Hommage a Gutenberg

Référence :
21320

Titre :
Hommage à Gutenberg

Date :
2013

Technique :
Acrylique sur toile

Famille/Série

Dimensions
61 x 91

Signature
en bas, à gauche

Provenance
Collection particulière

Observations


Expositions
ECI

Bibliographie
L’âge du numérique, c’est le triomphe de Gutenberg, l’inventeur du caractère mobile. L’internet diffuse non seulement les textes, mais aussi les images et les sons avec un simple alphabet binaire.
Réf : Blog Avenir de l’Art 21/02/2013
URL

L’hyperhumanisme doit beaucoup à Gutenberg
L’humanisme doit beaucoup à la diffusion des livres grâce à l’imprimerie de Gutenberg, et aujourd’hui l’hyperhumanisme est né de l’extension planétaire de l’internet. Le code binaire informatique est l’aboutissement de l’invention de l’alphabet phonétique (non analogique), puis du caractère mobile de Gutenberg, ancêtre du 1 et du 0.
Réf : Blog Hyperhumanisme 12/03/2013

Le papier peut-il être numérique ?
Nous rendons des hommages hautement mérités à Marshall McLuhan. J’ai moi-même été parmi les premiers à enseigner ses théories à la Sorbonne au début des années 1970. Il a été un remarquable philosophe de la technologie et des communications, notamment des implications sociologiques de l’oralité, de l’imprimerie et des médias électriques. Mais il est nécessaire de situer McLuhan dans son époque et de ne pas lui attribuer le mérite de ce qu’il ne pouvait pas connaître. Car nous lui octroyons aussi un rôle de pionnier et de visionnaire du numérique et c’est là une affirmation très discutable. Curieusement, encore aujourd’hui, nous méconnaissons autant que lui le changement radical de paradigme que constitue le passage de l’âge de l’énergie à l’âge de l’information. C’est un sujet de réflexion qu’il nous faut approfondir, tant il a suscité de malentendus et de contresens.
Il faut réanalyser les origines de la révolution numérique. Son effet de surprise est dû à la puissance technologique du code binaire, mais sa genèse a été longue et date manifestement de l’invention des premiers alphabets phonétiques qui ont rompu avec l’écriture pictographique, longtemps avant l’ère chrétienne. Bien entendu, c’est seulement aujourd’hui que nous sommes capables de le comprendre, et à condition de nous opposer aux théories célèbres de McLuhan, l’auteur célèbre de La Galaxie Gutenberg (1962), qui nous a fait découvrir l’importance des communications électriques, mais nous induit collectivement en erreur encore aujourd’hui pour comprendre le numérique. Nous avons admiré chez McLuhan l’intelligence provocatrice d’un analyste pionnier des nouveaux médias – le téléphone, la radio, la télévision et en général l’audio-visuel -, et donc des débuts de la société de l’information. Il a eu cette intuition géniale que les médias ne sont pas seulement des ponts entre nous et la nature, mais un nouvel écosystème. Et beaucoup, dont je suis, s’accordent à penser que Marshall McLuhan a été le premier à comprendre l’importance déterminante des technologies. Mais son vocabulaire le retient dans la limite historique de son temps. Certes, dans le dernier chapitre d’Understanding Media, abordant l’automation, McLuhan, s’essaie à analyser la cybernétique comme une des applications majeures de l’électricité. Mais la grande rupture de la civilisation occidentale n’a pas été, comme il l’affirme, celle de l’électricité, qui clôt seulement l’âge du feu, mais bien celle de la cybernétique qui initie un nouvel âge de l’humanité, l’âge du numérique. Ce qui attire d’abord l’attention, c’est l’opposition surprenante – que je qualifierai de thermique – que McLuhan établit entre les médias qu’il qualifie de chauds ou de froids. L’analogie est difficile à argumenter et paraît vite arbitraire. Son analyse des effets de l’invention de l’imprimerie est pénétrante, mais ses propres propositions typographiques de mots-images, de mots-objets dans Counterblast, évoquent plus l’odeur du plomb fondu gutenbergien que le code binaire de l’information numérique. De même, le bombardement dramatisé des électrons à travers l’écran télévisuel sur les téléspectateurs fait image, mais demeure peu convainquant du fait de sa banalité physique réelle. Et cela le conduit à affirmer que le médium, c’est le message, qu’il considère donc comme un massage. On ne peut manquer d’être surpris par le caractère très physique, mécanique et thermique lui aussi de l’idée de massage, qu’il tente de nous imposer En outre, en un temps où notre tradition humaniste nous empêchait d’admettre l’impact de la technologie sur nos structures cognitives, aussi bien que sociales, l’idée était certes nouvelle. Et elle demeure actuelle. Nous voyons bien que le téléphone cellulaire, comme l’internet, deviennent des outils de socialisation extrêmement puissants, alors même que les contenus qu’ils transmettent sont souvent insignifiants, comme dans le clavardage, ou dans les échanges anodins de téléphones cellulaires entre jeunes :
– Où es-tu?
– Je suis là.
– Moi aussi.
– On se reparle tout à l’heure.
Mais la formule de McLuhan était aussi simpliste que géniale et il est grand temps de revaloriser l’importance des contenus, si l’on veut résister précisément à ce massage aliénant des mass médias. Il faut continuer à préserver les industries du livre, des journaux et des magazines, qui diffusent une pensée moins superficielle, moins simplificatrice et plus analytique que ces média-massages. McLuhan a eu trop raison, s’enthousiasmant pour ce qui est devenu une faiblesse de l’époque actuelle. Nous ne pouvons pas faire l’économie de la valeur des contenus et de la pensée critique, aujourd’hui moins que jamais tant les dangers de massification sont grands. Le numérique, même s’il tire avantage de l’électricité, et joue encore un évident rôle de massage social, ne traite pas de l’énergie. Nous sommes désormais dans une société de l’information, qui, comme son nom l’indique, prétend survaloriser les contenus et a banalisé l’électricité. Il ne faut pas les confondre comme McLuhan. Le numérique est d’une toute autre nature que l’électricité, et infiniment plus puissant. D’ailleurs, l’énergie détruit l’information. L’imaginaire théorique de McLuhan appartient à l’âge du feu et de l’industrie mécanique et électrique. Cet exemple montre que c’est aussi au simple niveau des métaphores du langage que l’on peut repérer les mythes qui soutiennent un grand récit théorique, et pas seulement dans les fascinantes figures des fabulations conceptuelles. Et s’il était encore avec nous, McLuhan serait sans doute le premier à souligner, comme il le disait souvent, que nous continuons communément à interpréter à tort le monde d’aujourd’hui avec les concepts et les contenus d’hier. Malheureusement, c’est ce qu’il a fait lui-même, y compris dans plusieurs de ses postulats fondamentaux, qui deviennent contreproductifs.

