Petite sensation 01

Référence :
20013

Titre :
Petite sensation 01

Date :
2000

Technique :
Acrylique sur toile

Famille/Série
Choc du numérique

Dimensions
102 x 60

Signature
en bas, à droite et titre en bas, à gauche

Provenance
Collection particulière

Observations
Observations

Expositions
Buenos Aires – Céret – Centre Pompidou

Bibliographie

Dans la revue PRUSSIAN BLUE
No 6 – Octobre 2013
EXPOSITION
« Les couleurs du marchand de glaces.
Le fauvisme digital » d’Hervé Fischer
Galerie ECI // 32 av. Matignon, Paris
30 mars > 30 juin 2013
HERVÉ FISCHER : UN CONCEPTUEL ENGAGÉ
PAR GUILLAUME DE SARDES
Après vous être engagé sur la voie de l’art
multimédia, vous avez choisi de revenir à la
peinture? Pourquoi?

J’ai découvert la magie des ordinateurs
au Québec en 1983. Cela a bouleversé ma
pratique d’artiste et j’ai créé peu après la
Cité des arts et des nouvelles technologies
de Montréal, qui a exposé pendant dix ans
tous les pionniers du multimédia. C’était une
époque passionnante et héroïque. Mais alors
que les artistes numériques dénonçaient
l’obsolescence des beaux-arts, j’ai quant à moi
de plus en plus relativisé cette rupture. Je ne
crois pas au progrès en art. L’interactivité me
semble peu intéressante en art. Le multimédia
ne remplace aucunement la multisensorialité
de la peinture ou de la sculpture. Les œuvres
d’art numérique sont éphémères. La vitesse
du progrès technologique et des flux de pixels
les cannibalise. Elles sont le plus souvent
ludiques, sans contenu critique. Je suis donc
revenu en 1999 à la peinture, optant pour
l’arrêt sur image. Cela a été une décision
difficile. Mais bien entendu, c’est le monde
numérique que je peins, ses structures, ses
icônes, ses mythes, car je crois que l’âge du
numérique qui émerge s’impose aux artistes.
J’ai donc opté pour ce que j’appelle les beaux–arts
numériques et un nouveau naturalisme.
Vous écriviez dans votre Petit manifeste
de 1999 : «Malevitch ne peindrait plus des
carrés noirs, mais des codes-barres.» Est-ce
une manière de réfuter l’approche wildienne
de «l’art pour l’art» et d’assigner à celui-ci
un rôle social?
Initiateur de l’art sociologique au début des
années 1970, j’ai cherché à mettre en œuvre
la pratique de ce concept. Je crois que l’art
va être de plus en plus interrogatif et critique
face aux mutations sociales considérables que
nous vivons, qu’il va soumettre l’esthétique
à l’expression des questions éthiques. Au
XXe siècle les artistes se questionnaient
beaucoup plus sur l’art et l’esthétique que
sur la société. Malevitch, le suprématiste,
s’interrogeait métaphysiquement sur la
mort de la peinture. C’est l’utopie sociale
soviétique qui a tué le constructivisme.
Mais aujourd’hui, c’est l’angoisse sociale du
futur qui sauve la peinture de l’épuisement
de ses vieux thèmes. Le code-barres Quick
Response est constitué de petits carrés
noirs et blancs, mais c’est aussi l’emblème
identitaire de notre société de gestion et
de consommation. La peinture devient
sociologique et philosophique.
Si les artistes témoignent de leur temps, il
semble que vous lisiez le nôtre comme celui
du «tout économique».
L’utopie de l’économisme a pris la relève des
utopies sociales du XIXe siècle qui ont échoué.
Le libéralisme économique et marchand
inspiré du darwinisme est devenu le nouveau
paradigme de notre organisation sociale et
internationale. Certes, les artistes n’ont jamais
montré d’intérêt pour l’économie, un thème
jugé trivial. Mais elle est aujourd’hui plus
importante que le nu féminin ou que les boîtes
de Campbell Soup de Warhol. Je peins donc la
météo de Wall Street, les paysages montagneux
de notre nouvelle nature économique dont les
zigzags qui montent au ciel ou descendent
aux enfers, les tableaux statistiques
scandaleux de l’inégalité sociale, les codes–barres
de l’identification et de la gestion des
marchandises, mais aussi des personnes, des
pensées, des émotions et des rêves.

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Réf : Blog Avenir de l’Art 07/02/2014
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