Le rire fou de Démocrite

Référence :
22524

Titre :
Le rire fou de Démocrite

Date :
2025

Technique :
acrylique sur toile

Famille/Série


Dimensions
152 x 92.5

Signature
signature en bas à droite de la toile

Provenance

Observations
Crédit photo Laurence Honnorat/Innovaxiom

Expositions


Bibliographie
Le philosophe grec de l’atomisme riait de l’inanité du monde alors qu’Héraclite en pleurait le flux des malheurs.

Chère Françoise,
Je suis très heureux que tous aiment ce tableau. Pour répondre à ta demande d’explication, voici ce que j’ai écrit dans le manuscrit de La condition planétaire, p. 71 de mon manuscrit:

Cette posture n’est pas tenable. Nous sommes contraints de faire une place au hasard dans un système régulé par la nécessité. C’est manifestement ce qui conduisit Jacques Monod – mais c’était un biologiste, un scientifique travaillant à une échelle plus intime de la nature -, à accoler le principe de nécessité à celui du hasard dans son livre célèbre Le hasard et la nécessité.[1] Il reprenait en fait ainsi les mots du philosophe atomiste Démocrite, un précurseur improbable, le premier grand penseur matérialiste de l’histoire des idées, qui avait osé faire du hasard le principe actif, l’impetus même de toute causalité, en affirmant : « Tout ce qui existe dans l’univers est le fruit du hasard et de la nécessité » [2] Et voici une histoire célèbre qui en démontre la justesse: la légende rapporte que le grand tragédien grec Eschyle mourut en 456 avant Jésus-Christ, lorsqu’il reçut sur la tête une tortue, lancée du ciel par un rapace, qui aurait pris son crâne chauve pour un caillou destiné à briser la carapace. La tortue mourut aussi. Hasard funeste, mais rigoureusement déterminant.
Pour Démocrite, c’est du hasard que naissent toutes choses. La tradition lui fait déclarer : « En réalité, nous ne savons rien, car la vérité est au fond du puits. » Fort de cette vision cosmologique, Démocrite était connu pour rire de toutes choses, au point que ses compatriotes envoyèrent le célèbre médecin Hippocrate vérifier s’il avait l’esprit dérangé. Et le propos qu’on en rapporte a gardé toute son actualité :
« Au lieu d’un malade qui avait besoin de secours prévenants, Hippocrate trouva un philosophe judicieux et appliqué, assis tranquillement à l’ombre sur un vert gazon. Le philosophe avait un livre sur ses genoux : plusieurs autres étaient répandus à sa droite et à sa gauche et comme à son habitude, il rit beaucoup en discutant avec le médecin.
« Quelle est la cause de cette joie ? Mes discours ont-ils quelque chose qui vous choque ? » demanda-t-il à Hippocrate.
« Après quelques moments de silence, le philosophe commença un discours merveilleux sur les bizarreries et les disparités du genre humain. Il fit voir que rien n’est plus comique ni plus risible que toute la vie ; qu’elle s’emploie à chercher des biens imaginaires, à former des projets qui demanderaient plusieurs vies ajoutées l’une à l’autre ; qu’elle échappe au moment même où l’on ose le plus compter sur ses forces, où l’on s’appuie davantage sur la durée, qu’elle n’est enfin qu’une illusion perpétuelle qui séduit d’autant plus vite, qui séduit d’autant plus aisément, qu’on porte avec soi-même le principe de la séduction.
« Je voudrais, continua Démocrite, que l’Univers entier se dévoilât tout d’un coup à nos yeux. Qu’y verrions-nous, que des hommes faibles, légers, inquiets, passionnés pour des bagatelles, pour des grains de sable ; que des inclinations basses et ridicules, qu’on masque du nom de vertu ; que de petits intérêts, des démêlés de famille, des négociations pleines de tromperie, dont on se félicite en secret et qu’on n’oserait produire au grand jour ; que des liaisons formées par hasard, des ressemblances de goût qui passent pour une suite de réflexions ; que des choses que notre faiblesse, notre extrême ignorance nous portent à regarder comme belles, héroïques, éclatantes, quoiqu’au fond elles ne soient dignes que de mépris ! Et après cela, nous cesserions de rire des hommes, de nous moquer de leur prétendue sagesse et de tout ce qu’ils vantent si fort. »
« Ce discours que j’ai abrégé exprès, remplit Hippocrate de surprise et d’admiration. II s’aperçut que, pour être véritablement philosophe, il fallait se convaincre en détail qu’il n’y a presque dans le monde, que des fous et des enfants. Des fous plus dignes de pitié que de colère ; des enfants qu’on doit plaindre et contre lesquels il n’est jamais permis de s’aigrir, ni de se fâcher. » [3]

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[1] Jacques Monod, Le hasard et la nécessité. Essai de philosophie naturelle, Seuil, Paris, 1970.
[2] On ne s’étonnera pas que l’attribution de cette déclaration à Démocrite soit d’ailleurs contestée.
[3] Histoire critique de la philosophie où l’on traite de son origine, de ses progrès, & des diverses révolutions qui lui sont arrivées jusqu’à notre tems, Volume 2 – Deslandes (André François, M.) – Chez F. Changuion, 1756. Voir en ligne : https://fr.wikipedia.org/wiki/Démocrite

Réf : Courriel 19 et 20/06/2025

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