Fausses divergences

Mais nous découvrons aussi, outre ce genre d’aveuglement, des bouleversements dont nous tirons de multiples conclusions aussi fausses que les prétendues divergences qui les fonderaient. Ainsi, McLuhan a cru pouvoir affirmer que les médias électriques nous ramèneraient à une multisensorialité comparable à celle de l’oralité d’avant l’invention de l’imprimerie. Le règne de Gutenberg, celui de l’imprimé, auquel l’Occident doit tant, n’aurait donc duré que quelques siècles. Il n’aurait été qu’une parenthèse dans notre évolution. Il est vrai que nous remettons aujourd’hui en question le journal et le livre imprimés sur papier, pour les proposer en ligne, sur des liseuses ou des tablettes électroniques. Et les industries de pâte à papier sont en recul. Nous nous acheminerions vers une civilisation « papier zéro ». Il faudrait alors se demander si ces grandes idées de la modernité occidentale, notamment l’individualisme, l’esprit critique, le rationalisme, dont McLuhan attribue le développement à l’imprimerie, ne seraient pas aujourd’hui menacées par le triomphe du numérique, sa nouvelle culture basée sur le temporel plutôt que le spatial, le multimédia plutôt que le visuel, et sa sensibilité événementielle, émotive, ludique, de consommation accélérée, à l’opposé de l’effort et de sa durée. Les sociétés de masses de l’âge du numérique ne deviendraient-elles pas alors beaucoup plus manipulables et sujettes à un nouvel obscurantisme ? Ce n’est pas exclu. Mais pour en juger, il faut d’abord relever plusieurs erreurs communément répandues, attribuées à des ruptures qui n’existent pas.
En annonçant la fin de la « galaxie Gutenberg » au nom de l’électricité, McLuhan s’est lui-même mystifié. La révolution numérique, bien au contraire en a assuré le triomphe. Et aujourd’hui, en pensant la révolution numérique avec les concepts de la théorie mcluhanienne, on se trompe d’époque, tombant dans une double ingénuité : celle de McLuhan et la nôtre. Nous avons tous pris le numérique pour une nouvelle application de l’électricité, alors qu’il repose sur le code binaire. L’homme lettré cède la place à l’homme numérique, l’alphabet même va-t-il céder à la pression incessante et aux flux omniprésents de l’image, qui vaut désormais plus que mille mots ? Il ne faut pas se tromper de révolution : c’est le passage de l’alphabet analogique à l’alphabet phonétique qui a été la rupture initiatrice de l’évolution contemporaine vers le code binaire.
On peut relever un ensemble d’au moins cinq erreurs d’origine mcluhanienne qui se sont renforcées les unes les autres et nous aveuglent encore.
Première erreur. Contrairement à ce qu’on affirme en cette période dite d’une nouvelle oralité, on typographie plus que jamais. Force est de constater que nous n’avons jamais tant écrit, ni tant lu qu’aujourd’hui. Nous passons quotidiennement des heures à naviguer sur les sites de l’internet, à écrire et lire des courriels, des messages sur nos écrans de téléphone, à envoyer des textos, à clavarder sur internet, à lire les bandeaux textuels des journaux télévisuels, à écrire et envoyer des cv, à enregistrer et lire des informations sur les plateformes des médias sociaux, à produire du contenu en ligne, etc. On crée des sites web, qu’il faut animer constamment, on rédige parfois quotidiennement, un, voire plusieurs blogs. On écrit plus sur écran qu’on n’a jamais écrit sur papier. On envoyait il y a encore quinze ans une lettre de temps en temps. Aujourd’hui, on écrit des courriels et des messages tous les jours à profusion. Même les jeunes sont devenus hyperactifs, apprenant par nécessité à. maîtriser un minimum d’orthographe, et même des codes savants d’écriture abrégée. Nous avions quelques machines à écrire. Maintenant, on estime à plusieurs milliards le nombre de claviers d’ordinateurs actifs sur la planète, sans compter les claviers de téléphones, de tablettes, de liseuses et d’innombrables équipements et gadgets.
