Québec numérique

Référence :
212179

Titre :
Québec numérique

Date :
2012

Famille/Série


Observations :


Bibliographie

Paysage numérique
Vue générale sur le Québec.
Réf : Blog OINM 26/09/2012

Ci-après mon article paru dans la page Idées du journal Le Devoir du 24 septembre 2012:

Le réveil du numérique québécois
Hervé Fischer – Auteur de plusieurs livres sur le numérique chez VLB éditeur 24 septembre 2012 Médias
Alors que Bernard Landry, dès leur émergence, avait compris l’importance décisive des nouvelles technologies numériques pour le développement du Québec, les gouvernements successifs menés par Jean Charest les ont systématiquement négligées. Pire, sous le faux prétexte néolibéral d’en finir avec la politique interventionniste de l’État, pourtant indispensable dans un secteur naissant d’innovation stratégique, ou par partisanerie politique, ils ont mis fin aux mesures incitatives, qui avaient présidé au lancement de la Cité du multimédia et au développement de nombreuses petites et moyennes entreprises de création de technologies, de services et de contenus multimédias.
Bernard Landry avait su attirer la société Ubisoft en 1998 et avait créé ainsi la dynamique qui a fait de Montréal une capitale mondiale des jeux vidéo. Les gouvernements Charest n’ont pas même dépensé pour les infrastructures numériques les modestes budgets annoncés, ce qui a nui notamment au développement économique de nos régions éloignées.

Le financement du médialab québécois Hexagram a été aboli. Le Québec, qui était un pionnier du développement numérique et s’apprêtait à en tirer un avantage majeur dans toutes ses activités industrielles, commerciales, éducatives, culturelles et touristiques, a pris pendant l’époque Charest un retard inquiétant.

Nous avons dépensé des milliards dans l’informatisation des services en santé publique sans succès. Nous en sommes revenus aux mines et aux ressources naturelles, alors que la recherche technoscientifique et la nouvelle économie dépendent de plus en plus directement de l’avantage numérique.

Des dossiers urgents

Il a fallu à beaucoup d’entre nous une conviction aussi forte que légitime pour survivre à cette traversée du désert de neuf ans et maintenir le cap. Nous avons encore des forces et des expertises remarquables, mais il est grand temps que l’État québécois reprenne l’initiative numérique dont dépend notre avenir. Les dossiers à traiter sont nombreux et urgents.

Les infrastructures d’abord, car nos réseaux nécessitent des investissements basiques en sécurité, haute vitesse et largeur de bande à l’échelle du Québec et en priorité pour les régions éloignées. Il nous faut nous réapproprier nos outils numériques, notamment dans le domaine des communications, sous peine d’aliéner notre propre marché intérieur aux mains des groupes étrangers. Il faut aussi soutenir les petites entreprises de multimédia, innovatrices et créatrices d’emploi. L’éducation, notamment au secondaire et dans les collèges, nécessite une politique de développement de contenus pédagogiques de qualité et de formation des enseignants.

Les universités ont un rôle majeur à jouer en recherche et développement. Notre situation de minorité dans l’ensemble anglo-saxon nord-américain exige que nous développions notre langue et notre culture identitaire en ligne, sous peine de subir l’impact numérique et l’uniformisation de la puissance linguistique et culturelle de nos voisins.

L’essor du tourisme dépendra de plus en plus de la qualité de nos outils numériques promotionnels et de services. Notre gouvernance en ligne permettra à l’État québécois de gagner beaucoup d’efficacité tout en réduisant ses coûts de gestion. Un accès ouvert aux données administratives (« gouvernement ouvert ») dans plusieurs domaines nous aidera à lutter plus efficacement contre la corruption.

Le numérique, c’est aussi un symbole générationnel, qui stimule l’esprit d’innovation et de création, de plain-pied avec la culture des nouvelles générations. Et c’est un outil d’intégration démocratique et d’égalité sociale, dont nous ne pouvons pas nous priver. Nous avons un nouveau gouvernement, capable de relancer la vision stratégique que nous avions il y a dix ans, mais qui a été malencontreusement interrompue par neuf années d’un pesant sommeil.

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