Référence :
21412
Titre :
Changer l’argent en art et vice versa 5.000 $
Date :
2014
Technique :
Acrylique sur toile
Famille/Série
Market Art
Dimensions
61 x 51
Signature
en bas, à droite
|
Provenance
Collection particulière
Observations
Valeur indiquée sur le tableau = Valeur de référence de la première vente
Expositions
Bibliographie
L’art et l’argent
L’art et l’argent constituent une configuration mythique aujourd’hui triomphante. L’art a toujours été lié au pouvoir, à sa légitimation ou, dans les moments de rébellion, à sa contestation. Les rois, les papes, les chefs de guerre, les marchands et aujourd’hui les spéculateurs n’ont cessé d’utiliser l’art pour asseoir leur pouvoir. Le capitalisme a pris la relève des grands systèmes de pouvoir précédents. Il est devenu l’algorithme des relations sociales, leur structure même et leur mode opératoire. On peut le déplorer, mais ce système est moins détestable que ne le furent les pouvoirs sans limites des religions et des dictatures armées.
Il est logique que les collectionneurs les plus puissants se construisent à eux-mêmes des musées pour y exposer leurs icônes, comme jadis les religions construisaient des temples à leurs dieux et appelaient les meilleurs artistes à les embellir. Certes l’art actuel de ces nouveaux musées privés qui se multiplient n’a plus la valeur pédagogique des vitraux et des peintures de jadis, qui illustraient le catéchisme pour le peuple analphabète. Compréhensible aux seuls initiés, l’art d’avant-garde apparaît au grand public comme un mystère qui renforce l’aura des grands prêtres du capitalisme.
Rien de bien nouveau donc, en termes de mythanalyse des rapports entre l’art et le pouvoir. Il en a toujours été ainsi. Leur déclinaison actuelle, nous l’appelons le « market art », un art créé par des artistes experts en marketing, capables de concevoir des produits ajustés aux exigences du marché spéculatif de l’art. Le market art se renforce en s’appropriant aussi à coups de dizaines de millions des œuvres d’artistes antérieurs, jadis célèbres ou, mieux encore, misérables comme Gauguin ou Van Gogh mais dont le capitalisme triomphant reconnaît la valeur avec des records d’enchères. Jeff Koons achète des peintures anciennes avec les millions de la vente de ses inflatable rabbits and dogs (une judicieuse assurance pour l’avenir de sa fortune personnelle).
Cette alchimie contemporaine qui permet allègrement de changer l’art en argent et vice-versa n’est-elle pas plus rationnelle et plus productive que l’ancienne alchimie qui s’entêtait à transmuter le plomb en or?
Ceux qui s’en offusquent et qui dénoncent ce market art devraient plutôt se réjouir de voir aujourd’hui le capitalisme qu’ils déclarent honnir rendre un tel hommage à l’art qu’ils veulent eux aussi adorer? Dans tous les systèmes sociaux l’art a joué un rôle fondamental, à la mesure du puissant mythe de la création qu’il incarne. Le capitalisme lui aussi n’est-il pas devenu « créateur »? La Banque Fischer en atteste et bat monnaie en son nom.
Réf : Blog Mythanalyse 11/03/2015
URL
Market Art – alchimie postmoderne 2
Alchemy does not pretend being reversible and allow to change back gold in lead and mercury. The Market Art, which runs today’s creation, is reversible – a basic principle for double speculation. It enshrines the myth of the creative capitalism, as well as it celebrated formerly the myths of Nature, God or Labour. Money has become a religion. The mytoanalyst should not be surprised, even if he questions its virtues and vices.
L’alchimie ne prétend pas être réversible et rechanger l’or en plomb et mercure. Le market art qui s’impose aujourd’hui, est circulaire, permettant une double spéculation. Il consacre le mythe du capitalisme créatif, comme il célébra jadis les mythes de la Nature, de Dieu ou du Travail. L’argent est devenu une religion. Le mythanalyste ne saurait s’en étonner, même s’il se questionne sur ses vertus et ses vices.
Alchemie beansprucht keine Reversibilität; sie will nicht das Gold ins Blei und Quecksilber zurück verwandeln. Das Market Art, dass die heutige Kunst beherrscht, muss auch umgekehrt funktionieren – es ist das Grundprinzip der Kunstspekulation. Diese Kunst feiert den kreativen Kapitalismus, genauso wie sie sich früher den Mythen von Natur, Gott oder Arbeit gewidmet hat. Das Geld ist eine Religion geworden. Der Mythoanalyst darf nicht sich davon erstaunen, obwohl er seine Tugenden und Laster befragen soll.
Alquimia no busca la posibilidad de la Reversibilidad. Ella no intenta restituir plomo y mercurio a partir del oro. El market art domina ahora por prometer esa reversibilidad, pues está basado sobre la doble especulación de compra y venta por aumentar el provecho. Ese principio es básico para alcanzar su celebración del capitalismo creativo, así como el arte se ha dedicado en el pasado a honorar los mitos de la Naturaleza, de Dios o del Trabajo, pues el dinero se volvió una religión. El mitoanalysta no debe asombrarse de eso, aunque tiene que cuestionarse sobre sus virtudes y vicios.
Réf : Blog Avenir de l’Art 06/06/2015
URL
|