Le volume de transmission des messages vocaux sur les réseaux téléphoniques est devenu marginal par rapport aux échanges de données écrites. La commande vocale demeure rare. Et le clavier d’ordinateur n’est en fait qu’une machine à écrire électronique qui remplace avantageusement les vieux casiers de caractères mobiles de plomb de Gutenberg et en automatise la manipulation. Certes, je peux désormais diffuser aussi des sons et des mouvements et les mêler aux textes et aux images. Il ne s’agit là cependant aucunement d’une oralité du larynx ni d’une gestualité du corps, comme on semble le prétendre implicitement, mais plutôt d’une extension remarquable de l’écriture. L’internet est devenu une véritable imprimerie pour la musique, le cinéma et la télévision. Le fait que je puisse maintenant télécharger des milliers de films et d’œuvres musicales est une véritable apothéose de la reproduction et diffusion dont Gutenberg a initié l’âge d’or. En outre, pour les œuvres tombées dans le domaine public, ce téléchargement devient gratuit, immédiat et souvent d’excellente qualité, donc d’autant plus fréquent. Ainsi des milliers de films, dont beaucoup de long-métrages célèbres, deviennent disponibles chez-soi gratuitement. Il en est de même pour la télévision. Mieux encore, nous avons inventé l’imprimerie en 3D, qui permet d’écrire, diffuser et reproduire à distance en trois dimensions et avec une extrême précision n’importe quel objet manufacturable ou organe du corps humain.
Deuxième erreur. Le web 2.0, le clavardage, les forums en ligne et les échanges sur les réseaux sociaux nous ramèneraient à l’interactivité sociale et aux rituels collectifs de l’ancienne oralité, alors que la lecture du livre a favorisé l’individualisme. Ne sous-estimons pas l’impact du multimédia. Mais ses vertus multisensorielles écraniques ne sont pas aussi grandes qu’on l’a prétendu. On suggérait souvent plus avec moins – c’est l’art de la litote. La profusion d’images et de sons coupe souvent l’élan de l’imaginaire. Les vertus de l’interactivité sont indéniables quant aux commodités, mais plus contestables dans le domaine de la création culturelle. L’interactivité n’est qu’une pale imitation réductrice de l’interaction imaginaire, mentale et physique.
Rappelons que ce réseautage opère en ligne, c’est-à-dire à distance et le plus souvent dans l’anonymat. On ne saurait nier le succès des jeux multi-usagers, du karaoké en ligne, ou du pingpong et autres sports vidéo que proposent les marques de logiciels Wii ou Kinect. Mais ces rituels électroniques demeurent très limités, sans commune mesure avec la gestualité de proximité et l’interactivité visuelle, olfactive et tactile des fêtes tribales. Le vaudou en ligne n’est pas pour demain.
Troisième erreur. On oublie à tort que ce bouleversement a commencé il y a six mille ans avec l’invention de l’alphabet phonétique qui a succédé à l’écriture idéographique. Il faut rappeler ici que le génie de Gutenberg ne fut pas d’inventer l’imprimerie, qui existait déjà et dont le premier exemple connu est chinois, The Diamond Sutra, un livre conservé à la bibliothèque du British Museum et qui date du IXe siècle. L’invention de Gutenberg est celle du caractère mobile d’imprimerie, qui en a accéléré la puissance. Et contrairement à ce qu’on dit, le code binaire des technologies numériques ne constitue pas une rupture par rapport à l’alphabet