Référence :
21305
Titre :
Le stade fœtal (série 1/10)
Date :
2012-2014
Technique :
Acrylique sur toile
Famille/Série
Le bestiaire de la mythanalyse, 10 toiles
Dimensions
92,5 x 92,5
Signature
en bas, à droite et titre en bas, à gauche
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Provenance
Collection particulière
Observations
Expositions
Centre Pompidou
Bibliographie
mythe art: le stade foetal
Après avoir évoqué tous les stades successifs de création fabulatoire de l’interprétation du monde depuis la naissance jusqu’à l’âge adulte, il convient de revenir aux deux plus importants, ceux qui initient ce processus de création mythique entre ordre et désordre, bonheur et malheur: le stade fœtal, puis le stade chaotique.
Du stade fœtal nous ne pouvons qu’imaginer la psyché. Nous l’interprétons comme un état larvaire de quiétude, dans la chaleur sécuritaire de l’utérus maternel. C’est un stade important de première structuration psychique et synaptique de l’enfant à naître. Il se peut que cette période de développement physiologique soit beaucoup plus dramatique, voire douloureuse pour le fœtus, et qu’il en subsiste une mémoire inconsciente moins euphorique qu’on ne se plait à l’imaginer, voire des traumatismes profonds et durables dans la relation biologique et psychique partagée avec la mère génitrice. Plusieurs cas d’analyse psychanalytique semblent le démontrer. Toujours est-il que notre imagination en fait un paradis terrestre originel dont nous avons été chassés douloureusement lors de l’accouchement. Et cette image demeurera un pôle nostalgique de notre interprétation mythique du monde, qui met au premier rang la figure maternelle dans la création mythique, la figure paternelle n’apparaissant qu’après l’accouchement, dans le stade chaotique.
The chaotic stage of mythical fabulation
After having presented the successive stages of the origin of myths, let’s come back to the birth of the world which comes to the foetus who is expelled from the mother’s uterus. He experiences a painful stripping and distortion which evocate the expulsion of the garden of heaven. I call it the chaotic stage. A new world assaults the foetus in a blinding light into a stream of confuse and fearful experiences, which he inevitably interprets with intense fabulations of fear definitively recorded in his unconscious memory. Most of the myths mention this chaotic stage of the birth of the world.
Después de haber indicado las fases sucesivas de interpretación imaginaria del mundo desde su aparición hasta la edad adulta, necesitamos volver a las dos más importantes fases de interpretación, las que inician ese proceso de creación mítica entre orden y desorden, felicidad y dolor: la fase fetal y la fase caótica.
De la experiencia psíquica de la fase fetal no podemos decir mucho sino imaginar como adultos un estado larvario de tibieza, quietud y seguridad física en el útero materno. Hay que destacar la importancia de esa fase inicial como primera estructuración de la psiquis y de la red sináptica del cerebro del embrión. Es posible que esa fase de desarrollo fisiológico sea mucho más dramática y menos eufórica, sino dolorosa, con traumas profundos y persistentes en la relación biológica y psíquica compartida con la madre, que nos gusta imaginarla. Varios casos de estudios psicoanalíticos lo sugieren. No obstante imaginamos esa primera fase como un paraíso original en la tierra, de lo cual fuimos expulsados dolorosamente en el parto. Ese imago permanecerá como un polo nostálgico de nuestra interpretación mítica del mundo, creando la predominancia de la figura mítica de la madre, pues la del padre aparecerá solamente con la fase siguiente del caos.
Nachdem wir die aufeinanderfolgenden Phasen der mythischen Interpretationen der Welt ab der Geburt bis zum Erwachsenenalter erwähnt haben, wird es nötig zu den zwei ersten und wichtigsten Stadien zurück zu kommen, die dieses Prozess mythischer Vorstellungen zwischen Ordnung und Chaos, Glück und Schmerz initiieren, und zwar die Fetalphase und die Chaosphase.
