Le mythe de l’homme

Référence :
216018

Titre :
Le mythe de l’homme

Date :
2016

Famille/Série


Observations :

Bibliographie

Si nous ne croyons pas en Dieu, il nous faut croire en l’Homme. Ne croire en rien enlèverait tout sens à notre vie, qui serait réduite, selon notre chance d’être privilégié ou notre malchance d’être démuni, au cynisme jouissif ou à un état misérable.
Nous pourrions dire que croire en Dieu ou croire en l’Homme ne sont que des croyances illusoires l’une et l’autre. L’une est une fabulation, l’autre est contredite par la réalité chroniquement scandaleuse que nous observons.
Croire à la grandeur de l’Homme est un mythe porteur. Croire en Dieu est un mythe aliénant. Mais rien ne viendra contredire le second en prouvant l’inexistence de Dieu, tandis que le premier nous apparaît tous les jours dénié par la réalité.
Y-a-t-il une tierce proposition mythique pour laquelle nous pourrions opter ? Je n’en vois assurément aucune. Car la croyance dans les esprits ou dans le polythéisme demeure tout aussi négative que de croire en un seul Dieu.
La mythanalyse postule que notre rapport au monde demeure toujours mythique. Nous ne pouvons échapper, même dans le rationalisme le plus lucide, le plus critique, à la fabulation inhérente à notre condition humaine. Nous ne pouvons jamais accéder à ce qui serait une interprétation « objective » du réel. La mythanalyse nous invite donc à choisir entre Dieu et l’Homme, à choisir le mythe bénéfique de l’Homme et écarter le mythe toxique de Dieu.
Dans les limites – ce que j’appelle les limythes – de notre rapport au monde, incluant notre rapport à nous-mêmes subjectivement et socialement, la croyance dans l’Homme constitue évidemment une pétition de principe d’un étonnant optimisme. Je peux croire en effet que l’Homme et possédé par le mal – cela s’observe couramment -, ou qu’il aspire au progrès individuel – cela est toujours relatif et plus rare, mais concevable -, voire qu’il évolue vers un progrès collectif, ce qui demeure incertain dans le chaos de notre histoire, mais s’observe à bien des égards. C’est cette dernière option qu’implique la croyance en l’Homme, que je pourrais nommer la croyance dans le progrès de l’Humanité.
Nous observons que la croyance en Dieu s’est instituée en diverses religions, avec tous les effets pervers qui en sont résultés. Croire en l’Homme n’implique aucune pratique ou institution religieuse. Nous ne tomberons évidemment pas dans l’idée d’une religion de l’Humanité, telle que l’avait conçue Auguste Comte, qui voulait établir un sacerdoce et des Temples positivistes. D’une part, la mythanalyse se situe à l’opposé frontal du positivisme, puisqu’elle considère le culte de la Raison comme un mythe et relativise toutes nos connaissances, toutes nos théories, qu’elle considère comme des constructions fabulatrices. Et d’autre part dans sa recherche de lucidité critique la mythanalyse s’oppose à toute idée de religion, qui impliquerait des crédos, des rites, des symboles aliénants.
La mythanalyse prend la croyance en l’Homme pour ce qu’elle est: une utopie, un mythe, une fabulation, mais qu’elle considère comme bénéfiques et porteurs de progrès collectif.
La mythanalyse n’ira pas plus loin dans la définition, ni davantage dans l’institutionnalisation du concept, voulant précisément éviter les travers de la religion promue par Auguste Comte.
Mais elle recherche comment cette croyance peut se traduire dans la pratique.
La mythanalyse s’appuie dans sa vision utopique de la croyance en l’Homme sur plusieurs éléments qui sont:
– la conscience augmentée (grâce aux hyperliens numériques)
– l’éthique planétaire constituée par la Déclaration universelle des Droits de l’homme
– l’hyperhumanisme (plus d’humanisme par plus d’hyperliens)
– la divergence (l’évolution par sauts et ruptures, par projets et non par adaptation et sélection naturelle)
On le voit, ces éléments sont liés entre eux et soutenus par l’émergence de l’âge du numérique, dont la mythanalyse souligne qu’elle est susceptible d’accélérer le développement du progrès humain collectif, tel qu’il peut s’instituer dans l’exigence collective, dans le renforcement des Nations Unies et des Cours internationales de justice telles que celle de La Haye. La mythanalyse est championne de la diversité culturelle, mais seulement dans les limites du respect des droits universels de l’homme, qui constitue le seul absolu sur lequel elle fonde sa pratique.
Suis-je en train de rêver, de décliner une utopie illusoire. Oui, c’est bien une utopie au jour d’aujourd’hui. Mais c’est celle qui a le plus de sens, celle qui est la plus porteuse d’espoir collectif. Voilà ce que veut dire croire en l’Homme pour l’accomplissement de son évolution collective sur Terre. Et c’est beaucoup plus lucide, inspirant et utile que de croire en Dieu en cultivant son salut individuel pour aller égoïstement au paradis. L’au-delà n’existe pas. S’il-vous-plaît, restons ici-bas. La mythanalyse est athée et enracinée ici-bas. Il n’y a de pire illusion que l’ailleurs.

Réf : Blog Mythanalyse 19/01/2016
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