations de cataracte consistent désormais à implanter des cristallins de plastique dans les yeux. Nous prétendons ajouter dans les crèmes de beauté des nano particules de tout ce qui peut séduire les consommatrices, et que les prospectus publicitaires déclarent rajeunissants, bioénergétiques, en quelque sorte «magiques». Le vivant, le réel et l’artificiel se déclinent désormais sans discontinuité, sans frontière discernable, selon tous les algorithmes des industries militaires, agroalimentaires, manufacturières et culturelles que nous décidons de programmer. C’est ce que j’ai appelé le «nouveau naturalisme». Nous travaillons même dans les laboratoires à synthétiser la vie. Les mutations les plus emblématiques de cette hybridation entre ce que nous nommions il y a encore peu de temps «le réel» et opposions à «l’artificiel» sont certainement celles qui transforment le vivant. Elles transgressent des conceptions et des valeurs qui relevaient de croyances religieuses. Elles s’imposent rapidement, même s’il existe encore des sectes archaïsantes, telles que les Amish qui s’en tiennent à «la vielle nature» et interdisent même les bicyclettes, voire qui refusent les vaccinations et les médicaments industrialisés. Nous pouvons alors qualifier de «nouvelle nature» cet arrimage étroit dans lequel les éléments dits artificiels, interventions, implants, ajouts, hybridations et synthèses prétendent s’intégrer en douceur à la nature dite originelle, comme une valeur ajoutée et non comme une négation. Il existe aussi dans l’utopie technoscientifique actuelle une tendance à déclarer obsolète l’écosystème dit naturel, pour lui substituer une combinaison nouvelle, qui relèverait non plus du carbone, mais du silicium et de l’intelligence artificielle. Le cyborg en est la figure cinématographique. Mi chair mi artifice, ce successeur anthropologique de l’homme actuel, doté de nouveaux pouvoirs, nous ferait passer dans une ère totalement artificielle, où la valeur de l’authentique perdrait tout sens et toute réalité, si non pour désigner une lointaine période archaïque de l’évolution humaine. Nous serions alors des êtres de synthèse dans un univers de synthèse. La «vieille nature» aurait disparu, ou serait classée «réserve naturelle», comme dans «Le meilleur des mondes» d’Aldous Huxley, et peut-être gardée secrète, comme dans le film «Soleil vert» de Richard Fleischer, inspiré du roman éponyme de Harry Harrison (1974). Nous ne serions même plus «biodégradables», comme l’imagine encore le film éponyme du réalisateur de République dominicaine Juan Basanta (2013). Nous devenons des dieux, ni meilleurs, ni pires que ceux de l'Olympe. Et c'est là une étape qu'il nous faudra dépasser, au niveau de l'éthique. Réf : Blog OINM 22/05/2014 |

Référence : 214007 Titre : Les algorithmes de la nature Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Nous interprétons désormais le monde non plus à partir du couple matière/énergie, mais selon des algorithmes, comme si l’univers et la vie étaient d’immenses hypertextes dont nous explorons les liens qui configurent des phénomènes, des lois, des dynamiques et des inerties. Et dans cet ensemble qui nous englobe, tout est devenu information : des informations que nous déchiffrons, des informations que nous constituons et des informations que nous associons de façon inédite. Pourquoi alors nous étonner encore des fleurs naturelles colorées artificiellement comme des cornets de crème glacée, des maquillages en tous genres, des lèvres noires ou violettes, des faux ongles, des faux cils, des perruques ou des faux seins. Nous fabriquons aussi bien du sérum et du sang artificiels, des os et de la peau de synthèse, des aortes et des cœurs en plastique, que des textiles en fibre de lait pour les gilets pare-balles, des alliages ultralégers et performants pour l’aéronautique. Nous manipulons les gènes, les chromosomes et les cellules souches. Avec la chirurgie esthétique un énorme marché est apparu, tant sont nombreuses les femmes qui se font remodeler le corps selon les critères esthétiques à la mode. Les opérations de cataracte consistent désormais à implanter des cristallins de plastique dans les yeux. Nous prétendons ajouter dans les crèmes de beauté des nano particules de tout ce qui peut séduire les consommatrices, et que les prospectus publicitaires déclarent rajeunissants, bioénergétiques, en quelque sorte «magiques». Le vivant, le réel et l’artificiel se déclinent désormais sans discontinuité, sans frontière discernable, selon tous les algorithmes des industries militaires, agroalimentaires, manufacturières et culturelles que nous décidons de programmer. C’est ce que j’ai appelé le «nouveau naturalisme». Nous travaillons même dans les laboratoires à synthétiser la vie. Les mutations les plus emblématiques de cette hybridation entre ce que nous nommions il y a encore peu de temps «le réel» et opposions à «l’artificiel» sont certainement celles qui transforment le vivant. Elles transgressent des conceptions et des valeurs qui relevaient de croyances religieuses. Elles s’imposent rapidement, même s’il existe encore des sectes archaïsantes, telles que les Amish qui s’en tiennent à «la vielle nature» et interdisent même les bicyclettes, voire qui refusent les vaccinations et les médicaments industrialisés. Nous pouvons alors qualifier de «nouvelle nature» cet arrimage étroit dans lequel les éléments dits artificiels, interventions, implants, ajouts, hybridations et synthèses prétendent s’intégrer en douceur à la nature dite originelle, comme une valeur ajoutée et non comme une négation. Il existe aussi dans l’utopie technoscientifique actuelle une tendance à déclarer obsolète l’écosystème dit naturel, pour lui substituer une combinaison nouvelle, qui relèverait non plus du carbone, mais du silicium et de l’intelligence artificielle. Le cyborg en est la figure cinématographique. Mi chair mi artifice, ce successeur anthropologique de l’homme actuel, doté de nouveaux pouvoirs, nous ferait passer dans une ère totalement artificielle, où la valeur de l’authentique perdrait tout sens et toute réalité, si non pour désigner une lointaine période archaïque de l’évolution humaine. Nous serions alors des êtres de synthèse dans un univers de synthèse. La «vieille nature» aurait disparu, ou serait classée «réserve naturelle», comme dans «Le meilleur des mondes» d’Aldous Huxley, et peut-être gardée secrète, comme dans le film «Soleil vert» de Richard Fleischer, inspiré du roman éponyme de Harry Harrison (1974). Nous ne serions même plus «biodégradables», comme l’imagine encore le film éponyme du réalisateur de République dominicaine Juan Basanta (2013). Nous devenons des dieux, ni meilleurs, ni pires que ceux de l'Olympe. Et c'est là une étape qu'il nous faudra dépasser, au niveau de l'éthique Réf : Blog Nouveau Naturalisme 22/05/2014 |

Référence : 214008 Titre : Plastique Date : 2014 Famille/Série Icone Observations : Bibliographie Le monde est devenu plastique Le monde est devenu plastique, au sens de la plasticité de la matière et des formes, et même du vivant. Les cellules souches sont capables de se spécialiser dans toutes les fonctions biologiques de tous les organes du corps ; nous admettons désormais la plasticité du cerveau, au sens de sa capacité à évoluer et à se réparer lui-même. Tout ce que nous savons désormais de l’infiniment petit, de l’infiniment lointain, de la génétique du vivant, de la matière et de l’énergie est constitué de fichiers numériques que nous affichons en fausses couleurs sur des écrans de plasma. La science contemporaine est devenue digitale. Nous ne pouvons plus parler du plastique comme d’un matériau particulier parce que synthétique, que nous opposerions à des matériaux appelés naturels et qualifiés d’authentiques. Les matériaux qui font argument de vente de leur «naturalité» (glaise, osier, bois, pierre, fer) évoquent une authenticité archaïsante et sont de plus en plus réservés à l’artisanat. Tous les autres matériaux, sont devenus hybrides, trafiqués pour adapter leur spécificités à nos besoins. Même le verre, un matériau qui préfigure en quelque sorte le plastique, du fait de sa plasticité lorsqu’il est chauffé pour être soufflé ou coulé, et de sa texture lisse et pauvre, a été depuis toujours teinté par des pigments et ennobli par des effets spéciaux de forme et de couleur, comme le plastique aujourd’hui. Le plastique est synthétisé à partir d’un matériau réel et d'origine biologique, le pétrole. Il n’échappe pas à la liste des éléments premiers du tableau de Mendeleïev. Il n’y a rien dans l’univers qui ne puisse être constitué d’éléments qui seraient artificiels ou non naturels. Et la nature nous démontre spectaculairement qu’elle a elle-même synthétisé des milliards de combinaisons chimiques stables. Ce que nous appelons le plastique, que nous avons tendance à considérer comme une invention récente et emblématique du pouvoir instrumental que nous développons, est en fait représentatif des processus mêmes de la nature. Et notre pouvoir créatif a été démultiplié par l’émergence des technologies numériques et des combinatoires nouvelles qu’elles nous permettent de fabriquer. Réf : Blog Nouveau Naturalisme 22/05/2014 |

Référence : 214009 Titre : Dieux Date : 2014 Famille/Série Icone Observations : Bibliographie Nous devenons des dieux Nous interprétons désormais le monde non plus à partir du couple matière/énergie, mais selon des algorithmes, comme si l’univers et la vie étaient d’immenses hypertextes dont nous explorons les liens qui configurent des phénomènes, des lois, des dynamiques et des inerties. Et dans cet ensemble qui nous englobe, tout est devenu information : des informations que nous déchiffrons, des informations que nous constituons et des informations que nous associons de façon inédite. Pourquoi alors nous étonner encore des fleurs naturelles colorées artificiellement comme des cornets de crème glacée, des maquillages en tous genres, des lèvres noires ou violettes, des faux ongles, des faux cils, des perruques ou des faux seins. Nous fabriquons aussi bien du sérum et du sang artificiels, des os et de la peau de synthèse, des aortes et des cœurs en plastique, que des textiles en fibre de lait pour les gilets pare-balles, des alliages ultralégers et performants pour l’aéronautique. Nous manipulons les gènes, les chromosomes et les cellules souches. Avec la chirurgie esthétique un énorme marché est apparu, tant sont nombreuses les femmes qui se font remodeler le corps selon les critères esthétiques à la mode. Les opérations de cataracte consistent désormais à implanter des cristallins de plastique dans les yeux. Nous prétendons ajouter dans les crèmes de beauté des nano particules de tout ce qui peut séduire les consommatrices, et que les prospectus publicitaires déclarent rajeunissants, bioénergétiques, en quelque sorte «magiques». Le vivant, le réel et l’artificiel se déclinent désormais sans discontinuité, sans frontière discernable, selon tous les algorithmes des industries militaires, agroalimentaires, manufacturières et culturelles que nous décidons de programmer. C’est ce que j’ai appelé le «nouveau naturalisme». Nous travaillons même dans les laboratoires à synthétiser la vie. Les mutations les plus emblématiques de cette hybridation entre ce que nous nommions il y a encore peu de temps «le réel» et opposions à «l’artificiel» sont certainement celles qui transforment le vivant. Elles transgressent des conceptions et des valeurs qui relevaient de croyances religieuses. Elles s’imposent rapidement, même s’il existe encore des sectes archaïsantes, telles que les Amish qui s’en tiennent à «la vielle nature» et interdisent même les bicyclettes, voire qui refusent les vaccinations et les médicaments industrialisés. Nous pouvons alors qualifier de «nouvelle nature» cet arrimage étroit dans lequel les éléments dits artificiels, interventions, implants, ajouts, hybridations et synthèses prétendent s’intégrer en douceur à la nature dite originelle, comme une valeur ajoutée et non comme une négation. Il existe aussi dans l’utopie technoscientifique actuelle une tendance à déclarer obsolète l’écosystème dit naturel, pour lui substituer une combinaison nouvelle, qui relèverait non plus du carbone, mais du silicium et de l’intelligence artificielle. Le cyborg en est la figure cinématographique. Mi chair mi artifice, ce successeur anthropologique de l’homme actuel, doté de nouveaux pouvoirs, nous ferait passer dans une ère totalement artificielle, où la valeur de l’authentique perdrait tout sens et toute réalité, si non pour désigner une lointaine période archaïque de l’évolution humaine. Nous serions alors des êtres de synthèse dans un univers de synthèse. La «vieille nature» aurait disparu, ou serait classée «réserve naturelle», comme dans «Le meilleur des mondes» d’Aldous Huxley, et peut-être gardée secrète, comme dans le film «Soleil vert» de Richard Fleischer, inspiré du roman éponyme de Harry Harrison (1974). Nous ne serions même plus «biodégradables», comme l’imagine encore le film éponyme du réalisateur de République dominicaine Juan Basanta (2013). Nous devenons des dieux, ni meilleurs, ni pires que ceux de l'Olympe. Et c'est là une étape qu'il nous faudra dépasser, au niveau de l'éthique. Réf : Blog Mythanalyse 22/05/2014 URL |

Référence : 214010 Titre : Robots Date : 2014 Famille/Série Pilule Observations : Bibliographie Qu'est-ce qu'un robot ? Les robots, ça fait déjà vieux: has been. Vieux comme le monde. Voilà ce que j'ai d'abord envie de répondre à cette étudiante de l'Université de Brno qui me pose la question: From: michaela kotlandova Message: Dear Mr. Fischer. I am a student of Theory of Interactive Media at Masaryk University of Brno, the Czech republic. Currently I write my master thesis on Robotics Arts - Aesthetics of Hardware in the New Media where I am going to mention the projects and opinions of yours. I decided to adress some artists and theorists that I mention in my thesis in order to make a survey that will help me get insight into this technologic phenomenon. I dont write names or works, dont want to influence you, I'm interested in a natural reaction. Therefore I would like to ask you a question: What is a robot? Thank you very much for your time Best wishes Nous avons des robots culinaires, des machines robots dans les usines de montage ou dans des milieux hostiles à la vie. De la mécanique électronique asservie à nos utilités, que nous faisons travailler pour nous. Mais le design a changé avec la miniaturisation. Nous sommes au stade des nanorobots, les nabos, comme on pourrait les appeler. Dans tous les cas, ce sont nos esclaves. Ceux qui prétendent leur donner une âme, des émotions et des sentiments, par compassion ou par imagination futuriste, commettent une erreur dangereuse. Pensez à Frankenstein! Un hybride frustré, mal conçu, qui devient dangereux et dont nous perdons le contrôle. Un bon robot doit demeurer un bon esclave, dénué de liberté, d'imagination et entièrement soumis. Et cela vaut autant pour les nabos que pour les vieux robots. Grâce à leur miniaturisation, nous les introduisons dans le corps humain, bientôt dans le cerveau, et s'ils se dérèglent, s'ils ont un bog, ils deviennent dangereux. Au-delà des robots esclaves, un robot a toujours été, que ce soit un golem, un bon génie dans une théière magique ou un chien robot génial (le genibo coréen), un désir de puissance, de socialité, qui peut aussi tourner au cauchemar. Les robots sont des concrétions technologiques de cet imaginaire. Ils incarnent nos instincts, Éros, Thanatos ou Prométhée, principalement Prométhée, notre instinct de puissance, qu'il faut ajouter aux deux instincts explorés par Freud. Et le temps n'est pas venu d'un nouveau Freud, qui couchera les robots, bientôt devenus cyborgs, sur son divan pour les psychanalyser. Le mythanalyste fera mieux, qui diagnostiquera dans nos inconscients collectifs nos désirs de puissance, ou, à l'opposé, de renoncer à nos libertés individuelles pour déléguer notre intelligence humaine, jugée obsolète, à la perfection neutre du Grand Ordinateur Central et nous y soumettre en paix. Au moins, Dieu n'était pas un robot. Mais ne serait-il pas devenu aujourd'hui, le Grand Informaticien de l'univers, dont les humains ne seraient que les algorithmes? La fiction humaine n'a de cesse ! Réf : Blog OINM 10/05/2014 |

Référence : 214011 Titre : Contre la mort Date : 2014 Famille/Série Pilule Observations : Bibliographie Qu'est-ce qu'une performance web ? En vente libre: N'hésitez pas à nous consulter. Je développe depuis quelques années une démarche d'art postal en ligne. Les peintres classiques usaient souvent de la lithographie pour faire connaître leurs œuvres à leurs amis. Ray Johnson a lancé la "Correspondance School of Art" dans les années 1960. J'ai moi-même recouru aux tampons d'artistes et à l'art postal dans les années 1970 et publié en 1974 "Art et communication marginale- tampons d'artistes" (édition Balland). Et avec le développement de l'internet, j'ai repris cette démarche en ligne il y a quelques années. Cet "art postal en ligne" me conduit maintenant à explorer une nouvelle pratique, celle de la "performance web". Bien sûr, le corps n'est plus en jeu physiquement, comme dans les œuvres d'art corporel des mes amis Michel Journiac ou Gina Pane. Mais il l'est encore mentalement et ce n'est pas rien. Il demeure provocateur, et c'est une condition sine qua non. Le malaise est une pratique interrogative. En usant de l'art postal en ligne pour annoncer à mon réseau des "pilules contre la mort" et en les invitant à me consulter pour cette prescription, sur ce thème aussi sensible, que personne ne peut esquiver à la légère, j'invoque des imaginaires, des intimités, des peurs très réels, les miens, certes, mais qui sont universels. Au-delà de ce qu'on appelle trivialement ou superficiellement le 2.0 pour nommer l'interactivité de l'âge du numérique, je communique avec chacun en profondeur. Personne ne peut ignorer le geste que je pose, qui est physique et métaphysique; même s'il ne se risque pas à répondre, même s'il s'en détourne. Cette réaction, qui sera forte, même si je n'en recevrai aucun écho dans l'immense majorité des cas, c'est celle que recherchait déjà l'art corporel, et qui était tout aussi intime et non dite. Mais l'être était ébranlé. L'émotion était déclenchée, au niveau du corps, sociologique ou mythique et de l'esprit. La web performance poursuit la démarche de l'art corporel, actualisé à l'âge du numérique. Je pense souvent à Gina Pane, à Michel Journiac, à François Pluchart, hélas aujourd'hui tous MORTS. Réf : Blog Avenir de l’Art 22/05/2014 URL |

Référence : 214012 Titre : La logique de l'économie érigée en loi sociale destructrice Date : 2014 Famille/Série Pilule Observations : Bibliographie La logique de l'économie érigée en loi sociale destructrice L’économie semble aujourd’hui nous imposer sa loi, au sein de chaque société comme dans les relations internationales entre les pays. Nouvelle pensée unique du néo-libéralisme, elle est devenue une sorte de religion planétaire. Le sociologue de l'économie Wolfgang Streeck, Directeur au Max-Planck-Institut für Gesellschaftsforschung à Köln et René Stettler l’ont analysée comme la foi d’une secte, avec ses prêtres, ses initiés et le bon peuple qui doit payer la dîme et s’agenouiller devant ses dogmes. Les initiés, experts en théologie spéculative, nous ont même imposé l’économie imaginaire, au nom de laquelle toutes les crises, le chômage généralisé et l’exploitation des pauvres par les riches seraient des nécessités économiques. 99% d’indignés par 1% de richissimes privilégiés : ce serait la nature économique même qu’on ne changera pas. Quelques riches toujours plus riches, ceux qui savent faire et qui n’ont pas de scrupule, face à la masse des gens ordinaires, dont le pouvoir d’achat et les retraites vont à la baisse. La loi du plus fort est au cœur de cette idéologie économique, comme un nouveau darwinisme qui opère une sélection naturelle et doit soumettre les plus faibles aux mâchoires du lion. Au-delà de l’indignation et de la révolte à laquelle cette situation nous inspire, le pire ne semble pas être les excès eux-mêmes. Le pire, c’est que l’économie imaginaire est devenue non seulement une pseudoscience, dont l’irrationalité est érigée en loi, mais même une logique sociale. Les sociétés de masse ont perdu cette solidarité organique qui assurait leur cohérence, leur consensus, et un sentiment de responsabilité partagée. L’économie n’est plus qu’une solidarité mécanique des masses. Elle est devenue, face au vide des relations entre les personnes, le principal lien qui régit désormais nos rapports sociaux. On peut ne pas regretter les consensus religieux d’autrefois, les humanismes bourgeois hypocrites de jadis, aujourd’hui décrédibilisés par les catastrophes militaristes du XXe siècle. Mais rien ne semble les avoir remplacés, sauf les nécessités économiques érigées en obligations, qui semblent être devenues LA nouvelle morale collective, LA nouvelle loi des échanges humains. Ceux qui dénoncent la religion de l’argent comme le degré zéro des rapports humains en seront pour leurs frais. Nous sommes confrontés à un intégrisme économique, aussi erratique que violent. On dira que la dictature de l’économie et de l’argent vaut mieux que celle des chefs de guerre et des églises intégristes. Elle serait la moins pire ? Peut-être est-ce vrai. Mais nous voilà devant le vide : quelles nouvelles valeurs pourrons-nous ériger en logique sociale ? C’est bien aujourd’hui la question incontournable. Et sur le chemin qui mène à de nouvelles idéologies moins destructrices que l’intégrisme économique, la recherche d’une meilleure justice sociale, d’une équité plus consensuelle, passe par la régulation de l’économie pour contenir ses abus. Humaniser l’économie. Ce serait un pas dans une meilleure direction. Nous avons besoin de continuer à croire au progrès humain. Nous avons besoin de construire un hyperhumanisme et une éthique planétaire. Plus d’humanisme grâce à plus d’hyperliens. C’est un paradoxe que le code binaire et les technologies numériques créent non seulement de la réalité augmentée, mais aussi une conscience augmentée. Nous sommes désormais informés en temps réel de tous les scandales qui se multiplient dans nos sociétés humaines partout sur la Terre. Cette information constante crée de l’indignation et un sentiment de responsabilité de chacun vis-à-vis de chacun qui nous donne l’espoir de développer peu à peu cet hyperhumanisme qui nous permettra de contenir, puis un jour de mettre fin à cette dictature caricaturale de la loi économique érigée en dogme planétaire. Réf : Blog Hyperhumanisme 21/05/2014 |

Référence : 214013 Titre : Les artistes pour la paix Date : 2014 Famille/Série Pilule Observations : Bibliographie Mes amis du regroupement des artistes pour la paix, l'APLP, m'ont fait l'amitié en décembre 2013 de m'inviter à rejoindre leur conseil d'administration. Le 14 février, lors de la célébration du trentième anniversaire du regroupement, j'ai eu le plaisir de rendre hommage à Dominique Blain, une grande artiste dont l'engagement dans l'actualité, l'originalité et la force d'expression convainquent immédiatement. Le mode interrogatif, plutôt que partisan dénonciateur, de ses images photographiques, de ses constats, (objets, installations), qui favorise la réflexion critique personnelle du public, rejoint mes options personnelles de l'art sociologique pour prioriser la dimension éthique de l'art et y soumettre l'esthétique. J'ai donc beaucoup apprécié que Pierre Jasmin, le grand manitou de l'APLP, me confie cet hommage, que je veux prolonger ici en reproduisant une oeuvre emblématique de Dominique Blain: Voir lien URL Dominique Blain, le tapis à motif de mines antipersonnelles (2001-2012) dans le bureau ovale de la Maison Blanche Réf : Blog Avenir de l’Art 19/02/2014 URL |

Référence : 214014 Titre : L'inconscient de la tendresse Date : 2014 Famille/Série Pilule Observations : Bibliographie J'écrirai sur la mythanalyse de la tendresse Réf : Blog Mythanalyse 28/02/2014 URL |

Référence : 214015 Titre : Art postal en ligne 25 avril 2014 Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Réf : Blog Avenir de l’Art 01/05/2014 URL |

Référence : 214016 Titre : KickstARTer, un projet de peinture collective Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie KickstARTer : un projet de peinture collective/a participative painting Voilà, le projet d'une peinture collective créée avec Kickstarter est lancé et se poursuivra pendant les 30 prochains jours. Here we go; we launch with Kickstarter a unique project of participative painting for the next 30days.. Hoy vamos adelante : les invito a participar en une proyecto de pintura collectiva durante los 30 proximos dias. Heute schlage ich vor, während der 30 nächsten Tagen eine kollektives Gemâlde zusammen zu schaffen. THIS IS A FIRST! ENGAGE & LET'S MAKE IT VIRAL! The success of Hervé Fischer's performance requires your engagement, support, feedback, likes, retweets, comments and share's. https://www.kickstarter.com/projects/1100590172/collective-kick-art-postal-crowd-painting-by-herve Post your mark on Hervé Fischer's first digitally crowd-sourced participative work! And receive a hand-signed limited reproduction of the collective work to show your mark. Inspiration comes from the collaborative work. Reach out & make it viral! Brag about your involvement. The Kickstarter "Art Postal" Painting Performance This Art Postal Project, which I aim to share with you, using Kickstarter, will reflect my engagement in sociological art, as a participative painting performance. Proposing an alternative symbolic to the dashboards of Wall Street and the running economy, l shall paint day after day during the project the variation line (diagram) of the number of contributors and amount of your donations. The final electronic painting resulting of this participative creation will represent our cultural and spiritual shared engagement in social solidarity values instead of toxic financial speculation. Following this electronic collective creation, which l shall put on line as digital Art Postal, l shall also paint it with acrylic on canvas as an emblematic sociological work of art of our time. It will be «Kickstarter» at its best thanks to all of you. En français Je vous propose un projet inédit de peinture collective sur le thème de l’engagement social dans la création culturelle. Chacun de nous est potentiellement un artiste. Je vous invite à vous associer à cette peinture collective en y faisant votre marque personnelle. Je serai votre exécutant pendant 30 jours en peignant le nombre d’entre vous qui vous y associerez et le montant cumulé des contributions de tous, à la manière des tableaux de variation économique et de spéculation financière de la bourse. La culture peut être plus importante que l’économie. Montrons le ensemble. Merci à chacune et chacun de vous pour votre engagement qui nous réunira pendant les 30 prochains jours et au-delà, je l’espère, par notre succès collectif et la création d’une oeuvre emblématique de notre époque. En espagnol Les invito a participar en un proyecto inédito de pintura colectiva sobre la temática del compromiso social en la creación cultural. Cada persona es potencialmente un artista. Les invito a contribuir en esa pintura participativa haciendo su marca personal. Estaré su pintor, representando durante los 30 próximos días el crecimiento del nombre de participantes y de las contribuciones en el estilo de los cuadros de variaciones de economía y de la especulación financiera en la bolsa. La cultura es más importante que la economía. Lo podemos mostrar. Gracias atodas y todos por adelantado para su participación y dentro de 30 días vamos a compartir una experiencia única, y crear juntos une pintura emblemática de nuestro tiempo. Deutsch Ich lade sie ein, an der Schaffung eines kollektiven Gemälde teilzunehmen. Das Thema dieses neuartigen Projektes wird unser gemeinsamer Engagement in die kulturelle Schöpfung sein. Jeder Mensch kann ein Künstler sein. Ich schlage ihnen vor, diese Malerei mit ihrem persönlichen Zeichen zu verwirklichen. Ich werde während der 30 nächsten Tagen ihr Mahler sein, und die Steigerung der Anzahl der Teilnehmer und Beiträgen in der Art der Anzeiger der Wirtschaft und Finanzspekulation darstellen. Die Kultur kann wichtiger als die Wirtschaft sein. Wir können es zusammen zeigen. Ich danke ihnen im voraus für ihrem Beitrag, und am Ende der 30 nächsten Tagen werden wir nicht nur ein außerordentliches Erlebnis geteilt, sondern auch ein emblematisches Kunstwerk gemeinsam geschaffen haben. Réf : Blog Avenir de l’Art 09/09/2014 URL |

Référence : 214017 Titre : Art postal en ligne 29 avril 2014 Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Réf : Blog Avenir de l’Art 01/05/2014 URL </strong |

Référence : 214019 Titre : Je vote pour Edward Snowden Prix Nobel de la Paix 2014 Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Réf : Blog Avenir de l’Art 07/02/2014 URL </strong |

Référence : 214021 Titre : Votar para Edward Snowden Premio Nobel de la paz en 2014 Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Votar para Edward Snowden Premio Nobel de la paz en 2014 ¿Y Ud ? Réf : Blog Avenir de l’Art 12/02/2014 URL |

Référence : 214023 Titre : Magie et religion Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie la magie religieuse Il n’y a pas de magie sans religion, ni réciproquement. Le numérique est chargé d’un mana primitif ou d'une aura virtuelle, qui réactivent nos mythes les plus archaïques et les plus puissants de création. Avec ces croyances et à leur appui, nous avons réactivé les délices et les affres d'une sorcellerie dont nos plus puissants chamans n'auraient pas osé rêver il y a à peine une génération. Lorsque nous buvons la potion numérique, nous pouvons désormais sans difficulté évoquer l'ailleurs, invoquer l'au-delà du virtuel, nous prendre pour un autre, assouvir nos pulsions, pénétrer dans des mondes oniriques capables de compenser toutes nos frustrations terrestres. Et nous pouvons même harceler nos victimes sur les réseaux numériques et les détruire, ou y célébrer et diviniser nos héros, stars et demi-dieux du sport ou du showbiz. Cette nouvelle sorcellerie n’est plus celle d’individus exceptionnels, des chamans intercesseurs entre nous et le surnaturel. Elle est une production de l’industrie. Elle use d’une autre technologie que les magiciens, d’autres procédures et d’autres rituels, mais en quelque sorte elle est devenue une technoscience objective, à laquelle tous peuvent se faire initier, dont tous sont susceptibles de se servir. Elle vise aussi à une forme de connaissance, de pouvoir, mais elle a d’autres visées que la sorcellerie traditionnelle : des utilités, la gestion et le contrôle, le divertissement. Elle ne nous transporte pas tant du réel dans l’invisible, que du réel dans le possible. Elle survalorisait l’invisible. Aujourd’hui elle survalorise le possible. Elle nous permettait de communiquer avec l’invisible. Désormais elle modélise le possible. Nous ne croyons plus à l’ancienne sorcellerie, dont nous démystifions les illusions. Nous croyons à la nouvelle, qui nous mystifie. Nous dénonçons les superstitions de l’ancienne. Nous croyons à l’efficacité réelle de la nouvelle. Comment allons-nous nous adapter à ce nouvel âge du numérique? Les ingénus nous voient déjà en posthumains, voire en cyborgs. On peut même craindre que cette nouvelle pensée magique ne nous ramène à l'obscurantisme, tant la sorcellerie numérique dépasse en puissance et en imagination la magie primitive, somme toute limitée et aujourd’hui tenue pour obsolète. Il y a toutes sortes de magies numériques qui sont malignes. Nous devons apprendre à les repérer et à nous en protéger en les démystifiant. Il y en a tout autant ou davantage qui sont bienfaisantes. Nous allons donc nous employer à en évoquer les merveilles. Nous n’avons certes aucune raison d’en bouder les plaisirs. Mais toutes les raisons aussi de ne pas succomber naïvement à des illusions. Car la lucidité conduira l’humanité plus loin dans son évolution que la magie. Réf : Blog Nouveau Naturalisme 30/01/2014 |

Référence : 214022 Titre : Conscience collective et hyperhumanisme Date : 2014 Famille/Série Icone Observations : Bibliographie La «conscience augmentée» est une "conscience collective" CONSCIENCE AUGMENTEE Tweet art, 2013 CONSCIENCE COLLECTIVE Tweet art, 2014 J'ai défini le concept de «conscience augmentée» en insistant sur la quantité de liens numériques qui nous permettent d'avoir accès à une information planétaire en temps réel de tous les événements médiatiques, heureux ou scandaleux, qui surviennent. Cette conscience n'augmente pas en intensité ontologique, mais éthique. Elle n'est pas un plus d'être individuel, processus qui relève d'autres paramètres strictement personnels, tels que la concentration, la méditation, la fulgurance sentimentale, voire instinctuelle. Il s'agit là de réactions de la psyché. C'est par le partage de l'information extérieure à elle-même, par multiplication de l'information planétaire qu'elle reçoit, que cette conscience dont je parle augmente. Son horizon s'élargit, certes, mais elle sait aussi qu'elle est en connexion avec davantage d'autres consciences humaines, susceptibles d'échanger avec elle et même de juger ses réactions d'indifférence ou d'engagement éthique. Je l'ai souvent mentionné: je ne crois guère à l'intelligence collective comme une augmentation de l'intelligence, car la bêtise collective est encore plus évidente. Mais il est raisonnable de croire à la conscience collective créée par une multitude de consciences individuelles qui partagent les mêmes sentiments éthiques d'indignation face à un scandale humain qui surgit quelquepart sur la planète, aussi bien dans une contrée lointaine qu'à proximité. On pourrait alors parler de consciences en nuée. Chaque conscience demeure individuelle, comme un oiseau dans une volée de moineaux, mais elle adapte son comportement à celui des autres. Il ne faut rien hypostasier là, ne pas fabuler sur une atmosphère spirituelle qui se développerait comme une vapeur autour de la planète, ni de mèmes comme Hawking: il s'agit seulement de mimétisme. On notera que ce peut-être aussi une bonne nouvelle qui déclenche cette augmentation de conscience collective: la décision de la Cour suprême des Etats-Unis, qui vient d'être annoncée, de légaliser le mariage gai dans tous les Etats américains, ou le sauvetage ultime d'un mineur remonté du fond d'une mine du Chili après une semaine d'efforts, ou la survie de cette jeune fille afghane tirée à bout portant par des Talibans intégristes parce qu'elle osait se rendre dans une école. Les exemples sont heureusement assez nombreux, qui nous rassurent sur la possibilité du progrès, même s'ils sont plus rares que les scandales quotidiens incluant désormais le terrorisme des intégristes djihadistes. Bien sûr, c'est le malheur, c'est l'injustice qui déclenchent la réaction éthique plus que le bonheur des autres, qui nous apaise. C'est l'empathie pour la souffrance des autres qui est source de conscience éthique. Cette conscience augmentée se traduit par la capacité de se mettre à la place de l'autre, qui est victime ou qui est gratifié, et de le soutenir ou de le fêter. Elle implique non seulement des sentiments d'indignation, mais aussi un engagement envers lui et envers la cause humaniste qui est en jeu. Elle incite à ressentir une responsabilité humaine partagée - éventuellement par des millions de personnes, et on le sait -, voire à s'impliquer dans une action collective. Cette réactivité de la conscience augmentée se traduira par la participation à une manifestation, une marche collective dans la rue, l'envoi d'argent pour soulager les victimes d'un désastre naturel ou d'une guerre, la rédaction d'opinions ou d'articles dans les médias pour déclarer et argumenter son soutien personnel à cette conscience collective. Elle se traduit souvent aussi par un engagement personnel actif dans des organismes humanitaires, voire à plusieurs époques dans des mouvements clandestins de résistance. Aujourd'hui, du fait de l'information planétaire en temps réel que permettent les médias électroniques, je ne peux plus dire: " désolé, mais je ne savais pas". Désormais, à l'âge du numérique, nous savons de plus en plus, de mieux en mieux, immédiatement, et cela déclenche notre conscience d'indignation et de notre responsabilité, notre volonté de faire quelque chose pour soulager le malheur. En quelques mots: la conscience augmentée est certes ressentie individuellement, mais comme connective et partagée. Elle est collective. Elle n'est pas tant psychique qu'éthique et se traduit par un sentiment de bonheur ou plus souvent d'indignation qui incite à contribuer à un engagement humaniste collectif. La conscience collective est active, hyperactive. Elle le moteur de l'hyperhumanisme: plus d'humanisme par plus de liens. Réf : Blog Hyperhumanisme 28/06/2015 |