Das psychische Erlebnis der Fetalphase dürfen wir nur hypothetische Vorstellungen haben. Wir stellen uns ein Larvenstadium vor, das der beruhigenden Sanftheit und Sicherheit der Gebärmutter genießt. Es ist eine entscheidende Phase der originellen psychischen Bildung des Embryos und synaptischen Strukturierung des Gehirns. Es ist auch möglich, dass diese erste Phase der psychischen Entwickelung viel dramatischer und weniger euphorisch sei, als wir es gerne denken. Es ist sogar denkbar, dass tiefe Trauma von diesem biologischen und psychischen Zusammenhang mit der Mutter entstehen, die sich dauerhaft im unbewussten Gedächtnis festsetzen werden. Mehrere psychoanalytische Studien darauf hinweisen. Im allgemeinen sehen wir als Erwachsene diese Phase als ein Paradies auf Erden aus dem wir durch die Geburt vertrieben wurden. Dieses Bild wirkt dann dauerhaft als ein nostalgischer Pol unserer mythischen Weltanschauung, und verstärkt die mythische Vorherrschaft der Figur der Mutter, da die des Vaters erst mit der nächsten chaotischen Phase erscheinen wird.
胎儿阶段
在研究过从诞生直到成年对世界的解读的虚构创作的各个阶段之后,应该回顾两个更加重要的阶段,开启这个在秩序与混乱、幸福与不幸之间的创作过程的两个阶段:胎儿阶段,然后是混乱阶段。我们只能想象胎儿阶段的心理。我们将之诠释为在母亲子宫安全的温暖中一种萌芽的平静状态。这是即将诞生的孩子最早心理和神经突触构成的一个重要阶段。有可能这个心理发展的时期是更加戏剧性的,对于胎儿甚至是痛苦的,从中留下了一份我们不会乐意想象的不那么惬意的无意识记忆,甚至是与亲生母亲的生理与心理关系中深刻而持久的创伤。几个精神分析的案例似乎证明了这一点。我们的想象一直把它当成一个最初的尘世天堂,我们在分娩时被痛苦地从中赶了出来。这幅画面会是我们对于世界的神话解读的一个忧伤的中心点。
Réf : Blog Mythanalyse 14/11/2014
URL
Mythanalyse de l’île
Dans le remarquable article qu’il consacre à la « polysémie de l’imaginaire de Thrinakia (*), Orazio Maria Valastro nous propose une mythanalyse de l’imaginaire de la Sicile, qu’il élargit à la thématique plus générale de l’imaginaire des îles.
Il met en évidence en analysant plusieurs récits autobiographiques d’écrivains qui reviennent sur l’île de leur famille, en quête de leurs racines, la nostalgie d’un paradis perdu, s’étant donné pour but de répondre à la question: « Quelles fabulations et imaginaires nourrissent les récits et les narrations contemporaines de l’île dans l’écriture, personnelle et collective, de l’expérience de la vie quotidienne ? »
Évoquant les îles mythiques de l’Odyssée, aussi bien que l’île d’Avalon (la célèbre légende celte du roi Arthur) pour étayer plus largement son propos, il met en évidence « l’insularité nous montrant l’imaginaire d’une île paradisiaque ». Et il précise: « L’image de l’île est ancrée fondamentalement dans le mythe du paradis, lieu d’un état d’innocence et de félicité dont l’humanité aurait fait l’expérience à l’origine du temps, situé parfois en Orient, autrefois en Occident. » L’abondance et la diversité des exemples que Orazio Maria Valastro puise dans les récits autobiographiques de plusieurs écrivains et en particulier l’attention qu’il donne à ce qui relève dans leurs récits non pas de légendes ou des propos sublimés, mais des évocations de la vie quotidienne dans cette nostalgie des racines qu’expriment ces écrivains, ne laisse guère de doute sur l’importance de sa thèse, amplement démontrée.