phonétique. L’alphabet phonétique, qu’il compte 26 ou 30 lettres selon les langues, rompait déjà avec le caractère analogique de l’écriture idéographique. Il s’est imposé comme un code abstrait et instrumental. Le numérique en est la simplification. Dans la transmission numérique comme dans l’affichage cathodique, qu’il s’agisse de textes, d’images, de mouvement ou de sons, les octets et les pixels sont autant de caractères mobiles réduits à une plus simple expression, plus polyvalente que les caractères du code alphabétique ou du code musical. Cette réduction à deux signes, 1 ou 0, a permis de donner au code binaire la puissance et la rapidité de l’électricité et d’établir la convergence des médias. Il est l’aboutissement ou l’accomplissement de l’invention des caractères mobiles de Gutenberg.
Quatrième erreur. Pour en finir avec Gutenberg, on invoque aussi le succès commercial des liseuses et des tablettes électroniques qui se multiplient. Mais ce succès, qui a tardé, demeure très limité, quoiqu’en proclament les prosélytes commerciaux et le matraquage médiatique : moins de 7% de l’édition aux États-Unis, moins de 2% en France, un chiffre d’affaires marginal au Québec. Et les ventes de liseuses plafonnent, tandis que les tablettes servent à tout sauf à la lecture des livres. Encore les liseuses ne gagne-t-elle du terrain que dans la mesure où elles imitent de mieux en mieux le bon vieux livre papier et son ergonomie : la matité du papier et de l’encre, le format de poche, une sonorisation qui nous fait entendre le bruit des pages virtuelles que l’on croit encore tourner, la légèreté, la manipulation conviviale des pages, voire l’odeur de l’encre d’imprimerie en sachet diffuseur, la baisse des prix, etc. Les Japonais ont même commercialisé une liseuse imitant l’interactivité manuelle et le libre mouvement des pages lorsqu’on la penche dans un sens ou dans un autre. C’est paradoxalement le livre papier imprimé qui demeure le modèle incontournable du succès de ces imitations électroniques.
Cinquième erreur. On nous dit que le livre disparaîtrait. Les maisons d’édition et les entreprises de presse seraient d’ailleurs en crise. Nous numérisons tant les livres, qu’ils semblent être aspirés dans les écrans cathodiques de nos ordinateurs. Les bibliothèques, une fois leurs livres scannés se trouvent-elles dévalorisés, comme des entrepôts de masters originaux, qui deviendront peut-être des lieux déserts ? Alors, est-ce pour de bon la fin du papier, de l’écrivain papier, du livre papier, et des bibliothèques ? Les avons-nous construites, ces dernières années, avec tous ces budgets douloureux à obtenir, à contre-courant de l’évolution, de l’évidence des nouvelles merveilles du numérique et des besoins des nouvelles générations ? Le livre va-t-il devenir un simple artefact de collection, de musée, de décoration, comme dans cette colonne de livres dressée dans l’entrée de la vieille bibliothèque de Prague, que les groupes d’écoliers photographient avec leur téléphone cellulaire, comme s’ils regardaient un zèbre dans un zoo ?
Les bibliothèques virtuelles sont en plein essor. Mais elles demeurent des bibliothèques qui proposent des livres. Elles donnent même accès à ces livres qui ne sont plus disponibles, anciens, épuisés, protégés dans des iconothèques, ou en vente lointaine, dans d’autres pays, ou simplement en vente seulement en ville, alors qu’on vit à la campagne. Nous ne pouvons plus nous passer de tous ces réseaux numériques de la société de l’information dans laquelle nous sommes immergés. C’est en milliards de pages que l’on compte les sites web. Nous nageons, nous surfons, nous plongeons dans un océan de lettres de l’alphabet. Paradoxalement, et contrairement à la prophétie de McLuhan, nous connaissons une deuxième phase du développement de l’alphabétisme, encore beaucoup plus extensive que la première, cette fois immersive.