Référence : 214024 Titre : Le numérique exotique et somptuaire Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Le numérique exotique On n’arrête pas l’innovation. Elle cache un tigre rugissant dans son moteur. Pourtant, Jacques Païtra, un spécialiste du changement social, qui a été notamment président de l’Université populaire fondée par le philosophe français Michel Onfray, affirme qu’aujourd’hui, les études le révèlent, la baisse du désir de consommation le confirme, la production d’imaginaire semble en panne dans tous les secteurs de la société. La foi religieuse est en baisse, aucune idéologie politique ne passionne les foules, les grandes marques ont perdu leur pouvoir de fascination. (…) Seules, ajoute-t-il, les nouvelles technologies et certaines de leurs applications – comme le téléphone portable, le DVD - paraissent échapper à l’étouffement de l’imaginaire par le raisonnable, le mesurable, le quantifiable. Et en effet, dans le domaine du numérique, il est permis de parler de tous les excès et de beaucoup d’illusions. Nous savons déjà que le marché du papier et de l’encre électroniques, qui en font vibrer plusieurs, est plus qu’incertain. Celui du livre électronique a déjà fait couleur beaucoup d’encre rouge, jusqu’à ouvrir toutes grandes les vannes d’investissements financiers perdus d’avance face aux tablettes électroniques. Et que dire des autres inventions du siècle telles que l’écran d’ordinateur qu’on peut rouler comme une feuille de plastique, avec clavier pliable, des lunettes pour regarder la télévision sur la plage ou en faisant son jogging, des robots-pets, du parapluie qui annonce la pluie ou le soleil, des accessoires d’ordinateur et de voiture, et de ces millions de gadgets et d’applications dignes du confort le plus « mou », sans compter la gadgetterie de maison, pour la cuisine, pour le jardin, pour le sexe, pour le vin, pour la plage, pour le camping, pour le sport et pour le bureau, qui brille du style le plus décadent. Chaque designer entrepreneur cherche une niche extravagante de plus pour nous en mettre plein la vue et s’enrichir lors des ventes de fin d’année. Ostentation, luxe et volupté sont devenus numériques. Les nouveaux riches en raffolent. Certes, le téléphone bracelet, la clé USB en stylo ou en pendentif d’oreille peuvent être des bijoux élégants, avec leur air « branché », mais que penser de l’écran d’ordinateur qu’on porte au cou « pour partager les images », ou du life phone de Marcelo Joulia, extraplat, qui s’ouvre comme un couteau suisse, ou des chaussures GPS ? Créer pour innover, telle est la devise aussi superbe que redondante du designer italien Stefano Marzano! On nous vante des utilités pour le citadin pressé, ou adepte de la nature ou des sports extrêmes! Et on fabrique des gadgets extrêmement fragiles, inutiles et coûteux. La domotique a multiplié les performances de la maison intelligente au service de notre paresse depuis l’époque de Jacques Tati. Avec une carte dorée de crédit, on peut s’offrir tout un éventail de plaisirs hyper-raffinés, qui annihilent toute idée d’effort physique ou cérébral. Ils sont en vente en ligne et même hors taxe dans les pochettes des sièges d’avion. Déjà Salvador Dali avait créé des montres molles. Et j’ai vu la machine à coudre et à toaster. Bravo pour le surréalisme et sa charge d’inconscient! Mais dans l’industrie, il ne serait pas inutile de confronter les imaginaires numériques aux usages sociaux. À moins d’avoir temps et argent à perdre. Et il semble que ce soit le cas de beaucoup d’innovateurs créateurs qui sont déjà rendus à l’ère du post-virtuel exotique et somptuaire. Le décadent virtuel? Il ne manque plus que le web parfumé. Mais si, cela existe déjà! Non, vraiment, notre époque ne manque pas d’imagination pour se donner les signes apparents de son bonheur total et achevé. Et ce qu’elle ne peut obtenir ici-bas, elle y accède dans le monde virtuel, où l’on peut satisfaire tous ses désirs : la richesse, la beauté, une vie sociale prestigieuse, un changement d’identité, d’âge ou de sexe, se créer un avatar, s’adonner à la débauche sexuelle, à la violence, aux hallucinations, aux explorations oniriques ou à la magie dans des décors synthétiques somptueusement décorés. Et même harceler des personnes du monde réel, comme dans les rites primitifs de poupées qu’on perce d’épingles. Une permissivité totale, sans effort ni sanction. Mieux que les Romains du Bas-Empire. Le plaisir sans la chute. Réf : Blog OINM 24/01/2014 |

Référence : 214025 Titre : El digital como utopia neopositivista Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Le numérique, comme utopie néo-positiviste L’utopie est l’écho du futur qu’on imagine/désire, volontariste, ingénu, erratique, ou erroné, selon les cas. Lorsque nous en appelons à l’utopie du progrès, c’est d’éthique et non de technologie que nous parlons. Car notre avenir dépendra beaucoup plus de l’augmentation de notre conscience que de celle de notre puissance instrumentale. Or, à y bien penser, on se rend compte que les croyants du numérique – oui, cette religion fait parfois penser à une puissante secte émergente, qui compte ses prophètes, ses prosélytes et ses intégristes - voient l’avenir comme l’accomplissement du règne de l’intelligence hybride numérique/humaine qui permettra, selon eux, non seulement de vivre dans un monde entièrement intelligent, mais aussi d’en comprendre et maîtriser totalement l’interprétation et l’instrumentation. N’est-ce pas l’accomplissement du positivisme dont ont rêvé explicitement Auguste Comte et implicitement beaucoup de scientistes de laboratoires, notamment américains, mais aussi de fidèles de l’Eglise de scientologie ? Le numérique a pris le relais des utopies politiques du XIXe siècle. L'utopie technoscientifique nous promet à son tour des lendemains qui chantent. Espérons que cette nouvelle promesse finira mieux que les précédentes. Et les prophètes du posthumanisme nous disent que ce sont les ordinateurs qui prendront notre relève, avec plus d’intelligence, plus d’équité, autant de sensibilité et moins d’erreurs. Certes, l’homme n’aura plus sa place dans cet univers soumis à une intelligence artificielle non plus collective, mais dictatoriale. Ce sont des logiciels sociaux qui nous géreront sans faille. Il est vrai que l’homme est souvent pervers, tandis que la machine, même cybernétique, n’a pas de défaut psychologique ou moral. En attendant cet accomplissement de la perfection socio-numérique, la religion de l'humanité fantasmée par un Auguste Comte n'est rien en comparaison des rêves sociaux libérateurs de nos nouveaux gourous du numérique. Ils nous annoncent que nous allons tout gérer et contrôler, nous cloner, améliorer considérablement notre santé, notre longévité, notre bonheur, notre beauté, notre intelligence, notre mémoire. Ils nous prédisent que le numérique résorbera les inégalités économiques, effacera les conflits de territoires et de cultures, assurera l'éducation de tous les citoyens et le développement de tous les continents. Car, disent-ils, les ordinateurs apprendront à apprendre. Ils nous promettent que le numérique instituera une démocratie planétaire, le progrès social, l'égalité, la fraternité (Facebook nous permet d'avoir tellement d'amis!). Enfin, nous accéderons à une société planétaire intelligente et heureuse. Le magazine américain Wired, bible de ce cyber-imaginaire, a fait palpiter l'âme de toute une génération libertaire et lyrique d'internautes. On trouve dans l’imaginaire numérique tous les rêves, les peurs et les désirs des hommes du monde réel – tous les mythes archaïques. La Raison a été discréditée par les barbaries de notre histoire moderne et le questionnement croissant de la science elle-même. La postmodernité a cru lui régler son compte. Et ce que la Raison des rationalistes positivistes du XIXe siècle n’a pas su atteindre, l’intelligence artificielle des ordinateurs du XXIe l’accomplirait ? Pour le bonheur de l’humanité ? C’est ce que croient les ingénieurs ingénus du numérique dans leurs laboratoires de robotique neurologique, de simulation cognitive et d’intelligence artificielle posthumaniste. Réf : Blog OINM 23/01/2014 |

Référence : 214026 Titre : Jocelyn Robert, l'art comme divergence Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Benoit Rose nous rapporte dans Le Devoir du 22 novembre les propos tenus par Jocelyn Robert, artiste et directeur de l'École des arts visuels de l'Université Laval dans une conférence récente au Musée des Beaux-Arts de Québec (Conférences «Art, sciences, philosophie»). Je reprends ici quelques-unes de ses citations, relevées par Benoit Rose: « Quand tu fais une oeuvre d’art et que t’es capable d’en prévoir le résultat, ça ne vaut pas la peine de la faire. Parce que t’es en train de faire quelque chose que tu connais déjà, donc tu n’es pas en train de faire une oeuvre d’art : t’es en train de réaliser ou de consolider de la culture. L’art, lui, essaie toujours d’être un peu en dehors de ça, de mettre un pas de plus, de faire un pas de côté, de changer de point de vue, ou quelque chose comme ça. » En cherchant à créer quelque chose qu’il ne connaît pas encore, l’artiste décide d’aller dans une direction qu’il croit connaître, dit-il, « et puis, éventuellement, tu te retrouves à la limite, et puis tu continues encore un peu… et tu découvres ! » Réf : Blog Avenir de l’Art 24/11/2014 URL |

Référence : 214027 Titre : Mythe Art Date : 2014 Famille/Série Icone Observations : Bibliographie Mito Arte: Arte es mito, mito es arte Pequeño recuerdo de un texto publicado en Francés en un blog de genero 2013 Arte es mito, mito es arte: misma creación divinatoria, misma praxis fabuladora de la humanidad en busca de si misma. Ya sean los mitos fundadores de una sociedad, los dioses, el hombre, la naturaleza, que sea el realismo, la abstracción, el cubismo, el suprematismo, el surrealismo, la necesidad interior o de la magia digital, que se expresan con la arquitectura, el teatro, la música, la literatura, la filosofía, la danza o la pintura, el arte siempre ha invocado el mito supremo de la creación divina o descendido a los relatos humanos personificándolo. Y el arte sociologico, por lo tanto que se interroga a si mismo o a la sociedad quien lo celebra, deviene mitanalítico. No se trata de una novedad, pues el mito/arte sumerge la mirada en la arqueología del presente tanto como del futuro. Ya lo mencioné en 1979 en el marco de una performance en el Centro Pompidou, cuando anuncié “el fin de la Historia del Arte”. Réf : Blog Avenir de l’Art 24/07/2014 URL Myth Art Art is Myth, Myth is Art : same divinatory creation, same fabulatory praxis of humankind in search of itself. Art always invokes the supreme myth of creation or a range of its great human stories personifying it, whether it may be the celebration of founding myths of societies, of gods, man or nature, of realism, abstraction, cubism, suprematism, constructivism, surrealism, of inner necessity or digital magic, by the means of architecture, theatre, music, literature, philosophy, dance, performance or painting. And when it comes to question itself or the society which celebrates it, art becomes sociological or mythanalytical. This is nothing new, as what I call myth/art seeks deeply into archeology of present as much as of future time. I already mentioned it in 1979 on the occasion of a performance at the Pompidou Centre, when l announced “the end of art History”. Réf : Blog Mythanalyse 24/07/2014 URL |

Référence : 214028 Titre : 艺术是神话,神话既艺术 Date : 2014 Famille/Série Icone Observations : Bibliographie 艺术是神话,神话既艺术 艺术是神话,神话既艺术:在人类寻找自我的过程中两者是同样具有可预见性的创造和寓言性的实践。艺术总是借助于创造的至高神秘,或者一系列伟大的人类故事来赋予自己人格性。无论是它所颂扬的用来创建神话的社会,诸神、人与自然,还是写实主义、抽象主义、立体主义、至上主义、结构主义、超现实主义,还是内在必然性或者数字魔法, 都通过建筑,戏剧,音乐,文学,哲学,舞蹈、表演或绘画等手段予以表达。当谈到这些问题本身或它所颂扬的社会时,艺术就成为了社会学或神话学。 这并不是什么新概念,因为我所说的神话/艺术已经深入到了当今和未来的考古学之中。我曾经在1979年蓬皮杜中心的一场演出时提及过这些,就在我宣布“艺术史的终结”的时候。 Réf : Blog Avenir de l’Art 29/07/2014 URL |

Référence : 214029 Titre : Arte è mito, mito è arte Date : 2014 Famille/Série Icone Observations : Bibliographie Arte è mito, mito è arte, stessa creazione divinatoria, stessa pratica fabulatoria dell’umanità in questa di se stessa. Se si tratta della celebrazione dei miti fondatori di società, di dii, dell'uomo, della natura, del realismo, astrazione, cubismo, suprematismo, costruttivismo, surrealismo, necessità interna o magia numerica, se si pratica nell’architettura, il teatro, la musica, la letteratura, la filosofia, la danza, la performance o la pittura, l’arte richiama sempre il mito supreme della creazione divina o ne racconta i grandi conti umani che pretendono incarnare. In quanto si chiede domande a se stesso o a la società che lo celebra, l’arte sociologico diviene mitanalitico. Non è una novità. L’arte/mito porta lo sguardo nell’archeologia del presente cosi del futuro. Ne ho parlato a partire di 1979 all’occasione di una performance al Centro Pompidou dove annunziavo che « La Storia dell’arte era conclusa». Gennaio 2013 Réf : Blog Avenir de l’Art 31/07/2014 URL |

Référence : 214030 Titre : Myth/Art Date : 2014 Famille/Série Icone Observations : Bibliographie Art is Myth, Myth is Art : same divinatory creation, same fabulatory praxis of humankind in search of itself. Art always invokes the supreme myth of creation or a range of its great human stories personifying it, whether it may be the celebration of founding myths of societies, of gods, man or nature, of realism, abstraction, cubism, suprematism, constructivism, surrealism, of inner necessity or digital magic, by the means of architecture, theatre, music, literature, philosophy, dance, performance or painting. And when it comes to question itself or the society which celebrates it, art becomes sociological or mythanalytical. This is nothing new, as what I call myth/art seeks deeply into archeology of present as much as of future time. I already mentioned it in 1979 on the occasion of a performance at the Pompidou Centre, when l announced “the end of art History”. (A short statement already published in French in January 2013) Réf : Blog Avenir de l’Art 23/07/2014 URL |

Référence : 214031 Titre : Art is Myth, Myth is Art Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Art is Myth, Myth is Art, même création divinatoire, même pratique fabulatoire de l’humanité en quête d’elle-même. Qu’il s’agisse de la célébration des mythes fondateurs d’une société, de dieux, de l'homme, de la nature, de réalisme, abstraction, cubisme, suprématisme, constructivisme, surréalisme, nécessité intérieure ou magie numérique, qu'il s'exerce dans l'architecture, le théâtre, la musique, la littérature, la philosophie, la danse, la performance ou la peinture, l’art toujours invoque le mythe suprême de la création divine ou en décline les grands récits humains qui assurent l’incarner. Et lorsqu’il s’interroge lui-même et la société qui le célèbre, l’art sociologique devient mythanalytique. Réf ; Blog Mythanalyse 22/07/2014 URL |

Référence : 214032 Titre : Arte Contextual y la Performance Date : 2014 Famille/Série Texte Observations : Bibliographie Agradesco Clemente Padin por reproducir aqui un texto importante de referencia historica. hf por Clemente Padín Marcel Duchamp nos advirtió que el arte puede venir del arte o puede venir de la vida. Sería elegante poder decir que la performance o el arte de la acción proviene de la vida y no del arte porque se conecta casi directamente con el público, la sociedad. Al ser un arte escénico en donde son imperativas la existencia de los tres estamentos (escenario, accionista y público), se podría suponer que la conexión arte - vida se concreta naturalmente… Réf : Blog Avenir de l’Art 02/09/2014 URL |

Référence : 214033 Titre : L'art mythanalytique Date : 2014 Famille/Série Texte Observations : Bibliographie Petit rappel d'actualité: Art is Myth, Myth is Art, même création divinatoire, même pratique fabulatoire de l’humanité en quête d’elle-même. Qu’il s’agisse de la célébration des mythes fondateurs d’une société, de dieux, de l'homme, de la nature, de réalisme, abstraction, cubisme, suprématisme, constructivisme, surréalisme, nécessité intérieure ou magie numérique, qu'il s'exerce dans l'architecture, le théâtre, la musique, la littérature, la philosophie, la danse, la performance ou la peinture, l’art toujours invoque le mythe suprême de la création divine ou en décline les grands récits humains qui assurent l’incarner. Et lorsqu’il s’interroge lui-même et la société qui le célèbre, l’art sociologique devient mythanalytique. Le mythe/art n'est pas une nouveauté. Il plonge le regard dans l'archéologie du présent autant que du futur, et j'en ai parlé dès 1979 lors d'une performance au Centre Pompidou où j'annonçais que "l'Histoire de l'art est terminée". (J'ai déjà publié ce texte en janvier 2013, suite à un blogue sur "Peinture et mythanalyse.) Réf : Blog Avenir de l’Art 22/07/2014 URL |

Référence : 214034 Titre : Art sociologique et mythanalyse Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie L'hygiène de l'art, les travaux socio-pédagogiques, la Pharmacie Fischer, le bureau d'identité imaginaire, les signalisations imaginaires, rurales et urbaines, la déchirure des œuvres d'art, les performances questionnant l'idéologie avant-gardiste, l'Ecole sociologique interrogative, les enquêtes sur l'identité réelle et imaginaire, sur l'Outaouais et sur le Québec, le questionnement populaire des habitants de Mexico sur leur musée d'art contemporain et sur leur société (La calle Adonde llega?), de façon générale la démarche interrogative de l'art sociologique, que je poursuis depuis 1999 avec la peinture des icônes de l'âge du numérique, c'est ce qui a constitué ma pratique de la mythanalyse, paradoxalement une thérapie personnelle, qui fut lente, mais finalement extrêmement libératrice pour moi, et une pratique sociologique dans laquelle j'ai largement fondé ma théorie de la mythanalyse et qui l'a aussi fondamentalement inspirée. Je n'osais pas l'affirmer au début en m'y essayant dans la plus grande incertitude, mais je peux aujourd'hui, quarante cinq ans plus tard, en déclarer le bien-fondé et la pertinence. En intitulant mon livre La société sur le divan (vlb, 2006), je voulais faire image. Mais l'art sociologique a été et demeure une démarche clinique, une thérapie mythanalytique qui a fonctionné pour moi. Au-delà se pose la question d'une thérapie mythanalytique collective. A la question "l'art change-t-il le monde", je réponds oui. Mais je ne nie pas que cette réponse doive nécessairement demeurer hypothétique. Faute de quoi nous tomberions dans un épouvantable positivisme idéologique et psychique, pire que tous les progrès thérapeutiques auxquels on puisse prétendre. La posture interrogative doit demeurer de part en part de toute lucidité. Réf : Blog Avenir de l’Art 16/02/2014 URL |

Référence : 214035 Titre : Même la modernité est un mythe Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie La modernité est fille de la Révolution française. Elle s'inspire du Siècle des lumières en instaurant les idéaux de la Raison, de l'Histoire, de la Démocratie et de la Justice égalitaires, de l'éducation pour tous, de la technologie et de la science. Elle dévalorise donc le passé, jugé obsolète et obscurantiste en faveur du futur qui en accomplira les espérances. Cette modernité renie donc les temps anciens des mythes et des superstitions. Au nom de la Raison elle condamne l'irrationnel. Elle revendique la lucidité démystificatrice et célèbre le Progrès. Dans une société moderne, on aurait donc dépassé le temps des mythes. Non seulement on renvoie dans les superstitions passéistes les mythologies, mais il ne saurait exister de mythes modernes. La modernité est le temps des non-mythes. Il n'y a plus de mythes. On s'en et enfin débarrassé et le rationalisme scientifique est désormais en charge d'expliquer tout. Bref on oppose mythes et modernité. Pourtant, nous avons appris à reconsidérer l'Homme, le Progrès, l'Histoire, et même la Raison comme des mythes, du moins au sens populaire de "grandes illusions". Et la mythanalyse les considère comme des mythes nouveaux, des mythes modernes, qui ont remplacé le mythes plus ancien de Dieu, et la trilogie plotinienne du Beau, du Vrai, et du Bien. Plus encore, nous sommes allés avec Auguste Comte jusqu'au bout de ce chemin en instituant l'Humanité, avec sa religion, et le Positivisme. La modernité est donc constituée d'un bouquet de mythes modernes. Je dis bien "modernes" et actuels, qui jouent un rôle déterminant dans nos idéologies, nos valeurs sociales, nos stratégies politiques et économiques. La démystification des mythes de la modernité par la postmodernité était donc légitime et nécessaire. Elle a été très efficace d'ailleurs, nous replongeant dans un flou total célébrant les seules subjectivités individuelles et collectives. C'est à partir de cette crise que la mythanalyse se précise, non seulement en affirmant que toute théorie, toute interprétation du monde, toute pensée, toute sentimentalité, toute émotion est mythique. Mais en soulignant aussi qu'on ne peut rester longtemps dans ce "relativisme absolu" socialement périlleux, qui va contre toute éthique collective, et justifie finalement le cynisme ludique et le nihilisme. La mythanalyse nous invite à distinguer les bons mythes porteurs d'espoirs (et d'illusions proactives) et les mythes toxiques, intelligents mais destructeurs. La lucidité mythanalytique fait ses choix et assume la dimension fabulatoire ou mythique de ses choix. Un exemple: je crois à la nécessité de construire le progrès - non pas tant technoscientifique, qui se fait dans tous les cas pour le meilleur et pour le pire - que le progrès moral de l'éthique planétaire (le respect des droits de l'homme). C'est là une illusion, un mythe inaccessible, une naïveté, une faute de l'intelligence lucide et critique? Oui. Mais c'est beaucoup plus que tout cela: c'est une décision volontariste, la seule qui donne espoir à l'humanité de progresser cahin-caha vers un état meilleur. Ne pas y croire, c'est être intelligent, mais défaitiste, fataliste, en perte de sens (de direction), c'est faire le jeu des obscurantismes, des fascismes. Le fatalisme aussi est un mythe, notamment célébré par l'islam. Est-ce vraiment intelligent. Je préfère l'intelligence de la volonté optimiste, prométhéenne à celle de la résignation doloriste chrétienne ou à la lucidité pessimiste et finalement destructrice. Oui, la modernité est un mythe. Un excellent mythe qu'il ne faut pas jeter à la poubelle de l'Histoire, mais dont il faut comme Sisyphe, remettre constamment la charge sur nos épaules. A condition de ne pas oublier que c'est un mythe que nous choisissons, et finalement que c'est une facette précieuse du mythe de l'Homme. Je ne dirai pas comme le théologiquement correct Leibniz que "nous vivons dans le meilleur des mondes possibles", ce qui est un acte de foi contre l'évidence, mais que nous vivons dans le monde que créent les hommes. Et qu'il ne faut nous en prendre qu'à nous-mêmes si nous n'en sommes pas satisfaits. C'est à nous de le changer. Et nous savons très bien en quoi : imposer le respect des droits humains fondamentaux. Le principe en est universel. Il n'y a que ce concept-là sur Terre qui soit universel. Réf : Blog Mythanalyse 31/10/2014 URL |

Référence : 214036 Titre : Nous sommes des animaux divergents Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Je dis: nous sommes des animaux parmi les autres. Cela me donne un nouveau regard, plus pénétrant sur l'humanité, et réveille ma curiosité. Certes, nous avons inventé l'éthique, notre plus grande divergence. Mais nous ne serons pas des dieux tant que nous ne la respecterons pas et qu'elle ne sera pas devenue planétaire. Nous fabulons le monde, mais je ne doute pas que les autres animaux le fassent aussi, car l'origine des mythes est biologique, infantile, animale. Réf : Blog Mythanalyse 21/11/2014 URL Structure narrative du bestiaire mythanalytique La structure narrative du bestiaire mythanalytique que j'ai développée à partir de mes observations, mettant en évidence dix stades du développement de nos facultés fabulatoires, en m'inspirant de la psychologie génétique de Piaget, peut s'accorder avec les analyses morphologiques du conte selon Vladimir Propp et surtout avec la structure narrative relevée par Tzvetan Todorov. Cela donne le schéma suivant du cycle ou de la courbe de la vie selon le schéma quinaire exposé par Todorov: phase 1: la situation initiale ou préparatoire: le stade fœtal équilibre, stabilité, unité biologique du fœtus avec sa mère dans la poche utérine phase 2: élément perturbateur : le stade du chaos l'accouchement, rupture dramatique de l'équilibre initial, surgissement du chaos lorsque le monde naît à l'enfant. Douleur. le carré parental mise en scène des acteurs du drame : la nostalgie de la mère, le surgissement du monde, l'apparition du père et de l'autre (la société) phase 3: l'action, les épreuves: le stade de la tortue sur le dos: impuissance biologique de l'in-fans qui est réduit à imaginer le stade de l'ourson: le nouveau né apprend à distinguer son corps et son je du monde extérieur le stade du pingouin: l'enfant se met debout et explore le monde extérieur. Il commence à en conceptualiser les éléments avec des mots le stade du homard: l'enfant affirme sa différence individuelle, se révolte contre le monde et veut le changer selon son imagination phase 4: l'événement de résolution: le stade du papillon: l'adolescent se déploie, devient narcissique et commence à butiner dans le monde. Il mue (sa voix aussi) et devient pubère le stade adulte: l'enfant prend son vol et rejoint le monde adulte où il prend progressivement sa place phase 5: la résolution finale: le stade de la conscience augmentée: l'adulte en vieillissant mature, revient à la stabilité ou l'équilibre originel. Il prend de plus en plus en compte sa conscience augmentée, planétaire et impliquant l'éthique planétaire. Il prend conscience aussi après la dynamique linéaire des phases précédentes, du cycle de la vie qui va de la naissance à la mort et cultive une sérénité si possible joyeuse. Il sait que le cercle biologique de son voyage dans la vie va se refermer, ou, que la courbe de son énergie vitale redescend vers la mort. Certes, comme sociologue, je n'attribuerai pas comme Todorov une portée universelle à ce schéma narratif, dont la structure est nécessairement liée à celle de la société occidentale. En outre, il est probablement facile d'ajuster une narration complexe à cette structure en en redécoupant diversement les étapes et modifiant les interprétations. Il n'y a dans mon insertion du schéma mythanalytique aucune certitude objective. Mais j'admets que la fiction fictionne bien. De la morphologie du conte de Vladimir Propp, je retiendrai surtout mon recours à un bestiaire et à un héros. L'Homme dans les phases de sa vie peut être identifié à des animaux imaginaires successifs, qu'on pourrait identifier aux animaux des contes de fées, lutins, malins génies, dragons, sorcières, etc. de l'imaginaire du conte. J'ai choisi la tortue, l'ourson, le pingouin, le papillon, plutôt que le loup, l'oiseau ou le serpent. Autrement dit, nous pensons par références à des images d'esprits des animaux, nous fabulons des états animaliers, parce que le développement de nos facultés fabulatoires dépendent du développement de notre corps, de nos sens, de nos émotions et peurs seulement (stade de l'in-fans), puis en symbiose avec nos constructions conceptuelles à partir du stade du pingouin (qui commence à parler). Pour le reste - le principal - de l'interprétation morphologique proposée par Propp, je vois moins comment y insérer le bestiaire mythanalytique, tant mon interprétation mythanalytique de la vie me semble éloignée du merveilleux du conte russe à multiples éléments et événements qu'il met en scène. Je n'exclue pas cependant d'y revenir après plus de réflexion. Peut-être cela tient-il à une spécificité de l'imaginaire slave par rapport à l'esprit français. Le temps est un récit Nous pourrions en rester à ce point. Mais il est insuffisant. Si nous observons que le récit du bestiaire mythanalytique s'inscrit - comme par chance - dans la structure narrative de Todorov, ne faut-il pas se demander d'ou vient cette constante structurelle. Et la réponse pourrait précisément être mythanalytique. C'est très possiblement l'universalité de cette gestation biologique de nos facultés fabulatoires que nous retrouvons dans tous les récits qu'a analysés Todorov et donc dans sa théorie. Et la question difficile qu'il nous faut alors nous poser est celle de cette universalité biologique. Dans quelle mesure est-elle relative? Dans quelle mesure l'interprétation de son récit est-elle soumise à la structure et à l'idéologie de la société où elle se constitue (l'autre, que nous prenons en compte dans le carré parental)? La sociologie nous impose de le postuler. Reste à mener une analyse comparative. Nous ne doutons pas que nous découvrirons une déclinaison sociologique du récit, et sans doute aussi un redécoupage des séquences qui se décline sociologiquement. Il faut en conclusion l'admettre, et même le souligner: la mythanalyse est une théorie occidentale, une fiction sociologiquement déclinée d'un même processus biologique, marquée par ma culture propre. Et ce n'est pas nous, immergé dans la culture occidentale, qui serai le mieux placé pour mener cette analyse du différentiel narratif entre l'Orient, l'Afrique et l'Occident dans toutes ses nuances. Voir illustration Réf : Blog Mythanalyse 06/12/2018 URL |

Référence : 214037 Titre : La démocratie,c'est la jungle Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Lorsqu'on observe la démocratie américaine, en ces temps de lutte polarisée à l'extrême des Républicains contre les Démocrates et le président Obama, on a l'impression, que dans ce pays qui prétend donner des leçons de démocratie au monde entier, la démocratie, c'est devenu la jungle, où la loi du plus riche et du plus cynique l'emporte presque à tout coup sur l'intérêt général. La démocratie est ainsi dévoyée pour le profit des riches et puissants et le malheur des pauvres et faibles. Nous savons bien que la démocratie est une utopie et qu'elle demeure - et de loin - le moins pire des systèmes de gouvernement. Nous savons que les démocraties sont bourgeoises et que leurs dispositifs de gouvernance équitable sont constamment détournés, contournés, violés, exploités selon la loi du plus fort contre la liberté, la justice, l'égalité, la fraternité qui devraient les régir. Et elles sont toujours faibles face aux folies humaines des fascistes, des communistes, des intégristes, des capitalistes sauvages. Aux États-Unis, la démocratie est dévoyée par l'effet pervers du principe démocratique même. Chaque candidat cherche avant tout à garder son siège, souvent par les calculs locaux et les complicités les plus cyniques; où chaque association, chaque secte est prête à acheter les votes avec l'argent et la démagogie la plus médiocre. Réf : Blog Hyperhumanisme 05/11/2014 |

Référence : 214038 Titre : L'optimisme de l'intelligence partagée Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie La mode a été depuis longtemps en Occident celle du pessimisme de l'intelligence. Voltaire et son Candide , suite au terrible tremblement de terre de Lisbonne en 1755, ont eu le dessus sur la théorie du meilleur des mondes possibles de Leibniz. Les catastrophes humaines du XXe siècle ont inévitablement aggravé la tendance. Il est très difficile de se voiler la face pour sourire de bonheur, alors que tous les jours nous sommes confrontés à des horreurs humaines et à des catastrophes naturelles intolérables. La crise du postmodernisme en a tiré des conclusions philosophiques radicales et malheureusement légitimes. On ne croit plus à aucun des grands récits fondateurs de l'Occident, que ce soit celui de Dieu, déjà décrédibilisé en 1755 par beaucoup d'intellectuels, ou celui du Progrès instauré par la Révolution française, mais ruiné par la Shoah. Nous sommes quelques-uns à opposer l'optimisme de la volonté à ce pessimisme de l'intelligence. Nous ne sommes pas nombreux, il est vrai, car nous passons dès lors pour des naïfs manquant de la lucidité la plus élémentaire aux yeux de intelligentsia. Du moins cela est-il évident dans l'idéologie intellectuelle dominante en Europe et notamment en France. Le constat est moins net en Amérique du Nord, mais, comme chacun sait en Europe, les Américains sont les plus puissants du monde mais pas les meilleurs intellectuels. Je suis de ceux qui célèbrent les mythes conjoints de Prométhée et de Sisyphe, associant la volonté de changer le monde et la résilience de celui qui remet chaque matin sur ses épaules le fardeau des malheurs du monde pour tenter à nouveau de monter vers les cimes. Mais cette formule qui oppose l'optimisme de la volonté résiliente au pessimisme lucide de l'intelligence demeure très superficielle. Il faut aller plus loin dans la réflexion et admettre que l'intelligence n'est pas par nature ou par définition, ou par expérience et caractère acquis nécessairement pessimiste en soi. Je dirai même que l'intelligence pessimiste demeure simpliste ou élémentaire. Et il faut ici exercer un peu plus les capacités de raisonnement qu'elle nous offre. En effet l'intelligence pessimiste ne mène nulle part, si non à la résignation passive, au nihilisme ou au cynisme. L'intelligence pessimiste est celle de l'échec accepté d'avance comme une tragique fatalité. Les Grecs anciens la connaissaient bien déjà, mais l'attribuaient moins à la raison qu'aux passions humaines destructrices. Si je constate avec mon intelligence pessimiste que le monde est un scandale permanent - ce qui malheureusement une grande évidence, je devrais en conclure avec mon intelligence lucide qu'il faut donc le changer. Si mon intelligence pessimiste me répond que malheureusement c'est impossible et qu'il faudrait être naïf et stupide pour prétendre y parvenir, mon intelligence devrait me suggérer qu'il est cependant préférable de s'y essayer avec patience et persévérance que de se suicider. Et d'ouvrir l'option de changements lents, chaotiques, mais qui vont globalement dans la bonne direction. Tout n'est pas catastrophique. Tout n'est pas prometteur. Un exercice plus complexe de mon intelligence que ce binarisme simpliste m'amènera à admettre qu'on observe ici quelques progrès et là quelques reculs. Ainsi, en Occident, le progrès de la médecine et de la technologie sont des évidences. Elles demeures matérielles, certes, mais nous constatons aussi des progrès moraux. L'égalité civile grandissante des femmes et des hommes est difficilement niable, ni davantage condamnable. La conscience des valeurs écologiques, l'indignation contre l'injustice se répandent, comme bien d'autres "bonnes pensées" qui s'accumulent et convergent. L'institution des Nations Unies est d'une grande faiblesse et suscite beaucoup de déceptions, mais elle institue un espoir mondial de paix et de progrès humain. L'éthique collective, que j'appelle planétaire est encore d'une grande impuissance, mais l'apparition même de cette idée constitue une divergence majeure face à l'état de nature et à la loi de la jungle. Si l'intelligence est une capacité d'analyse, elle l'est aussi de calcul. Or le pessimisme ne me donnera jamais rien, ni satisfaction physique ou psychique, ni satisfaction morale, ni progrès collectif. A l'opposé, non seulement l'optimisme est meilleur pour la santé et rend plus heureux, mais l'intelligence la plus élémentaire affirme que tout progrès humain, même partiel, provisoire ou éphémère vaut mieux que rien. Et il invite la volonté à rejoindre l'intelligence pour travailler à renforcer et multiplier ces petits progrès, dont il n'est pas exclu qu'ils finissent par se soutenir les uns les autres, s'arrimer et croître. Celui qui croit que le bonheur est dans l'argent et qui veut devenir riche, sait aussi qu'il faut y travailler chaque jour avec intelligence et calcul, et qu'une accumulation de petits profits pourra produire par effet multiplicateur une grande richesse. Il devrait en connaître la difficulté a priori et ne pas s'entêter à y parvenir, s'il était vraiment intelligent. Mais s'il l'est encore plus que "vraiment" et qu'il y joint la volonté, il devient capable d'y parvenir. Cette observation triviale vaut aussi pour le progrès humain. Bref, un calcul intelligent conclut qu'il vaut mieux travailler à changer le monde et donc croire au progrès, que de jouir cyniquement dans son pessimisme (ce que seuls les nantis peuvent se permettre). L'intelligence élémentaire est pessimiste. L'intelligence supérieure est nécessairement optimiste et inspire une volonté d'action. Mais il faut aller encore plus loin dans le raisonnement. Le progrès et l'intelligence individuels sont certes de grandes vertus qui s'imposent. Mais ils demeurent limités. L'utopie de l'hyperhumanisme que je propose suppose qu'ils soient partagés par une minorité d'êtres humains. Elle s'appuie sur la puissance d'une volonté collective de changer le monde et donc sur l'optimisme de l'intelligence partagée. On peut douter de l'intelligence collective, au sens d'une intelligence augmentée parce que partagée. Mais on ne saurait douter de la puissance d'une intelligence partagée par un plus grand nombre d'êtres humains en faveur, par exemple, du respect des droits de l'homme, une conception qui ne demande pas d'être tous des génies pour être comprise et soutenue. Une intelligence partagée peut être simple. Il ne faut pas croire pour autant que le nombre de ceux qui la partagent en fera croître le niveau de lucidité ou la capacité d'analyse. C'est plutôt un génie individuel qui aura cette capacité. Je ne crois donc pas à l'intelligence collective, dont nous n'avons pas besoin ici, mais à l'intelligence partagée du plus grand nombre, qui peut nous éviter des catastrophes et soutenir des projets progressistes. Voilà ce que nous pouvons espérer de l'optimisme de l'intelligence partagée, très supérieur au pessimisme de l'intelligence individuelle. Réf : Blog Hyperhumanisme 26/09/2014 |

