Référence :
211217
Titre :
Le sommeil
Date :
2011
Famille/Série
Esquisse
Observations :
Bibliographie
Vie diurne et vie nocturne, veille et sommeil, vie pratique et rêve ou cauchemar: nous avons une vie à deux temps, deux facettes, que nous imposent les configurations de l’univers et de nos corps, mais qui fonde aussi la structure de notre imaginaire. Ayant déjà évoqué précédemment ici la physiologie du rêve, je n’y reviendrai pas. Mais il faut admettre que l’ombre et la lumière sont pour nous deux sphères symboliques très élaborées, dans toutes les cultures humaines, qui ont largement contribué à déterminer nos religions, nos inconscients collectifs et individuels, nos mythes, et qui les modèlent encore aujourd’hui.
Conséquemment, le sommeil apparaît certes comme un temps de repos du corps, exception faite du cerveau. L’interprétation des rêves semble avoir toujours été un domaine privilégié de connaissance, jadis des devins et autres pythies, aujourd’hui des psychanalystes. L’oeil de la nuit, l’oeil de l’oreiller, voit, évoque, prescient le passé, le présent et le futur de nos vies. Nous prêtons au sommeil des vertus de communication avec les esprits et l’au-delà. Certes, Freud, le mystificateur mystifié, a ramené cette science occulte à l’expression inconsciente mais très matérialiste de nos instincts Éros et Thanatos, et au défoulement répétitif de nos traumatismes infantiles. Il demeure que pour lui le sommeil et l’hypnose, deux états qui nous dépossèdent du contrôle rationnel par le Surmoi de nos mouvements et de notre auto-contrôle, permettent de mettre à nu notre inconscient. Le sommeil impose la nudité du corps et de l’inconscient. Une nudité individuelle qui revêt les voiles de nos mythes collectifs et de leurs échos individuels.
Réf : Blog Mythanalyse 03/07/2011
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Rêves et cauchemars
Nos contes et légendes populaires sont des merveilles de récits mythiques. L’imaginaire y déborde, évoquant les inconscients sociaux, selon la diversité sociale et historique de ces cultures.
Chacun de nous fait aussi l’expérience chaque nuit de débordements oniriques agréables ou cauchemardesques. Malgré le désordre des liens entre les séquences de nos rêves, la volatilité des images, les répétitions obsessionnelles qui réactivent des traumatismes ou simplement des évènements marquants de nos vies, il semble que nous observions dans les rêves une polarisation entre le désir et l’anxiété, entre Éros et Thanatos. Le loup se fait mouton, l’agneau devient menaçant, sans que nous soyons capables d’analyser ces mutations binaires. Il apparaît que notre imaginaire individuel, comme les imaginaires sociaux, se structure principalement selon cette bipolarité du plaisir et de l’anxiété. La Bible elle-même met en scène dramatiquement cette structure en se bâtissant sur l’opposition entre le Bien et le Mal. La religion en a fait son fondement et cette structure se retrouve dans toutes les mythologies, toutes les légendes, tous les contes. Sans doute les figures de la mythologies ne sont-elles pas simplistes. Par exemple, celles de la mythologie grecque, sont souvent ambiguës, tantôt vertueuses, tantôt jouisseuses, tantôt méchantes, tantôt victimes, bref plus proches de notre humanité. Mais il demeure que nous les caractérisons selon le bien et le mal, le bonheur et la souffrance. Demeurent la punition, la cruauté, la jouissance et la douleur, comme deux pôles marquants de la vie des dieux et demi-dieux et autres formes de nos inventions.
Cette bipolarité peut trouver son origine biologique dans le carré parental, dans l’alternance de la faim qui fait crier l’estomac et de la satisfaction du nouveau-né apaisé par le sein. Il n’est pas nécessaire de faire des hypothèses métaphysiques, manichéennes, d’inventer un Dieu et un Diable, pour traduire cette expérience fondatrice du désirable et du redoutable que fait chaque nouveau-né. Demeurons matérialistes, dans le biologique, le physiologique, lorsque nous cherchons les sources et les structures anthropologiques de notre imaginaire. Cela semble plus modeste et plus sûr que les tentatives structuralistes, qui dérivent dans la littérature, l’érudition et l’idéalisme.
Réf : Blog Mythanalyse 06/07/2011
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