Référence :
214100
Titre :
Economie et numérisme
Date :
2014
Famille/Série
Observations :
Bibliographie
Beaucoup dénoncent les excès de l’économie dans le monde actuel. Mais c’est l’informatique qui est hégémonique, plus encore que l’économie qu’elle domine d’ailleurs aujourd’hui, au point de l’avoir dématérialisée. Après la conquête de l’Ouest, puis celle de l’espace, c’est cette exploration ascensionnelle de la technoscience qui est devenue la nouvelle frontière américaine : un mythe diversement partagé ou rejeté dans les autres cultures. À elles deux l’informatique et l’économie ont conquis la planète Terre, comme une déesse-mère pluripotente à deux têtes. Elles sont pour nous tout à la fois maternelles et redoutables, omniprésentes et anonymes, intimement proches et lointaines, visibles et occultes comme toutes les divinités que l’on redoute et que l’on prie tout à la fois. Et elles ont toutes deux leurs prosélytes et leurs intégristes, comme toutes les religions qui tentent de nous imposer leur vérité totalitaire.
L’économie nous terrifie. Les crises se succèdent et s’aggravent, désespérant des millions d’êtres humains, qui perdent leur travail, leur dignité et l’espoir. La Bourse rythme le quotidien de nos sociétés Le calendrier financier a pris la relève du religieux. Le vendredi était traditionnellement « jour maigre ». On faisait pénitence. Maintenant, le vendredi, on rend gorge. Certes, heureusement, tous les vendredis ne sont pas noirs, ni les lundis non plus. Mais comment en sommes-nous arrivés à dépendre à ce point du jeu des spéculateurs ? Quel étrange phénomène anthropologique que cette nouvelle religion de l’argent, dont le Vatican est aujourd’hui à New-York et sera demain sans doute à Hong-Kong ! Voilà un nouveau veau d’or dont les méfaits, la violence, le cynisme, l’exploitation humaine et les crises très réelles qu’il déchaîne dépasse les effets pervers de toutes les superstitions et religions précédentes.
Mais ne dramatisons pas. L’économie se limite à une vision quantitative de la planète Terre. Le numérique, lui, va beaucoup plus loin. Il nous impose un simulacre extensif, diversifié et total de l’univers. Un pansimulacre qui prétend remplacer le réel, parce qu’il nous semble plus vrai (précis, informatif, interprétatif), plus instrumental (contrôlable et efficace), infiniment plus grand, petit ou détaillé selon les besoins, illusionniste (trompe l’œil), séducteur, excitant et immersif que notre quotidien traditionnel. Un pansimulacre dangereux, parce qu’il se présente à nous comme une technoscience mathématique et donc objective, anonyme et universelle, atopique, alors que nous vivons aujourd’hui dans un monde tout à la fois trivial et hallucinatoire, tant les rationalisations de détail déshumanisées d’un imaginaire exalté nous surplombent.
Réf : Blog Mythanalyse 02/02/2014
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