Référence : 214039 Titre : Seuls l'amour et le scandale donnent sens à la vie Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Il y a bien des jours où je crois que penser, chercher, dialoguer, n'est une nécessité que pour soi-même et publier qu'une vanité illusoire de la plus grande inutilité. Une misère. Une peine perdue. Et comment pourrait-il en être autrement? Il faut en tirer sagesse et en recentrer sur soi seul le bénéfice quotidien. Se changer soi-même sans prétendre changer le monde. Mais je me reprends aussitôt. Car cette résignation disparaît dès que je suis confronté au scandale. Seuls l'amour et le scandale motivent et donnent sens à la vie. Et je l'affirme alors: c'st le lien qui compte. Vivre pour soi seul n'a aucun sens. Le lien, c'est le sens. Réf : Blog Hyperhumanisme 02/03/2014 |

Référence : 214040 Titre : La magie du numérique Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Fascinés par le virtuel, par son pouvoir instrumental, nous tendons à dévaloriser le réel, que nous jugerions bientôt obsolète. Nous développons de la pensée magique, nous sommes assoiffés de gadgets, de sorcellerie numérique et d’évasion. Nous sommes hypnotisés par le virtuel aujourd’hui, comme jadis par le ciel divin. Nous en célébrons la magie. Nous en attendons tout. Répéterons-nous toujours, de siècle en siècle, cette même erreur de chercher dans un ailleurs ce dont nous croyons manquer dans le réel, ou pour échapper à ce qui nous y frustre - le travail, la souffrance, la mort, l'impuissance -, sans en estimer justement les vertus et les plaisirs. Nous nous aliénons ainsi et perdons notre capacité à jouir de la réalité dont nous avons le privilège exorbitant ici-bas. Nous tombons de croyance en croyance dans le miroir aux alouettes, nous lâchons la proie pour l'ombre. Même si nous ne savons pas ce qu’est le réel, du moins savons-nous que le réel demeure nécessairement le roc de toute fondation. Réf : Blog Hyperhumanisme 08/02/2014 Le numérique, c'est la nouvelle magie Le but de la sorcellerie, ses mentalités, les instincts qui l’animent, ses imaginaires, ses mythes et ses faux-semblants ont moins changé aujourd’hui par rapport à ses origines ancestrales que les techniques qu’elle met désormais en œuvre. Il faut ici rappeler que la magie n’est pas une mystique, une extase, mais une technique, qui doit être rigoureusement précise pour opérer. Elle a toujours été constituée d’outils, de recettes, de procédures, d’images métaphoriques. Le corps lui-même est métaphorique dans la magie et ses malaises; ses troubles renvoient à l’univers des esprits, qu’il faut donc convoquer, s’allier ou exorciser. Il n’en est pas autrement des outils numériques, algorithmes, écrans, consoles, icônes et liens. Tobie Nathan écrit avec une remarquable perspicacité pionnière dans Psychanalyse païenne (en 1988 déjà) : Le monde s’est peuplé d’écrans : téléviseurs, ordinateurs, minitels, caméras-vidéo, et les patients conduisent ces images jusqu’à nous. Les métamorphoses de la psyché s’étalent désormais sur un support de points lumineux. Jusqu’alors nous nous représentions des images fabriquées à l’entrecroisement des paroles et des affects, mais que penser de ces images de synthèse nées de longues suites d’équations ? On tape une série de chiffres sur un clavier et voici qu’apparaît une image qui ‘avait jamais existé auparavant. Et dans le même livre il déclare plus loin : «Je peux affirmer qu’il n’y a rien de «magique» dans la magie, rien que des « opérateurs techniques», et ces opérateurs techniques, à l’instar des images, fonctionnent à l’insu tant du thérapeute que du patient». Ce rappel est aussi élémentairement évident pour un esprit rationnel que fondamental pour comprendre pourquoi nous parlons à propos du numérique d’une nouvelle sorcellerie. Il y a tout autant et tout aussi peu de mystère magique dans le numérique que dans la magie traditionnelle. Il y a seulement, là encore, des «opérateurs techniques» que nous mystifions et qui nous mystifient. Nous aimons toujours autant la magie, nous les modernes, que les primitifs. Nous sommes toujours des primitifs, en quête de puissance surhumaine, constructeurs de pouvoirs surnaturels qui satisfassent notre instinct de puissance prométhéen et qui flattent non seulement Prométhée, mais aussi Éros et Thanatos. La sorcellerie est donc devenue numérique et plus répandue, plus populaire, plus puissante que jamais. Comme tous les mondes primitifs, les mondes virtuels actuels, qu’éclaire une lumière irréelle, exposent des êtres et des objets sans ombres. Et les nouvelles technologies numériques qui les secrètent hantent tout autant le réel que l’irréel, comme jadis les esprits animistes, les dieux, ou même aujourd’hui la présence invisible des dieux monothéistes. Les technologies numériques président à des rites et à des magies de la vie et de la mort qui demeurent omniprésents, quand bien même nous les nierions. C’est bien le monde primitif qui resurgit devant nos yeux, sous d’autres apparences, d’autres modalités, mais qui nous engloutit plus que jamais dans ses arcanes magiques. Magical times – Temps magiques : c’est le nom anglais que s’est donné une compagnie chinoise de technologies numériques à Fuzhou, en Chine. Faudrait-il n’y voir qu’un slogan publicitaire pour une expertise en effets spéciaux par ordinateur ? Comme beaucoup d’autres, elle exploite notre attraction éternelle pour des pouvoirs surnaturels. Les hommes ont toujours rêvé d’avoir des pouvoirs magiques. Ils ont inventé des anneaux, des baguettes, des philtres, des potions, des formules, des gris-gris pour agir à distance, s’allier des esprits, communiquer avec les morts, harceler des ennemis, se protéger des mauvais sorts, guérir des proches, gagner des guerres, séduire des cœurs : il n’y a rien que la magie ne peut exaucer. Le numérique est aussi extensif, dans toutes nos activités humaines, les plus élevées comme les plus quotidiennes, les plus collectives comme les plus individuelles. Et il est aussi procédurier, aussi mystérieux, aussi irréel. Comme la magie, il nous donne d’étonnants pouvoirs à distance, mais qui sont encore plus grands qu’avant. Il excite CyberProméthée. Il flatte nos pulsions de puissance. Avec le numérique nous nous libérons de beaucoup d’entraves du réel. Mais inversement, nous sommes pris dans l’entrelacs des hyperliens que nous tissons sur la toile et qui nous y retiennent jusqu’à la dépendance. Nos trois instincts fondamentaux, Éros, Prométhée et Thanatos y règnent à l’envie. Car ce sont les désirs de plaisir, de destruction et de puissance qui créent beaucoup de ces liens. Et la technologie numérique en augmente la charge émotionnelle. Ignorant, ou oubliant, que ce sont des algorithmes prosaïques qui les régissent, nous leur prêtons des forces irrationnelles. Voilà la magie du numérique. Comme toute magie, elle repose sur des techniques, des rituels, des tensions psychiques et des croyances. Elle semble étonnamment puissante à ceux qui la découvrent. Mais pour les nouvelles générations, elle est déjà ordinaire. Et cette familiarité avec la souris, les consoles de manipulation et même le doigt tactile tend à modifier d’autant plus leurs comportements de base. Le numérique, malgré son apparence technologique objective, se déploie paradoxalement dans le registre de la subjectivité, de l’affectivité, que renforce notre intimité immédiate avec l’écran cathodique. Les enfants et les adolescents y plongent quasiment le visage, tant ils le tiennent constamment dans la promiscuité de leurs yeux. On observe que bien des personnes confient au rectangle de lumière bleutée, dans le clavardage ou dans des courriels, des confidences ou des propos transgressifs qu’elles n’oseraient pas exprimer de vive voix à leurs interlocuteurs. Et nous tolérons dans notre boîte à lettres virtuelle bien des publicités et des images qui feraient scandale dans notre boîte à lettre de maison. Réf : Blog Mythanalyse 25/02/2014 URL |

Référence : 214041 Titre : Mana numérique Date : 2014 Famille/Série Icone Observations : Bibliographie Le numérique puise dans les arcanes de l’imaginaire. Le virtuel bleuté nous ouvre un espace d’apparitions, d’images esthétiques et de symboles qui font de nous des rêveurs éveillés devant nos écrans. Le virtuel est un monde émotionnel, un monde intérieur ou onirique. Nous y pénétrons en perte du principe de réalité, ou en réalité augmentée par nos sentiments et nos désirs. Même les sites de transactions bancaires et autres utilités ont leur magie. Et les réseaux numériques où nous côtoyons les attitudes subjectives des autres usagers, démultiplient nos propres émotions. Comment s’étonner alors que Ray Kurzweil, comme plusieurs autres gourous, prenne ces excitations pour la réalité, les hypostasiant pour les prêter aux technologies elles-mêmes, qui deviennent alors anthropomorphiques, intelligentes, puis spirituelles, et bientôt sentimentales, selon les titres mêmes de ses livres à grand succès ? Comment être surpris que les Japonais aiment tant leurs petits chiens robots, Tamagochis, Furbies et autres peluches numériques ! Voilà d’ailleurs déjà longtemps que les médias de masse nous ont habitués à identifier des objets technologiques à des émotions. Il suffit de penser à la publicité qui évoque la puissance virile en accotant des voitures et des femmes. C’est de ces comportements bien connus, mais qui sont démultipliées par la magie des technologies numériques, des sites de rencontres, des multiples navigations de l’internet, que vivent beaucoup d’industries actuelles. Le numérique catalyse nos émois. On peut parler des stimuli numériques comme des émotions cinématographiques, mais décuplés par l’interactivité, qui crée une implication personnelle dans ces univers de désirs et d’actions. Nous nous y projetons nos imaginaires les plus intimes et les plus vulnérables. Le numérique fait vibrer la psyché et nous aspire dans une pensée magique euphorisante. Réf : Blog Hyperhumanisme 30/01/2014 |

Référence : 214042 Titre : La divergence éthique Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Pour prendre vraiment conscience de la puissance radicale des divergences que nous créerons, nous devrions sans doute même parler des mutations du futur, dont nous n’avons pas encore la moindre idée. Pas encore pensables ? Mais possibles. Une immense divergence s’esquisse déjà sous nos yeux depuis deux mille ans au moins, dont nous n’avons pas encore saisi la nouveauté et encore moins l’importance. Je veux parler de la divergence éthique. La nature darwinienne est étrangère à toute exigence éthique. Elle est régie par la loi du plus fort, du mieux adapté. Pas de compassion pour les faibles, pas de sentiment de justice, pas de retenue face à la violence. C’est l’espèce humaine qui a inventé cette conscience éthique contre nature. Nous devons à cet égard beaucoup au christianisme. C’est assurément la religion qui a le plus contribué à la formulation de cette éthique au nom de l’amour du prochain et de la charité. Mais aujourd’hui dans une société athée, nous ne pratiquons plus cette éthique pour assurer notre salut personnel. Nous sommes à la deuxième étape du développement de cette conscience éthique : elle n’est plus seulement individuelle, elle est devenue sociale, collective, planétaire même. Elle repose sur le respect des droits humains élémentaires de tous également, quelles que soient les diversités des cultures. Elle nous incite à militer contre toutes les violences, les exploitations humaines, à secourir les victimes, à devenir pacifistes. Nous n’en sommes encore qu’aux premiers pas, mais nous sommes de plus en plus nombreux à en ressentir l’exigence. Ne dit-on pas que certains ont la bosse des mathématiques, évoquant ainsi par métaphore une augmentation de leur volume cérébral traitant de pensée mathématiques? Il nous reste à espérer que ce qui vaut pour les mathématiques vaille aussi pour l’éthique. Une éthique planétaire : la plus immense, la plus nécessaire, mais aussi la plus difficile de toutes les divergences du futur pensables aujourd’hui. La divergence n’est pas nécessairement un bien en soi. Nous en avons connu de bonnes et des mauvaises. Et ces jugements sont toujours relatifs. Ainsi, l’impressionnisme n’est pas un progrès par rapport au classicisme, mais un changement. Le passage de l’âge du feu à l’âge du numérique demeure ambivalent, en ce sens que le progrès qu’il nous fait espérer dépendra en réalité de l’usage humain que nous ferons de sa puissance. Seule la divergence éthique est un progrès incontestable, que personne ne peut raisonnablement nier. Les modalités d’application de l’éthique peuvent varier selon les diversités historiques et culturelles, mais le principe de l’éthique planétaire est un absolu, le seul absolu auquel les hommes peuvent prétendre. Le gouvernail et la quille de l’esquif « humanité ». Réf : Blog Hyperhumanisme 26/01/2014 |

Référence : 214043 Titre : De l'origine biologique à l'institution sociale des mythes Date : 2014 Famille/Série Texte Observations : Bibliographie Les fabulations infantiles de l'interprétation du monde que chacun de nous garde inconsciemment dans sa mémoire et développe aux stades successifs de sa croissance jusqu'à l'âge adulte trouvent leur expression élaborée dans les récits mythiques inventés par les créateurs - poètes, artistes, philosophes, scientifiques, etc. - et institués par la société. Elles leur donnent la résonance puissante qui anime notre inconscient collectif. Réf : Blog Mythanalyse 22/11.2014 URL |

Référence : 214044 Titre : Matrice ou carré parental ? Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie La structure élémentaire de la mythanalyse: du carré au pentagone parental, le pp Voir Schéma 1 Voici la structure élémentaire du carré parental, telle que je l'ai établie jusqu'à présent dans les fondements de la mythanalyse (notamment dans La société sur le divan - Eléments de mythanalyse (vlb, Montréal, 2006) (I). Plusieurs pensent, comme Gérard Mendel ou Jean Piaget qu'au début le nouveau-né différencie mal son propre corps du monde qui l'entoure - que j'ai appelé le nouveau-monde, pour souligner que c'est le monde qui naît à l'enfant et non l'enfant qui vient au monde (point de vue des adultes, mais qui ne correspond certainement pas à l'expérience et à la conscience qu'en a l'enfant accouché). Dans ce cas, il faudrait modifier le schéma que j'en ai proposé et l'établir comme suit: Voir Schéma 2 Cette nouvelle interprétation est évidemment hypothétique, mais je la considère comme vraisemblable, compte tenu de la confusion des sensations que le nouveau-né ressent probablement. En outre, il demeure sans doute dans une même conscience fusionnelle de son corps fœtal avec la corps de la mère, auquel se substitue maintenant le monde extérieur. Il lui faut sans doute du temps pour percevoir la différence et en organiser sa conscience. En outre, les synapses de son cerveau sont encore peu développés et extrêmement plastiques. Voilà beaucoup de sans doute et de peut-être, mais nous tendons à accepter cette thèse et donc à penser que le quatrième acteur de ce carré parental commence par être "le nouveau-né/monde", avant de se séparer en deux corps et de donner naissance à un sixième acteur, qui prend figure de "corps autre" ou monde extérieur. Nous avons alors un pentagone parental, que nous appellerons pour simplifier le pp : Voir schéma 3 Ces trois schémas correspondent au développement progressif ou genèse de la conscience fabulatoire du nouveau-né. Dans un prochain texte, nous allons aborder les variations dues à la sociogenèse (je reprends là le concept de Gérard Mendel). Réf : Blog Mythanalyse 03/03/2014 URL Je parle du «carré parental» dans lequel se forme l'activité fabulatoire de l'infans. Ne devrais-je pas plutôt parler de la «matrice parentale» ? Le concept de «matrice» a une connotation génitrice intéressante, alors que celui de «carré» renvoie à une schématisation trop géométrique pour évoquer les liens que l'infans crée avec la mère, le père et l'autre, lorsque le monde vient à l'enfant. Et c'est seulement d'une matrice qu'on peut parler au stade fœtal, lorsque la relation que nous pouvons imaginer entre la mère et le fœtus ne compte que deux acteurs. A fortiori, dans le stade chaotique, toute évocation géométrique est à bannir. Mais le concept de «matrice» ne conviendrait pas davantage, puisque ce qui caractérise le stade chaotique, c'est précisément l'irruption déchirante du chaos, de l'absence de toute forme référentielle et sécuritaire. En outre, il est évident que dans la succession des stades fabulatoires peuvent intervenir d'autres acteurs déterminants, de la parenté, immédiate, d'une nourrice, etc. Le terme de «matrice» donc, parce qu'il n'est pas géométrique et de ce fait plus englobant de la diversité des situations possibles, semblerait mieux convenir. Je tends cependant à maintenir le concept de carré pour souligner la polarisation de ce contexte fabulatoire qui devient précisément structurant de la psyché et des réseaux synaptiques de l'infans par des liens distinctifs. La notion de matrice est circulaire, alors qu'il semble qu'on puisse insister sans exagération sur la triangulation active des liens polarisés entre l'infans, la mère et le père, tandis que «l'autre» (la société) est à coup sûr englobant et non ponctuel: il détermine les comportements de la mère et du père, les rituels alimentaires, gestuels, langagiers, vestimentaires, etc. Aucune métaphore, bien sûr, ne pourra prétendre désigner clairement et complètement de tels contextes de développement de l'infans. Mais toute pensée est métaphorique, consciemment ou non, toute théorie est une fiction et il faut tenter de choisir les images les plus actives et pertinentes par rapport aux relations que l'on décrut et théorise. Ce questionnement était nécessaire, pour préciser ce que l'on évoque, mais le concept de «carré parental» se semble devoir demeurer comme le le plus opératoire jusqu'à nouvel ordre. Réf : Blog Mythanalyse 07/11/2014 URL Les structures anthropologiques de l'imaginaire sont d'origine infantile C'est dans le carré parental de l'infans que se constituent les matrices des premières fabulations du nouveau-né. C'est là que se forment les structures de l'imaginaire que Gilbert Durand a repérées et répertoriées dans les grands courants mythologiques indoeuropéennes et qu'il a appelées "anthropologiques". Ces premières schématisations intenses et polarisées s'inscrivent durablement dans les réseaux synaptiques encore plastiques du cerveau. Elles forment la logique familiale, socio-naturelle, qui deviendra familière de la pensée Elles mettent en scène les imagos des figures principales des mythes: la mère, le père, l'autre et, sous l'influence de la socio-genèse leurs rapports interindividuels, qu'ils soient bienfaisants ou hostiles, complémentaires ou conflictuels, bref, une syntaxique mythique qui se dessine au gré des premières émotions, peurs et désirs et qu'on retrouvera toujours dans les récits mythiques oraux, puis écrits. Car ce sont ces figures matricielles d'origine biologique que les chamans déclineront dans des incarnations mythiques ; et ce sont les structures de leurs liens dans le carré parental qu’ils cisèleront dans les récits mythiques, selon les diversités géographiques, historiques et sociales, leur prêtant avec génie des détails et des complexités narratives dont seuls sont capables les créateurs, chefs religieux, poètes, philosophes et aujourd'hui cinéastes ou scientifiques. Réf : Blog Mythanalyse 01/01/2015 URL |

Référence : 214045 Titre : (III) le pp – Le pentagone pariétal Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Voir Schéma 1 Voici la structure élémentaire du carré parental, telle que je l'ai établie jusqu'à présent dans les fondements de la mythanalyse (notamment dans La société sur le divan - Eléments de mythanalyse (vlb, Montréal, 2006) (I). Plusieurs pensent, comme Gérard Mendel ou Jean Piaget qu'au début le nouveau-né différencie mal son propre corps du monde qui l'entoure - que j'ai appelé le nouveau-monde, pour souligner que c'est le monde qui naît à l'enfant et non l'enfant qui vient au monde (point de vue des adultes, mais qui ne correspond certainement pas à l'expérience et à la conscience qu'en a l'enfant accouché). Dans ce cas, il faudrait modifier le schéma que j'en ai proposé et l'établir comme suit: Voir Schéma 2 Cette nouvelle interprétation est évidemment hypothétique, mais je la considère comme vraisemblable, compte tenu de la confusion des sensations que le nouveau-né ressent probablement. En outre, il demeure sans doute dans une même conscience fusionnelle de son corps fœtal avec la corps de la mère, auquel se substitue maintenant le monde extérieur. Il lui faut sans doute du temps pour percevoir la différence et en organiser sa conscience. En outre, les synapses de son cerveau sont encore peu développés et extrêmement plastiques. Voilà beaucoup de sans doute et de peut-être, mais nous tendons à accepter cette thèse et donc à penser que le quatrième acteur de ce carré parental commence par être "le nouveau-né/monde", avant de se séparer en deux corps et de donner naissance à un sixième acteur, qui prend figure de "corps autre" ou monde extérieur. Nous avons alors un pentagone parental, que nous appellerons pour simplifier le pp : Voir schéma 3 Ces trois schémas correspondent au développement progressif ou genèse de la conscience fabulatoire du nouveau-né. Dans un prochain texte, nous allons aborder les variations dues à la sociogenèse (je reprends là le concept de Gérard Mendel). Réf : Blog Mythanalyse 03/03/2014 URL |

Référence : 214046 Titre : La dynamique fabulatoire du carré parental Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Nous proposons des schémas géométriques et donc rigides du carré parental, que nous proposons comme matrice fabulatoire originelle de notre interprétation du monde dans notre construction théorique de la mythanalyse. Cette étape théorique étant clarifiée, il est temps d'en venir à une vision plus adéquate de ce que nous appelons les variations dynamiques du carré parental. Nous serons tous prêts à admettre, je le pense, que les grands acteurs de cette structure élémentaire, le nouveau-né, le père, la mère, le nouveau monde, l'Autre ont une influence variable d'une famille à une autre, d'une société à une autre, d'un environnement extérieur à un autre. Tantôt la mère est très présente, tantôt absente; elle allaite ou non le nouveau-né. Le père domine ou s'efface, est autoritaire, voire violent, ou tendre. Il arrive que le couple parental soit fusionnel, très proche ou distendu, voire conflictuel. Il arrive que le nouveau-né ait un frère ou une sœur jumelle, qu'il soit fils unique ou l'aîné ou le cinquième d'une famille nombreuse. Et il arrive désormais qu'un enfant naisse dans une famille homosexuelle de deux femmes, ou soit adopté par un couple gai. Il faut mentionner aussi le cas des communes et des sectes. L'environnement - le nouveau-monde - joue aussi un rôle majeur, selon qu'il est protégé ou agressif. Des événements particuliers peuvent se produire, qui seront marquants. La dynamique du carré parental est simple ou complexe, harmonieuse et protectrice, effacée, ou dramatique, voire traumatisante. Elle dégage une ambiance d'amour, de profusion, d'austérité, de pauvreté ou d'hostilité - pensez à un enfant qui naît dans un camp de réfugiés syriens aujourd'hui! Au-delà des variations socioculturelles de la fabulation mythique, nous voyons émerger dans cette problématique les variations biographiques et donc le rôle possible de la psychanalyse de cette gestation socio-individuelle. Chaque individu a sa biographique spécifique au sein d'un environnement mythique propre à la société où il naît. Le carré parental doit être interprété comme flexible, non linéaire. Il relève de la pensée en arabesque de toute configuration, susceptible de connaître de grandes variations, selon des proximités ou des cassures. Et le nouveau-né y a ses réactions spécifiques, déterminantes de sa psyché individuelle au sein des imaginaires sociaux. On le voit, la mythanalyse , telle que nous la concevons, ne consiste pas à rajouter des acteurs imaginaires, structurels, archétypaux, narcissiques ou ex-machina, voire à inventer des explications fabulatoires qui seraient des clés d'explications, y compris en invoquant des dieux de l'Olympe ou des figures tectoniques mayas dans nos tentatives d'interprétations mythiques, comme on le fait trop souvent. La mythanalyse vise plus simplement à être réaliste, c'est-à-dire biologique et sociologique. Et c'est d'une complexité amplement suffisante pour occuper l'esprit du mythanalyste! C'est à ce prix qu'elle peut déchiffrer ce qui est réel et non pas tomber dans la tentation des fioritures littéraires imaginaires. La mythanalyse est une théorie-fiction, celle que nous pensons avec notre pensée métaphorique, mais cela ne l'autorise pas à devenir elle-même fabulatoire et à en rajouter dans un style romanesque. Je regrette de le dire de façon triviale: elle doit s'efforcer d'être réductrice pour être opératoire et efficace. Elle exige d'être une théorie, donc une théorie cohérente et non pas un foisonnement d'élucubrations diverses et contradictoires. C'est la condition sine qua non d'existence de toute théorie. Et il devient alors possible de la développer, de la modifier au fur et à mesure que l'on rencontre des objections ou des questions nouvelles. Et même de la renier, pour lui substituer une théorie plus opératoire, comme il arrive dans les sciences exactes comme dans les sciences humaines. Mais on ne progresse pas, quel que soit le domaine d'élucidation, sans rechercher la cohérence de la théorie que l'on construit. Cette recherche d'unité fait partie du domaine de la mythanalyse. On la retrouve dans le mythe de l'unité, dans la théologie monothéiste, dans le lien mère-nouveau-né qu'explore la mythanalyse. C'est en ce sens que je dis que la mythanalyse est elle-même une théorie-fiction. Cela ne lui enlève pas sa légitimité, ni son pouvoir opératoire, aussi longtemps qu'on l'admet et même qu'on le déclare publiquement. Il ne peut en être autrement de la pensée humaine. Mais il faut apprendre à penser, et à choisir entre deux théories, entre deux mythe, celui qui vaut mieux que l'autre. C'est souvent l'utilité opératoire qui en décide, mais ce peut-être aussi une nostalgie du carré parental. Le relativisme qu'il faut admettre dans la mythanalyse est la condition de son développement lucide. Réf : Blog Mythanalyse 03/03/2014 URL |

Référence : 214047 Titre : Sociogenèse du carré parental, les variations de l'Autre Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Nous avons mentionné l'évolution du carré parental qui devient un pentagone au fur et à mesure que le nouveau-né prend conscience de lui-même en se séparant du nouveau-monde qu'il confondait avec lui-même depuis sa naissance. Il est clair aussi que ce pentagone va se complexifier et exploser lors de l'apparition de nouveaux acteurs dans le carré parental (frères et sœurs, proches parents, étrangers, événements marquants, etc.). Mais cette structure élémentaire du carré parental de la naissance demeurera constitutive des mythes principaux dans nos sociétés occidentales actuelles - celles auxquelles se dédie la mythanalyse - , tant elle a été fusionnelle et originelle de la conscience fœtale et post-accouchement. C'est pourquoi nous continuerons à nous référer au carré parental comme structure élémentaire, dont le pentagone n'est qu'une évolution plus tardive. Bien entendu, l'Autre va jouer un rôle de plus en plus important dans le développement de la conscience du nouveau-né au sein du carré parental moderne de la famille conjugale. Mais nous ne pouvons oublier l'évolution socio-historique antérieure de cette structure familiale élémentaire de l'organisation sociale. La famille conjugale basée sur un couple individualisé père-mère a succédé à celui de la famille indivise, telle qu'on la trouvait dans des sociétés antérieures, notamment tribales, claniques, beaucoup plus collectives, où le nouveau-né était confié aux femmes ou bien dans des sociétés matriarcales où l'oncle maternel avait plus d'autorité sur le nouveau-né que le père biologique. Toutes sortes de déclinaisons de cette organisation familiale/sociale ont pu se rencontrer, comme on l'observe aussi chez d'autres espèces. Chez les loups, par exemple, tout repose sur la meute. Malgré la fidélité indéfectible du couple, la meute domine toute conscience individuelle. Elle est soumise hiérarchiquement à un couple alpha dominant, aidé par un loup bêta; l'élevage des petits est organisé collectivement. Il en est tout autrement chez les fourmis ou les abeilles, ou a fortiori chez les poissons. Il convient donc d'insister sur cette dimension sociale de la naissance. La fabulation du monde extérieur chez le nouveau-né humain se fondera sur les acteurs principaux du carré parental, qui peut donner un rôle dominant à la mère, ou au père ou à un oncle, ou à des frères ou sœurs (notamment dans le cas de jumeaux), ou au groupe, à une figure bienveillante ou hostile. Il en résultera des configurations mythiques variables, animistes, polythéistes ou monothéistes. Dans le cas de configurations polythéistes, le nombre de dieux peut se multiplier à raison des manifestations de l'environnement naturel (par exemple en Grèce la mer, les tempêtes, les montagnes, la foudre d'orages violents), dans d'autres environnements les arbres, les rivières, la pluie ou la sécheresse, et bien sûr les animaux qu'on craint, qu'on chasse, qu'on respecte. Les structures dominantes de la nature elle-même font partie de l'Autre, et peuvent être identifiées à l'harmonie ou à des menaces, au chaos ou au paradis terrestre, à la vie maritime, nomade ou sédentaire, etc. Toutes ces variantes expliquent la sociogénèse très variable historiquement et socialement des configurations mythiques de chaque société dominante et se redécliner diversement dans les sociétés dominées, conquises, colonisées ou multiculturelles. Ainsi, l'Olympe grec, tel que nous le présente Homère, diffère beaucoup de la mythologie égyptienne ou inca. Et aujourd'hui nous n'aurons pas en Chine les mêmes fabulations mythiques qu'en Bretagne ou en Afrique. C'est en raison de ces variations de la sociogénèse mythique, que nous avons toujours rejeté les notions d'invariants de l'imaginaire social, tels que Gustav Jung avec ses archétypes, ou Claude Lévi-Strauss avec sa mathématique sociale ont voulu nous les imposer. Ils raisonnaient de façon trop ethnocentrique. Certes, dans l'espèce humaine, nous naissons tous d'un père et d'une mère, encore que ces invariants puissent varier avec les décès et avec la fécondation artificielle, ou avec l'adoption d'enfants dans des communes hippies, de sectes, ou dans des familles homosexuelles,. Et dans tous les cas, c'est tout autant l'interprétation idéologique de ces invariants (l'Autre) que la biologie elle-même, qui déterminent leur mode fabulatoire. Réf : Blog Mythanalyse 03/03/2014 URL |

Référence : 214048 Titre : Enregistrement de la Société internationale de mythanalyse Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Voilà trente-cinq ans que quelques-uns d'entre nous parlons de mythanalyse, ou plus souvent de mythocritique, voire de mythodologie ou de mythographie. Bien sûr les conceptions varient entre l'anthropologie, la psychanalyse jungienne, l'ethnopsychiatrie, la biologie, la psychologie du développement ou l'épistémologie génétique. Et le débat qui devrait se développer entre ces différentes approches n'a pas lieu. Les échanges se font au sein de ces disciplines elles-mêmes, mais presque jamais spécifiquement sur cette nouvelle discipline que constitue la mythanalyse. Et les questions abordées relèvent plus souvent de l'exploration des mythologies anciennes que des mythes actuels qui déterminent nos sociétés dites modernes, sur lesquels porte la mythanalyse. A cet égard, chacun demeure isolé. Nous n'avons pas établi de plateforme d'échanges, ni de groupe de recherche, ni de colloque international portant sur la mythanalyse, où nous pourrions nous rencontrer, confronter nos idées, nous privant ainsi d'une plateforme commune où nous pourrions enrichir la recherche en mythanalyse de nos diverses contributions. Nous sommes conscients de l'importance des mythes contemporains qui déterminent nos comportements individuels et résonnent dans nos imaginaires sociaux comme un inconscient collectif, mais nous ne les connaissons pas. Nous ne les déchiffrons pas. Nous ne sommes pas en mesure de les désigner, de les évaluer, de les dénoncer, de les modifier pour le bénéfice de tous dans une lucidité collective qui est nécessaire par rapport à nos espoirs et à nos peurs dans les débats de société, alors que notre évolution s'accélère pour le meilleur ou pour le pire. La mythanalyse, comme toutes les sciences sociales n'est pas seulement une recherche théorique; elle offre aussi une pratique, une utilité, et je le pense, une thérapie sociale. C'est, en quelque sorte, mettre la société sur le divan, l'écouter et la faire prendre conscience de son imaginaire. C'est pourquoi il est temps de fonder la Société internationale de mythanalyse avec les plus déterminés d'entre nous. Ce geste assurera la reconnaissance de la mythanalyse dans le concert des sciences humaines, nous permettra de nous entendre sur un minimum de visions communes à développer et encouragera la recherche. Qu'importe que son siège social soit au Québec, en France où dans un autre pays. Mais nous en appelons à tous ceux qui travaillent en mythanalyse à se joindre au projet. La première tâche de la Société sera d'organiser un réseau, une plateforme en ligne des mythanalystes et un colloque international fondateur, dès cette année 2014. Et nous devrons veiller à ce que notre société ne devienne pas un sujet de discorde et de rivalités, comme en psychanalyse, mais au contraire une occasion sereine d'échanges productifs, où chacun respectera la diversité des points de vue et en tirera avantage pour progresser dans ses propres recherches. Fuyant les douleurs, nous allons construire au bord de la mer une maison extraordinaire, avec de nombreuses pièces d'une grande variété de styles et d'ameublement, des bibliothèques et des salles numériques. Elle sera au milieu d'un jardin où nous pourrons nous promener, cultiver la beauté de la nature ancienne autant que celle de la nouvelle et de ses artifices, nous rencontrer pour dialoguer sur un banc, à l'ombre des arbres de la connaissance. Et nous irons marcher aussi sur la plage qui bordera le jardin, et nous baigner dans les vagues qui nous apporteront sur les courants du large des bateaux chargés d'idées d'ailleurs, de livraisons précieuses des autres civilisations, des pans entiers de palais, de ruines et d'utopies, et des oiseaux rares. Nous nous délecterons des lumières et des épices de l'univers, sans autre souci de conquête, ni d'autres richesses que celles de l'esprit, des imaginaires et de la création, bannissant la tristesse sans répudier les tourments, choisissant entre les mythes ceux qui peuvent nous aider, en quête de divergences pour changer le monde. Nous ne vaincrons pas la souffrance, mais nous serons des dieux. Réf : Blog Mythanalyse 15/03/2014 URL Enregistrement de la Société internationale de mythanalyse C'est aujourd'hui, 16 avril 2014, que j'ai enregistré officiellement la Société internationale de mythanalyse - International Society of Mythanalysis au registraire des entreprises sans but lucratif du Québec. Qui vivra verra si elle permettra le développement d'un dialogue entre spécialistes des mythes actuels que j'en espère, conformément aux intentions que j'avais soulignées à Paris le 25 avril dernier, lors d'une réunion - la quatrième, je crois - de la vaillante Ligue des mythographes extraordinaires, proposée par Christian Gattard. C'est alors que s'était déclaré un accord général par rapport à ma proposition. Il s'agit maintenant de constituer un bureau, de créer un site web d'échanges, et d'organiser les premiers colloques ou séminaires internationaux, notamment à Montréal et à Paris, puis, si possible dans d'autres pays. Réf : Blog Mythanalyse 16/04/2014 URL |

