Arabesques et divergences

Référence :
20706

Titre :
Arabesques et divergences

Date :
2007

Technique :
Acrylique sur toile

Famille/Série


Dimensions
4 tableaux de 71 x 60

Signature

Provenance
Collection particulière

Observations
Accrochage d’un ensemble de 4 tableaux

Expositions
Céret

Bibliographie
Peinture et représentation
Les arts numériques visent la perfection technique du simulacre, éventuellement en trois dimensions, dont les éclairages, les textures, les colorations, voire la fluidité du mouvement, soient capables de créer la parfaite illusion d’une perception réaliste. En ce sens, ils tentent de relever le même défi que les peintres qui, depuis la Renaissance jusqu’au XIXe siècle, ont tenté de recréer une imitation aussi parfaite que possible de la réalité, même lorsque cette réalité est savamment recomposée pour célébrer des scènes mythologiques, historiques, bourgeoises, voire des natures mortes. Et c’est sans compter le concours de réalisme entre les peintres grecs Xeusis et Parrhasius, dont les grains de raisin ou le rideau pouvaient tromper notre perception, les peintres spécialisés dans le trompe-l’œil, le mouvement récent de l’hyperréalisme, ou l’école actuelle de ceux qui composent des scènes sophistiquées de personnages et de décors et en recolorent l’agrandissement photographique .
De fait, les arts numériques, pris au piège de la perfection informatique, voudraient faire encore mieux que la photographie, en y ajoutant la troisième dimension, le mouvement, l’interactivité et le son, grâce au multimédia. Cette logique les situe paradoxalement dans une attitude anachronique par rapport à la peinture actuelle, qui, précisément, a pu se libérer de la servilité réaliste grâce à l’alternative de la photographie, et explorer ainsi les limites de ses capacités et de sa liberté d’expression. C’est oublier aussi que même la photographie a su se libérer elle-même de cette soumission au réalisme et devenir un mode d’expression créatif. L’ambition du numérique d’être plus «vrai» que le réel, crée souvent cet effet d’ennui des œuvres tirées en haute définition sur du papier photographique supérieur et glacé, ou des animations hyperréelles en haute définition. Les arts numériques n’y échappent souvent qu’en cultivant un esprit de divertissement et une interactivité qui amusent les foules, mais où ils perdent finalement tout intérêt artistique. L’image créée par ordinateur, ou « image de synthèse », comme on l’appelle à juste titre, est trop précise pour rivaliser avec la force d’expression de l’écriture picturale.
Synthèse ou signe
L’ image de « synthèse » relève de l’artisanat, et sa perfection lui enlève tout statut d’image et donc d’art. L’art suppose non pas la synthèse, mais la soustraction, la réduction du multisensoriel au seul visuel, de la réalité à son seul signe. J’aime dans la peinture, le dessin ou la sculpture l’imperfection qui témoigne du processus exaltant de la création, de la recherche, du défi humain. C’est ce qui nous fascine dans l’esquisse, dans la sculpture que Rodin dégage du marbre brut. La perfection achevée est un astre mort, qui ne vibre plus et nous laisse insensible. La réalité augmentée du numérique, la finesse des détails, l’évidence de la réalité tue l’imagination du spectateur, le confrontant à une question simplement technologique, d’où toute approche critique est évacuée.
La force d’expression de l’art n’est plus aujourd’hui – et n’a peut-être jamais vraiment été – dans l’imitation réaliste des objets. Elle n’est pas dans le simulacre ou l’illusion, mais au contraire dans la liberté que prend l’artiste par rapport à l’imitation servile, dans la divergence. Entre synthèse et signe, la peinture choisit le moins, qui devient le plus : le signe. L’image de synthèse relève de l’artisanat, tandis que le signe pictural accède à l’art. La peinture ne saurait, viser la représentation, mais plutôt la présentation d’une liberté de la perception. La peinture n’est pas une photographie, mais une écriture, qui tend souvent à l’idéogramme.
Peindre, c’est écrire sur une feuille blanche dont le fond isole l’idéogramme de la réalité et lui confère son pouvoir calligraphique et iconique. Peindre un dieu ou un code barres, ce n’est pas peindre la réalité, ce n’est pas représenter, présenter une clé virtuelle d’interprétation du monde ; c’est évoquer. Cosa mentale.
Réf : Blog Avenir de l’Art 11/04/2009
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