Référence :
214095
Titre :
Les sociétés écraniques (6)
Date :
2014
Famille/Série
Esquisse
Observations :
Bibliographie
Le cannibalisme de l’écran.
Les écrans auront donc de plus en plus de présence et de pouvoir dans le monde du XXIe siècle. Il ne faut pas s’étonner alors que non seulement les gestionnaires et les scientifiques en usent et en abusent, mais que les artistes aussi les investissent, comme des espaces imaginaires qui les appellent! Les écrans sont déjà connotés en tant qu’espaces cinématographiques, télévisuels, et donc narratifs. Les artistes peuvent en renforcer l’interactivité, mais ils ne peuvent plus en réduire la multisensorialité. En d’autres termes, l’écran exige l’image en mouvement et le son, autant dire le multimédia et l’événementiel. Les écrans sont devenus sonores. Couper le son de la télévision ou d’une projection cinématographique, c’est déréaliser les images, quasiment les anéantir. Les arts visuels, au sens traditionnel et iconique du terme, s’accommodent mal de la dynamique de l’écran. La peinture, le dessin, la sculpture en subissent le contrecoup.
Non seulement les écrans cannibalisent le réel, comme l’a dénoncé Jean Baudrillard avec l’émotion du tragique, mais avec les écrans dynamiques, le mouvement en emporte même les images. Il les affiche pour les effacer aussitôt, dans le pétillement de l’instantanéité. La montée en puissance des écrans, dans la mesure où ils remplacent les matériaux inertes, le papier, la toile, a créé un choc dans l’histoire de l’art, une rupture qui pourrait paraître irréversible, mais contre laquelle il faut lutter, car c’est aussi nous-mêmes que les écrans se préparent emporter dans leur instabilité brownienne. Comme si, pour reprendre les termes de cette mystification étrange en termes plus réels, c’étaient les hommes qui se cannibalisaient eux-mêmes en s’engouffrant dans les écrans qu’ils manufacturent et commercialisent fébrilement.
Réf : Blog OINM 31/01/2014
|