Référence : 214049 Titre : Logo de la Société Internationale de Mythanalyse Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Voici donc le logo «institutionnel» de la SIM, qui évoque l'origine biologique des mythes au stade de l'infans, celui qui ne parle pas encore mais qui fabule déjà dans son berceau sur le monde qui vient à lui et dont il prend conscience. Réf : Blog Mythanalyse 05/11/2014 URL |

Référence : 214050 Titre : La configuration mythique du nouveau monde numérique Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie La langue populaire appelle « mythe » une rumeur ou une affirmation courante dont on veut souligner la fausseté et qui soulève la crédulité. Ainsi, ce serait un mythe que de prétendre qu’un verre de vin ou une cuillérée de miel gelée royale par jour permettrait de vivre plus vieux. Ou que la corne de rhinocéros est un aphrodisiaque. Peut-être cet usage péjoratif du mot vient-il de ce que nous considérons les mythologies anciennes comme des fabulations sans fondement. Roland Barthe, dans Mythologies (1957) ironisait sur des tendances et fausses croyances de notre temps, au demeurant assez superficielles ou anecdotiques, telles que le volume du cerveau d’Einstein, le vin rouge, les poudres détergentes ou les stéréotypes concernant le sport ou les automobiles. Mais les mythes ne sont pas un bêtisier social. La mythanalyse accorde au contraire aux mythes un rôle fondateur dans notre interprétation du monde et nos imaginaires sociaux. Les mythes ne sont aucunement archaïques au sens de mythologies qui renverraient à un passé révolu, mais qui auraient gardé un pouvoir actif dans un inconscient collectif pérenne, comme ces archétypes inventés par Jung et repris notamment par Gilbert Durand, qui traverseraient les siècles et seraient universels. Les mythes sont nécessairement actuels, faute de quoi ils n’auraient pas le pouvoir déterminant sur nos imaginaires sociaux que nous leur reconnaissons. Ils expliquent la création du monde, tel qu’il apparaît à chaque humain naissant, dans son étrangeté, comme un agrégat de sensations inconnues qui émergent chaotiquement, qui s’imposent, se solidifient autour de lui, et prennent dans son imaginaire vie et force selon ses émotions, peurs et désirs liés aux figures matricielles du carré parental – la mère, le père, le naissant, les frères, les sœurs, les proches, l’autre (la société). Les mythes sont donc, du fait de leur contexte de gestation, familiaux/familiers. Ils ne sont pas archaïques, mais infantiles, c’est-à-dire créés par l’in-fans – celui qui ne parle pas encore, ne comprend pas encore, l’immature - celui qui est assailli par le monde qui-naît et tente difficilement de l’interpréter. Le monde est ainsi recréé à chaque naissance, par chaque homme naissant. Ce qui est biologiquement - relativement – universel, c’est le carré parental, la configuration de la mère, du père, du naissant, de l’autre, même si les rôles varient d’une société à une autre, d’une époque à une autre, selon, par exemple que la société est matriarcale, patriarcale, indivise ou conjugale, etc. Les archétypes évoluent donc considérablement. Nous sommes dès lors aussi en total désaccord avec cette idée si répandue, adoptée notamment par Gilbert Durand, selon laquelle les mythes seraient des histoires que les hommes se racontent, de siècle en siècle et partout dans le monde, pour apaiser leur anxiété face à l’inéluctabilité universelle de la mort : Ainsi, l'origine de l'imaginaire est une réponse à l'angoisse existentielle liée à l'expérience "négative" du "Temps". L'être humain sait qu'il mourra un jour car le Temps le fait passer de la naissance à la mort. De cette angoisse existentielle et universelle naîtrait l'imaginaire (Structures anthropologiques de l’imaginaire). Tout au contraire, la gestation des mythes est coexistentielle au processus de la naissance du monde-qui-vient-à-l’enfant. Le mythe central, élémentaire ou fondateur de tous les autres n’est pas la mort, mais la création, qui demeure dans toutes les mythologies primordiales par rapport à la mort ou à la fin du monde quelles qu’en soient les déclinaisons sociales et historiques, animistes, polythéistes, prométhéennes, monothéistes ou athées. C’est ce qui explique aussi que l’art soit la célébration toujours répétée de la création. Et lorsqu’on étudie l’imaginaire de l’âge du numérique, on découvre que c’est encore la nostalgie de la naissance qui fonde la configuration mythique fascinante de cette nouvelle aventure de l’humanité à la conquête du bleu cathodique : - La vie amniotique - Le corps de l’hyperhumanité - Le cerveau de l’hyperhumanité - La psyché numérique - La transcendance - La puissance - La face obscure - Une nouvelle forme élémentaire de la vie religieuse Aujourd’hui, nous sommes de nouveaux nouveau-nés, car c’est le monde numérique qui naît devant nous, qui vient à nous, qui nous embrasse et nous menace, et qu’il nous faut interpréter, comme nous pouvons, avec notre imagination fabulatoire et nos imagos biologiques. L’évocation du liquide amniotique, du corps et de la psyché renvoie à la nostalgie de la mère. La transcendance numérique est celle du père. Le cerveau et la puissance sont ceux du fils, CyberProméthée, qui veut recréer la Nature à son image grâce à la technoscience numérique. Mais toutes les imagos du nouveau-né, le père comme la mère, comme le nouveau-né lui-même, ont l’ambiguïté de la satisfaction et de la peur réunies, du fait de l’angoisse biologique de la naissance. Il faut donc compter avec les utopies progressistes, mais aussi avec la face obscure du cybermonde, les représentations bénéfiques et les maléfiques (Gérard Mendel, La révolte contre le père. Une introduction à la sociopsychanalyse, Payot, 1968). L’Autre, c’est ce que cette naissance simultanée (du nouveau-né et du monde qui vient à lui) doit à la société actuelle, celle de l’Âge naissant du numérique. Le traumatisme est d’autant plus fort, que nous assistons effectivement à la naissance du monde, le numérique, que nous tentons d’interpréter, de saisir, de nous approprier, sans savoir ce qu’il est. La psychanalyse soulignait déjà que le nouveau-né ne distingue pas clairement son propre corps et psychisme du monde qui l’entoure. De même, aujourd’hui, nous sommes soumis à un processus confus de fusion et de différenciation du monde numérique ; nous en sommes partie intime et prenante, et simultanément nous tentons peu à peu de nous en séparer, de nous en distancer pour affirmer notre autonomie. Ce livre que nous écrivons actuellement ne fait pas autre chose, ne tente pas autre chose que de distinguer clairement cette séparation, par une approche ou une méthodologie de fascination critique que nous avons soulignée dès la publication du Choc du numérique (vlb, 2001). Comme dans toute naissance, nous fabulons donc sur ce nouveau monde numérique qui vient à nous, avec sa puissance incontournable, son mystère, sa séduction et ses peurs. Nous voilà avec les acteurs du carré parental, dans un vaste processus de «sociogenèse» comme disait Mendel. Toute image du monde est fabulatoire, elle est pensée métaphoriquement et investie d’un récit suscitant des espoirs et des peurs en proportion même de ces attentes. Nous allons donc évoquer chacune de ces composantes mythiques de notre imaginaire et montrer pourquoi le numérique crée de la pensée magique, qui nous semble satisfaire à notre aspiration au plus- et au mieux-être, tout en créant de grandes angoisses. Réf : Blog Mythanalyse 25/02/2014 URL |

Référence : 214051 Titre : Mythe et pensée magique Date : 2014 Famille/Série Icone Observations : Bibliographie Le mythe est un récit. La pensée magique est l'interprétation du mythe du monde actuel qui en découle et qui en fait espérer des résultats concrets qui se révéleront irréalistes. La magie est la technique qui en convoque le pouvoir. Jean Piaget, à qui il faut rendre hommage pour la sagacité de sa vision autant que pour la qualité de ses observations cliniques sur le développement psychique de l'enfant, nous aide à comprendre que la pensée de l'enfant est avant tout magique. Son épistémologie génétique est un monument aujourd'hui trop négligé. Je ne reviendrai pas ici sur les différentes étapes de la construction de la pensée chez l'enfant, qu'il a cru pouvoir établir en suivant de près l'évolution de ses trois enfants. Ce qui me paraît le plus intéressant chez Piaget, c'est son idée selon laquelle l'enfant développe avant tout une pensée magique. Et contrairement à lui, j'observe à quel point la pensée magique qui se constitue pendant la "période sensorimotrice" (0 à 2 ans), demeure dominante pendant la "période préopératoire" (2 à 6 ans), pendant la "période opératoire" (6 à 12 ans) et bien au-delà, au cœur même de l'âge adulte. Certes, l'enfant construit une logique, une symbolique, des stratégies pratiques, qui assurent son adaptation pragmatique. Mais il ne cesse aussi d'imaginer le monde qui se présente à lui sans mode d'emploi préétabli. Il le fabule, l'anime de forces amies ou ennemies, d'esprits. dans ses jeux, il imagine que son ourson, sa poupée, ses voitures, sont vivants et ont des sensations et des pensées. Il projette ses émotions et ses sentiments sur tous les objets qui l'entourent; il fait voler son avion en le tenant dans sa main, lance ses soldats dans la bataille en les déplaçant lui-même, les fait tomber pour les tuer; il joue à cache-cache derrière ses mains. Il vit et agit dans un monde magique dont il invente et applique les règles avec la plus totale conviction. Ce n'est que peu à peu qu'il introduira le principe de réalité, la logique de l'identité ( un objet ne peut pas être pris pour un autre), et rationalisera plus objectivement, "refroidira" l'imaginaire qui faisait palpiter magiquement tout ce petit cosmos. Cette domination de la pensée magique que note Piaget dans les premières périodes de la croissance mentale de l'enfant, c'est bien, dit en d'autres termes, si je passe de l'épistémologie génétique à la mythanalyse, ce que j'appelle les stades successifs de la fabulation mythique du monde. Née avec le principe de désir, elle s'hybride peu à peu avec le principe de réalité, certes, mais la pensée magique ne disparaît pas pour autant: elle se transforme, invente de nouvelles forces avec lesquelles composer, qu'il faut s'allier ou combattre. Elle trouve dans les jeux et notamment dans les jeux vidéo de nouveaux champs d'expression et de conquête. La pensée magique, la fabulation mythique ne cessera jamais, même dans la vie sociale adulte, professionnelle, dans les loisirs, dans la vie familiale, dans l'économie, la guerre, l'amour, le sexe, la consommation et jusque face à la mort. Jean Piaget était un épistémologue suisse et sérieux, dédié à ses activités cliniques, académiques, institutionnelles. Il a limité à l'enfance l'âge de la pensée magique et n'a pas voulu penser que cette pensée magique développée dans les premières étapes de l'enfance se prolongerait dans un âge adulte qu'il voulait adapté: opératoire et rationnel, en rupture avec l'enfance. Il n'a pas pensé non plus que cette pensée magique ne se limitait pas à la saisie des objets, dans une période d'apprentissage sensorimoteur puis opérationnelle. Elle est en fait l'expression de proximité d'interprétations mythiques beaucoup plus larges de la totalité du monde qui naît à l'infans. La magie est toujours une technique fondée sur une cosmogonie qu'on veut comprendre, s'approprier, maîtriser et qu'on interprète selon des récits qui expriment les mythes fondateurs de l'univers. Il faut reconnaître la perspicacité de Jean Piaget, la qualité de ses intuitions et de ses observations cliniques. Il était encore un homme du rationalisme classique. Mais il a su fonder sur la biologie en temps réel le développement de la pensée magique, comme je fonde la mythanalyse sur la biologie et non sur des grimoires moyenâgeux ou des mémoires archaïques. Ce sont précisément les périodes successives du développement de l'enfant, sensorimotrice, préopératoire, opératoire,etc. qui déterminent l'évolution de la création mythique chez l'infans. Peu importe que je les aie diminuées en nombre, car on peut toujours mener des analyses plus segmentaires et il faut aussi tenir compte de la diversité des rythmes d'évolution selon les enfants. Ce sont des périodes d'évolution physiologique et cérébrale qui sont les facteurs de développement mythique. Là est le point commun important, même si je ne distingue pas comme Piaget une période "symbolique" après la période "opératoire", car je fais plutôt l'hypothèse que la pensée de l'infans est symbolique dès le début et ne cesse de l'être. Ce n'est pas un stade plus avancé de développement, mais un constante de la pensée. Et je n'entrerai pas ici dans un débat académique sur les distinctions de sens du mot "symbolique", Je n'en ai pas besoin pour mon propos. C'est incontestablement la crise de la postmodernité qui a permis de penser et de théoriser la mythanalyse; et donc de reprendre en termes nouveaux, mythanalytiques, l'épistémologie génétique de Piaget pour situer l'origine des mythes. J'avoue aujourd'hui n'avoir pas lu assez attentivement Piaget lorsque j'étais étudiant, attiré par d'autres problématiques moins psychologiques; je ne le regrette pas aujourd'hui parce que cela m'aurait sans doute retenu dans une épistémologie génétique rigoureusement segmentée et éloigné de la divergence mythanalytique que je cherchais. Mais peu importe aujourd'hui, sous réserve de reconnaître son apport exceptionnel tant en thérapie psychologique qu'en épistémologie et extrêmement original pour son époque. Réf : Blog Mythanalyse 01/11/2014 URL |

Référence : 214052 Titre : Mythes et magies Date : 2014 Famille/Série Icone Observations : Bibliographie Toute magie relève de la pensée magique et toute pensée magique se fonde sur des mythes auxquels on adhère consciemment, ou inconsciemment. Cette observation, aussi basique qu'elle puisse apparaître, est peu reconnue, rarement explicitée et le plus souvent demeure inaccessible, dans les replis de l'inconscient collectif. J.ai souvent noté qu'il n'y a guère de différence entre pratique religieuse et pratique magique: mêmes mythes, mêmes rituels, mêmes initiations, mêmes communautés, mêmes types d'officiants, chamans et prêtres. Mêmes buts aussi de recherche d'accomplissements en faveur de soi ou de ses proches. Seule la magie noire en semble s'exclure, encore que les excommunications et rituels de dépossession diabolique, voire les messes noires doivent ici être pris en compte. La mythanalyse lie étroitement l'analyse des mythes, des religions et de la pensée magique et des pratiques magiques. C'est au niveau de l'évolution historique et sociale des institutions dans lesquelles elles s'incarnent que réside les différences apparentes. Réf : Blog Mythanalyse 13/10/2014 URL |

Référence : 214053 Titre : Les inconscients collectifs, ce sont les cultures Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie La mythanalyse tente de découvrir et de déchiffrer l'inconscient collectif de chaque société et plus minutieusement de chaque groupe social, comme la psychanalyse tente d'élucider les paramètres de chaque biographie individuelle. L'une et l'autre ont des objectifs théoriques et thérapeutiques. On objecte souvent, que le mythanalyste ne peut allonger la société sur le divan pour l'écouter se raconter. Mais l'objection est nulle, car le mythanalyse a plus de matière à étude que le psychanalyste, et plus qu'il n'en peut analyser. C'est la culture de chaque société que le mythanalyste étudie. Toutes les cultures sont, dans leur diversités, l'expression même des inconscients collectifs de toutes les sociétés selon leur diversité. Bien sûr, il faut entendre le concept de culture au sens anthropologique, qui désigne non seulement la littérature, la musique, l'architecture, le cinéma, bref les grands arts, mais aussi les usages alimentaires, les modes de socialisation, les idéologies, les pratiques économiques et financières, l'éducation, la médecine, le temps social, etc. Certaines oeuvres culturelles deviennent emblématiques et méritent notre grande attention, mais la vie quotidienne, ordinaire, les superstitions, les crises, les modes d'individualisation, de compétition, etc., toutes ces facettes multiples de chaque culture ont une signification identitaire distinctive incontournable. J'en ai moi-même fait l'expérience en décidant à l'âge de 40 ans d'émigrer d'un inconscient collectif dans un autre, en l'occurrence de France au Québec. Je voulais changer de scénario sociologique. Et cela m'a permis de mieux percevoir les traits distinctifs des cultures et des inconscients collectifs français en m'en séparant, mais aussi d'apprendre à découvrir ceux du Québec en m'y intégrant. Et la difficulté de l'expérience m'a démontré la puissance distinctive de chaque identité culturelle. Plus encore, en devenant québécois, j'ai pris la mesure de la différence considérable qui subsiste après plusieurs siècles entre la culture, l'identité et l'inconscient collectif québécois, d'une part, et celles du reste du Canada, d'autre part. Des différences si importantes, non seulement de langue, mais aussi d'idéologie, de valeurs, de sensibilité, de références mythiques, de projets collectifs, qu'elles semblent irréductibles et fondent durablement l'indépendantisme québécois. L'inconscient collectif, c'est la culture. L'inconscient collectif qui est au coeur de chaque culture fonde et légitime sa différence identitaire, ses mythes et donc ses valeurs et sa sensibilité. La mythanalyse s'impose comme une nouvelle science humaine incontournable. On s'étonne même qu'elle n'existe pas depuis toujours. Réf : Blog Mythanalyse 16/09/2014 URL |

Référence : 214054 Titre : Le sommeil, comme régression foetale (1) Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Le sommeil, qu'on y aspire, qu'on s'abandonne délicieusement, qu'on le redoute comme un simulacre de mort, ou qu'on le recherche en vain, peut être interprété comme une régression fœtale. Hors du contrôle de la veille, le psychisme archaïque y reprend ses droits et soumet le dormeur aux figures et aux liens synaptiques originels, ceux du carré parental de sa naissance, tout autant qu'à leur incarnation dans le décousu des événements marquants de sa vie adulte. Rêves et cauchemars peuvent donc se répéter d'une nuit à l'autre, quasiment dans les mêmes séquences, ou se décliner diversement. Ces récits confus qui s'animent dans le sommeil sont la preuve même que les fabulations mythiques originelles qui ont marqué le psychisme de l'infans alors que le monde naissait à lui, sont demeurées inscrites dans son cerveau et sont même devenues les structures mêmes de son fonctionnement psychique. Ainsi s'explique aussi la pérennité de certaines figures, de certaines syntaxes fabulatoires qui vont résonner dans les mythes sociaux actuels et assurer leur puissance imaginative. C'est ainsi que se mêlent et se renforcent entre eux l'oubli et le refoulement des fabulations mythiques originelles et des traumatisme biographiques individuels qui exercent leur puissance dans la vie personnelle autant que sociale de chacun d'entre nous depuis la naissance jusqu'à la mort. L'affaiblissement de l'état de veille et des contrôles qu'il exerce sur notre vie psychique, alors que nous nous endormons, redonne toute sa puissance au psychisme originel fœtal et postfœtal (développé pendant les mois d'avant la naissance et pendant la première année de l'infans. Le sommeil est un rythme biologique, qui permet la réactivation régulière des fabulations originelles, livrées à elles-mêmes et nous à elles. Réf : Blog Mythanalyse 24/08/2014 URL |

Référence : 214055 Titre : Symbolique de la nuit Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Le sommeil, comme régression fœtale (2) Le talon d'Achille de Jung Se coucher pour dormir incite la plupart d'entre nous à adopter une position quasi-fœtale du corps, susceptible de détendre le corps et de favoriser le sommeil: bras regroupés contre le haut de la poitrine et cuisses repliées vers le ventre. On peut aussi se coucher sur le ventre. Mais on garde rarement une position allongée sur le dos, comme si, on était debout-couché. Le corps répugne à la raideur et se courbe. Se coucher, c'est aussi se blottir nu dans la tiédeur des draps qui nous protègent, qui nous recouvrent, y compris la tête, sauf à garder une libre respiration nasale, dans le silence et l'obscurité. On dort très difficilement dans le froid. Nous ne saurions apporter ici de preuve scientifique, mais chacun reconnaîtra, en pensant à ses habitudes de sommeil, que ces postures du corps tendent à évoquer celle du fœtus dans sa vie utérine. Ce retour quotidien lors du sommeil à une posture qui tend à rappeler l'apaisement de la vie fœtale ne saurait être sans signification pour la mythanalyse. Il est permis de formuler une hypothèse épistémologique importante. Ce sommeil qui évoque une régression fœtale régulière permet aussi une réactivation nocturne régulière d'une activité psychique fabulatoire donnant libre cours aux structures dramatiques qui se sont inscrites durablement dans notre inconscient lors des premiers temps de notre vie de fœtus puis d'infans. Nous l'avons déjà souligné: les exigences réalistes et rationnelles de la vie diurne perdant leur puissance dans le sommeil, la psyché fonctionne à vide, selon ses connexions originelles fortement imprimées dans notre psychisme (*). Ou plus exactement, la psyché - que nous appellerons tout aussi bien et plus modestement "la mémoire inconsciente" fonctionne en constituant des récits qui empruntent éventuellement aux faits marquants de notre vie diurne, mais de façon chaotique. Et elle formate ces narrations que constituent nos rêves et nos cauchemars selon une dramaturgie émotive, incarnant des désirs et des peurs, qui évoque celle même de nos premières fabulations mythiques, lorsque le monde et venu à nous et que nous avons anxieusement tenté d'en interpréter les perceptions physiologiques confuses. C'est ce chaos biologique originel qui trouve à nouveau à s'exprimer dans les récits obsessionnels ou loufoques de nos rêves et cauchemars. Chaque nuit, ce sont donc nos premières fabulations mythiques, d'origine biologique, que le sommeil réactive dans notre inconscient. Et cette réactivation quotidienne de nos mythes originels durera toute notre vie, alimentant notre inconscient individuel et nos imaginaires collectifs dans lesquels ils trouvent aussi une seconde résonance qui renforce leur puissance inconsciente. Cette hypothèse est fondamentale en mythanalyse, car elle explique de façon biologique et vraisemblable le mécanisme psychique individuel de perpétuation de nos mythes originels (non pas universels, mais ceux de la naissance du monde qui vient à la conscience de l'infans) dans notre inconscient individuels, et, par le biais de la création culturelle propre à chaque groupe social, des inconscients collectifs. Le fait que c'est ce même processus biologique qui se retrouve chez tout être humain lorsqu'il est accouché, dans la matrice dramatique du carré familial, a donné lieu à l'illusion si répandue et affirmée notamment avec tant d'autorité par Jung et ses disciples, que nous étions face à des archétypes et à un inconscient collectif archaïque (remontant à la nuit des temps) qui serait universel. Ce qui n'était cependant jamais expliqué, c'est non seulement quand et comment se serait formé cet inconscient déclaré archaïque; ni pourquoi il demeure si puissant. En affirmant au contraire que cet inconscient n'est ni archaïque, ni universel, mais qu'il se constitue et se répète, avec des variations sociohistoriques et culturelles importantes, lors de chaque naissance humaine, nous formulons une hypothèse beaucoup plus modeste (sociobiologique), beaucoup plus claire et beaucoup plus pertinente. C'est en ce sens que ce que nous appellerons ironiquement "le talon d'Achille" de Jung est fatal à sa théorie de l'inconscient collectif universel, quelle qu'ait pu en être, par ailleurs, la fascinante érudition, qui ne saurait tenir lieu de théorie. ___________ * J.ai déjà abordé cette question plusieurs fois, notamment dans mon blog La dynamique constructive des rêves: http://mythanalyse.blogspot.ca/2009/04/la-dynamique-constructive-des-reves.html et dans mon blog Rêves et cauchemars. Réf : Blog Mythanalyse 05/09/2014 URL La contrainte du sommeil nous apparaît souvent comme un désordre, une contrainte qui perturbe notre vie quotidienne, à laquelle on ne peut biologiquement se soustraire, mais qui constitue une sorte de dysfonction. On pourrait de même s'interroger sur le cycle des jours et des nuits, que nous expliquons maintenant par la rotation de la Terre sur elle-même : un phénomène purement astrophysique, mais qui devait paraître jadis comme une étrange volonté des dieux. A croire que le dieu Soleil ait lui aussi besoin de se coucher et de dormir comme un simple mortel, et que la lune et les étoiles soient comme des oiseaux nocturnes. De même, du sommeil, nous avons aujourd'hui toutes les explications biologiques requises. Il est un temps de récupération physiologique, de renforcement de notre système immunitaire, etc. La preuve: nous ne pouvons survivre sans sommeil. Mais il donne encore aujourd'hui lieu à toutes sortes d'interprétations irrationnelles. Le sommeil, comme la nuit, suscitent une ambiguïté d'interprétation qui est celle de beaucoup de mythes: en bien et en mal. Et comme la nuit, il détient communément une forte symbolique. La nuit est identifiée à la peur, à l'insécurité, aux démons; mais les poètes romantiques l'ont aussi chantée et exaltée pour son pouvoir onirique. Et le ciel étoilé invite à une spiritualité empreinte de sérénité. Le sommeil, de même, apaise et inquiète. Temps bien mérité de la relaxation, qui nous permet d'échapper pour un moment à toutes les angoisses quotidiennes et de retrouver le contact physique avec l'être aimé, il est aussi une petite mort qui nous livre sans défense aux dangers de la nuit et aux cauchemars. Ces interprétations ont certes un fondement physique et biologique, mais la symbolique de la nuit et du sommeil demeure puissante. Ils nous rappelle l'étrangeté de notre condition humaine. Ils sont chargés de mémoire et d'interprétation mythiques. Cette symbolique qui nous ouvre la voie vers un autre monde irrationnel se présente comme l'opposé de l'action, de la compétition, du pragmatisme, du réalisme, de l'effort et du travail, de la démystification lucide, qui sont les attributs de l'état de veille. Cette symbolique est celle de l'autre face de la réalité et de la vie, le domaine de la pensée magique, du sentiment religieux, de l'ailleurs. comme si nous avions les pieds sur terre et la psyché dans un au-delà. Voilà bien la condition binaire de l'homme, qui a un corps et imagine avoir aussi une âme, des bras pour agir et une antenne vers l'irrationalité. Pour les esprits les plus matérialistes, serait-il pensable de réduire cet espace onirique aux seuls processus de la physiologie ? Certes, nous observons que les animaux aussi rêvent. Mais nous résistons, comme par instinct, à une telle question, qui nous semble trop réductrice. Et pourtant, à moins de verser dans la psychanalyse jungienne, qui valorise cet ailleurs de l'inconscient, comme une transcendance, il nous faut postuler que la psyché relève seulement de la biologie et de la sociologie. Formatée dans la matrice familiale, elle est l'objet d'étude de la mythanalyse, qui se veut une démarche démystificatrice matérialiste. Pour autant, la mythanalyse ne nie en rien la force symbolique de la nuit et du sommeil. Bien au contraire, elle s'y intéresse vivement, comme à toutes les manifestations de notre activité fabulatoire. Le poète Hölderlin écrivait: «c'est poétiquement que l'homme habite», Il avait perçu cette évidence: la condition humaine est mythique. L'interprétation que nous concevons du monde et de nous-mêmes est mythique. La pensée aussi bien que l'imagination, les affirmations rationnelles aussi bien que nos dérives irrationnelles sont de nature mythique, chargées les une comme les autres de connotations symboliques qui renvoient à l'origine mythique de la formation de notre conscience. Réf : Blog Mythanalyse 09/09/2014 URL |

Référence : 214056 Titre : Dieu est-il misanthrope ? Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Il aurait souvent de bonnes raisons. Mais, quant à moi, que Dieu me garde d'une telle tentation ! Réf : Blog Mythanalyse 01/09/2014 URL |

Référence : 214057 Titre : Les concepts d'-oubli- en mythanalyse et de -refoulement- en psychanalyse Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie La mythanalyse postule que les mythes sont des récits sociaux inventés qui réactivent dans l'inconscient collectif des expériences biologiques fabulées par l'infans au stade fœtal, pendant et après l'accouchement, et qui ont structuré notre psychisme au moment où il était le plus plastique et réceptif, mais que nous avons oubliées. La psychanalyse postule que chaque individu a refoulé dans son inconscient personnel la mémoire d'événements traumatiques, dont il ne supportait pas le souvenir, avec l'illusion, ainsi, d'en ignorer la souffrance. La mythanalyse considère tous les mythes, positifs aussi bien que toxiques, tandis que la psychanalyse est principalement tournée vers la pathologie psychique et la douleur, comme la médecine occidentale en général. Mais les deux approches se basent toutes deux sur un enfouissement dans l'inconscient de souvenirs structurants. La psychanalyse travaille donc au niveau biographique et tente de ramener à la conscience individuelle ces événements marquants pour en libérer le patient, tandis que la mythanalyse travaille sur les récits collectifs, les mythes, les métaphores du langage, les rituels sociaux, les valeurs idéologiques et leurs variations sociohistoriques pour se centrer sur l'actualité des mythes sociaux. Et elle se risque aussi à envisager une thérapie mythanalytique des inconscients collectifs, du fait qu'elle démystifie les mythes et les évalue, les jugeant positifs ou négatifs, porteurs d'espoir ou toxiques. Plusieurs questions surgissent alors, qui demandent toute notre attention. La première vise à élucider et comparer les processus d'oubli et de refoulement. Dans les deux cas, nous sommes renvoyés à l'inconscient, individuel ou collectif. Mais le refoulement est fondé sur le désir personnel d'ignorer les faits biographiques marquants dont la mémoire nous ferait souffrir, tandis que l'oubli est dû au fait que les figures et fabulations de la matrice familiale ont été constitutifs des structures mêmes selon lesquelles le psychisme va désormais fonctionner. Les poètes qui inventent les mythes réincarnent les acteurs mêmes du carré familial dans les grandes figures mythiques qu'ils mettent en scène et construisent la dramaturgie de leurs récits selon la structure même des fabulations de l'infans quand le monde naît à lui. En d'autres termes, ils réinventent et célèbrent ce que nous avions oublié, mais qui a été le mode même de fabulation dans lequel notre psychisme s'est formaté et qui est demeuré la structure de notre inconscient. Cet inconscient est collectif parce qu'il est le même sociohistoriquement pour tous dans une société et à une époque donnée, du fait de l'influence de l'autre dans le carré familial, qui a formaté la structure du carré parental, dicté les rôles et les rituels parentaux, les valeurs sociofamiliales. Les variations existent certes,du point de vue sociologique et psychiques, mais elles demeurent secondaires par rapport au fonds commun. La deuxième question concerne le lien entre inconscient collectif et inconscient individuel. Sans doute peut-on estimer que premier se constitue en amont du second, dès la vie foetale et la fabulation du monde qui naît à l'infans, tandis que le second résulte des événements de la prime enfance. Mais ils entrent certainement en résonance du fait des caractéristiques sociologiques et donc fabulatoires communes à chaque société. L'inconscient individuel est un écho individualisé de l'inconscient collectif. Ils ont la même origine sociobiologique spécifique sociohistoriquement à chaque société: famille indivise, famille conjugale, vie rurale ou urbaine, valeurs religieuses ou libertaires, collectivisme ou individualisme, temps de crise ou de paix, solidarité organique ou mécanique, atomisation sociale de masse ou proximité tribale, croyances religieuses, magiques, polythéistes ou monothéistes, ou athées et matérialistes, etc. Tout y est, tout s'y retrouve. La troisième question concerne la thérapie psychanalytique et ses liens avec la thérapie mythanalytique. Il s'agit là d'un domaine de recherche d'une grande difficulté. Groddeck s'y est aventuré avec sa recherche sur «la maladie, l'art et le symbole». Georges Mendel dans cette pratique persévérante qu'il a appelée la «sociopsychanalyse». Tobie Nathan a développé une ethnopsychanalyse fascinante. Nous avons cherché une voie personnelle avec l'art sociologique et le mythe art. Nous pensons possible de se libérer d'une névrose familiale en se risquant dans une pratique sociale audacieuse qui se fonde sur l'activation élucidatrice d'un questionnement collectif ou interactif. Nous en avons fait personnellement l'expérience avec un certain succès et en avons parlé dans «La société sur le divan» (1). Ce ne sont là que des notes de travail préliminaire, mais que la mythanalyse se doit de poursuivre. Réf / Blog Mytahnalyse 15/08/2014 URL |

Référence : 214058 Titre : Le sexe ombilical Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Nos pratiques sexuelles sont des réactivations obsessionnelles du lien ombilical qui a été coupé à la naissance. Tant pour la femme que pour l'homme, le lien sexuel, la chaleur qu'il génère par le frottement répétitif et l'afflux du sang, la congestion de la vulve et du pénis, le spasme orgasmique qui en garantit l'accomplissement sont des pulsions et des gestes biologiques, rehaussés par la puissance du psychisme, qui reproduisent physiquement et symboliquement le lien ombilical originel de chaque être humain. On en attend l'apaisement d'un manque, d'une solitude biologique. C'est pourquoi il est au cœur des mythes tout autant que de nos inconscients individuels et prend la force impérative d'une pulsion psychique, parfois violente. Promenades main dans la main, caresses, effleurements, collage, attouchements, baisers profonds, érotisme, frottements, massages, masturbations, excitation des organes génitaux, échanges de fluides, pénétrations, exhibitionnisme, voyeurisme, pornographie généralisée, gadgets sexuels, bordels, métaphores quasi explicites, productions culturelles, rituels sociaux multiples, sont autant de réactivations individuelles et collectives de cette nostalgie fœtale qui nous obsède, autant de répétitions inversées de l'accouchement, qui tendent à en nier la séparation en refusionnant notre corps avec le corps maternel originel et à restaurer le lien organique des entrailles biologiques où nous avons été créés, où nous nous sommes développés, où nous avons connu neuf mois de chaleur originelle dont nous rêvons encore inconsciemment. Et le comportement qu'il suggère devient même pathologique dans bien des cas. Ce lien ombilical, qui est tout autant la vulve que le pénis, trouve aussi satisfaction à un niveau plus léger, mais non moins significatif, dans les rituels sociaux, embrassades, accolades, et même dans les rites alimentaires, de danse, dans les séductions multiples à caractère érotique discret ou provoquant. L'obsession du sexe est biologique et devient chez l'adulte une pulsion psychique qui tourne éventuellement à des excès pathologiques, tant le plaisir qu'elle promet est celui d'une réunion paradisiaque avec l'utérus originel, dont nous supportons parfois très mal d'être séparés, au point d'en devenir mentalement malades. Freud avait pris la mesure de cette douleur, de cette pathologie, tant au niveau biologique que symbolique. Mais il ne faut pas en faire à notre tour, comme dans son cas, une obsession. Il faut nous en défendre, pour assumer notre autonomie psychique, même si elle demeure toujours une conquête impossible de la liberté que nous revendiquons comme êtres humains, comme adultes sortis de notre âge infantile, et du pouvoir de création qui vient avec cette conscience de notre liberté. Nous demeurons toujours des enfants qui fabulons le monde et nos vies. Mais il nous faut lutter aussi sans cesse pour nous accomplir comme êtres humains autonomes, qui ne crieront pas «maman» au moment de leur mort, et qui voulons poursuivre notre création dans la meilleure plénitude de nos capacités. Réf : Blog Mythanalyse 14/08/2014 URL |

