Le diable et Prométhée

Référence :
211285

Titre :
Le diable et Prométhée

Date :
2011

Famille/Série
Esquisse

Observations :

Bibliographie

Prométhée et le Diable, ce sont les deux figures fondatrices de la conscience occidentale. Tous deux nous ont invités à prendre notre destinée en main, en nous offrant la conscience. Dans la mythologie grecque, c’est le feu, volé à Zeus, que Prométhée nous donne, qui symbolise la connaissance. Dans la Bible, c’est la pomme dans laquelle Adam et Ève mordent, à l’invite du Diable, qui leur donne la conscience. Mais au-delà, les deux mythes sont opposés. Dans la Bible, c’est Dieu qui domine l’Homme, qui le chasse du Paradis terrestre, et qui le punit en le condamnant à travailler pour vivre. Dans le mythe grecque, c’est l’homme qui vainc Zeus, et qui s’engage glorieusement à changer le monde grâce à la maîtrise du feu. La Bible nous condamne à la soumission. Le mythe grec nous libère de la soumission.
Les deux récits fondateurs s’opposent. Et de la naît toute l’ambiguïté, mais aussi la puissance de l’Occident. Notre histoire se présente comme une tentative constante de concilier ces deux visions.
Aujourd’hui même, nous retrouvons ces deux mythes fondateurs dans les deux industries du cinéma et des jeux vidéos. Le cinéma opère sous le regard de Dieu. Les jeux vidéos dans la main de Prométhée. Le cinéma est biblique, le jeu vidéo est grec.
Le cinéma développe des récits, avec une dimension psychologique et des implications morales. Beaucoup de films jouent sur l’émotion et aimeraient nous faire pleurer. Nous y assistons passivement, sans pouvoir changer l’histoire. Les films sont souvent doloristes et fatalistes, comme le catholicisme et la Bible.
Inversement les jeux vidéo se passent facilement de scénarios.Ils nous proposent plutôt de vaincre les méchants et de gagner. Nous offrant l’interactivité, ils nous invitent à l’action. L’issue dépendra de nous. Ils ne jouent pas dans le registre psychologique, ni dans la mauvaise conscience. Ils roulent les mécaniques. Ludiques, ils nous proposent des moments joyeux. Même lorsque nous perdons, ce n’est pas bien grave. On peut recommencer la partie. Rien de tel dans la vie, ni dans le cinéma.
Dans le cinéma, le Diable est présent. Le mal et le bien nous dominent. Nous perdons. Les jeux vidéo, au contraire, sont d’inspiration grecque. Nous vainquons les démons. Pas de mauvaise conscience. Le mal est là pour que nous le dominions. Nous tuons les dragons. Nous décidons de notre sort à chaque instant. Nous gagnons.
On nous parle aujourd’hui de plus en plus de convergence entre le cinéma et les jeux vidéo. Mais il ne s’agit pas seulement d’un défi technologique. Les différences sont beaucoup plus profondes, au niveau de l’imaginaire. La rencontre du Diable et de Prométhée, des deux mythes fondateurs de l’Occident, demeure improbable. Elle serait difficile à maîtriser. Je ne crois pas au film interactif, même avec des téléphones intelligents dans les mains des spectateurs. On explorerait mieux cette voie avec des jeux vidéos de qualité cinématographique (scénario, direction, qualité esthétique, etc.) Mais l’arrimage des mythologies grecque et biblique demeurera problématique. Ce sont les imaginaires qui ne ne convergent pas.
Réf : Blog Mythanalyse 25/11/2011
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Convergence entre cinéma et jeux vidéo ?
Le cinéma développe des récits, avec une dimension psychologique et des implications morales. Beaucoup de films jouent sur l’émotion et aimeraient nous faire pleurer. Nous y assistons passivement, sans pouvoir changer l’histoire. Les films sont souvent doloristes et fatalistes, comme le catholicisme et la Bible.
Inversement les jeux vidéo se passent facilement de scénarios.Ils nous proposent plutôt de vaincre les méchants et de gagner. Nous offrant l’interactivité, ils nous invitent à l’action. L’issue dépendra de nous. Ils ne jouent pas dans le registre psychologique, ni dans la mauvaise conscience. Ils roulent les mécaniques. Ludiques, ils nous proposent des moments joyeux. Même lorsque nous perdons, ce n’est pas bien grave. On peut recommencer la partie. Rien de tel dans la vie, ni dans le cinéma.
Le cinéma opère sous le regard de la Bible; les jeux vidéo avec la main de Prométhée. Dans le cinéma, le Diable est présent. Le mal et le bien nous dominent. Les jeux vidéo, au contraire, sont d’inspiration grecque. Nous vainquons les démons. Pas de mauvaise conscience. Le mal est là pour que nous le dominions. Nous tuons les dragons. Nous décidons de notre sort à chaque instant.
On nous parle aujourd’hui de plus en plus de convergence entre le cinéma et les jeux vidéo. Mais il ne s’agit pas seulement d’un défi technologique. Les différences sont beaucoup plus profondes, au niveau de l’imaginaire. La rencontre du Diable et de Prométhée, des deux mythes fondateurs de l’Occident, demeure improbable. Elle serait difficile à maîtriser.Je ne crois pas au film interactif, même avec des téléphones intelligents dans les mains des spectateurs. On explorerait mieux cette voie avec des jeux vidéos de qualité cinématographique (scénario, direction, qualité esthétique, etc.) Mais l’arrimage des mythologies grecque et biblique demeurera problématique. Ce sont les imaginaires qui ne ne convergent pas.
Réf : Blog OINM 25/11/2011

