Référence :
214046
Titre :
La dynamique fabulatoire du carré parental
Date :
2014
Famille/Série
Observations :
Bibliographie
Nous proposons des schémas géométriques et donc rigides du carré parental, que nous proposons comme matrice fabulatoire originelle de notre interprétation du monde dans notre construction théorique de la mythanalyse.
Cette étape théorique étant clarifiée, il est temps d’en venir à une vision plus adéquate de ce que nous appelons les variations dynamiques du carré parental. Nous serons tous prêts à admettre, je le pense, que les grands acteurs de cette structure élémentaire, le nouveau-né, le père, la mère, le nouveau monde, l’Autre ont une influence variable d’une famille à une autre, d’une société à une autre, d’un environnement extérieur à un autre. Tantôt la mère est très présente, tantôt absente; elle allaite ou non le nouveau-né. Le père domine ou s’efface, est autoritaire, voire violent, ou tendre. Il arrive que le couple parental soit fusionnel, très proche ou distendu, voire conflictuel. Il arrive que le nouveau-né ait un frère ou une sœur jumelle, qu’il soit fils unique ou l’aîné ou le cinquième d’une famille nombreuse. Et il arrive désormais qu’un enfant naisse dans une famille homosexuelle de deux femmes, ou soit adopté par un couple gai. Il faut mentionner aussi le cas des communes et des sectes. L’environnement – le nouveau-monde – joue aussi un rôle majeur, selon qu’il est protégé ou agressif. Des événements particuliers peuvent se produire, qui seront marquants.
La dynamique du carré parental est simple ou complexe, harmonieuse et protectrice, effacée, ou dramatique, voire traumatisante. Elle dégage une ambiance d’amour, de profusion, d’austérité, de pauvreté ou d’hostilité – pensez à un enfant qui naît dans un camp de réfugiés syriens aujourd’hui! Au-delà des variations socioculturelles de la fabulation mythique, nous voyons émerger dans cette problématique les variations biographiques et donc le rôle possible de la psychanalyse de cette gestation socio-individuelle. Chaque individu a sa biographique spécifique au sein d’un environnement mythique propre à la société où il naît.
Le carré parental doit être interprété comme flexible, non linéaire. Il relève de la pensée en arabesque de toute configuration, susceptible de connaître de grandes variations, selon des proximités ou des cassures. Et le nouveau-né y a ses réactions spécifiques, déterminantes de sa psyché individuelle au sein des imaginaires sociaux.
On le voit, la mythanalyse , telle que nous la concevons, ne consiste pas à rajouter des acteurs imaginaires, structurels, archétypaux, narcissiques ou ex-machina, voire à inventer des explications fabulatoires qui seraient des clés d’explications, y compris en invoquant des dieux de l’Olympe ou des figures tectoniques mayas dans nos tentatives d’interprétations mythiques, comme on le fait trop souvent. La mythanalyse vise plus simplement à être réaliste, c’est-à-dire biologique et sociologique. Et c’est d’une complexité amplement suffisante pour occuper l’esprit du mythanalyste! C’est à ce prix qu’elle peut déchiffrer ce qui est réel et non pas tomber dans la tentation des fioritures littéraires imaginaires. La mythanalyse est une théorie-fiction, celle que nous pensons avec notre pensée métaphorique, mais cela ne l’autorise pas à devenir elle-même fabulatoire et à en rajouter dans un style romanesque. Je regrette de le dire de façon triviale: elle doit s’efforcer d’être réductrice pour être opératoire et efficace. Elle exige d’être une théorie, donc une théorie cohérente et non pas un foisonnement d’élucubrations diverses et contradictoires. C’est la condition sine qua non d’existence de toute théorie. Et il devient alors possible de la développer, de la modifier au fur et à mesure que l’on rencontre des objections ou des questions nouvelles. Et même de la renier, pour lui substituer une théorie plus opératoire, comme il arrive dans les sciences exactes comme dans les sciences humaines. Mais on ne progresse pas, quel que soit le domaine d’élucidation, sans rechercher la cohérence de la théorie que l’on construit. Cette recherche d’unité fait partie du domaine de la mythanalyse. On la retrouve dans le mythe de l’unité, dans la théologie monothéiste, dans le lien mère-nouveau-né qu’explore la mythanalyse. C’est en ce sens que je dis que la mythanalyse est elle-même une théorie-fiction. Cela ne lui enlève pas sa légitimité, ni son pouvoir opératoire, aussi longtemps qu’on l’admet et même qu’on le déclare publiquement. Il ne peut en être autrement de la pensée humaine. Mais il faut apprendre à penser, et à choisir entre deux théories, entre deux mythe, celui qui vaut mieux que l’autre. C’est souvent l’utilité opératoire qui en décide, mais ce peut-être aussi une nostalgie du carré parental. Le relativisme qu’il faut admettre dans la mythanalyse est la condition de son développement lucide.
Réf : Blog Mythanalyse 03/03/2014
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