Référence : 214059 Titre : La nostalgie foetale, un concept fondamental de la mythanalyse Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Ce concept de «nostalgie fœtale» est certainement l'un des plus opératoires de la mythanalyse. Il est au cœur de nos mythes, de nos inconscients aussi bien individuels que collectifs. Nous gardons tous de notre formation fœtale et de la sécurité du ventre maternel une nostalgie définitive. Ces neuf premiers mois de vie dans la chaleur et la douceur utérine n'auront jamais plus leur équivalent. Ils ont précédé une séparation brutale et douloureuse Et toujours, dans la fusion amoureuse, dans la quête sexuelle et son plaisir qui occupe tant notre esprit, dans notre désir d'intégration au corps social selon de multiples déclinaisons, dans nos recherches d'amis sur les réseaux sociaux, dans nos rituels familiaux, embrassades, accolades, baisers, recherche de chaleur humaine, affective, dans nos rituels sociaux, messes, cérémonies, adoubements, nous reproduisons et répétons, parfois obsessionnellement, des gestes qui ne sauraient s'expliquer sans cette nostalgie fœtale. Nous imaginons a posteriori ce premier lieu de vie comme un paradis terrestre dont nous avons été chassés. Car c'est bien aussi dans cette nostalgie fœtale qu'il faut chercher le fondement le plus déterminant du mythe biblique de cette première étape de vie d'Adam et Ève au lendemain de la création divine. Et c'est encore à ce paradis éternel qu'aspirent les croyants après leur mort, au point de pratiquer leur religion et une vie pieuse et austère dans cet espoir. Même les rites anthropophagiques, celui de la messe catholique, qui nous offre de manger et boire le corps du Christ dans la communion, et tant d'autres rites anciens, magiques, de sectes innombrables, appellent à cette interprétation d' une célébration apaisée de la nostalgie fœtale. Inversement, l'exil, le rejet social apparaissent comme des sanctions et des souffrances difficiles à supporter, qui réactivent la douleur physique et psychique de l'accouchement dont nous gardons inconsciemment la mémoire pour toujours. Réf : Blog Mythanalyse 13/08/2014 URL |

Référence : 214060 Titre : L'angoisse existentielle première Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Nous sommes tous hantés, chaque homme, chaque femme, sans doute sans exception aucune, est hanté par toutes sortes de démons qui l'assaillent dans son sommeil, si non dans sa vie diurne et "réelle". Ils sont dissimulés dans les replis de la psyché. Ils sortent la nuit, provoquant nos cauchemars. Ils sortent le jour et excitent nos instincts primaires, individuellement, ou dans des mouvements de foule, se battent par groupes humains interposés, violent, assassinent, torturent, bombardent à qui mieux mieux. Enfant, j'avais peur du noir et du bruit de la chasse d'eau, j'avais peur des ombres et des lueurs qui passaient à travers les barreaux de la fenêtre. D'où venaient-ils, ces "voleurs", ces "méchants" qui me cherchaient ? De la guerre ? De l'étrangeté du monde ? Un vieux proverbe chinois dit que "la violence ne règle aucun problème". On imagine les effets pervers et durables de la guerre actuelle sur les enfants arabes du Proche-Orient. On imagine les terreurs persistantes des enfants haïtiens depuis le terrible tremblement de terre de 2010. Mais nul n'échappe, même le plus protégé des enfants, aux cauchemars qui libèrent les démons. Nous les retrouvons aussi au cœur des mythes et des inconscients collectifs, dans toutes les religions, dans toutes les cultures. Et même dans les tentations des Saints dont nous parle l'Eglise. Ni bon, ni méchant, homme ordinaire, moi-même, je ne leur échappe pas souvent, même aujourd'hui, à 72 ans. Ils sont dans mon inconscient refoulé, dans ma névrose familiale, dans la mythanalyse à laquelle je consacre tant de travail avec l'espoir de m'en libérer. Car c'est bien le harcèlement répété des démons qui m'a motivé à m'engager dans cette aventure intellectuelle, que je poursuis avec l'espoir de chasser ces ombres qui me poursuivent. Seule la lumière les fait disparaître de mes nuits tourmentées; et c'est la lucidité que je recherche dans la mythanalyse. Les nuits étoilées me fascinent par la spiritualité qu'elles appellent. Les nuits noires respirent le mal qu'habitent les démons. La mort est-elle une nuit noire? Beaucoup d'humains le craignent. Et les croyants espèrent voir alors apparaître cette grande lumière dans laquelle la mort semble les accueillir. Ni le bien, ni le mal ne sont des dieux ni des démons. Entre le bien et le mal, il n'y a rien d'autre que la nature, la matière. Devrais-je en faire aussi un dieu ou un démon ? La mythanalyse répond non. Et elle explique la puissance du bien et du mal par les émotions que nous avons ressenties et les fabulations que nous avons inventées dans la matrice familiale, entre la mère et le père, dans la situation d'extrême angoisse existentielle première et biologique que nous éprouvions lorsque le monde naissait à nous. Et avec lui, tous les démons du monde. Nous ne surmontons jamais cette insécurité initiale. Réf : Blog Mythanalyse 06/08/2014 URL |

Référence : 214061 Titre : Lien, seuil et divergence Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie A l'âge du numérique nous développons la métaphore des réseaux en liens. Nous configurons notre pensée par associations, nous interprétons la nature comme un hypertexte. La rationalité construite par liens, y compris, mais non seulement par causalité linéaire établit des relations de sens, qui supposent que nous sommes dans une cohérence. A l'opposé, comment se construit une incohérence ou une rupture ? Comment penser et nommer l'opposé des liens ? Rupture? Rejet ? Un aimant comporte deux pôles, l'un positif et l'autre négatif. Et conséquemment une attraction et un «repoussoir». Nous élaborons beaucoup sur la notion de lien, mais l'univers doit pouvoir se penser aussi par ruptures, catastrophe, rejet, divergence, qui n'implique pas nécessairement une situation de chaos. Voilà la question que nous voulons aborder. Le concept de liens nous vient de la sphère familiale et amicale: les liens humains. Et nous avons élargi ce mode de pensée à la société et à la connaissance en général, notamment à la logique (qui demeure, selon la mythanalyse, d'origine familiale/familière). Nous rejoignons implicitement la civilisation chinoise qui se fonde sur l'harmonie de la nature et de la société, dont l'empereur est personnellement responsable et qu'a orchestrée Confucius. Pourtant, tous les liens ne sont pas nécessairement harmonieux. Il y a aussi des rivalités, des hostilités, des combats, des guerres, des crimes, qui constituent des déclinaisons des liens; nous devons prendre en compte une dramaturgie des liens qui inclut les liens négatifs, les tensions destructrices. La pensée en arabesque ne configure pas seulement des formes harmonieuses, mais prend en compte aussi bien des tensions et des conflits. Nous faisons l'expérience, notamment dans nos cauchemars, par nature "décousus", il est vrai, mais aussi dans la vie réelle de menaces; Nous cherchons alors à créer une protection contre ces menaces, à fermer une porte devant des personnes menaçantes et à consolider cette séparation. Dans la sphère de la morale comme dans l'inconscient, nous instituons un seuil, qu'il ne faut pas franchir, transgresser ou qui sépare deux espaces, celui qui est normal ou protégé de celui qui nous menace ou qui est sacré. Un seuil est à la fois un lien et une rupture, un lieu de passage entre deux espaces, qui peut ou non se franchir, tandis qu'un lien est constitutif de proximité, de contact et, par définition ne peut se franchir, puisqu'au contraire il lie, réunit déjà. Bref, nous avons beaucoup pensé et célébré le lien. Mais il nous faut aussi apprendre à formuler, nommer et penser le "non-lien". A moins de choisir d'en nier totalement l'existence, ce qui va à l'encontre de la structure même de la pensée binaire . Sans doute excessivement. Car dire que tout est lien, que tout est lié, c'est ne plus rien dire qui en vaille la peine. C'est ne plus penser distinctement. Notre prochain livre sur "la loi de la divergence" tente précisément de penser cette problématique. Peut-être devrions-nous opposer lien et divergence, plutôt que lien et seuil. L'accouchement du nouveau-né est l'exemple même, et sans doute plus que cela: le fondement de cette dialectique entre lien, seuil et rupture. La vie et la psyché elle-même se structurent selon ce double mouvement de lien (ombilical à la mère), de seuil (l'accouchement) et de rupture: la construction de l'autonomie. Il faut revenir à cette expérience matricielle pour penser cette dynamique divergente… Réf : Blog Mythanalyse 01/08/2014 URL |

Référence : 214062 Titre : Il n'existe pas d'invariant mythique Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Les mythes sont des histoires qu'on raconte, des récits anciens multiples et divers, qui visent à expliquer l'origine et la destinée du monde, le bien et le mal, les cycles des saisons, la sagesse ou la colère de la nature, les passions humaines, telles que l'amour ou la haine, l'autorité des rois et des prêtres, la création, le désir, la destruction, la magie et tout ce qui semble irrationnel ou incompréhensible aux humains, mais exerce une grande puissance sur eux. On ne saurait dire que les mythes sont vrais ou faux. Ils sont d'ailleurs souvent ambivalents, contradictoires, confus et sujets à de multiples variations et interprétations, selon les légendes, les traditions, les traducteurs, et les besoins des sociétés au cours de l'histoire. Il s'en invente régulièrement, d'autres se transforment, d'autres s'oublient lorsqu'ils perdent leur pertinence. Car les mythes sont des créations humaines, que nous devons à des conteurs, des poètes, des chanteurs, des musiciens, des peintres qui se succèdent. Mais ces créations varient aussi selon les exégètes. Leur sens change selon les intérêts des chefs religieux et politiques. Il varie selon les imaginaires sociaux dominants. Les mythes sont tantôt célébrés, tantôt marginalisés ou remplacés, voire interdits. Les mythologues ont bien du mal à les clarifier, les articuler, selon les sources multiples qu'ils étudient, lorsqu'ils s'efforcent de les traduire dans les langues d'aujourd'hui. Il n'est que d'ouvrir un dictionnaire savant des mythologies pour découvrir l'incertitude, les contradictions, la diversité de leurs trames dramatiques, des attributs que l'on décerne aux dieux égyptiens, grecs ou germaniques. Le mythe de la Tour de Babel peut s'interpréter comme une sanction divine ou comme le fondement de la célébration actuelle de la diversité linguistique et culturelle. Les mythes de la pomme de l'éden ou de la boîte de Pandore peuvent expliquer l'origine du mal et de la souffrance, ou la création de la conscience et de la liberté humaines. Chaque mythe demande une interprétation, qui varie selon les idéologies dominantes des sociétés. Il en est de même de la Bible, selon les traductions, et du Nouveau Testament, selon les récits des différents apôtres. Les multiples sectes protestantes se sont combattues sur des mots et des passions théologiques radicales. Quant aux mythes modernes, par exemple ceux qu'a imposés la révolution française, ou ceux de l'âge émergent du numérique, nous les devons à des philosophes, des écrivains, des musiciens, des savants ou des gourous américains. Plusieurs d'entre eux se sont montrés progressistes et bénéfiques à l'humanité, d'autres en quête d'absolu, d'autres d'une naïveté ridicule. Ceux qui prétendent donc relever ou imposer des invariants mythiques dans ce magma de récits si divers, sont des idéalistes en quête de pouvoir intellectuel ou des ingénus à la recherche de clés universelles pour articuler nos connaissances en un système rationnel totalisant, qui soit rassurant. Qu'ils s'appellent Karl Gustave Jung, Levi-Strauss, René Girard ou Joseph Campbell, quelque soit le mérite qu'on pourra leur accorder et le plaisir qu'on prend nécessairement à les lire, tant leur érudition et leur volonté de clarification sont impressionnants, il n'en demeure pas moins qu'ils ont fait fausse route dans leur persévérance à unifier la multiplicité des mythes, au prix de réductions et d'inventions théoriques des plus contestables. Ils ont retenu ce qui leur convenait, simplifié, et imposé des mots clés, archétypes, structures anthropologiques élémentaires, monomythe, dont ils ont prétendu faire des outils mythanalytiques universels qui traduisent davantage leur désir de pouvoir intellectuel que l'inépuisable diversité des imaginaires sociaux, des récits mythiques, des interprétations qu'en ont successivement développées des sociétés elles-mêmes les plus diverses. La mythanalyse est une recherche qui dépend de l'actualité de la société où elle s'exerce autant que de ses objets d'étude. Elle sait que toutes les volontés de pensée unique sont des expressions monothéistes du désir humain et que la polysémie réelle des imaginaires doit être respectée. Cette posture n'exclut aucunement que le mythanalyse explicite ses préférences et propose des interprétations susceptibles de mieux répondre aux exigences de l'éthique planétaire et du progrès humain. La mythanalyse n'est pas, comme le voulait Lévi-Strauss une mathématique sociale, une science exacte. Elle est au contraire une science humaine, relativiste épistémologiquement, mais qui choisit ses valeurs et sait, à la mesure de nos expériences historiques passées, qu'il y a des mythes bénéfiques et d'autres qui sont toxiques. La mythanalyse est en quête de lucidité, de liberté et de création humaines respectueuses de notre responsabilité partagée. Elle opte elle-même pour un mythe fondateur de notre évolution à venir: l'hyperhumanisme. Réf : Blog Mythanalyse 26/07/2014 URL |

Référence : 214063 Titre : En quête de mythanalyse Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie LAST CALL FOR PAPERS : EN QUÊTE DE MYTHANALYSE Numéro monographique sous la direction de Hervé Fischer Artiste-Philosophe - Directeur de l’Observatoire international du numérique, Université du Québec, Montréal Problématique La mythanalyse tente de repérer et de déchiffrer les mythes actuels présents dans nos inconscients collectifs, qui déterminent nos représentations du monde, nos valeurs, nos idéologies, nos projets communs, nos comportements, et qui, comme jadis au temps des Égyptiens ou des Grecs anciens constituent aujourd’hui les grands récits fondateurs de nos croyances sociales. Au-delà de ce repérage, comment construire une théorie, une méthodologie de recherche, et même une pratique de la mythanalyse, qui nous permettent de montrer l’origine des grands mythes fondateurs de nos imaginaires sociaux, leur gestation, leur configuration, d’articuler leur syntaxe et d’expliquer leur dynamique d’apparition, mutation, disparition. Comment situer la mythanalyse par rapport à la postmodernité ? Comment lier mythanalyse et éthique de la responsabilité sociale ? Pour entrer dans la thématique Les mythes sont les récits explicatifs et imagés des origines de la destinée et des forces irrationnelles en présence dans le monde. Ils sont le plus souvent déjà là dans les mots, comme Heidegger nous invite à le découvrir pas à pas. Ils sont largement exprimés dans les contes, légendes et religions, dans les structures de la langue, dans l’imagerie banale et les stéréotypes de la vie quotidienne, dans l’aménagement de l’espace public et privé, dans ce qui s’érige, circule, dans l’échange symbolique, dans les cultures populaires aussi bien que savantes, dans les sciences, dans le positivisme, dans la logique, dans l’imaginaire de la technoscience et notamment numérique. Les mythes ne sont pas pour autant explicités comme tels : ils nous déterminent à notre insu. Les mythes ont des transparences auxquelles nous sommes aveugles, même et surtout s’ils fonctionnent comme références explicatives : Dieu, l’Homme, l’Histoire, la Société, le Progrès, la Raison, la Nation, l’Etat, la Nature, le Futur, le Destin, etc. nous sommes aveugles, même et surtout s’ils fonctionnent comme références explicatives : Dieu, l’Homme, l’Histoire, la Société, le Progrès, la Raison, la Nation, l’Etat, la Nature, le Futur, le Destin, etc. Nous invitons les auteurs à centrer leurs contributions notamment sur les questions suivantes : les mythes sont des productions de la fabulation sociale, mais pour les uns, ils relèvent d’archétypes éternels et universels, et pour les autres ils varient sociologiquement et historiquement avec les sociétés qui fondent sur eux leur rationalité, leur légitimité et leur futur. Nous proposons donc à chaque contributeur de prendre position sur cette question fondamentale. Qui invente les mythes ? Nous connaissons des écrivains tels qu’Homère ou Hésiode qui ont mis en scène les mythes grecs classiques, nous avons gardé la mémoire de mythologies, contes et légendes de différentes cultures, mais où situer l’origine de la pensée mythique ? Existe-t-il un ou des mythes élémentaires ? La mythanalyse peut-elle prendre place parmi les sciences humaines, ou est-elle une théorie-fiction, relevant plutôt de la littérature ? Quels sont les mythes contemporains les plus actifs et significatifs (anciens, actualisés, nouveaux) ? Comment définiriez-vous, en conséquence de vos réponses aux questions précédentes, ce que pourrait être la mythanalyse ? Ses domaines d’application ? Son usage social épistémologique, culturel ou thérapeutique ? Pour participer à ce numéro 1) Envoyez le titre, un résumé de votre article et une présentation de l’auteur, jusqu’au 15 juillet 2014, à la rédaction de la revue magma@analisiqualitativa.com. 2) La direction et le comité scientifique de la revue se prononceront avant le 30 juillet 2014. 3) En cas d’acceptation du résumé vous devrez nous faire parvenir votre article au plus tard le 30 septembre 2014. info@analisiqualitativa.com - www.analisiqualitativa.com Réf : Blog Mytahnalyse 15/07/2014 URL |

Référence : 214064 Titre : Variations sociologiques du concept de famille dans la mythanalyse Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie La mythanalyse prend en compte la géométrie variable du carré parental. D'une société à une autre, d'une époque à une autre, d'une civilisation à une autre, on observe des variations majeures de la structure familiale. La sociologie a significativement montré comment la famille a pu être identifiée à un clan dans les sociétés premières. Elle a développé le concept de famille indivise, regroupant un ensemble large du nucléus familial incluant les aïeux, enfants et petits enfants, mais aussi les oncles et tantes et accordant plus d'autorité à un parent qu'au géniteur même. Elle lui a opposé le concept moderne de famille conjugale, qui s'est développée avec la montée de l'individualisme, et se réduit aux parents immédiats, père, mère, enfants. Le concept même de famille peut ainsi être fondé sur une parenté fraternelle ou sur une consanguinité réduite. La "sainte famille" du Nouveau Testament constitue un cas significatif de cette parenté non sanguine. Michel Serres s'amuse à s'étonner de cette famille où Saint-Joseph, le père, ne l'est pas, puisque le Christ est le fils de Dieu et qu'il a été conçu par le Saint-Esprit, où la mère ne l'est pas, puisqu'elle est demeurée vierge, tout en étant devenue la mère de Dieu (Hominescence, 2001). Cette virtualité mythique qui élargit la famille aux "prochains" qu'il faut aimer comme soi-même fonde la chrétienté comme une grande famille, celle de l'Eglise catholique. L'idée même, qui a pris force sociale, élargit à l'humanité la notion de clan, alors même que naîtra bientôt, avec la Renaissance, la famille conjugale. Et c'est sans compter avec les variations fondamentales que constituent le développement des pouvoirs matriarcal ou patriarcal, qui est incontestable dans l'histoire anthropologique de la conception de la famille. C'est ce que signifie la présence de l'Autre dans le carré parental. Il incarne les variations sociogénétiques de la famille, dont l'impact est déterminant, non seulement quant à l'importance relative des géniteurs directs, mère et père, ainsi que des frères et sœurs, mais qui détermine aussi directement la géométrie et l'extension de la structure familiale. Ces variations du carré parental génère à coup sûr des mutations majeures de la syntaxe mythologique, des rôles respectif de ses figures polaires; la mère, le père, l'infans, l'Autre, et des récits mythiques qui les mettent en scène : fratrie des Titans, la Grande mère Gaïa, les polythéismes et les monothéismes, l'Homme qui est le Fils, l'enfant-roi, l'Histoire, le Progrès, la Raison, etc. En découlent aussi les diversités dramatiques, tragiques, fatalistes ou optimistes. C'est à cet égard que se mesure le plus l'importance de la sociologie dans la théorie mythanalytique. Réf : Blog Mythanalyse 04/07/2014 URL |

Référence : 214065 Titre : Famille, psychanalyse et mythanalyse Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie La mythanalyse situe l'origine des mythes dans les interprétations fabulatoires par le nouveau-né du nouveau monde qui naît à lui. Tout se passe dans le carré parental. De cette origine biologique constructiviste structurée par les acteurs présents, la mère, le père, l'infans et l'Autre, demeurera une mémoire inconsciente que la sociogénèse précisera et qui resurgira dans les récits des poètes pour répondre aux questions des adultes sur l'origine du monde. C'est ainsi que se constitue la psyché ou l'inconscient collectif d'une société. La psychanalyse, de même, situe l'origine de l'inconscient individuel dans la matrice familiale. Freud la jugeait toxique et y voyait la source de tous les traumatismes qui allaient faire le malheur de chacun de nous. Dans les deux cas, celui de la mythanalyse comme celui de la psychanalyse, c'est donc la famille qui est la matrice de l'inconscient, qu'il soit individuel ou collectif. Et dans les deux cas, la constitution de l'inconscient origine des fabulations humaines au stade de l'infans. Dans les deux cas, les grandes figures référentielles actives, leur structure familiale et la syntaxe des récits dans lesquels elles s'incarnent se constituent dans la matrice familiale, biologique et sociogénétique. Les traumatismes freudiens s'inscrivent dans cette syntaxe familiale et y puisent leur pouvoir originel qui pourra perdurer chez l'individu adulte. De les mythes sociaux développent le récit syntaxique du théâtre ou du roman familial originel qui sera adopté par la société adulte. Traumatismes et mythes sont des histoires dramatiques, en ce sens qu'ils comportent de l'action. Mais alors que tous les traumatismes que décrivent les psychanalystes semblent toxiques - pour Freud, la psyché est une sorte de maladie infantile inévitable sinon incurable, qui nous collera au corps toute la vie comme le péché originel, pour la mythanalyse, il y a de bons et de mauvais mythes, ceux qui expliquent tous nos malheurs et ceux qui nous promettent tous les bonheurs. Le peintre Gustave Courbet a été d'une grande perspicacité lorsqu'il a peint le célèbre tableau d'une vulve qu'il a intitulé "L'origine du monde". Et Lacan, qui posséda le tableau, l'avait bien saisi. Réf : Blog Mythanalyse 03/07/2014 URL |

Référence : 214066 Titre : Sociogénèse des mythes Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Ce sont les poètes, les historiens, les artistes, les cinéastes qui inventent, mettent en scène ou transforment les mythes. Ce sont eux et aussi les chefs militaires, religieux, politiques qui conçoivent les récits sur les quels nous fondons nos imaginaires collectifs. Ils gardent la mémoire ou ils redessinent l'existence des figures mythiques qui ont animé la construction du monde lorsque le nouveau-né fabule pour maîtriser le monde et le corps qui viennent à lui avec l'accouchement. Dès les premières émotions, craintes ou désirs qui envahissent la psyché du nouveau-né, sa conscience des acteurs du carré parental, mère, père et soi-même est déterminée par l'Autre (le contexte socio-historique) qui est présent aussi et qui lie ces premiers sentiments biologiques à la culture de la société où naissent conjointement le nouveau-né et le nouveau-monde. La sociogenèse des mythes est ainsi marquée dès la naissance par la forte influence de l'Autre dans le carré parental. Elle s'inscrit émotionnellement et durablement dans les circuits synaptiques encore plastiques du cerveau du nouveau-né. Elle fonde la logique des drames mythiques fondateurs de l'enfant qui tente d'interpréter le monde qui vient vers lui. Elle détermine la syntaxe des relations premières entre acteurs, actions et conséquences pour l'individu en gestation. Et c'est cette même appartenance culturelle et sociale qui déterminera sans interruption la psyché de chaque être humain tout au long de sa vie, et qu'on retrouve dans les récits qu'en proposent les poètes et autres créateurs «professionnels» de mythes, les peintres, les écrivains qui en fixent les grands récits qu'adoptent et institutionnalisent les groupes sociaux. Il n'y a donc pas d'invariants dans les imaginaires sociaux ou ce qu’on appelle les inconscients collectifs des sociétés. Il n’y a que la mémoire des récits mythiques, qui perdure, varie, est contredite ou rejetée et l'invention de nouveaux mythes en résonance avec l'évolution sociale. Ce qui peut créer l’illusion encore si répandue de ces invariants, qu'ils soient idéalistes (les archétypes de Jung) ou mathématiques (l’anthropologie structurale de Lévi-Strauss), c’est seulement la répétition biologique de la naissance du nouveau-né et du nouveau-monde dans le carré familial. Une constante biologique qui est soumise au jeu des variations historiques et sociologiques dans ses représentations sociales. Réf : Blog Mythanalyse 26/06/2014 URL |

Référence : 214067 Titre : Mythanalyse du faux Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Alors qu’au début de sa commercialisation, le plastique était réservé aux ustensiles ordinaires et bon marché, sceaux, cuvettes, balais, éponges synthétiques, et qu’on jugea nécessaire de lui donner des teintes vives pour séduire les consommateurs (et pour le bonheur des «marchands de couleur») car il était perçu comme une matière laide, pauvre, sans texture, sans «vie», il a depuis fait une belle carrière. Le nylon a galbé les jambes féminines en les colorant de reflets soyeux. Puis le plastique a été ennobli par de grands artistes comme César, Niki de Saint Phalle, Dubuffet, Duane Hanson, Claes Oldenburg, etc. Et le design l’a adopté dans la création de meubles de style haut de gamme. Les fausses couleurs d’aujourd’hui sont comme celles des masques indigènes de jadis ou des peintures romanes : vives et codées pour évoquer les esprits ou les attributs de Dieu. La lumière électronique nous ouvre la voie vers le cybermonde, comme autrefois la lumière des vitraux nous appelait vers le monde religieux. Mais la symbolique a bien changé. La couleur est devenue laïque, certes, mais il ne faudrait pas en sous-estimer la dynamique énergétique, voire l’émotion, qui correspondent à ce nouvel ailleurs : le virtuel de nos écrans. Car à l’opposé du réalisme inventé par la Renaissance italienne, le monde numérique selon lequel nous interprétons, remodelons et transformons aujourd’hui le réel, relève d’une vision prométhéenne. Nos couleurs n’évoquent plus le mystère des esprits ou des dieux. Ce ne sont plus, non plus, les couleurs de la nature classique. Ce sont les couleurs des hommes qui croient désormais en leur pouvoir créateur et recolorent l’univers à leur goût, comme ils ont coloré le plastique. L’homme a pris en charge l’artifice de son environnement et de ses objets. Et il colore de couleurs flashantes ses vêtements, ses chaussures, voire sa chevelure ou ses ongles comme des desserts et des crèmes glacées. Toute une industrie des colorants omniprésents nous entraîne dans un « paradis artificiel » de couleurs acidulées, désormais plus attirant que le vieux réel du réalisme. Nous aimons cette bigarrure euphorisante. Nous renouons avec la tradition idéaliste et religieuse qui opposait le monde d’ici-bas, vallée de misères, de souffrance, d’erreurs et de frustrations à un monde supérieur, jadis divin, vrai, aujourd’hui artificiel, couleur bonbons, le monde numérique que nous programmons, où nous nous créons des milliers d’amis, où les ombres, la douleur et l’effort n’existent plus, où nous pouvons réaliser nos désirs de pouvoir, de statut social, satisfaire nos petits bonheurs et rencontrer l’amour. Un monde dont même la magie la plus puissante et la plus sophistiquée n’aurait pas osé rêver autrefois. Un monde intelligent, comme la lumière de Platon. Mais nous ne lui tournons plus le dos, enchaînés au fond de la caverne, car ce monde est là, dans la lumière de nos écrans, devant nos yeux, beaucoup plus riche en informations que le monde réel, beaucoup plus vrai et instrumental. C’est ici-bas désormais que se situent les erreurs de nos sens, les ombres et les illusions de nos perceptions. C’est dans le monde de la technoscience, que nous développons notre utopie actuelle de bonheur et d’aboutissement de notre aventure humaine. Les écrans cathodiques de tous nos instruments numériques sont les nouveaux vitraux de nos croyances et de nos espoirs. Le mythe biblique nous dit que Dieu créa l’homme à son image. Mais c’est le mythe grec prométhéen qui l’emporte aujourd’hui sur le mythe biblique. Nous sommes les fils de Prométhée et nous créons un nouveau monde à notre image. Comme des dieux, nous assumons désormais notre pouvoir de création d’un monde humain à la mesure de notre intelligence artificielle. Nous en célébrons les artéfacts, les colorisations dynamiques, et nous l’appelons notre «nouvelle nature». La mythanalyse de l’artifice dévoile un homme qui ne croit plus à la création de dieux, mais à celle de notre intelligence artificielle. C’est l’artifice qui devient réel, le faux qui devient vrai. Et pour faire bonne mesure, souvent nous en rajoutons, pour consolider notre nouvelle foi dans les simulacres, tant le vieux monde réel nous colle encore à la peau et à l’esprit. Il est souvent aussi difficile de croire dans nos illusions humaines créatrices du futur qu’en un dieu créateur des origines… Réf : Blog Mythanalyse 14/06/2014 URL |

Référence : 214068 Titre : Le vertige de l'illogisme Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie «Si ce n’est pas vrai, c’est donc faux» affirmait Socrate. Et il obligeait son esclave de service à l’admettre impérativement. Pourtant, les écrivains ont toujours ignoré la rigueur conceptuelle socratique et fait appel à l’imagination, qui est foisonnante et prend le risque de nous tromper pour nous ouvrir l’esprit. A commencer par Platon lui-même, le disciple de Socrate, pourfendeur des «tromperies» des poètes et des peintres, mais qui s’est lui-même rendu célèbre par la métaphore de la caverne. Les poètes ne craignent pas d’évoquer une «présence absence», un «clair-obscur» ou une «obscure clarté», une «pesante légèreté», un «vrai mensonge», sans oublier les «morts-vivants», etc. Même un sociologue comme Michel Maffesoli nous propose le concept de «raison sensible». L’association directe de deux mots contradictoires semble créatrice de sens et évoquer des sensations. Car la réalité et la vérité ne sont pas binaires, quoiqu’en ait pu dire Socrate. Les bons écrivains en jouent savamment. Ils ne craignent pas d’enchaîner deux contradictions et d’en tirer un bel effet. Les cuisiniers aussi, qui nous préparent des sauces «aigres-douces». Dans un domaine aussi tranché que l’opposition sociale des sexes, nous admettons maintenant que la biologie des trans-genres n’est plus contestable et devra donc être socialement admise. Et plus anecdotiquement, nous savons qu’il faut se protéger des «chauds-froids» pour ne pas s’enrhumer, ou que la glace peut brûler la peau. C’est même une thérapie couramment utilisée par les dermatologues. Si nous poussons l’exercice à sa limite en annonçant une «ontologie du faux plastique», la machine à raisonner résonne creux : l’esprit perd pied, si je puis dire, et nous tombons dans le vertige de l’illogisme. Nous sommes nous laissés prendre par un faux concept ? Nous pourrions bien sûr en fabriquer en quantité, parler de «glace chaude», d’«eau sèche», de «dictature démocratique» et en faire un jeu de société. Le «faux plastique» a cette vertu supplémentaire que le plastique étant associé à l’idée d’imitation, il nous choque moins immédiatement qu’une «vitesse lente» ou une «beauté laide». Le surréalisme et la pataphysique sont passés maîtres dans ce genre de confusion créatrice. Est-il donc possible de se jouer ainsi du vrai et du réel avec les mots qu’ils prétendent désigner? Est-il prudent de bafouer la logique sur un ton si anodin? Tout pourrait-il alors être faux, du moins dans les associations de mots pour en parler? Ou faut-il dénoncer des erreurs de l’esprit, un galimatias, qui ne sauraient remettre en questions les vertus de la logique ? Nous savons que dans la pensée magique une chose peut en être une autre, tandis que la logique binaire du rationalisme classique fonde précisément sa vertu sur le principe d’exclusion de telles confusions. En fait, l’opposition entre le vrai et le faux, le naturel et l’artificiel, l’authentique et l’imitation est de moins en moins évidente, de moins en moins légitime et encore moins instrumentale. Nous sommes demeurés trop longtemps soumis à la pensée binaire et réductrice de Socrate. Elle a eu le mérite en son temps de nous libérer de la pensée magique et des superstitions qui dominaient l’Occident. Mais elle est insuffisante, voire trompeuse aujourd’hui. La science contemporaine elle-même nous invite par son exemple à sortir de la citadelle du rationalisme classique et à oser recourir à des logiques floues pour mieux embrasser une réalité complexe que le principe simpliste de la non contradiction ne saurait suffire à interpréter. La postmodernité nous a conduit à un postrationalisme qui ne permet plus de nous en tenir à des oppositions ingénues entre le vrai et le faux, le réel et l’artificiel. Et c’est ainsi l’épistémologie elle-même qui est en mutation, non seulement au niveau de la logique réductrice qui la fondait, mais de la science elle-même. Réf : Blog Mythanalyse 21/05/2014 URL |

Référence : 214069 Titre : Ontologie du faux plastique Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie L'énoncé même de ce titre sonne faux. Par définition doublement faux. Les philosophes, en successeurs imbus des théologiens, nous ont enseigné qu’il ne peut exister d’ontologie du faux, mais seulement de l’être réel. Quant au plastique, conçu comme une pseudo matière, il ne saurait être déclaré faux, puisqu’il se veut tel. Artificiel, il ne peut être imité par des matières naturelles, ni s’imiter lui-même. Je peux voir du faux bois ou du faux marbre, les produire et les décrire : ils existent. Mais le concept de «faux plastique» est si contradictoire qu’il ne peut être pensé, ni même imaginé. Il suffit de s’essayer pour en convenir. Mais est-ce si sûr ? La nature a beaucoup changé ces derniers temps. L’ontologie aussi. Et elle va devoir se renier pour s’accommoder du faux et de l’imaginaire qui constituent de plus en plus notre environnement réel, notre nouvelle nature. Elle va même devoir céder la place à la mythanalyse qui déchiffre les mythes actuels. Réf : Blog Mythanalyse 15/05/2014 URL |