On nous annonce triomphalement qu’en 2012 il s’est vendu dans le monde autant de livres numériques que de livres reliés avec une couverture dure (hard cover). On voudrait y voir l’annonce d’une mutation et de la fin du livre. Il faut plutôt se réjouir de cette augmentation impressionnante de l’industrie du livre. Qu’un tiers des livres qui sont mis sur le marché aujourd’hui soient numériques, toutes catégories confondues, est une bonne nouvelle, car nous ne parlons pas tant de substitution de supports de publication que d’une augmentation d’un tiers de la production globale de livres. Que ces livres soient sur écran électronique plutôt que sur papier ne change pas le fait que ce soient des livres. En fait, le numérique n’est pas le contraire du papier, ni davantage son ennemi mortel qui vise à le remplacer. Aussi paradoxale que puisse paraître cette affirmation aux cyberintégristes, le numérique n’est dans ce domaine que le complément du papier. On s’efforce d’ailleurs aujourd’hui d’inventer du « papier cathodique ». Qu’on puisse y ajouter du son et du mouvement constitue un enrichissement du texte, et ne signifie pas sa disparition. Le fait qu’Amazon et autres grandes compagnies bénéficient de l’électronique et puissent vendre des livres sur papier ou sur écran constitue un grand progrès technologique de l’imprimerie et une grande chance pour le livre. L’internet offre aussi une nouvelle puissance de promotion, de diffusion et de vente du… livre papier ! Il y a là une magnifique complémentarité. On a même pu dire que l’internet est « l’imprimerie du XXIe siècle ». Sans doute, mais il ne faut pas généraliser, car le livre papier qui sort d’une presse est loin de faiblir. Il demeure dominant, de loin, et c’est plutôt le livre numérique qui ne tient pas ses promesses mirifiques, et dont la croissance a fléchi en 2012. Les dernières études montrent qu’il s’essouffle un peu, quoiqu’affirment ses champions : seulement 16% des Américains ont acheté à ce jour un livre numérique, tandis que 89% des lecteurs réguliers achètent toujours des livres papier (Bowker Market Research, 2012). On peut prévoir que le livre numérique ne se substituera pas au livre papier, mais offrira un support supplémentaire et différent pour des activités où il se spécialisera : livres techniques et professionnels exigeant une actualisation constante, livres épuisés introuvables, livres-jeux et multimédia.
Quoi qu’il en soit, nous ne sommes pas confrontés à une « parenthèse Gutenberg » qui se refermerait, mais au contraire, grâce au numérique, au triomphe de l’imprimerie électronique à caractères mobiles. Nous avons même développé une grande crainte par rapport à la conservation de ce nouveau continent de lettres de l’alphabet. Car la dangereuse contrepartie de cette deuxième révolution lettriste, c’est la fragilité de ce patrimoine électronique. L’oralité de jadis cultivait au moins la mémoire et nous lui devons l’extraordinaire conservation de textes qui datent de plusieurs milliers d’années. Je n’en dirais pas autant de ceux que nous confions aujourd’hui à la seule mémoire des disques qu’on appelle « durs », beaucoup plus volatiles que les plaques de terre cuite de jadis.
Pour autant, il n’y a pas lieu de craindre, faute d’écriture et de lecture, un retour à l’obscurantisme. Le numérique nous permet tout au contraire d’espérer de nouveaux progrès humains. Vive e-Gutenberg ! Nous sommes devenus les nouveaux lettrés du numérique.
Réf : Blog OINM 05/11/2014

