Référence : 218032 Titre : L’imaginaire et l’inconscient Date : Bibliographie Mais l’inconscient n’est pas l’imaginaire, l’imaginaire n’est pas l’inconscient. Nous sommes conscients de nos imaginaires; nous ne le sommes pas de notre inconscient. Il faut appeler un chat un chat et cesser de confondre les notions avec lesquelles nous tentons difficilement d’élucider notre rapport au monde. L’inconscient individuel est un concept opératoire majeur, quoiqu’en ait pu écrire Jean-Paul Sartre (1) ou Robert Misrahi (2), qui n’y voient qu’une mauvaise excuse pour notre pleutrerie ou notre manque de responsabilité. En mythanalyse, l’inconscient est singulier. Il est la mémoire oubliée des stades de construction de nos facultés fabulatoires. Et sa réalité biologique est l’inscription dans la plasticité de nos cerveaux où ces fabulations successives ont créé des matrices neuronales qui déterminent nos émotions d’adultes, donc nos idées, nos valeurs, nos comportements. La mythanalyse postule cette construction biologique. J’y insiste: l’inconscient individuel a une réalité qui est biologique. Il en est tout autrement pour ce que Jung a appelé l' »inconscient collectif, » dont je refuse le concept. Si je veux obliger Jung à appeler à son tour un chat un chat, cet inconscient serait comme une vapeur archaïque dans laquelle nous serions tous immergés, comme l’air que nous respirons, qui échapperait même aux déterminants historiques et sociologiques. L’inconscient collectif inclurait – serait structuré par, se configurerait autour – des archétypes universels, clés de nos fabulations, clés d’analyse pour le psychanalyste. Cet inconscient collectif est lui-même une fabulation gazeuse de Jung. Comment n’a-t-il pas vu lui-même, en toute cohérence avec sa théorie, que cet inconscient collectif renvoie à son cher archétype de l’air! Gaston Bachelard aurait pu le lui dire… Ce qui existe incontestablement, et dont nous tirons matière et argument d’analyse, c’est la mémoire collective qui est inscrite dans notre histoire et notre culture collectives, incluant ses symboles, ses tensions, ses contradictions, ses traumatismes, ses failles, ses moments de gloire, ses désastres, ses jeux de pouvoir. Il s’agit là d’une mémoire idéologisée qui nous gouverne par soumission, acceptation, évidence ou rejet. Ce que Jung appelle l’inconscient collectif est assez ou très conscient: c’est l’imaginaire synthétisé, inscrit dans notre culture, voire institutionnalisé. Il s’agit certes dans les deux cas de ce que j’appelle des fabulations, mais dont nous gardons au niveau individuel la mémoire inconsciente matricielle biologique singulière, tandis qu’au niveau collectif, c’est l’imaginaire ordinaire dont notre culture véhicule les récits ou mythes (par définition collectifs). En employant le même concept d’inconscient pour l’analyse individuelle et pour l’analyse sociale Jung a créé une confusion dont nous peinons à nous libérer. Cette erreur fondamentale relève de sa propre fabulation idéaliste, quasi religieuse, sa quête inconsciente d’une âme individuelle et d’une âme sociale. Une illusion séductrice pour les esprits qui refusent la dure évidence du matérialisme et rejettent le biologisme clinique démystificateur de Freud (il est vrai déformé par l’obsession sexuelle viennoise de Freud et son machisme bien de son époque). (2) Robert Misrahi, La nacre et le rocher, une autobiographie, p. 211, éd. Encre Marine (Belles Lettres), Paris, 2012. Il y écrit: « Les actes qui sont attribués à « l’inconscient » » par Freud ou Lacan « sont en fait issus du sujet conscient, lorsque sa confiance est obscure ou confuse… (212) Je n’oppose … pas la conscience & l’inconscient, mais la conscience plus ou moins obscure à la conscience plus ou moins claire, & ces mêmes consciences (la vie immédiate) à la réflexion explicite et organisée. Réf : Blog Mytahnalyse 02/07/2018 |