Référence : 214070 Titre : Fiction versus réalité Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Mutation mythique: l'émergence du mythe humain Avec l'émergence de l'âge du numérique, le mythe humain devient un mythe mutant, celui de CyberProméthée, excitant l'instinct de puissance de l'Homme, qui devient lui-même un dieu et prend la place de la vieille rengaine monothéiste, et invitant l'homme à créer l'hyperhumanisme, une déclinaison du nouveau mythe humain centrée sur la valorisation de l'éthique planétaire. Réf : Blog Mytahnalyse 23/03/2014 URL Nous avons le sentiment d'être dans le monde comme des poissons qu'on mettrait dans un aquarium. Autrement dit: pourquoi nous a-t-on mis là, dans ce monde extérieur auquel nous n'appartenons pas. Nous sommes d'une autre nature, et donc étrangers dans ce monde qui nous est imposé, on ne sait par qui ni pourquoi. Pas de racines, comme un arbre, dans cette terre, pas d'osmose, comme l'oiseau dans cet air; pas de lien de nature, alors que le papillon va à la fleur et que la fleur va au papillon, comme deux êtres de la même nature. La schizophrénie du christianisme suffit-elle à expliquer cette distanciation insurmontable entre la nature et nous? Entre notre corps et nous? Entre la matière et l'esprit? L'univers et l'homme étrangers l'un à l'autre. Cela a-t-il du sens? Cela est-il une erreur de l'esprit? Une dérive idéaliste de tradition monothéiste? Les religions animistes nous font plutôt imaginer une unité fondamentale entre l'humain et l'univers. C'est là qu'intervient la sociologie dans la théorie de la mythanalyse. Dans des sociétés indivises, fondées sur l'unité sociale organique, la famille tribale, où le groupe est plus fort que l'individu, nous avons des religions qui célèbrent aussi l'unité entre l'homme et la nature. L'un ne va pas sans l'autre. A l'opposé, dans des sociétés individualistes, où domine la famille conjugale, chaque individu a une conscience distanciatrice de lui-même par rapport à la société, ainsi que par rapport à la nature. Il se sent dans la société et dans l'univers comme dans un aquarium ou un container, d'une autre nature que lui-même. Du point de vue de la théorie mythanalytique, il est intéressant d'en aborder les conséquences. Nous avons souligné que lors de l'accouchement, c'est le monde qui naît au fœtus, en même temps que le fœtus vient au monde. Il y a, dans la conscience de l'enfant qui naît, accouchement du monde - le monde vient à l'enfant -, autant qu'il y a dans la conscience adulte accouchement du fœtus, qui vient au monde. Co-accouchement, donc, de l'enfant et du monde qui naissent simultanément. Et dans une première étape de vie, la conscience que le nouveau-né a de son corps et du monde extérieur demeure sans doute indistincte ou confuse. Il va cependant apprendre (sociogenèse) à construire cette distinction que lui impose l'autre (la cosmogonie monothéiste de la société dans laquelle il vit, et qui oppose l'homme à la nature). C'est dans ce type de société que Rémi Sussan peut écrire: Si on devait définir l'humain, on pourrait presque dire: c'est une créature de fiction. Pas un être dépourvu d'existence, mais un organisme qui ne s'épanouit vraiment que dans les productions de son propre esprit, et qui se trouve projeté dans le monde réel par hasard ou par malchance. "Un étranger sur la Terre", comme le notait déjà la Bible.* On peut supposer que dans une société indivise (première, comme on dit aujourd'hui), où "l'autre" véhicule une cosmogonie de l'unité fusionnelle entre l'individu et la société et l'univers, ce sentiment d'étrangeté de l'individu face au monde et à son groupe social n'existe pas. Il ne s'y voit pas comme un être de différence irréductible dans un contenant. Il garde pour la vie entière cette conscience de l'indistinction entre son corps, la famille et l'univers, qu'il développe à partir de l'accouchement. C'est cette schizophrénie créée par le monothéisme chrétien, qui fait que nous sommes des hommes de projets, obsédés par nos fictions, et que nous voulons changer le monde. L'animal n'éprouve manifestement pas ce désir. Il n'imagine pas être dans le monde autrement, ou être dans un autre monde. Dans les sociétés dites premières, la fiction est d'imaginer des esprits qui nous lient au monde, qui animent l'univers. Et non pas de transformer le monde. Le mythe grec prométhéen célèbre la création humaine. Le mythe biblique ne nous demande aucunement de changer le monde, si ce n'est pour le rendre conforme à la religion. Comme le monothéisme musulman, qui se veut lui-aussi de conquête religieuse, alors que le monothéisme juif n'impose que la distinction entre les croyants et les goyim. Mais en prenant le relais de l'idéalisme platonicien, il nous invite à faire prévaloir la lumière de l'esprit sur l'obscurantisme de la matière. Il crée donc la fiction, la volonté de libérer nos esprits de nos chaînes. Il rejoint ainsi le mythe prométhéen par l'insatisfaction qu'il déclare vis-à-vis du monde présent, mais situe ses projets dans un autre monde après la mort - ce qui dévalorise le monde réel, sans inviter à le transformer. Il demeure que dans la civilisation occidentale, la coexistence, voire la conjugaison des mythes grec et biblique a fait de nous, comme le dit Rémy Sussan, des êtres de fiction, qui survalorisent la fiction des projets religieux ou prométhéen par rapport au monde réel jugé insuffisant, toxique ou inachevé. Le mythe humain, tel qu'on peut le penser aujourd'hui en Occident, est celui d'un être inachevé qui se projette dans la fiction (devenir un saint, ou un dieu, comme je le propose, ou un cyborg, comme le proposent les gourous du posthumanisme). ___________________________________ *Rémi Sussan, Frontière grise. Nouveaux savoirs, nouvelles croyances et stupidités sur le cerveau (François Bourin éditions, 2013). Réf : Blog Mythanalyse 09/05/2014 URL |

Référence : 214071 Titre : Qui crée les mythes ? Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Nous l'avons maintes fois souligné: les matrices des grandes figures mythiques - celles dont Jung a fait des archétypes - s'animent au sein du carré parental dans la psyché individuelle du nouveau-né qui assiste/participe à la naissance du monde.Ce sont les figures centrales de la scène mythique originelle, celle du carré parental. Elles sont activées par les émotions, désirs et peurs de l'in-fans. Mais comment ces grandes figures prennent-elles forme plus précise et de façon générale s'incarnent-elles dans les récits mythiques très élaborés des sociétés. La psychanalyse souligne le rôle de la sublimation, qui les fait migrer de leur statut émotionnel et instinctif originel vers les imaginaires sociaux. La symbolisation prend alors le relais dans leur configuration collective plus précise et plus stable au sein de la sphère culturelle. Car l'origine biologique de la puissance des mythes ne saurait suffire à établir leur institutionnalisation sociale. L'étape suivante, c'est la sociogenèse des mythes. En effet, ce sont toujours des prophètes, conteurs, chamans, rois ou chefs militaires, écrivains, poètes, chanteurs, chorégraphes qui créent le récit des faits marquants la trajectoire de ces figures. Ce sont eux qui inventent des détails inspirants dans leur représentation, qui décrivent leurs vêtements et objets symboliques, qui amplifient leurs gestes marquants, conflits, amours, jalousies, et leurs rapports avec les hommes. Moïse, Hésiode, Homère, Platon sont des créateurs exceptionnels, mais l'époque même de l'antiquité n'est pas une exception dans la création de nos grands mythes. La genèse des mythes se poursuit aujourd’hui encore. En Occident, Cervantès, Shakespeare, Dante, Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre, Lamartine, Condorcet, Michelet, Hugo, Stendhal, Flaubert, Hegel, Goethe, Schiller, Heine, Marx, Freud, Jung, Wagner, etc. inventent et mettent en scène nos mythes fondateurs de la modernité, le Progrès, l'Histoire, la Raison, le Peuple, le Travail, le Prolétariat, etc. Mary Shelley, Jules Verne, Charlie Chaplin, Lovecraft, Asimov, Frank Hebert, Ray Bradbury, Arthur C. Clark, George Lucas, etc. mettent en scène le futur, la guerre des étoiles, les robots, etc. Les mythes sont œuvres de culture. Et comme on sait, la culture est mémoire, mais aussi création, l'une et l'autre animées par la société qui célèbre la Res Publica, la Nature romantique, les archétypes, la naissance de l'Europe, les grandes peurs, les grands accomplissements et la science-fiction. La mythanalyse, lorsqu'elle étudie l'oeuvre d'un grand créateur, ne s'intéresse pas à ses traumatismes infantiles (comme le fait Freud à propos de Leonard de Vinci), mais aux figures mythiques que leur oeuvre met en scène et qui ont eu une résonance sociale exceptionnelle. Et dans le cas de Leonard de Vinci, ce n'est même pas la Joconde, mais lui-même qui est devenu un mythe emblématique de l'esprit de la Renaissance: réalisme, rationalisme, humanisme, science et technologie. Réf : Blog Mytahnalyse 05/05/2014 URL |

Référence : 214072 Titre : La naissance inachevée Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Contrairement aux autres petits de mammifères, l'humain ne sera généralement pas capable de se mettre debout et de marcher avant un an après l'accouchement, soit une période plus longue que les neuf mois de sa gestation fœtale. Cette particularité a les plus grandes conséquences. L'humain demeure longtemps inachevé après la naissance pendant sa vie post-fœtale. J'ai souligné que cet inachèvement de longue durée crée chez l'in-fans un sentiment d'impuissance et une frustration grandissante, et qu'il y réagira en développant à l'opposé. dès qu'il pourra se tenir debout, un désir de puissance: Prométhée, qu'il faut ajouter au couple freudien d’Éros et Thanatos (CyberProméthée, l'instinct de puissance, vlb édition, 2002). Il faut aussi prendre en considération la simultanéité, en ses débuts confusément mêlée, de la naissance de son corps et de celle du monde qui vient à lui. Elle se traduit par l'inachèvement indistinct du corps du petit humain et du monde qui naît autour de lui. On parlera donc à ce stade de l'inachèvement conjoint de la naissance du petit d'homme et du monde. Cette simultanéité du développement prend dans la conscience en formation du petit humain les mêmes traits ego centrés, anthropomorphiques et fabulatoires. La naissance du monde relève des mêmes interprétations émotionnelles de satisfactions et de manques, de désirs et de peurs, de plaisirs et de souffrances. Leur intelligence est confondue entre la corporéité de l'humain qui se complète et la matérialité du monde qui se forme. Rien n'y est rationnel. Tout y est quête biologique de la satisfaction corporelle. C'est l'instinct de vie et de survie qui règne. Toutes ces images, leur syntaxe et les pouvoirs de leurs acteurs relèvent de la structuration du carré parental dans le psychisme plastique de l'enfant. Et ces images et structures in-nées (générées au cours de la naissance) sont là pour s'inscrire dans la conscience pratique autant que dans l'imaginaire de l'humain pour toute sa vie, comme un mode de penser et d'imaginer naturel, évident, familial/familier. C'est dans cette conscience et ce psychisme en émergence que se situe l'origine biologique et la gestation socio-familiale des mythes. Il ne faut surtout pas les chercher ailleurs, dans je ne sais quel mystère éternel qui nous dépasse et nous surplombe, comme l'a fait la psychanalyse jungienne. Il ne faut pas en rajouter dans la fabulation, en inventant des archétypes ou des dieux! Ce qui peut donner cette impression d'éternité ou de permanence, c'est seulement l'éternelle répétition biologique de la naissance et du carré parental pour chacun de nous, génération après génération, universellement quelles que soient la diversité des sociogenèses de la psyché selon les époques et les cultures. Ce qu'il faut retenir, c'est le lien indissociable entre la naissance de l'humain et du monde, leur unité originelle et leur gestation conjointe pendant près d'un an de vie post-natale. Le vocabulaire courant dit bien que la vie fœtale se poursuit après la naissance: au sein de la matrice familiale. L'inachèvement est originel. C'est au terme de ce premier cycle du développement que le petit d'homme aura la conscience distincte de s'approprier son propre corps, auquel il va s'identifier, et de se séparer du monde extérieur qu'il conçoit comme un contenant de sa vie, étranger à lui-même, qu'il va continuer à interpréter de façon tantôt utilitariste, tantôt fabulatoire. Et il n'est pas étonnant de constater conséquemment que le monde virtuel, le cybermonde numérique que nous secrétons avec nos algorithmes, est beaucoup plus proche, intime de l'humain que le monde réel, qui nous semble beaucoup plus différent de nous et que nous percevons comme distant, étranger et inattentif à nous. Certes le cybermonde est instrumental et utilitaire, mais il est beaucoup moins hétérogène à l'humain que le monde réel. Il lui colle à la peau, il répond sans effort à ses désirs et à ses craintes, il satisfait directement ses instincts, Éros, Thanatos et Prométhée. Il est beaucoup plus fabulatoire que le monde réel. Ou, en d'autres termes, paradoxalement beaucoup plus réel imaginairement pour nous que le monde réel physique dont nous subissons les résistances, les frustrations et la méconnaissance. Cette irréalité attribuée au monde virtuel dans le langage courant constitue paradoxalement une intimité psychique de l'humain. D'où son succès: voilà un monde pensé et créé à notre image, par et pour nous, modifiable selon nos fantasmes et notre instinct de puissance, érogène et vital, dans lequel nous pouvons nous identifier. Nous n'y sommes pas un accident du hasard anecdotique et étranger au monde, comme nous voyait Jacques Monod dans l'univers que découvre la science. Nous sommes au cœur, au centre du monde virtuel, comme l'escargot dans sa coquille, comme la tortue dans sa carapace, comme le noyau dans la cerise. Réf : Blog Mytahnalyse 27/04/2014 URL |

Référence : 214073 Titre : Mythanalyse et postmodernisme Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Postmodernisme et mythanalyse apparaissent aujourd'hui, avec le recul du temps, comme deux démarches contemporaines. Elle émergent toutes deux dans les années 1970. Toutes deux réagissent aux catastrophes du XXe siècle par une volonté de démystification des grands récits mythiques fondateurs : la Religion, le Rationalisme positiviste, l'Humanisme bourgeois, l'Histoire, le Progrès. Mais la dénonciation postmoderne, assurément fondée, légitime, nécessaire, lucide va proposer le jardin de fleurs, le présentéisme, le tribalisme païen, la jouissance ou la résignation, le fatalisme tragique et décadent, tandis que la mythanalyse élabore une théorie critique des mythes, de leurs fondements, de leur rôle incontournable, et invite à choisir entre les bons mythes, porteurs d'espoir, et les mythes toxiques et dévastateurs. Autrement dit, la mythanalyse ne renonce pas aux mythes de la Raison critique, de l'Élucidation, du Progrès éthique et propose de nouveaux mythes pour le futur: l'hyperhumanisme, l'éthique planétaire, la création humaine. Le relativisme, qui leur est commun, est la réponse nécessaire aux désastres du XXe siècle, à la Shoah, mais la mythanalyse, comme Sisyphe, invite à remettre sur nos épaules ce poids de souffrances et d'espoirs pour poursuivre avec persévérance vers la construction d'un futur meilleur. La mythanalyse fait preuve d'une résilience, à laquelle le postmodernisme ne veut plus croire. Le postmodernisme a été nécessaire, mais il n'est pas une posture qui puisse se perpétuer durablement sans favoriser de nouvelles dérives catastrophistes. La société a besoin de croyances pour survivre et maîtriser la puissance des instincts humains, réguler Éros, Thanatos et Prométhée. Et la mythanalyse, telle que je l'ai pensée et pratiquée, à la manière du postmodernisme, commence par la démystification du Progrès, celui de l'obsession avant-gardiste exacerbée qui occupe les artistes occidentaux des années 60-70 (L'Histoire de l'art est terminée, performance au Centre Pompidou en 1979 et publication du livre éponyme en 1981 chez Balland. A l'opposé, elle propose « l'hygiène de l'art» et «l'art sociologique», une pratique interrogative et démystificatrice de l'art, qui fait prévaloir l'éthique sur l'esthétique. Il ne faut pas s'étonner en conséquence des affinités temporelles, relativistes et critiques entre mythanalyse et postmodernisme, mais il faut aussi souligner l'opposition de leurs démarches, l'une qui tient à demeurer présentéiste et jubilatoire, l'autre qui, tout en se déclarant une théorie-fiction, opte pour le mythe de l'Humain créateur, poursuit le chemin initié par le siècle des Lumières, considère les chaos du XXe siècle comme un regret, et reprend ses efforts sisyphiens vers un futur meilleur que l'homme a l'obligation de créer. Réf : Blog Mythanalyse 17/04/2014 URL |

Référence : 214074 Titre : Archaïsme du langage Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie L’étymologie est l'un des outils privilégiés de la mythanalyse, car au-delà du travail historique des linguistes, elle déclare l'imaginaire qui est l'origine des mots. Cet imaginaire est métaphorique, biologique, mythique. Même lorsque les linguistes au moment de la Renaissance, travaillant à établir l'écriture officielle de la langue vulgaire, le français, encore orale le plus souvent, ont fait des erreurs d'étymologie, les orthographes qu'ils ont faussement corrigées révélaient souvent aussi l'actualité de leur imaginaire, en décalage éventuel avec l'imaginaire originel. En ce sens, le langage est toujours archaïque: son étymologie métaphorique plonge ses racines dans l'inconscient collectif. Ainsi, comprendre l’inné de l’enfant, c’est mettre ensemble ce qui s’est constitué lors de la naissance dans la psyché et le cerveau de celui qui ne parle pas. Il faut certes se méfier de ce petit jeu, qui peut nous entraîner dans d’autres fabulations, celles de notre propre inconscient. Mais Lacan soulignait déjà que l’inconscient est dans le langage et dans les jeux de mots, pas dans la cave freudienne. Et Heidegger nous a appris à penser les mots dans leur imaginaire philosophique. Réf : Blog Mythanalyse 24/03/2014 URL |

Référence : 214075 Titre : L'origine des émotions Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Chacun a eu l'occasion de le ressentir: les émotions sont des mouvements de la psyché qui remontent à la surface de la conscience et nous submergent malgré nous. Et ils sont si forts que nous ne pouvons les retenir, les cacher. Ils nous projettent sur la scène sociale et nous révèlent à l'autre. Ce sont des é-motions, qui sortent de nous, au point de nous déstabiliser dans nos structures psychologiques autoprotectrices. Comment expliquer la puissance des émotions? Par le ressort dynamique de leur origine, qui se situe dans des moments forts de notre existence, à commencer par notre naissance et à continuer par les rebondissements des liens hypersensibles de notre naissance: la mort ou la mise en danger de mort du père, de la mère, d'un acteur important du carré parental, oncle, frère, sœur, proche. Ce peut être aussi la répétition d'émotions originelles, telles que l'impuissance corporelle du nouveau-né, le manque d'affection ou l'excès d'amour, la faim, les peurs (de mort) et désirs (de vie), anxiétés et satisfactions des débuts de la vie intra et extra utérine. Autrement dit, c'est des expériences de vie in-nées que viennent les é-motions. L'expression paraît évidemment paradoxale, mais elle dit vrai: l'émotionnel, c'est l'actualisation puissante de l'inné. Réf : Blog Mythanalyse 24/03/2014 URL |

Référence : 214076 Titre : La magie ordinaire Date : 2014 Famille/Série Icone Observations : Bibliographie Nous nous faisons, nous autres Occidentaux, tout un monde de la magie. Un monde mystérieux, dangereux, menaçant, dont nous préférons nous tenir éloignés. Même ceux qui prennent la magie pour un paquet de superstitions et de fadaises demeurent sur leurs gardes, et en particulier par rapport aux divers experts en magie, qui pratiquent l'hypnose, les voyants ou ceux qui vous promettent de faire revenir vers vous l'être aimé que vous avez perdu. Personne ne peut affirmer échapper totalement aux horoscopes, aux superstitions ou aux pratiques magiques anciennes. On peut aussi bien affirmer que la magie n'est qu'une illusion, une faiblesse de l'esprit, ou qu'elle n'existe pas, ou chanter que le monde est magique. En fait, il n'y a pas de différence de nature, mais seulement de degré et d'intention entre la magie ordinaire du monde quotidien, la magie rose, la magie blanche, la magie noire ou la magie numérique. Marcher, prendre sa bicyclette, l'auto ou l'avion pour se déplacer serait de la magie pour un paralytique. Cuisiner, prendre un verre de vin, regarder la télévision, faire l'amour sont des pratiques magiques, susceptibles de nous émerveiller. Dire «je t'aime» ou insulter quelqu'un sont des formules magiques qui visent à obtenir l'amour d'une autre personne ou à l'envoyer au diable - la caresser ou planter des aiguilles dans une poupée. Et chacun en espère une efficacité irrationnelle. Mener une campagne électorale avec des mots et des comportements persuasifs, en prononçant des promesses ou des menaces dont il faut se protéger, avoir du charisme, c'est se vouloir magicien et en espérer un pouvoir politique que la «magie» d'un chaman déclaré ne donnerait pas si facilement. Twitter, écrire un blogue ou un livre sont des pratiques magiques, qui visent une efficacité par les mots.Les mots eux-mêmes sont des métaphores, porteuses d'images; et qui dit images dit leur pouvoir magique. Les mots évoquent, manipulent, menacent, atteignent, repoussent, protègent, comme des talismans, des gris-gris, des filtres, des baguettes magiques. Les métaphores des mots, l'efficacité des syntaxes sont des procédés magiques. La parole est d'origine magique et en garde la mémoire et l'efficacité. Et le rituel originellement sacré de l'écriture des mots augmente leur puissance. La magie ordinaire est finalement omniprésente et beaucoup plus efficace que la magie des sorciers. Le monde et la vie sont des émerveillements ou des malédictions magiques. Cela mérite que nos esprits auto-déclarés «modernes» y pensent davantage. Réf : Blog Mythanalyse 18/03/2014 URL |

Référence : 214077 Titre : La morbidité des Structures anthropologiques de l'imaginaire de Gilbert Durand Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Nous associons souvent l'imaginaire à nos frayeurs d'enfants et à nos peurs d'adultes. Et je dois dire que ce fut longtemps mon cas. La peur du noir de mon enfance - je suis né en 1941 à Paris, dans une ambiance de mort, puis j'ai grandi dans une atmosphère de dépression chronique et de conflits incessants - a sans aucun doute été ma motivation pour consacrer à l'âge adulte tant d'énergie à m'en libérer, jusqu'à développer la pratique de l'art sociologique et la théorie de la mythanalyse. J'ai fait ainsi au cours des années ma propre mythanalyse. Cela a été long, mais j'y suis parvenu et je publie donc de plus en plus, et avec de plus en plus de sérénité, les éléments du puzzle qui me permettent de fonder cette théorie de la mythanalyse à partir de ce que j'ai appelé le "carré parental". Je n'avais donc pas été surpris, lorsque j'ai lu Les structures anthropologiques de l'imaginaire de Gilbert Durand à la fin des années 1970, par son affirmation selon laquelle les mythes seraient des histoires que les hommes se racontent, de siècle en siècle et partout dans le monde, pour apaiser leur anxiété face à l’inéluctabilité universelle de la mort : Ainsi, l'origine de l'imaginaire est une réponse à l'angoisse existentielle liée à l'expérience "négative" du "Temps". L'être humain sait qu'il mourra un jour car le Temps le fait passer de la naissance à la mort. De cette angoisse existentielle et universelle naîtrait l'imaginaire (Structures anthropologiques de l’imaginaire). Il est possible aussi que Gilbert Durand, qui a été un grand résistant à l'époque de l'occupation nazie en France, ait été lui-même marqué par les moments d'anxiété extrême et de désolation qu'il a pu vivre; et que la découverte de la Shoah l'aie conforté dans cette vision dramatique et morbide de la condition humaine. Il n'aura pas été le seul, à l'époque. La publication en 1972 de La violence et le sacré par René Girard en est un des exemples frappants. Et l'émergence de la postmodernité, de son nihilisme épistémologique, de son fatalisme jouisseur et résigné, apparaît aujourd'hui comme une secousse secondaire, trente ans plus tard, de ce terrible tremblement de terre de force 10 qu'a été la montée en puissance du fascisme et la Seconde guerre mondiale. Thanatos n'a pas régné ainsi impunément dans nos imaginaires sociaux. Il n'est pas nécessaire de coucher la société sur le divan pour comprendre qu'il y est marqué comme un traumatisme collectif impossible à oublier, et même pour beaucoup d'êtres humains impossible à surmonter. Mais il est temps de surmonter ce traumatisme qui s'oppose à notre lucidité et à notre joie de vivre. Nous sommes habitués à observer l'ambivalence des mythes, qui sont interprétés positivement ou négativement selon les époques et les sociétés. Tout au contraire de la position de Gilbert Durand, nous choisissons donc l'idée que la gestation des mythes est coexistentielle au processus de la naissance du monde-qui-vient-à-l’enfant. Le mythe central, élémentaire ou fondateur de tous les autres n’est pas, selon notre option, la mort, mais la création, qui demeure dans toutes les mythologies primordiales par rapport à la mort ou à la fin du monde quelles qu’en soient les déclinaisons sociales et historiques, animistes, polythéistes, prométhéennes, monothéistes ou athées. C’est ce qui explique aussi que l’art soit la célébration toujours répétée de la création. De même, les métaphores océaniques du web évoquent l’importance de l’eau mais n’en soulignent pas que l’aspect menaçant de sa profondeur noire comme le sang qui coule - l'un des axes de mythocritique retenus par Gilbert Durand. Certes, les abîmes de la profondeur du web, ses pirates, la cybercriminalité illustrent la pertinence de son propos. Mais cette métaphore du web évoque aussi, tout au contraire, le liquide amniotique de la vie et la nostalgie protectrice qui lui est associée. Ce sentiment océanique qui nous berce aujourd’hui tient à la sensation conviviale et affective que nous procure le web, tel un liquide nourricier, doux et tiède, où nous évoluons sans effort. C’est à se demander si la couleur de la prochaine génération de nos écrans cathodiques ne va pas virer du bleu azuré au rose chair de la tendresse. Les adolescents demandent de l’amour et sont en recherche d’identité. Ils retrouvent sur Facebook et bien d’autres réseaux sociaux des « amis » qui passent leur temps à cliquer obsessionnellement l like comme autant de demandes de caresses. Facebook, c’est de l’eau sucrée qui ruisselle de la «montagne de sucre» (ainsi se traduit le nom de son fondateur Zuckerberg, qui l’a ainsi inconsciemment programmé, aurait dit Lacan). Une eau sucrée dont nous nous nourrissons, que nous suçons, que nous tétons Nous nous y confions, photographies de notre vie privée à l’appui. Les adolescents aiment cette intimité numérique. Les utilisateurs, qui étaient au début des receveurs passifs, sont devenus proactifs ; ils y investissent de la créativité, donc de l’énergie. L’interactivité et le frottement des messages créent la chaleur des échanges humains. La métaphore thermique célébrée par McLuhan pour caractériser les médias électriques persiste dans l’humanité du numérique. La grande célébration de l’interactivité à laquelle nous assistons de nos jours, l’emphase mise sur le web 2.0 et sur l’idée de l’utilisateur-producteur de messages correspondent manifestement à des utilités, mais aussi à une survalorisation imaginaire de la chimie virale des échanges. Nous sommes transportés par une nouvelle sensibilité, celle du contact tactile numérique, de l’expérience virtuelle ou virtuexpérience : le biovirtuel vécu comme une intensité de l’esprit et de la peau – la peau électronique que décrit Derrick de Kerckhove. L’interactivité crée de l’émotion, des sentiments, de la fébrilité qui excitent les utilisateurs, rapprochent les amis, fidélisent les abonnés. Il ne faut pas chercher ailleurs le succès de Facebook, qui est avant tout psychique, quasi biologique. La mythanalyse n'est pas sourde ni aveugle. Elle connaît Thanatos. Mais elle connaît aussi Éros et Prométhée. Et aujourd'hui, sans tourner la page noire de notre histoire moderne au point de l'oublier naïvement, elle se propose, au bénéfice de tous, de remettre en valeur les facettes positives et porteuses d'avenir de nos imaginaires sociaux. C'est pourquoi nous identifions la lumière du monde qui vient au nouveau-né à la création et la nostalgie du cordon ombilical à un désir de solidarité humaine que nous avons appelé l'hyperhumanisme. Oui, l'hyperhumanisme est un désir, une demande émotive. C'est un mythe que nous inventons parce qu'il implique l'éthique planétaire, un autre mythe que nous voyons émerger et que nous voulons promouvoir parce qu'il répond à une urgence dans le monde actuel tel qu'il va. Réf : Blog Mythanalyse 16/03/2014 URL |

Référence : 214078 Titre : La genèse langagière des mythes Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Comment naît un mythe? Avec la naissance. Notre pensée demeure toujours métaphorique. Et les noms mêmes des figures qui incarnent nos mythes sont d'origine logique et conceptuelle. Rappelons ici que nos concepts sont des images et, comme le soulignait Lacan, que nos noms, patronymes ou prénoms, contribuent à nous programmer. Nous l'avons souligné précédemment, le nom de la première femme, Pandora, que nomme Hésiode, signifie en grec qu'elle est un "don de tous les dieux". Prométhée et celui qui pense avant, tandis qu’Épiméthée, son frère, est celui qui pense après. Le temps de l'homme est ambivalent, à moitié en avance sur le présent, par projection, (la pensée rapide, le progressisme), à moitié en retard sur le présent (la pensée lente, le conservatisme). De même, Dieu, c'est Deus, du latin, Dyus, Zeus, Theos en grec ancien, le Jour en français. L'origine indo-européenne du mot Dieu renvoie à dy-ēu-, issu de la racine indo-européenne dei qui signifie « briller ». Elle est également à l'origine du sanskrit द्याउः /dyāuḥ, signifiant « ciel lumineux ». On le voit, le mythe de Dieu renvoie à l’image de la lumière, au Soleil que révéraient les Incas, à notre espoir quotidien de voir la lumière apparaître. Mais c'est surtout la première sensation que perçoit le nouveau-né du monde qui naît à lui. La genèse du monde, pour lui, c'est la lumière qu'il voit émerger et qui va peu à peu percer ses paupières jusqu'à ce qu'elle lui devienne familière: le monde naît à lui dans la lumière qui se précise, se dessine en formes étranges qu'il doit séparer de son corps et interpréter. Il ne faut pas chercher plus loin. Et l’étymologie érudite peut révéler chaque fois l’image qu’incarne chaque figure mythique. Ainsi Adam vient de l'hébreu et désigne la terre, tandis qu’Ève est la vie. Nous oublions que Sainte Véronique, c’est la femme pieuse qui donnant son voile au Christ portant sa croix sur le Golgotha pour qu'il essuie son visage, a découvert, lorsqu'il le lui a rendu, que son voile gardait pour nous une impression de la vraie image du Christ : vera iconica. Ce ne sont que des mots abstraits et logiques, logos, mais qui donnent lieu à des récits, mythos, mettant en scène le réel et l’interprétant. Or il n’y a pas de logos sans mythos. Et ces mots/mythes sont si porteurs de réalité, si puissants tout à la fois logiquement et réellement (mythiquement), qu'il devient éventuellement, comme dans les mots magiques, dangereux de les prononcer, de les représenter ou de les regarder, voire de manger la pomme ou d’ouvrir la jarre. Les mythes imposent des interdits. Le mythe d’Orphée nous raconte comment Orphée perd Eurydice en se retournant pour la regarder (il a perdu la foi dans la promesse d'Hadès en n'entendant plus les pas d'Eurydice invisible - qu'il n'a pas le droit de regarder). Quiconque osait regarder une Gorgone grecque mourait immédiatement pétrifié. Dans le judaïsme le tétragramme héraïque YHWH (יהוה) qu'on écrit couramment Yahweh, est interdit de prononciation: « Tu n’invoqueras pas le Nom de YHWH ton Dieu en vain » (Ex 20:7). Dans la religion islamique, toute représentation de Dieu est proscrite. Nous ne sommes pas dignes de le penser, ni de l'imaginer visuellement, ni de le représenter. Seul demeure le concept lointain et insaisissable de la lumière. Cet exemple est important pour que nous comprenions que la genèse du nom même des figures qui incarnent nos mythes est avant tout langagière et abstraite (tirée de...). Ce sont des concepts que nous imageons éventuellement avec des mots, et dont nous inventons des récits explicatifs, mais il demeure que les mythes ne sont que du langage. Ainsi, la mythanalyse de la Nature, du Progrès, de la Raison ou de l'Histoire ne met pas en évidence de belles déesses de marbre, ni des héros armés ou des serpents ailés. Ces mythes demeurent des idées auxquelles nous attribuons un pouvoir génératif, créatif, d'où naîtra le monde que nous espérons. Nous imaginons que la Raison éclaire (comme Dieu) la vérité. Nous croyons que l'Histoire mettra en œuvre la réalisation du Progrès. Nous pensons que le Progrès (étymologiquement la marche en avant) donnera un sens à notre errance humaine qui deviendra l'Histoire, la concrétisation téléologique de notre but final (que nous inventons, comme Marx ou comme Teilhard de Chardin ). Et cela nous permet de revenir à notre interprétation mythique de la fille, comme nous en avons une du fils, Prométhée, mais qui soit différente de la Pandora d'Hésiode ou une Pandora - et une Ève - réécrites, réinterprétées positivement. Lorsque la mythanalyse appelle à réécrire le mythe misogyne gréco-biblique de la femme dans notre inconscient occidental, elle ne propose pas de faire des femmes d'aujourd'hui des déesses, ni des Amazones, mais simplement de construire de la femme une image nouvelle, qui soit porteuse d'avenir (qui accouche l'avenir), emblématique de liberté créatrice, égale à celle de Prométhée. Il ne s'agit pas d'inventer une mythologie factice ou pittoresque, avec des allégories, mais de formuler une croyance nouvelle, certes abstraite ou théorique, mais capable dans notre inconscient collectif et dans notre idéologie aujourd'hui encore machiste, d'introduire cette égalité équitable et requise entre la femme et l'homme dont nous bénéficierons tous. Et cela n'implique aucunement, bien au contraire, d'uniformiser les sexes. Nous tirons le plus grand avantage de la différence biologique, mais aussi psychique et intellectuelle qui existe entre les deux sexes. C'est là certainement un grand avantage des espèces sexuées par rapport aux autres: il en résulte une dynamique et une diversité biologique et mentale beaucoup plus créatrice. Réf : Blog Mythanalyse 07/03/2014 URL |