Mentions légales

Editrice et Directrice de la publication : Françoise GALLAND

Hébergeur du site :

Nom de l’hébergeur : OVH

Propriété intellectuelle :

Tous les contenus présents sur ce site (textes, images, illustrations, vidéos, etc.) sont protégés par le droit d’auteur et sont la propriété exclusive de Hervé Fischer ou de ses contributeurs. Toute reproduction, diffusion, modification ou utilisation sans autorisation préalable est strictement interdite.

Données personnelles :

Les données personnelles collectées sur ce site sont traitées conformément à notre politique de confidentialité. Vous pouvez consulter notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la collecte, l’utilisation et la protection de vos données personnelles.

Cookies :

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience de navigation. Vous pouvez consulter notre politique en matière de cookies pour obtenir plus d’informations sur l’utilisation des cookies et la gestion de vos préférences.

Liens externes :

Ce site peut contenir des liens vers des sites externes. Nous déclinons toute responsabilité quant aux contenus présents sur ces sites externes. L’accès à ces liens se fait sous votre entière responsabilité.

Limitation de responsabilité :

Nous nous efforçons de fournir des informations précises et à jour sur ce site, mais nous ne pouvons garantir l’exactitude, l’exhaustivité ou la pertinence des informations fournies. En conséquence, nous déclinons toute responsabilité en cas d’erreur ou d’omission concernant les informations disponibles sur ce site.

Loi applicable et juridiction compétente :

Les présentes mentions légales sont régies par la loi en vigueur en Fance Tout litige relatif à l’utilisation de ce site sera soumis à la compétence exclusive des tribunaux d’Angers, France

 

Réseaux sociaux
Autoportrait