Mythanalyse de la science

Référence :
213033

Titre :
Mythanalyse de la science

Date :
2013

Famille/Série


Observations :

Bibliographie

Le développement de la science dans sa forme rationaliste, d’observation et expérimentale, avec ses critères rigoureux de méthodologie et sa recherche incessante de la vérité est propre à l’Occident. Non pas que la Chine ou l’Egypte anciennes et plusieurs autres grandes civilisations n’y aient pas contribué remarquablement, mais nous parlons ici la la science moderne née en Grèce antique et relancée avec la Renaissance.
C’est aussi de la théologie occidentale que la science a repris et développé dans son idéologie des valeurs très spécifiques telles que l’unicité, l’universalité et le totalitarisme de la vérité, qui sont autant d’attributs du dieu monothéiste, qu’il soit chrétien, juif ou islamique. La vérité scientifique est unique et s’impose à tous sans qu’on ait le droit de la nier, moins encore dans les débats scientifiques que dans les études théologiques. Elle est éternelle, elle est bonne, elle est belle, comme la trilogie divine du Bien, du Beau et du Vrai.
La science fondamentale ne se soucie pas de la technologies et de ses applications. Elle est la recherche de la vérité en soi et pour soi, avec son éthique monacale, son austérité, sa pureté, son exigence absolutiste de vérité.
Le philosophe Karl Jaspers, parmi d’autres, a bien souligné cette relation de descendance étroite entre la théologie monothéiste et la science moderne. Certes, l’Eglise a entretenu longtemps une grande méfiance envers la science, qui remettait en question certains de ses dogmes créationnistes les plus fondamentaux. Elle a eu du mal à s’accommoder de Galilée, de Darwin, de Teilhard de Chardin, etc. Mais beaucoup de ses prêtres et de ses moines ont été de grands chercheurs. Et si la science s’est aujourd’hui laïcisée, elle n’en a pas moins gardé des valeurs fondamentales directement héritées de la théologie, y compris dans ses rituels académiques. La science, comme la philosophie occidentales sont demeurées monothéistes. Le chercheur scientifique, même le plus athée, a la rigueur intellectuelle absolutiste et monothéiste du prêtre. Un prêtre qui ne croit plus en Dieu, mais en la Science.
La même recherche de La Vérité qui était celle de la foi religieuse demeure au cœur de la science. Et la célébration de la diversité culturelle a bien du mal à remettre en question le monothéisme de la science occidentale. Même la mécanique quantique, les logiques floues, les lois du chaos, le principe d’incertitude ne renouent pas avec le polythéisme. Si un électron peut être simultanément en deux endroits différents, si a peut être occasionnellement à la fois a et b, cela ne remet pas en question l’unicité apodictique de la loi scientifique qui en rend compte. Il ne s’agit pas là de contradiction, ou de diversité de la foi, mais seulement de la prise en compte d’une plus grande complexité. Même lorsque Ilya Prigogine introduit la flèche du temps dans la science, contre la notion consacrée de l’éternité de la vérité, il demeure attaché à l’unicité de la vérité dans son actualité. Il ne fait pas éclater la science, mais célèbre l’évolution de sa quête de Vérité. La vérité scientifique ne se relativise pas. Elle est un Absolu – un absolu provisoire, certes, nous l’admettons aujourd’hui – mais en tant que quête incessante, infatigable de la Vérité absolue.
La mythanalyse de la science occidentale met en évidence le mythe du dieu monothéiste au cœur de la foi scientifique, et de ce qu’il faut bien appeler l’Eglise universelle de la Science.
La mythanalyse elle-même, dans sa quête de lucidité critique, n’y échappe pas, quand bien même elle démystifie, relativise et sociologise les structures et l’idéologie même des mathématiques, le fondement universel de toute science.

Réf : Blog Mythanalyse 18/08/2013
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