Référence : 214079 Titre : Eve et Pandore Date : 2014 Famille/Série Esquisse Observations : Bibliographie Réinterpréter les mythes biblique et grec de la première femme Pandore est dans le mythe grec la première femme, et elle a tous les dons (en grec ancien Πανδώρα / Pandṓra, « un cadeau de tous les dieux »). On a beaucoup célébré Prométhée, on en a fait même un adjectif valeureux pour évoquer le mythe prométhéen. Rien de tel pour Pandore, qui renvoie aussitôt à la connotation négative de la boîte de Pandore, qui contenait tous les maux de l'humanité et que Pandore a commis la faute fatale d'ouvrir. Elle était d'ailleurs, sur ordre e Zeus, l'épouse Épiméthée (celui qui est comprend trop tard), le frère de Prométhée (celui qui prévoit). Et cela mérite plus ample investigation. La mythanalyse voit dans Prométhée le fils qui trompe le père (il vole le feu de Zeus) pour le donner aux hommes (le feu est la conscience et la puissance). Rien de tel avec Pandore, pourtant si proche du mythe prométhéen, comme si le carré parental comprenait Père, Mère, Fils, l'Autre, mais pas de fille. Bien sûr le machisme des mythes (en particulier celui d'Hésiode à qui nous devons ce récit mythologique) et des idéologies suffirait à expliquer la célébration du fils et l'absence de la fille. Mais ce n'est pas une raison pour en demeurer là. Il ne peut y avoir de fils sans les filles qui enfantent fils et filles. La mythanalyse se doit de revenir sur le mythe de Pandore, - et aussi sur celui des femmes guerrières, les Amazones -, d'en déchiffrer les paramètres et les récits les plus porteurs, et de réactiver la force positive du mythe de Pandore. La mythanalyse n'est pas l'analyse historique érudite et prétendument objective des mythologies et de leurs multiples et confuses variantes. Elle est tournée vers les temps présents et se donne pleinement le droit non seulement de choisir entre les mythes qu'elle juge porteurs ou destructeurs, mais aussi de métamorphoser les mythes, de les réactiver, voire de les créer s'ils peuvent donner espoir d'un monde meilleur. Ainsi, avec la volonté de redonner à la Fille face à la construction de notre avenir, un rôle porteur égal à celui du Fils dans notre imaginaire collectif, la mythanalyse se propose d'explorer le mythe grec de Pandore, d'en restructurer la force positive en choisissant parmi les diverses variantes et contradictions des récits et de leurs interprétations anciennes celles qui se prêtent le mieux à une actualisation et à lui redonner un rôle mythique qui rende justice au rôle des femmes aujourd'hui. La mythanalyse devrait parallèlement revoir aussi l'interprétation chrétienne du rôle si négatif d’Ève dans le mythe biblique. Car la pomme de la connaissance qu'elle offre à Adam, et qu'elle mord avec lui, appelle à une interprétation fondamentalement positive de l'aventure humaine. C'est grâce à Ève que l'homme prend conscience de lui-même et assume son rôle terrestre, accèdant à la connaissance du bien et du mal, et à la liberté. Sans Ève l'homme serait demeuré un uncérébré paradisiaque. Le parallèle entre Ève et Pandore s'impose au mythanalyste. Et il en est de même de la pomme et de la boîte de Pandore, qui donnent toutes deux accès à la conscience - et inévitablement aussi à la conscience des maux et de la souffrance. Le machisme du christianisme et de l'Eglise catholique n'est pas à démontrer. Je l'ai déjà souligné dans Nous serons des dieux (vlb, 2005), l'interprétation négative de la femme, source du péché,dans la mythologie biblique, doit être dénoncée et retournée dans un sens positif. Nous le devons à l'exigence contemporaine d'égalité entre les femmes et les hommes. Mais on admettra que la tâche est plus claire par rapport au mythe biblique que par rapport au mythe grec. Dans le cas de Pandore, tout est à faire. La mythanalyse doit réinterpréter le récit accusateur d'Hésiode et l'adapter à notre exigence d'égalité homme-femme en mettant en valeur le rôle positif, constructeur de Pandore, pour recréer le mythe dont nous avons besoin aujourd'hui. Dans tous les cas, voilà donc la Fille qui vient dans le carré parental se joindre au Fils sous le vocable du "nouveau-né". Le mythe biblique est négatif, il soumet l'homme à Dieu, qui le punit. Le mythe grec est positif, le Fils triomphe de Zeus en lui volant le feu pour le donner à l'homme. Devrons-nous retrouver la même opposition entre les deux mythes dans le cas de la Fille, opposant la signification d’Ève à celle de Pandore? Ce sera le thème de notre prochain texte. Réf : Blog Mythanalyse 05/03/2014 URL |

Référence : 214080 Titre : Une nouvelle sorcellerie Date : 2014 Famille/Série Esquisse Observations : Bibliographie Les buts de la sorcellerie, ses mentalités, les instincts qui l’animent, ses imaginaires, ses mythes et ses faux-semblants ont moins changé aujourd’hui par rapport à ses origines ancestrales que les techniques qu’elle met désormais en œuvre. La sorcellerie est devenue numérique et plus répandue, plus populaire, plus puissante que jamais. Comme tous les mondes primitifs, les mondes virtuels actuels, qu’éclaire une lumière clinique irréelle, exposent des êtres et des objets sans ombres. Et les nouvelles technologies numériques qui les secrètent hantent tout autant le réel que l’irréel, comme jadis les esprits animistes, les dieux, ou même aujourd’hui la présence invisible des dieux monothéistes. Les technologies numériques président à des rites et des magies de la vie et de la mort omniprésents. C’est bien un nouveau monde primitif qui émerge aujourd’hui devant nos yeux, et qui nous engloutit dans ses arcanes magiques. Magical times – Temps magiques : c’est le nom anglais que s’est donné une compagnie chinoise de technologies numériques à Fuzhou, en Chine. Faudrait-il n’y voir qu’un slogan publicitaire pour une expertise en effets spéciaux par ordinateur ? Comme beaucoup d’autres, elle exploite notre attraction éternelle pour des pouvoirs surnaturels. Les hommes ont toujours rêvé d’avoir des pouvoirs magiques, surnaturels. Ils ont inventé des anneaux, des baguettes, des philtres, des potions, des formules, des gri-gri pour agir à distance, s’allier des esprits, communiquer avec les morts, harceler des ennemis, se protéger des mauvais sorts, guérir des proches, gagner des guerres, séduire des cœurs : il n’y a rien que la magie ne pouvait changer. Le numérique est aussi extensif, dans toutes nos activités humaines, les plus élevées comme les plus quotidiennes, les plus collectives comme les plus individuelles. Et il est aussi procédurier, aussi mystérieux, aussi irréel. Comme la magie, il nous donne d’étonnants pouvoirs à distance, mais qui sont encore plus grands. Il excite CyberProméthée. Il flatte nos pulsions de puissance. Réf : Blog Mythanalyse 30/01/2014 URL |

Référence : 214081 Titre : Mythanalyse du numérique (2) Date : 2014 Famille/Série Icone Observations : Bibliographie Une configuration mythique fascinante La langue populaire appelle « mythe » une rumeur ou une affirmation courante dont on veut souligner la fausseté et la crédulité. Ainsi, ce serait un mythe que de prétendre qu’un verre de vin ou une cuillérée de miel gelée royale par jour permettrait de vivre plus vieux. Ou que la corne de rhinocéros est un aphrodisiaque. Peut-être cet usage péjoratif du mot vient-il de ce que nous considérons les mythologies anciennes comme des fabulations sans fondement. Roland Barthe, dans Mythologies (1957) ironisait sur des tendances et fausses croyances de notre temps, au demeurant assez superficielles ou anecdotiques, telles que le volume du cerveau d’Einstein, le vin rouge, les poudres détergentes ou les stéréotypes concernant le sport ou les automobiles. Mais les mythes ne sont pas un bêtisier social. La mythanalyse accorde au contraire aux mythes un rôle fondateur dans notre interprétation du monde et nos imaginaires sociaux. Les mythes ne sont aucunement archaïques au sens de mythologies qui renverraient à un passé révolu, mais qui auraient gardé un pouvoir actif dans un inconscient collectif pérenne, comme ces archétypes inventés par Jung et repris notamment par Gilbert Durand, qui traverseraient les siècles et seraient universels. Les mythes sont nécessairement actuels, faute de quoi ils n’auraient pas le pouvoir déterminant sur nos imaginaires sociaux que nous leur reconnaissons. Ils expliquent la création du monde, tel qu’il apparaît à chaque humain naissant, dans son étrangeté, comme un agrégat de sensations inconnues qui émergent chaotiquement, qui s’imposent, se solidifient autour de lui, et prennent dans son imaginaire vie et force selon ses émotions, peurs et désirs liés aux figures matricielles du carré parental – la mère, le père, le naissant, les frères, les sœurs, les proches, l’autre (la société). Les mythes sont donc, du fait de leur contexte de gestation, familiaux/familiers. Ils ne sont pas archaïques, mais infantiles, c’est-à-dire créés par l’in-fans – celui qui ne parle pas encore, ne comprend pas encore, l’immature - celui qui est assailli par le monde qui-naît et tente difficilement de l’interpréter. Le monde est ainsi recréé à chaque naissance, par chaque homme naissant. Ce qui est biologiquement - relativement – universel, c’est le carré parental, la configuration de la mère, du père, du naissant, de l’autre, même si les rôles varient d’une société à une autre, d’une époque à une autre, selon, par exemple que la société est matriarcale, patriarcale, indivise ou conjugale, etc. Les archétypes évoluent donc considérablement. Nous sommes dès lors aussi en total désaccord avec cette idée si répandue, adoptée notamment par Gilbert Durand, selon laquelle les mythes seraient des histoires que les hommes se racontent, de siècle en siècle et partout dans le monde, pour apaiser leur anxiété face à inéluctabilité universelle de la mort : Ainsi, l'origine de l'imaginaire est une réponse à l'angoisse existentielle liée à l'expérience "négative" du "Temps". L'être humain sait qu'il mourra un jour car le Temps le fait passer de la naissance à la mort. De cette angoisse existentielle et universelle naîtrait l'imaginaire (Structures anthropologiques de l’imaginaire). Tout au contraire, la gestation des mythes est coexistentielle au processus de la naissance du monde-qui-vient-à-l’enfant. Le mythe central, élémentaire ou fondateur de tous les autres n’est pas la mort, mais la création, qui demeure dans toutes les mythologies primordiales par rapport à la mort ou à la fin du monde quelles qu’en soient les déclinaisons sociales et historiques, animistes, polythéistes, prométhéennes, monothéistes ou athées. C’est ce qui explique aussi que l’art soit la célébration toujours répétée de la création. Et lorsqu’on étudie l’imaginaire de l’âge du numérique, on découvre que c’est encore la nostalgie de la naissance qui fonde la configuration mythique fascinante de cette nouvelle aventure de l’humanité à la conquête du bleu cathodique : La vie amniotique - Le corps de l’hyperhumanité - Le cerveau de l’hyperhumanité - La psyché numérique - La transcendance - La puissance - La face obscure - Une nouvelle forme élémentaire de la vie religieuse Nous allons donc évoquer chacune de ces composantes mythiques de notre imaginaire et montrer pourquoi le numérique nous semble satisfaire à notre aspiration au plus- et au mieux être. Réf : Blog Mythanalyse 18/01/2014 URL |

Référence : 214082 Titre : Les formes construites de la sensibilité Date : 2014 Famille/Série Icone Observations : Bibliographie Les "formes a priori de la sensibilité" énoncées par Kant dans "Le jugement esthétique" sont de inventions idéologiques propres à son temps. Il avait pris pour innée des structures de l'espace temps occidental classique, totalement inappropriées pour d'autres sociétés, d'autres cultures d'autres époques, qu'elles soient indigènes africaines, chinoise classiques ou aujourd'hui numériques. L'espace se dilue, le temps s'impose, les liens numériques imposent la sensibilité en arabesque, comme j'ai pu parler de la pensée en arabesque (La planète hyper, vlb, 2003). Réf : Blog Nouveau Naturalisme 07/06/2014 |

Référence : 214083 Titre : Digital has become the third dimension of the world Date : 2014 Famille/Série Icone Observations : Bibliographie Space is becoming smarter and smaller, lousing its importance and structural determination of our human activities. Time is accelerating and demanding a faster adaptation of all of us. Time is becoming evenemential and ephemeral, cannibalizing us in its chaotic flew. Sense, rationality emigrate from the traditional space and time pattern of our sensibility, logic and activity into the digital links and networks. We encounter an anthropological revolution. Kant’s a priori “forms of our sensibility” are disappearing. Spatial stability, on which we had constructed the fundaments of classical lineal rationalism, escapes and gets replaced by digital thinking in arabesque. Again as in former magical thinking, we mainly build the meaning of things on links, experience and emotion. The consequences may be difficult to master and dangerous for masse societies, not to fall in a new obscurantism. We have to learn how to get the best and avoid the worst of this mutation of our relation to the world. Let’s keep optimistic as it meets again more closely the biological structures of our brain connections, which we had submitted to the rigidity of lineal rationalism. We got an incredible power of this reductive discipline. But time has come for building a post-rationalism. It’s getting more risky but also opening the way for more human power. Ref : Blog OINM 07/06/2014 |

Référence : 214084 Titre : Nouveau naturalisme Date : 2014 Famille/Série Texte Observations : Bibliographie Face au triomphe du virtuel, vers lequel nous tendons à migrer comme des volées de perroquets, il nous faut revaloriser le réel. Il comporte trop de souffrances pour n’être qu’une illusion négligeable face à une virtualité euphorisante et conséquemment de plus en plus dominante dont il demeure pourtant, quoique on veuille, le fondement nécessaire et indéniable. Nous avons délaissé progressivement à l’époque de la Renaissance en Occident le symbolisme magique et religieux pour nous lancer dans la conquête du réel. Nous avons inventé le réalisme de l’espace géométrique, des visages, des ombres et de la couleur locale. Nous avons réactivé le rationalisme inventé par les Grecs anciens. Nous avons créé l’humanisme. Nous avons construit des machines pour transformer le monde, nous avons valorisé le travail, l’observation et la science expérimentale, célébré l’individualisme, osé l’athéisme et survalorisé le réel par rapport à l’ailleurs divin qui dominait les siècles précédents. Cette célébration du réel a duré un demi-millénaire. Jusqu’à ce que la science du XXe siècle, par un développement paradoxal qui renouait avec le symbolisme de jadis, dématérialise ses objets d’étude, les construise en fichiers numériques, et que tout un chacun se jette dans un monde virtuel, plus intelligent, plus instrumental, plus prometteur, et plus doux aux mains que la dure réalité. Avec cette nouvelle déclinaison idéaliste d’un monde supérieur, nous avons renvoyé la réalité dans les profondeurs de la sombre caverne que décrivait Platon, dans ses chaînes, ses illusions, ses bas-fonds trompeurs. L’intelligence supérieure des eidos - disons aujourd’hui des algorithmes - se situe désormais dans la lumière bleutée de nos écrans cathodiques. Mais ce n’est là qu’une réactivation du mythe platonicien, qui comporte ses vertus incontestables, mais aussi ses illusions, tout aussi indéniables. Pourquoi l’humanité bascule-t-elle toujours d’un pôle à l’autre, d’ici-bas vers un Dieu transcendantal, puis de ce Dieu vers la réalité matérielle, puis à nouveau de cette réalité soudain jugée insuffisante vers un ailleurs, cette fois numérique ? Le réel n’est pas obsolète. Nous ne devrions pas nous laisser hypnotiser par le virtuel aujourd’hui, comme jadis par le ciel divin. Nous ne devrions pas en attendre tout. Répéterons-nous toujours, de siècle en siècle, cette même erreur de chercher dans un ailleurs ce dont nous croyons manquer dans le réel, ou pour échapper à ce qui nous y frustre - le travail, la souffrance, la mort, l'impuissance -, sans en estimer justement les vertus, les plaisirs et les responsabilités morales. Répéterons-nous toujours les mêmes aliénations, au point de perdre notre capacité à jouir de la réalité dont nous avons le privilège exorbitant ici-bas. Nous tombons de croyance en croyance dans le miroir aux alouettes, nous lâchons la proie pour l'ombre. Nous prenons-ainsi le risque de grandes souffrances. Le dolorisme du christianisme ne semble pas avoir encore contaminé le virtuel numérique, mais toute dépendance est porteuse de souffrance et de dérives tragiques. Le virtuel n’est pas seulement un espace programmatique. Il devient vite aussi une drogue puissante. Même si nous ne savons pas ce qu’est le réel, du moins savons-nous que le réel demeure nécessairement le roc de toute fondation. Il serait d'un grand avantage pour nous de ne pas prendre le numérique pour l'Esprit Saint, ni pour un opium et d’établir plus lucidement un équilibre moins schizophrénique entre le réalisme et le numérisme. Je ne propose pas de dévaloriser le virtuel, ni de mépriser sa magie, mais d’exercer nos capacités de fascination critique plus lucidement face à l’attraction que nous en ressentons. Le réel demeure incontestablement plus surprenant, plus mystérieux que le monde virtuel, et ce n’est pas peu dire. Plutôt que de les opposer, nous gagnerons beaucoup à conjuguer le réel et le virtuel, ou, comme on voudra dire, le naturel et l’artificiel, comme deux mythes qui se complètent nécessairement, jusqu’à créer une nouvelle réalité où nous allons vivre désormais, un nouveau naturalisme à explorer pour les artistes et les philosophes, car il ne sera plus jamais le même. Nouveau bien qu’il ressemble plus à celui des sociétés que nous avons appelées «primitives» qu’au réalisme que nous avons inventé à la Renaissance et que nous appelions encore tout récemment «la modernité». On ne saurait échapper aux mythes, qui structurent et imagent notre pensée. Mais il faut choisir les bons mythes, porteurs d’espoirs ici-bas, et repousser les mythes destructeurs. Quant à moi, ne me suis-je pas déjà laissé contaminer par les vertus magiques, mais aussi par les vapeurs toxiques du numérique ? Réf : Blog Nouveau Naturalisme 26/04/2014 |

Référence : 214085 Titre : Le numérique est un psychotrope Date : 2014 Famille/Série Texte Observations : Bibliographie Ce qui ressort des dépendances à l’endroit de l’Internet‚ ce n’est pas tant la perversité des technologies elles-mêmes que l’évasion du monde réel qu’elles permettent. L’Internet peut alors être considéré comme une drogue au même titre qu’une autre‚ comme un psychotrope d’évasion face à une réalité qui frustre et fait souffrir. La cause du mal doit alors être cherchée moins dans le type de drogue utilisé que dans la vie du patient lui-même. C’est l’origine du mal inconscient qu’il faut soigner‚ non l’abus du psychotrope. C’est notamment le point de vue de l’un des plus grands spécialistes des toxicomanies‚ le Dr William Lowenstein‚ ou de Jean-Pierre Garneau‚ qui a ouvert le site , à Montréal. Sans doute‚ mais la nature de la drogue est aussi intéressante en soi dans le cas de l’internet‚ car il ne s’agit pas d’une drogue chimique‚ mais d’une technologie de communication rationnelle: une psychotechnologie. Le monde virtuel auquel elle donne accès apparaît à première vue comme beaucoup plus normal et réel que le monde des trips hallucinogènes. Réf : Blog OINM 25/11/2014 |

Référence : 214086 Titre : A Kickstarter sociological art experience Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Voilà, le projet d'une peinture collective créée avec Kickstarter est lancé et se poursuivra pendant les 30 prochains jours. Here we go; we launch with Kickstarter a unique project of participative painting for the next 30days.. Hoy vamos adelante : les invito a participar en une proyecto de pintura collectiva durante los 30 proximos dias. Heute schlage ich vor, während der 30 nächsten Tagen eine kollektives Gemâlde zusammen zu schaffen. THIS IS A FIRST! ENGAGE & LET'S MAKE IT VIRAL! The success of Hervé Fischer's performance requires your engagement, support, feedback, likes, retweets, comments and share's. VOIR LIEN https://www.kickstarter.com/projects/1100590172/collective-kick-art-postal-crowd-painting-by-herve Post your mark on Hervé Fischer's first digitally crowd-sourced participative work! And receive a hand-signed limited reproduction of the collective work to show your mark. Inspiration comes from the collaborative work. Reach out & make it viral! Brag about your involvement. The Kickstarter "Art Postal" Painting Performance This Art Postal Project, which I aim to share with you, using Kickstarter, will reflect my engagement in sociological art, as a participative painting performance. Proposing an alternative symbolic to the dashboards of Wall Street and the running economy, l shall paint day after day during the project the variation line (diagram) of the number of contributors and amount of your donations. The final electronic painting resulting of this participative creation will represent our cultural and spiritual shared engagement in social solidarity values instead of toxic financial speculation. Following this electronic collective creation, which l shall put on line as digital Art Postal, l shall also paint it with acrylic on canvas as an emblematic sociological work of art of our time. It will be «Kickstarter» at its best thanks to all of you. En français Je vous propose un projet inédit de peinture collective sur le thème de l’engagement social dans la création culturelle. Chacun de nous est potentiellement un artiste. Je vous invite à vous associer à cette peinture collective en y faisant votre marque personnelle. Je serai votre exécutant pendant 30 jours en peignant le nombre d’entre vous qui vous y associerez et le montant cumulé des contributions de tous, à la manière des tableaux de variation économique et de spéculation financière de la bourse. La culture peut être plus importante que l’économie. Montrons le ensemble. Merci à chacune et chacun de vous pour votre engagement qui nous réunira pendant les 30 prochains jours et au-delà, je l’espère, par notre succès collectif et la création d’une oeuvre emblématique de notre époque. En espagnol Les invito a participar en un proyecto inédito de pintura colectiva sobre la temática del compromiso social en la creación cultural. Cada persona es potencialmente un artista. Les invito a contribuir en esa pintura participativa haciendo su marca personal. Estaré su pintor, representando durante los 30 próximos días el crecimiento del nombre de participantes y de las contribuciones en el estilo de los cuadros de variaciones de economía y de la especulación financiera en la bolsa. La cultura es más importante que la economía. Lo podemos mostrar. Gracias atodas y todos por adelantado para su participación y dentro de 30 días vamos a compartir una experiencia única, y crear juntos une pintura emblemática de nuestro tiempo. Deutsch Ich lade sie ein, an der Schaffung eines kollektiven Gemälde teilzunehmen. Das Thema dieses neuartigen Projektes wird unser gemeinsamer Engagement in die kulturelle Schöpfung sein. Jeder Mensch kann ein Künstler sein. Ich schlage ihnen vor, diese Malerei mit ihrem persönlichen Zeichen zu verwirklichen. Ich werde während der 30 nächsten Tagen ihr Mahler sein, und die Steigerung der Anzahl der Teilnehmer und Beiträgen in der Art der Anzeiger der Wirtschaft und Finanzspekulation darstellen. Die Kultur kann wichtiger als die Wirtschaft sein. Wir können es zusammen zeigen. Ich danke ihnen im voraus für ihrem Beitrag, und am Ende der 30 nächsten Tagen werden wir nicht nur ein außerordentliches Erlebnis geteilt, sondern auch ein emblematisches Kunstwerk gemeinsam geschaffen haben. URL Réf : Blog OINM 09/09/2014 |

Référence : 214087 Titre : Limites des hyperliens Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Limites des hyperliens et donc de l'informatique Nous pensons principalement par associations d'idées. La rationalité est construite par liens, non seulement par causalité linéaire, mais aussi par configurations en arabesque, qui établissent des relations de sens, qui supposent une cohérence que nous révélons. A l'âge du numérique nous développons la métaphore des réseaux en hyperliens. Nous naviguons par liens. Toute l'informatique est basée sur la notion de liens. Les algorithmes sont des procédures qui progressent par liens. Programmer, c'est lier. Nous élaborons donc beaucoup sur la notion de lien, mais l'univers se construit et se pense aussi par divergences et ruptures. Penser par saut ou discontinuité n'implique pas nécessairement une situation de chaos. Mais comment penser et nommer l'opposé des liens ? Incohérence ? Chaos ? Rupture? Rejet ? Divergence ? Voilà la question qu'il nous faut aborder. C'est parce que le concept de liens nous vient de la sphère familiale et amicale, les liens humains, qu'il nous est si familier et coutumier. Et nous avons élargi ce mode de pensée à la connaissance en général, notamment à la logique (qui demeure, selon la mythanalyse, d'origine familiale). Nous rejoignons implicitement ainsi la civilisation chinoise ancienne qui se fondait sur l'harmonie de la nature et de la société, dont l'empereur était personnellement garant, et qui a inspiré la philosophie de Confucius. Pourtant, tous les liens ne sont pas nécessairement harmonieux. Il y a aussi des liens qui sont des rivalités, des hostilités, des crimes, des guerres. Nous devons donc prendre en compte aussi, au-delà des harmonies et cohérences, une dramaturgie des liens qui inclut les liens négatifs, des tensions destructrices de tout lien. Et il ne s'agit pas là seulement de la pensée cognitive. Nous faisons par exemple l'expérience, notamment dans nos cauchemars, par nature "décousus", il est vrai, mais aussi dans la vie réelle de menaces. Nous cherchons alors à créer une protection contre ces menaces, à fermer une porte devant des personnes agressives et à consolider cette séparation. Dans la sphère de la morale comme dans celle l'inconscient, nous instituons des seuils, qu'il ne faut pas franchir, transgresser, entre deux espaces, celui qui est normal ou protégé et celui qui nous menace ou qui est sacré. Un lien est constitutif de proximité, de contact. Un seuil peut être encore à la fois un lien et une rupture. Mais une divergence est un non-lien, une séparation radicale. Nous avons beaucoup pensé et célébré le lien. Mais il nous faut donc aussi apprendre à formuler, nommer et penser le "non-lien". A moins de choisir d'en nier totalement l'existence, ce qui va à l'encontre de la structure dominante de la pensée, qui est fondamentalement un mode de liaison entre des idées, mais qui ne saurait affirmer l'existence de liens sans supposer celle de non-liens, non seulement par éloignement, mais aussi par divergence dans une proximité. Car dire que tout est lien, que tout est lié, c'est ne plus rien dire qui en vaille la peine. C'est ne plus penser distinctement. Notre prochain livre sur "la loi de la divergence" tente précisément de penser cette problématique. L'accouchement du nouveau-né est l'exemple même de cette expérience, et sans doute plus que cela : le fondement biologique de cette dialectique entre lien, seuil et rupture. La vie et la psyché elle-même se structurent selon ce triple mouvement de lien ( à la mère), de seuil (l'accouchement) et de rupture: la construction de l'autonomie hors de l’utérus. Il faut revenir à cette expérience matricielle pour penser cette dynamique et aborder la question de la divergence. Mais l'informatique ne peut programmer une absence de lien, qui serait une rupture de son langage. Dans un tel cas, elle échoue (bogue, dysfonction, corruption). Elle ne peut "sauter" à autre chose, dans un vide programmatique, franchir un seuil où tout lien s'efface. Elle ne peut par exemple décrire la mutation physique du passage de l'eau en glace ou en vapeur; elle peut seulement le prévoir, voire le programmer. Et pour suivre l'expérience, elle sautera alors d'un fichier à un autre, sans continuité moléculaire. La pensée humaine, à l'opposé de l'intelligence artificielle, est capable de cette discontinuité et donc d'assumer une pensée divergente par rapport à ce qu'elle a appris et assumé précédemment. La divergence échappe à l'informatique. Et pourtant, non seulement elle existe, mais elle est le moteur de l'évolution humaine. Nous touchons là le fondement d 'une différence radicale que beaucoup de gourous voudraient bien nier, eux qui s'emploient à nous dire que l'informatique va nous conduire au "mur de la singularité", au-delà duquel les ordinateurs continueront à ronronner, tandis que la pensée humaine se heurtera à ses propres limites physiologiques. Il y a une divergence radicale entre intelligence artificielle, dont nous devons reconnaître les limites, et intelligence humaine (physiologique et psychique), qui a aussi des limites évidentes, mais qui est capable de diverger au-delà des liens coutumiers. Réf : Blog OINM 01/08/2014 |

Référence : 214088 Titre : La sensibilité, comme la pensée, procède en arabesque Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Nous avons beaucoup parlé de la "pensée en arabesque" par opposition à la pensée linéaire du rationalisme classique. Or la sensibilité est elle-même arrimée à la pensée. Je ne l'opposerai pas au jugement esthétique" universel et sans concept" de Kant. Car il n'est pas question ici de jugement, mais seulement de sensibilité, fût-elle spontanée et confuse. Nous savons que dans la "lecture d'une image" l’œil procède à un balayage en arabesque global en fixant son regard sur divers points successivement, avant de scruter plus systématiquement. La lecture globale d'un texte se fait de même par sondage de syllabes et de lettres qui, si elles permettent de reconstituer rapidement le sens, n'exigera pas de lecture linéaire avant de passer à l'ensemble suivant. Même l'écoute de la musique n'est pas linéaire, mais se fait par sauts de groupe en groupe de sonorité. Plus convainquant encore: la lecture d'une ligne droite n'est pas linéaire, mais se fait par sauts de point en point. L’œil semble incapable de suivre de continu linéaire d'une ligne. Le schéma proposé ci-dessus permet de le vérifier: l’œil va de point d'inflexion en point d'inflexion de la ligne et nous ne prêtons attention aux segments intermédiaires qu'au prix d'une attention spéciale, rapidement jugée fastidieuse et inutile. Autrement dit, la perception procède par points d'arabesque nous permettant de deviner ou supposer immédiatement le contenu des zones intermédiaires. Et lorsque nous passons de la perception à la sensibilité, il en est de même: nous procédons par liens entre les divers éléments perçus, sonores, visuels, tactiles, olfactifs, gustatifs, pour établir une sensation globale dont nous cherchons la lecture, la finesse, la cohérence ou la signification. Toute sensation est d'abord confuse et demande à être définie pour être mentalement interprétée. La perception, la sensibilité, le déchiffrement continus n'existent pas. Ils se constituent par configuration d'éléments ponctuels que nous lions conceptuellement pour en reconnaître la forme ou la qualité connues, le "pattern". La continuité n'est pas une forme constituante de la matière, ni de la perception de la matière. Elle est seulement éventuellement un effort a posteriori pour une perception en arabesque plus serrée. Réf : Blog OINM 08/06/2014 |

Référence : 214089 Titre : Dans le numérique comme le noyau dans la cerise Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Contrairement aux autres petits de mammifères, l'humain ne sera généralement pas capable de se mettre debout et de marcher avant un an après l'accouchement, soit une période plus longue que les neuf mois de sa gestation fœtale. Cette particularité a les plus grandes conséquences. L'humain demeure longtemps inachevé après la naissance pendant sa vie post-fœtale. J'ai souligné que cet inachèvement de longue durée crée chez l'in-fans un sentiment d'impuissance et une frustration grandissante, et qu'il y réagira en développant à l'opposé. dès qu'il pourra se tenir debout, un désir de puissance: Prométhée, qu'il faut ajouter au couple freudien d’Éros et Thanatos (CyberProméthée, l'instinct de puissance, vlb édition, 2002). Il faut aussi prendre en considération la simultanéité, en ses débuts confusément mêlée, de la naissance de son corps et de celle du monde qui vient à lui. Elle se traduit par l'inachèvement indistinct du corps du petit humain et du monde qui naît autour de lui. On parlera donc à ce stade de l'inachèvement conjoint de la naissance du petit d'homme et du monde. Cette simultanéité du développement prend dans la conscience en formation du petit humain les mêmes traits ego centrés, anthropomorphiques et fabulatoires. La naissance du monde relève des mêmes interprétations émotionnelles de satisfactions et de manques, de désirs et de peurs, de plaisirs et de souffrances. Leur intelligence est confondue entre la corporéité de l'humain qui se complète et la matérialité du monde qui se forme. Rien n'y est rationnel. Tout y est quête biologique de la satisfaction corporelle. C'est l'instinct de vie et de survie qui règne. Toutes ces images, leur syntaxe et les pouvoirs de leurs acteurs relèvent de la structuration du carré parental dans le psychisme plastique de l'enfant. Et ces images et structures in-nées (générées au cours de la naissance) sont là pour s'inscrire dans la conscience pratique autant que dans l'imaginaire de l'humain pour toute sa vie, comme un mode de penser et d'imaginer naturel, évident, familial/familier. C'est dans cette conscience et ce psychisme en émergence que se situe l'origine biologique et la gestation socio-familiale des mythes. Il ne faut surtout pas les chercher ailleurs, dans je ne sais quel mystère éternel qui nous dépasse et nous surplombe, comme l'a fait la psychanalyse jungienne. Il ne faut pas en rajouter dans la fabulation, en inventant des archétypes ou des dieux! Ce qui peut donner cette impression d'éternité ou de permanence, c'est seulement l'éternelle répétition biologique de la naissance et du carré parental pour chacun de nous, génération après génération, universellement quelles que soient la diversité des sociogenèses de la psyché selon les époques et les cultures. Ce qu'il faut retenir, c'est le lien indissociable entre la naissance de l'humain et du monde, leur unité originelle et leur gestation conjointe pendant près d'un an de vie post-natale. C'est au terme de ce premier cycle du développement que le petit d'homme aura la conscience distincte de s'approprier son propre corps, auquel il va s'identifier, et de se séparer du monde extérieur qu'il conçoit comme un contenant de sa vie, étranger à lui-même, qu'il va continuer à interpréter de façon tantôt utilitariste, tantôt fabulatoire. Et il n'est pas étonnant de constater conséquemment que le monde virtuel, le cybermonde numérique que nous secrétons avec nos algorithmes, est beaucoup plus proche, intime de l'humain que le monde réel, qui nous semble beaucoup plus différent de nous et que nous percevons comme distant, étranger et inattentif à nous. Certes le cybermonde est instrumental et utilitaire, mais il est beaucoup moins hétérogène à l'humain que le monde réel. Il lui colle à la peau, il répond sans effort à ses désirs et à ses craintes, il satisfait directement ses instincts, Éros, Thanatos et Prométhée. Il est beaucoup plus fabulatoire que le monde réel. Ou, en d'autres termes, paradoxalement beaucoup plus réel imaginairement pour nous que le monde réel physique dont nous subissons les résistances, les frustrations et la méconnaissance. Cette irréalité attribuée au monde virtuel dans le langage courant constitue paradoxalement une intimité psychique de l'humain. D'où son succès : voilà un monde pensé et créé à notre image, par et pour nous, modifiable selon nos fantasmes et notre instinct de puissance, érogène et vital, dans lequel nous pouvons nous identifier. Nous n'y sommes pas un accident du hasard anecdotique et étranger au monde, comme nous voyait Jacques Monod dans l'univers que découvre la science. Nous sommes au cœur, au centre du monde virtuel, comme l'escargot dans sa coquille, comme la tortue dans sa carapace, comme le noyau dans la cerise. Réf : Blog Nouveau Naturalisme 27/04/2014 |