De la tragédie grecque à la violence des jeux vidéo
Nous sommes de plus en plus anxieux pour l’avenir. Bien des signes sont préoccupants, pour celui qui regarde autour de lui les bouleversements structurels, tels que le bouleversement climatique, la violence du capitalisme néolibéral, la persistance de la crise financière, le chômage parfois extrême, les migrations et les scandaleuses inégalités humaines, les famines, la corruption généralisée dans une immense majorité de pays, mais aussi les turbulences événementielles qui en résultent inévitablement, les révoltes arabes, la montée en puissance des intégrismes, le terrorisme qui resurgit constamment. Mais il ne suffit pas d’observer ces flux tumultueux de destruction. Nous sommes aussi dangereusement étrangers à nous-mêmes dans notre propre technoculture. Que pouvons-nous faire ? Rejeter notre sentiment d’impuissance face à ces tragédies. Il faut choisir nos valeurs et décider, car aucun progrès, ni aucune fatalité ne sont des automatismes. L’Histoire ne le fera pas à notre place.
Les jeux vidéo d’extrême violence et les films de science-fiction et qui envahissent nos écrans reflètent nos inquiétudes et les dangers réels de notre époque. Il ne faut pas les sous-estimer : c’est dans le passé que nous cherchons l’imagination du futur et ce sont des déclinaisons des tragédies grecques anciennes, au goût technoscientifique du jour. Ils continuent à nous assurer la même catharsis de l’horreur qui est toujours en nous. Comme il est étrange que nous nous soyons crus modernes, nous qui avons survécus à des guerres mondiales et à des shoahs ! La puissance du numérique réactive tant d’instincts compulsifs dans la psyché humaine, que notre imaginaire numérique n’est pas futuriste, comme on pourrait s’y attendre, mais régressivement archaïque. Quel est donc l’algorithme de ces immenses pulsions de violence qui circulent dans les mass médias ? Serons-nous capables de nous sauver de nous-mêmes et de nouvelles destructions ? De nous libérer de nous-mêmes, de la répétition de ce catastrophisme pour construire des visions alternatives ?
Réf : Blog OINM 12/08/2012

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