Du point de vue de la théorie mythanalytique que je construis, je retrouve ici, illustrée quasiment à l’état pur, la nostalgie du « stade fœtal » que j’ai décrit, ce premier stade de la fabulation utérine dans l’évolution des étapes fabulatoires de l’être humain. On en retrouve l’expression dans tous les mythes d’un âge d’or, d’un paradis terrestre, d’un paradis perdu, si fréquent dans les mythologies et les religions. De nos jours encore, l’attraction pour les îles tropicales, supposées paradisiaques, qu’exploitent les agences de voyage ou le Club Méditerranée, ne laisse aucun doute sur le lien profond qui demeure dans nos, inconscients tant individuels que collectifs par rapport au stade fœtal. Les analyses d’Orazio Maria Valastro, documentées avec précision, confirment clairement la théorie mythanalytique. (**) Et il est significatif de souligner les ressemblances topographiques entre la poche utérine où le fœtus se développe dans le liquide amniotique avec la configuration classique de l’île, isolée du monde extérieur, entourée par la mer (ou la mère), et dont le dessin des côtes et de leurs plages évoque aussi la membrane utérine.
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(*) En Quête De Mythanalyse
Hervé Fischer (sous la direction de)
M@gm@ vol.12 n.3 Septembre-Décembre 2014
Orazio Maria Valastro:
MYTHANALYSE DE L’ÎLE : POLYSÉMIE DE L’IMAGINAIRE DE THRINAKÌA
(**) Voir mon blogue: http://mythanalyse.blogspot.ca/2014/11/le-stade-foetal.html
Réf : Blog Mythanalyse 14/04/2015
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Mythanalyser la résurrection du Christ
Voir photo sur le blog
Détail du tableau de Matthias Grünewald: la résurrection du Christ (1512-1516)
Ce détail du triptyque célèbre conservé au musée de Colmar et qui représente le Christ réssucitant qui sort du tombeau et s’élève vers le ciel suggère un retour dans le paradis utérin du Ciel?.
Puis-je me permettre de mythanalyser ainsi cette image extraordinaire? Faudrait-il voir aussi dans les auréoles divines des peintures de Saints cette symbolique inconsciente, une illustration de ce que j’ai appelé le stade utérin de la fabulation mythique? Je n’ose encore l’affirmer. Mais la structure de cette image ne peut demeurer insignifiante; ses couleurs chaudes opposées à l’environnement du bleu de tonalité froide et leur répartition non plus.La membrane est dessinée, colorée. Le passage étroit entre le monde d’ici-bas et le paradis d’en haut est nettement suggéré par le mouvement des jambes et le rétrécissement inférieur du triangle de la tunique orangée dont le Christ est revêtu. Une interprétation freudienne sexualisée verrait même certainement dans la forme et les replis de la tunique, vers le bas et son ouverture vers le haut, ainsi que dans la zone verticale plus obscure sous le bras gauche du Christ une vulve et un passage vaginal.
Je laisse à mes lecteurs le soin d’en décider, de s’en indigner ou d’aller encore plus loin dans cette analyse du détail. Il demeure qu’on ne saurait négliger le soin extrême dans le choix de la composition et du dessin auquel Grünewald a consacré tant de temps et de ferveur. Il a décidé attentivement de ces formes, soit selon des raisons plastiques et symboliques conscientes, soit sous l’influence de l’inconscient mythique collectif que j’évoque.
C’est dans la plus grande humilité que je reproduis ci-dessous ma peinture du stade fœtal pour me donner toutes les chances de douter d’une telle interprétation du mouvement entre la mort et la vie.
Dans le récit de l’Évangile, la souffrance de la crucifixion constitue le passage obligé de ce retour du chaos au paradis utérin, comme elle marque le passage du paradis utérin au stade du chaos de l’accouchement de l’infans et du monde lors de la naissance selon un mouvement inverse.
Réf : Blog Mythanalyse 26/04/2015
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