Référence : 214090 Titre : L'intimité du cybermonde Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Contrairement aux autres petits de mammifères, l'humain ne sera généralement pas capable de se mettre debout et de marcher avant un an après l'accouchement, soit une période plus longue que les neuf mois de sa gestation fœtale. Cette particularité a les plus grandes conséquences. L'humain demeure longtemps inachevé après la naissance pendant sa vie post-fœtale. J'ai souligné que cet inachèvement de longue durée crée chez l'in-fans un sentiment d'impuissance et une frustration grandissante, et qu'il y réagira en développant à l'opposé. dès qu'il pourra se tenir debout, un désir de puissance: Prométhée, qu'il faut ajouter au couple freudien d’Éros et Thanatos (CyberProméthée, l'instinct de puissance, vlb édition, 2002). Il faut aussi prendre en considération la simultanéité, en ses débuts confusément mêlée, de la naissance de son corps et de celle du monde qui vient à lui. Elle se traduit par l'inachèvement indistinct du corps du petit humain et du monde qui naît autour de lui. On parlera donc à ce stade de l'inachèvement conjoint de la naissance du petit d'homme et du monde. Cette simultanéité du développement prend dans la conscience en formation du petit humain les mêmes traits ego centrés, anthropomorphiques et fabulatoires. La naissance du monde relève des mêmes interprétations émotionnelles de satisfactions et de manques, de désirs et de peurs, de plaisirs et de souffrances. Leur intelligence est confondue entre la corporéité de l'humain qui se complète et la matérialité du monde qui se forme. Rien n'y est rationnel. Tout y est quête biologique de la satisfaction corporelle. C'est l'instinct de vie et de survie qui règne. Toutes ces images, leur syntaxe et les pouvoirs de leurs acteurs relèvent de la structuration du carré parental dans le psychisme plastique de l'enfant. Et ces images et structures in-nées (générées au cours de la naissance) sont là pour s'inscrire dans la conscience pratique autant que dans l'imaginaire de l'humain pour toute sa vie, comme un mode de penser et d'imaginer naturel, évident, familial/familier. C'est dans cette conscience et ce psychisme en émergence que se situe l'origine biologique et la gestation socio-familiale des mythes. Il ne faut surtout pas les chercher ailleurs, dans je ne sais quel mystère éternel qui nous dépasse et nous surplombe, comme l'a fait la psychanalyse jungienne. Il ne faut pas en rajouter dans la fabulation, en inventant des archétypes ou des dieux! Ce qui peut donner cette impression d'éternité ou de permanence, c'est seulement l'éternelle répétition biologique de la naissance et du carré parental pour chacun de nous, génération après génération, universellement quelles que soient la diversité des sociogenèses de la psyché selon les époques et les cultures. Ce qu'il faut retenir, c'est le lien indissociable entre la naissance de l'humain et du monde, leur unité originelle et leur gestation conjointe pendant près d'un an de vie post-natale. C'est au terme de ce premier cycle du développement que le petit d'homme aura la conscience distincte de s'approprier son propre corps, auquel il va s'identifier, et de se séparer du monde extérieur qu'il conçoit comme un contenant de sa vie, étranger à lui-même, qu'il va continuer à interpréter de façon tantôt utilitariste, tantôt fabulatoire. Et il n'est pas étonnant de constater conséquemment que le monde virtuel, le cybermonde numérique que nous secrétons avec nos algorithmes, est beaucoup plus proche, intime de l'humain que le monde réel, qui nous semble beaucoup plus différent de nous et que nous percevons comme distant, étranger et inattentif à nous. Certes le cybermonde est instrumental et utilitaire, mais il est beaucoup moins hétérogène à l'humain que le monde réel. Il lui colle à la peau, il répond sans effort à ses désirs et à ses craintes, il satisfait directement ses instincts, Éros, Thanatos et Prométhée. Il est beaucoup plus fabulatoire que le monde réel. Ou, en d'autres termes, paradoxalement beaucoup plus réel imaginairement pour nous que le monde réel physique dont nous subissons les résistances, les frustrations et la méconnaissance. Cette irréalité attribuée au monde virtuel dans le langage courant constitue paradoxalement une intimité psychique de l'humain. D'où son succès: voilà un monde pensé et créé à notre image, par et pour nous, modifiable selon nos fantasmes et notre instinct de puissance, érogène et vital, dans lequel nous pouvons nous identifier. Nous n'y sommes pas un accident du hasard anecdotique et étranger au monde, comme nous voyait Jacques Monod dans l'univers que découvre la science. Nous sommes au cœur, au centre du monde virtuel, comme l'escargot dans sa coquille, comme la tortue dans sa carapace, comme le noyau dans la cerise. Réf : Blog OINM 27/04/2014 |

Référence : 214091 Titre : Dépendance/addiction numérique Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Certes, l’attrait irrésistible que nous éprouvons pour ces liens numériques semble nouveau. Mais il ne fait que refléter l’expérience du nouveau-né dans le carré parental et la durable nostalgie organique et psychique que nous éprouvons inconsciemment depuis la séparation de la naissance, lorsque le cordon ombilical a été coupé. Chacun ressent le désir d’être rebranché, au point où cette connexion évoque le cordon ombilical du fœtus par rapport au placenta. Nous l’appellerons « ombilical numérique ». Le web devient alors un ersatz du corps maternel. La croissance personnelle, la satisfaction physique et psychique passent par lui. La métaphore organique de la nature vaut aussi pour la communauté humaine, à laquelle on ressent ce besoin sécuritaire d’appartenance, et dont on ne supporte pas d’être exclu. Le succès des réseaux sociaux amplifie l’importance de cet imaginaire. Les hyperliens qu’on évoque métaphoriquement à propos de la navigation sur le web sont des liens électroniques de point en point sur les réseaux, certes, mais ce sont aussi des liens affectifs, car ils participent eux-aussi de ce besoin psychique, de cette soif inextinguible de solidarité organique et non pas seulement mécanique, selon la différence proposée par Durkheim, que nous ressentons comme atome social isolé dans la masse. Le mythe élémentaire de l’unité perdue est déterminant dans l’image du monde que crée chaque enfant. Il perdure et suscite encore chez l’adulte de fortes représentations compensatrices qui détermineront ses comportements et ses désirs fondamentaux. Réf : Blog OINM 23/03/2014 |

Référence : 214092 Titre : Singularity University, un concept inévitablement décevant Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Sans ressasser les débats éculés sur le hasard et la nécessité, ni pérorer sur les modélisations très légitimes et pertinentes qu’étudient les spécialistes des catastrophes, ou sur les calculs de risque dont les compagnies d’assurances sont devenues les champions toutes catégories, ni rappeler les vertiges intellectuels sur la complexité de l'Institut de Santa Fe, je donnerai plus d’attention au « mur de la singularité ». « Mur du futur », mur de la singularity (l’anglais d’origine de ce mot lui donne sans doute plus de crédibilité), nous voilà depuis bientôt quinze ans à la veille du grand basculement du monde. L'idée remonte aux années 1950, sans doute due à John von Neumann, dont le nom même annonce la prophétie ! On cite souvent la description qu’en donne Irving John Good en 1965, dont le nom, quant à lui, est rassurant. Il invoque le développement, pour ne pas dire l'explosion de l’intelligence artificielle : « Mettons qu’une machine supra-intelligente soit une machine capable dans tous les domaines d’activités intellectuelles de grandement surpasser un humain, aussi brillant soit-il. Comme la conception de telles machines est l’une de ces activités intellectuelles, une machine supra-intelligente pourrait concevoir des machines encore meilleures ; il y aurait alors sans conteste une « explosion d’intelligence », et l’intelligence humaine serait très vite dépassée. Ainsi, l’invention de la première machine supra-intelligente est la dernière invention que l’Homme ait besoin de réaliser. » Après, c’est la machine intelligence qui prend en charge l’évolution de l’homme – ou plutôt sa disparition pour inutilité. On nous en reparle sans cesse aujourd’hui. Cela hante les esprits prospectivistes comme un incontournable. Car, au-delà de ce "mur", aucune visibilité. Nous perdons l'entendement et le contrôle avec nos petits cerveaux humains. C’est la fin de l’homme que nous connaissons, c’est la fin de la nature et du carbone : nous allons entrer dans le nouvel âge du silicium et de l’artifice mur à mur. Cette grande divergence, radicale qu’on nous prophétise, a même donné lieu en 2008 à la fondation d’une Université de la Singularité, bien sûr en Californie, financée par des déesses du cybermonde et de la finance : Google (deuxième capitalisation financière mondiale en 2014), Nokia, Cisco, Autodesk et la NASA. Plus rien ne sera comme avant, l’intelligence artificielle prenant le contrôle de notre espèce, nous soumettra à des algorithmes de la sagesse et de la raison ; l’innovation dominera sans cesse et partout nos activités. On imprimera des hommes nouveaux avec la nouvelle imprimante 3D. Lorsqu'on entend parler de cette "singularité", ce n’est pas sans un malin plaisir qu’on peut remettre les choses à plat. La science-fiction a cultivé ce concept de singularité pour désigner le mur du futur, au-delà duquel s’opérera un changement radical que nous sommes incapables de penser. Voilà le grand déversoir de nos esprits futuristes les plus audacieux. Mais il faudra bien l’admettre lorsqu’on atteindra l’âge de la réalisation de cette Divergence de notre évolution : ce mur opaque et sans retour recule sans cesse devant nos pas comme l’arc-en-ciel. L’ingénuité positiviste de Ray Kurzweil l’a déduite de la loi de Moore qui double tous les dix-huit mois la capacité de nos ordinateurs. Sa date, évidemment prochaine, a d’abord été prévue pour 20025, puis pour 2050, lorsque notre prophète a pris conscience que l’évolution est moins précipitée que le progrès de nos ordinateurs. D’ici qu’on y arrive, il faudra qu’il comprenne aussi que la singularité n’est qu’un mot-écran désignant notre incapacité à penser rationnellement la peur ou la rédemption dont nous colorons notre futur. En termes de mathématiques, ce concept de singularité désigne depuis plus d’un demi-siècle une limite de nos arabesques programmatiques, au-delà de laquelle Alan Turing, Irving John Good ou Carl Sagan jugeaient devoir rendre les armes, tant les complexités des calculs de plus en plus abstraits les dépassaient et aboutissaient hors de toute préhension réelle. Du point de vue métaphysique – car ce concept en relève évidemment - la singularité n’est qu’un fantasme sur lequel on peut prophétiser sans restriction, ou un simple lieu-commun qui s’énonce clairement comme suit : nous sommes incapables de penser le futur au-delà des limites de nos connaissances. Par définition même, la « singularité » ne peut se penser. La divergence ne peut se programmer. Lorsqu’on lit attentivement le programme des activités de l’University of Singularity, on s’étonne de n’y trouver en fait que des annonces de laboratoires et de séminaires d’experts reconnus en médecine, en économie ou en urbanisme, qui font certainement preuve d’excellence et d’esprit d’innovation, mais qui ne sauraient diverger des modes de pensée actuels. Ils développent des déductions linéaires audacieuses, osent des non-sens, mais qui ne sont pas des sens nouveaux. On ne peut qu’être déçus, mais on ne devrait pas être étonnés finalement par la banalité des pensées et des recherches prospectives considérées. Le nom même d’University of Singularity est peut-être une trouvaille promotionnelle, mais c’est un concept contradictoire. Si je prends à la lettre le concept de Singularity, ce devrait être une université pensée et animée seulement par des robots combinant des intelligences artificielles que le cerveau humain serait incapable de partager. Ce constat de modestie marque les limites de nos déductions et de nos prévisions. Et on observe, comme dans les films de science-fiction, que notre imaginaire futuriste s’épanche le plus souvent dans l’archaïsme. Les figures des cyborgs évoquent Hercule et les Titans. Le Bien et le Mal se partagent un univers élémentaire. Toutes ces innovations techniques sortent d’un sac à surprises pour enfants. Des serpentins, des bonbons, des lanceurs de bulles de savon, des baguettes magiques, des des pierres à feu, des confettis, des paillettes et des étoiles de toutes les couleurs. Tout sauf une divergence. Et il n'est pas sûr qu'au-delà du mur de la singularité ce soit la fête. Réf : Blog OINM 05/03/2014 |

Référence : 214093 Titre : Le lien, c'est le sens Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie L'art sociologique comme pratique de la mythanalyse L'hygiène de l'art, les travaux socio-pédagogiques, la Pharmacie Fischer, le bureau d'identité imaginaire, les signalisations imaginaires, rurales et urbaines, la déchirure des œuvres d'art, les performances questionnant l'idéologie avant-gardiste, l'Ecole sociologique interrogative, les enquêtes sur l'identité réelle et imaginaire, sur l'Outaouais et sur le Québec, le questionnement populaire des habitants de Mexico sur leur musée d'art contemporain et sur leur société (La calle Adonde llega?), de façon générale la démarche interrogative de l'art sociologique, que je poursuis depuis 1999 avec la peinture des icônes de l'âge du numérique, c'est ce qui a constitué ma pratique de la mythanalyse, paradoxalement une thérapie personnelle, qui fut lente, mais finalement extrêmement libératrice pour moi, et une pratique sociologique dans laquelle j'ai largement fondé ma théorie de la mythanalyse et qui l'a aussi fondamentalement inspirée. Je n'osais pas l'affirmer au début en m'y essayant dans la plus grande incertitude, mais je peux aujourd'hui, quarante cinq ans plus tard, en déclarer le bien-fondé et la pertinence. En intitulant mon livre La société sur le divan (vlb, 2006), je voulais faire image. Mais l'art sociologique a été et demeure une démarche clinique, une thérapie mythanalytique qui a fonctionné pour moi. Au-delà se pose la question d'une thérapie mythanalytique collective. A la question "l'art change-t-il le monde", je réponds oui. Mais je ne nie pas que cette réponse doive nécessairement demeurer hypothétique. Faute de quoi nous tomberions dans un épouvantable positivisme idéologique et psychique, pire que tous les progrès thérapeutiques auxquels on puisse prétendre. La posture interrogative doit demeurer de part en part de toute lucidité. Réf : Blog Mythanalyse 17/02/2014 URL Le lien, c'est le sens Il y a bien des jours où je crois que penser, chercher, dialoguer, n'est une nécessité que pour soi-même et publier qu'une vanité illusoire de la plus grande inutilité. Une misère. Une peine perdue. Et comment pourrait-il en être autrement? Il faut en tirer sagesse et en recentrer sur soi seul le bénéfice quotidien. Se changer soi-même sans prétendre changer le monde. Mais je me reprends aussitôt. Car cette résignation disparaît dès que je suis confronté au scandale. Seuls l'amour et le scandale motivent et donnent sens à la vie. Et je l'affirme alors: c'st le lien qui compte. Vivre pour soi seul n'a aucun sens. Le lien, c'est le sens. Réf : Blog OINM 02/03/2014 |

Référence : 214094 Titre : Fablabs Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Nés suite au développement des médiaslabs, et notamment de celui du MIT, le Massachusetts Institute of Technology de Boston, les Fablabs se sont répandus partout dans le monde, de la Norvège à l’Afrique du Sud, de l’Inde à l’Amérique centrale et du Sud. Il y en a même un en Afghanistan. On en compte aujourd’hui environ cent-cinquante dans le monde. Certains sont très bien équipés et sophistiqués, d’autres beaucoup plus rudimentaires. Certes, dans les zones rurales des pays du Sud, ils visent à réduire la fracture numérique pour répondre à des besoins locaux élémentaires. Mais dans les pays développés ce sont les nouvelles cavernes d’innovation technonumériques. Ils ont remplacé les laboratoires d’alchimie de jadis et ne tentent plus de transformer le plomb en or, mais les bits en atomes. C’est précisément ce que nous annonce le Center for Bits and Atoms – le CBI – rien de moins, hébergé par le MIT. Ils s’efforcent tous d’ajouter une brique à la construction de l’«homme augmenté», cet homme doté de nouveaux pouvoirs dans tous les domaines de l’activité humaine, dont rêvent ces faiseurs d’interfaces magiques entre le monde d’ici-bas et le monde virtuel de là-haut, qui a pris ses quartiers dans les nuages informatiques. Leurs jeunes artisans sont des passeurs, des médiateurs, à la recherche d’opérateurs technologiques de la nouvelle sorcellerie. Incubateurs de petites entreprises, startup innovantes, ils fonctionnent de plus en plus en réseaux communautaires locaux et internationaux. Proches d’initiatives citoyennes, ils ambitionnent aussi de révolutionner les techniques agricoles, les services de santé publique en ligne, les technologies écologiques de production d’énergie, les voitures électriques et énergies alternatives, l’aéronautique solaire, les matériaux intelligents, le prototypage, l’imprimerie en 3D, la traçabilité, les ordinateurs vivants, l’analytique du big data, l’assemblage moléculaire, les communications numériques en très haute vitesse, le hacking, les réseaux ordinateur-à-ordinateur, la simulation économique ou le cinéma 3D hémisphérique (Société des arts technologiques de Montréal). Voilà une sorte de nouvelle passion démocratique et planétaire qui se répand comme une traînée de poudre, un vaste réseau de clubs de nouvelle magie de l’homo faber numericus, ouverts au public, aux étudiants, aux entrepreneurs, aux designers, aux artistes, aux inventeurs de tout acabit. Et ces fablabs ne sont pas des manufactures de rêves fantaisistes. Leur accréditation requiert le respect des règles rigoureuses de la charte des fablabs, rédigée par leur fondateur Neil Gershenfeld et édictée par le Massachusetts of Technology, et une certification. Il faut suivre aussi un cours donné par le MIT, le MAS.863 appelé « How To Make (Almost) Anything » (Comment fabriquer (presque) n'importe quoi). Réf : Blog OINM 25/02/2014 |

Référence : 214095 Titre : Les sociétés écraniques (6) Date : 2014 Famille/Série Esquisse Observations : Bibliographie Le cannibalisme de l’écran. Les écrans auront donc de plus en plus de présence et de pouvoir dans le monde du XXIe siècle. Il ne faut pas s’étonner alors que non seulement les gestionnaires et les scientifiques en usent et en abusent, mais que les artistes aussi les investissent, comme des espaces imaginaires qui les appellent! Les écrans sont déjà connotés en tant qu’espaces cinématographiques, télévisuels, et donc narratifs. Les artistes peuvent en renforcer l’interactivité, mais ils ne peuvent plus en réduire la multisensorialité. En d’autres termes, l’écran exige l’image en mouvement et le son, autant dire le multimédia et l’événementiel. Les écrans sont devenus sonores. Couper le son de la télévision ou d’une projection cinématographique, c’est déréaliser les images, quasiment les anéantir. Les arts visuels, au sens traditionnel et iconique du terme, s’accommodent mal de la dynamique de l’écran. La peinture, le dessin, la sculpture en subissent le contrecoup. Non seulement les écrans cannibalisent le réel, comme l’a dénoncé Jean Baudrillard avec l’émotion du tragique, mais avec les écrans dynamiques, le mouvement en emporte même les images. Il les affiche pour les effacer aussitôt, dans le pétillement de l’instantanéité. La montée en puissance des écrans, dans la mesure où ils remplacent les matériaux inertes, le papier, la toile, a créé un choc dans l’histoire de l’art, une rupture qui pourrait paraître irréversible, mais contre laquelle il faut lutter, car c’est aussi nous-mêmes que les écrans se préparent emporter dans leur instabilité brownienne. Comme si, pour reprendre les termes de cette mystification étrange en termes plus réels, c’étaient les hommes qui se cannibalisaient eux-mêmes en s’engouffrant dans les écrans qu’ils manufacturent et commercialisent fébrilement. Réf : Blog OINM 31/01/2014 |

Référence : 214096 Titre : L'ensorcellement numérique Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Avec le numérique nous nous libérons de beaucoup d’entraves du réel. Mais inversement, nous sommes pris dans l’entrelacs des hyperliens que nous tissons sur la toile et qui nous y retiennent jusqu’à la dépendance. Nos trois instincts fondamentaux, Éros, Thanatos et Prométhée y règnent à l’envie. Car ce sont les désirs de plaisir, de destruction et de puissance qui créent beaucoup de ces liens. Et la technologie numérique en augmente la charge émotionnelle. Ignorant, ou oubliant, que ce sont des algorithmes prosaïques qui les régissent, nous lui prêtons des forces irrationnelles. Voilà la magie du numérique. Comme toute magie, elle repose sur des techniques, des rituels, des tensions psychiques et des croyances. Elle semble étonnamment puissante à ceux qui la découvrent. Mais pour les nouvelles générations, elle est déjà ordinaire. Et cette familiarité avec la souris et les consoles de manipulation tend à modifier d’autant plus leurs comportements de base. Le numérique, malgré son apparence technologique objective, se déploie paradoxalement dans le registre de la subjectivité, de l’affectivité, que renforce notre intimité avec l’écran cathodique. On observe d’ailleurs que bien des personnes confient au rectangle de lumière bleutée, dans le clavardage ou dans des courriels, des confidences ou des propos transgressifs qu’elles n’oseraient pas exprimer de vive voix à leurs interlocuteurs. Et nous tolérons dans notre boîte à lettres virtuelle bien des publicités et des images qui feraient scandale dans notre boîte à lettre de maison. Réf : Blog OINM 30/01/2014 |

Référence : 214097 Titre : Nous sommes tous tagués Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Nous avons tous des cookies dans nos disques durs, qui permettent non seulement d'afficher rapidement les sites web que nous voulons consulter, mais qui installent aussi des robots espions dans notre propre maison et informent leurs répondants de nos activités. Nous sommes ainsi tagués - c'est-à-dire indexés - par Google et autres moteurs de recherche, qui nous géolocalisent et qui prétendent nous faciliter la vie et les communications, en construisant notre « profil » à partir des archives constamment actualisées de nos navigations et donc de nos centres d'intérêts. A cela s’ajoutent nos déplacements, qu’enregistre notre téléphone intelligent, nos achats, qu’inscrivent nos cartes de crédit, et bientôt les lunettes Google +, qui garderont la mémoire de ce tout que nous voyons. Et que le Diable protège ma vie privée du marketing Facebook ! C'est ainsi que nous alimentons nous-mêmes sans trop y penser des banques de données personnelles, voire intimes sur nos habitudes de consommation, nous goûts et nos comportements. Et lorsque nous utilisons les services de courriel de Microsoft, Google, Apple, etc., ce sont nos propres courriels qui sont tagués et indexés. Nous nous félicitons alors que les moteurs de recherche les retrouvent, à notre demande, en un dixième de seconde. Google nous offre même de jouer au moteur de recherche sur notre propre disque dur. On appelle cela désormais « la transparence » et on la vante ! Et pour mieux nous servir, Google nous a annoncé que désormais la compagnie simplifiait la multiplicité de ses politiques de confidentialité liées chacune à une utilisation spécifique de ses fonctionnalités : nos navigations avec Chrome, nos recherches sur YouTube, nos courriels sur Gmail, nos blogues, nos données sur Google+, le calendrier-agenda Google, Google Maps, Google View, etc. sont rassemblés tous dans un seul et même cadre réglementaire de gestion et de respect affiché de notre vie privée, sans en changer les termes. Une simplification normale et bienvenue ? Oui, mais aussi désormais la réunion pour chacun de nous de toutes nos données colligées dans un seul et même profil individuel. Google nous le présente comme un grand avantage pour chaque usager. Ainsi, peut-être pourrons-nous vous signaler que vous risquez d’être en retard à un rendez-vous, en tenant compte de votre localisation, de votre agenda et des conditions de circulation, nous annoncent triomphalement les responsables de Google, qui font ainsi l’aveu de leur pouvoir de centralisation d’informations personnelles. Face à ces belles intentions le Consumer Watchdog, l’association américaine de défense des consommateurs rétorque vigoureusement : Appeler ça une politique de confidentialité, c’est du double langage (…) Google ne vous dit pas qu’il va protéger votre intimité. Il vous explique comment il va rassembler des informations sur vous à partir de tous ses services, combiner tout cela et utiliser ce gros dossier numérique pour vendre plus de publicité. (Il faut rappeler ici que Google est devenue la plus grosse compagnie de publicité au monde, et qu’elle contrôle déjà 40% du marché mondial). Bien sûr, ce ne sont que des robots qui font le travail, anonymement; et si nous en sommes conscients, voire préoccupés, nous pouvons désactiver ces fonctionnalités en cherchant dans les menus. Mais nous oublions de le faire. Lorsque nous effaçons nos cookies et notre historique de navigation, nous ne savons pas si les moteurs de recherche le font aussi. Et nous recommençons le jour même à accumuler les données et à reconstituer nos profils. Faudra-t-il disperser nos outils, utiliser le moteur de recherche de Google, le serveur de courriels de Apple et le Skype de Microsoft pour empêcher que se constitue un dossier ou profil centralisé sur chacun de nous ? Nous avons un sentiment d’impuissance. Certains se résignent à cette transparence qui semble inévitable et finalement peu dangereuse. Mais nous savons que les effets peuvent en devenir pervers si ces banques de données passent entre de mauvaises mains, celles de dictateurs, de criminels, de prédateurs, ou simplement de commerçants avides de marketing ciblé. Tous les jours nous apprenons que des hackers ont réussi à s’accaparer des bases de données dans des services publics, des compagnies de cartes de crédits, des banques, avec des milliers de données personnelles sensibles. Bien sûr, nous comptons sur l’État pour nous protéger. Mais il est encore sous-équipé pour nous soustraire à ces harcèlements, vols d'identité, violations de notre vie privée et fraudes en tout genre qui nous guettent sans cesse. Et ce n’est pas sa priorité, car la police use aussi de ces techniques, supposément dans de bonnes intentions. La STASI n'existe plus. Mais la démocratie est encore rare sur notre planète. Et il existe encore des centaines de petites stasi, que les outils numériques rendent invisiblement très efficaces. Lorsqu'on rêve de démocraties numériques, on devrait aussi cauchemarder en pensant à la généralisation insidieuse de ces petits robots numériques qui sont essentiels à tous les moteurs de recherche, et qui prétendent être au service des netcitoyens. Quand les États vont-ils prendre conscience de leurs devoirs de protection de la vie privée en régime de démocratie et contraindre les multinationales à respecter une législation de base plus sécuritaire ? Les écoutes téléphoniques et l’ouverture du courrier sont interdites sans l’autorisation spécifique et justifiée d’un juge. Cette loi ne vaut-elle pas pour nos courriels, nos textos, notre agenda et notre carnet d’adresses électroniques ? L’internet est aujourd’hui encore plus répandu que les services de poste. Il y a là manifestement un grave problème de démocratie face auquel nous sommes démunis et trop insouciants. Et lorsqu’on voit apparaître des réglementations sévères pour sanctionner les compagnies de serveurs qui ne dénoncent pas les clients qui chargent illégalement des fichiers de musique, de cinéma ou des logiciels, force est de constater que les États favorisent nettement les intérêts commerciaux des multinationales au détriment du droit fondamental au respect de la vie privée des simples citoyens. Et puisqu’il est fondamental de respecter la propriété intellectuelle, le problème n’est pas simple. Les robots numériques sont comme les bactéries : nécessaires à la vie numérique, mais susceptibles aussi de devenir toxiques et de déclencher de graves pathologies, des infections fatales pour l’individu mais aussi pour une société dont le système immunitaire est déficient. L’américain Edward Snowdon, employé de la National Security Agency américaine, qui a dénoncé en 2013 à ses risques et périls les agissements de la NSA ; démontrant qu’elle espionne toutes les communications des citoyens dans tous les pays, y compris celles de ses dirigeants, présidents, chefs d’Etat, gouvernements, assemblées parlementaires, voire celles du président des Etats-Unis lui-même, nous apparaît comme un héros. Car il fallait un grand courage pour révéler la généralisation de ces excès extrêmes, incompatibles avec le respect des personnes, et les exigences éthiques des démocraties que nous prétendons construire. Réf : Blog OINM 18/01/2014 |

Référence : 214098 Titre : La douceur maternelle interactive du web Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie L’illusion qui nous berce aujourd’hui tient à la sensation de chaleur conviviale et affective que nous procure le web, tel un liquide nourricier, doux et tiède, où nous évoluons sans effort. C’est à se demander si la couleur de la prochaine génération de nos écrans cathodiques ne va pas virer du bleu azuré au rose chair. A la tendresse. Nous y retrouvons des « amis », nous y attirons des « abonnés », les membres de Facebook passent leur temps à cliquer obsessionnellement l like comme autant de caresses pour se faire aimer. Nous nous y confions, photographies de notre vie privée à l’appui. Les adolescents aiment cette intimité numérique. L’interactivité crée la chaleur des échanges humains et du frottement des messages. Les utilisateurs, qui étaient au début des receveurs passifs, sont devenus proactifs ; ils y investissent de la créativité, donc de l’énergie. La métaphore thermique célébrée par McLuhan pour caractériser les médias électriques persiste dans l’humanité du numérique. La grande célébration de l’interactivité à laquelle nous assistons de nos jours, l’emphase mise sur le web 2.0 et sur l’idée de l’utilisateur-producteur de messages correspondent manifestement à des utilités, mais aussi à une survalorisation imaginaire de la chimie virale des échanges. Nous sommes transportés par une nouvelle sensibilité, celle du contact tactile numérique, de l’expérience virtuelle ou virtuexpérience : le biovirtuel vécu comme une intensité de l’esprit et de la peau – la peau électronique que décrit Derrick de Kerckhove. L’interactivité crée de l’émotion, des sentiments, de la fébrilité qui excitent les utilisateurs, rapprochent les amis, fidélisent les abonnés. Il ne faut pas chercher ailleurs le succès de Facebook, qui est avant tout psychique, presque biologique. Nous sommes rendus à une pratique sociale où l’important n’est pas d’avoir quelque chose à dire, mais de communiquer – d’avoir l’illusion de communiquer, d’être en contact, de coller. Là encore, McLuhan semble avoir été malheureusement trop perspicace. La puissance imaginaire du numérique tient au mythe de l’abondance communicationnelle, de la fluidité des liens et de l’échange fusionnel qu’il exploite. Cette technologie, qui est capable de réactiver, voir de bouleverser intimement nos vies, est décidément sentimentale. Les liens interindividuels que nous développons si facilement grâce à l’internet nous offrent l’euphorie d’un échange ombilical de fluides; ils nous rassurent en nous reconnectant au corps maternel de la société. Nous pouvons désormais clavarder en temps réel à distance, nous croire en téléprésence, ou nous rencontrer à travers nos avatars dans un espace collaboratif de jeu ou de vie artificielle tel que Second Life, et nous activer sur des plateformes numériques de socialisation comme Facebook, Google + et tant d’autres plus explicites de rencontre, d’échanges intimes, voyeuristes et sexuels. Sommes-nous dans la vie réelle en manque de cette Seconde Vie que nous offrent les jeux multiusagers de rôles et de compensations ? Il semble bien que oui. Ces nouvelles possibilités interpellent évidemment les philosophes, les psychologues, les psychanalystes, les sociologues et les phénoménologues : toutes les sciences humaines. Et plus que tous, les artistes, qui créent ces espaces virtuels, leur donnent forme et les animent. Dans tous les cas, nous voilà dans ce qu’il faut bien appeler le web amniotique, ou dans cet utérus numérique qu’on a appelé La matrice et qui a donné son nom à la célèbre production cinématographique et de jeux vidéo des frères Andy et Larry Wachowski (1999-2003). Réf : Blog OINM 16/01/2014 |

Référence : 214099 Titre : De l'intelligence dite «collective» Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Si, parodiant Blaise Pascal, j'écris que l'homme est un réseau pensant, je passe d'une cosmogonie religieuse et individualiste à une cosmogonie technologique où l'homme se situe au carrefour des réseaux numériques dont il reçoit les informations qui le déterminent, mais aussi où il est producteur et synthétiseur d'idées. L'homme perd de son unicité psychologique et spirituelle, mais enrichit sa conscience d'innombrables informations qui l'irriguent, comme une sève numérique. « Je est un autre », disait Rimbaud et cela devient plus réel dans la cosmogonie actuelle, qui substitue au mythe de la profondeur (de l'inconscient) celui de la surface (médiatique), et à celui du monothéisme (centré), celui des réseaux sociaux (l’indivision afocale). Dans l’évolution de la peinture, cela s’est traduit par l’abandon de la construction de l’espace pictural en perspective, avec un point de fuite unique (Renaissance) et l’adoption de la composition sans profondeur en arabesque configuratrice (Matisse). Cette cosmogonie est de racine grecque, polythéiste et prométhéenne. Elle l'emporte donc aujourd'hui sur la cosmogonie biblique. Et l'homme lui-même change beaucoup aussi. De victime de Dieu (chassé du Paradis terrestre), donc déchu et soumis, il devient le vainqueur de Dieu, libre créateur de son propre univers grâce à la nouvelle puissance - humaine et non plus divine -, qu'il tire de la science et de la technologie. L'homme qui se voit comme un réseau pensant, comme un hypertexte vivant, traite les informations qu'il capte et les transforme en idées créatrices. L'hypertexte humain devient planétairement interactif. Et c’est en abusant de cette idée que plusieurs ont lancé le concept d’ « intelligence collective », suite aux réflexions de Douglas Engelbart, l’inventeur de la souris, dans Augmenting Human Intellect: A Conceptual Framework. Il me semble qu’il est plus pertinent de parler seulement d’« intelligence connective » ou d’« intelligence partagée » pour désigner cette possibilité d’une intelligence individuelle mieux informée et donc plus productrice, plus performante, grâce à un accès aux connaissances démultiplié par les liens numériques. Donner à l’intelligence plus de ressources pour s’exercer, ce n’est pas augmenter le QI – le coefficient intellectuel d’une prétendue intelligence humaine diffuse comme une aura autour du globe terrestre, car nous ne sommes pas de ceux qui invoquent ingénument une noosphère ou un cortex planétaire virtuel, qui envelopperait la Terre comme une couche supplémentaire d’atmosphère. Cette aura n’existe pas. Il serait plus intelligent de parler d’ « intelligence 2.0 », ou même 3.0 si l’on veut être emphatique, car c’est le jeu des liens et des échanges interactifs qui favorise l’exercice de l’intelligence individuelle. Il ne faut pas hypostasier ces liens et inventer une intelligence fusionnelle planétaire, même et surtout lorsqu’on veut donner de la crédibilité à la loi de la divergence. Il n’est pas nécessaire pour être démonstratif de fantasmer théoriquement, comme il arrive si fréquemment de nos jours aux enthousiastes du numériques. Cette ingénuité collective bien réelle nuit même au concept d’intelligence collective dont on prétend démontrer l’existence. Réf : Blog OINM 13/01/2014 |

Référence : 214100 Titre : Economie et numérisme Date : 2014 Famille/Série Observations : Bibliographie Beaucoup dénoncent les excès de l’économie dans le monde actuel. Mais c’est l’informatique qui est hégémonique, plus encore que l’économie qu’elle domine d’ailleurs aujourd’hui, au point de l’avoir dématérialisée. Après la conquête de l’Ouest, puis celle de l’espace, c’est cette exploration ascensionnelle de la technoscience qui est devenue la nouvelle frontière américaine : un mythe diversement partagé ou rejeté dans les autres cultures. À elles deux l’informatique et l’économie ont conquis la planète Terre, comme une déesse-mère pluripotente à deux têtes. Elles sont pour nous tout à la fois maternelles et redoutables, omniprésentes et anonymes, intimement proches et lointaines, visibles et occultes comme toutes les divinités que l’on redoute et que l’on prie tout à la fois. Et elles ont toutes deux leurs prosélytes et leurs intégristes, comme toutes les religions qui tentent de nous imposer leur vérité totalitaire. L’économie nous terrifie. Les crises se succèdent et s’aggravent, désespérant des millions d’êtres humains, qui perdent leur travail, leur dignité et l’espoir. La Bourse rythme le quotidien de nos sociétés Le calendrier financier a pris la relève du religieux. Le vendredi était traditionnellement "jour maigre". On faisait pénitence. Maintenant, le vendredi, on rend gorge. Certes, heureusement, tous les vendredis ne sont pas noirs, ni les lundis non plus. Mais comment en sommes-nous arrivés à dépendre à ce point du jeu des spéculateurs ? Quel étrange phénomène anthropologique que cette nouvelle religion de l'argent, dont le Vatican est aujourd’hui à New-York et sera demain sans doute à Hong-Kong ! Voilà un nouveau veau d’or dont les méfaits, la violence, le cynisme, l’exploitation humaine et les crises très réelles qu’il déchaîne dépasse les effets pervers de toutes les superstitions et religions précédentes. Mais ne dramatisons pas. L’économie se limite à une vision quantitative de la planète Terre. Le numérique, lui, va beaucoup plus loin. Il nous impose un simulacre extensif, diversifié et total de l'univers. Un pansimulacre qui prétend remplacer le réel, parce qu’il nous semble plus vrai (précis, informatif, interprétatif), plus instrumental (contrôlable et efficace), infiniment plus grand, petit ou détaillé selon les besoins, illusionniste (trompe l'œil), séducteur, excitant et immersif que notre quotidien traditionnel. Un pansimulacre dangereux, parce qu’il se présente à nous comme une technoscience mathématique et donc objective, anonyme et universelle, atopique, alors que nous vivons aujourd’hui dans un monde tout à la fois trivial et hallucinatoire, tant les rationalisations de détail déshumanisées d’un imaginaire exalté nous surplombent. Réf : Blog Mythanalyse 02/02/2014 URL |