Référence :
22503
Titre :
Les illétrées
Date :
2025
Technique :
acrylique sur toile
Famille/Série
Les 4 îles (3/4)
Dimensions
152 x 152
Signature
signature en bas à droite de la toile
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Provenance
Collection particulière
Observations
Crédit photo Laurence Honnorat/Innovaxiom
Expositions
Bibliographie
Un atelier de peinture autobiographique
Est-il possible d’élargir la pratique de l’Atelier d’écriture autobiographique d’Orazio Maria Valastro à l’idée d’un Atelier de peinture autobiographique ? C’est à quoi je m’exerce depuis quelque temps avec des autoportraits, une série d‘appels à l’énergie, et maintenant quelques peintures évoquant la puissance métaphorique de l’île, un thème sicilien cher à Orazio.
L’île en mythanalyse évoque la nostalgie fœtale de chacun de nous, dans ses multiples déclinaisons textuelles, sonores, visuelles.
Voici donc comment se présente mon travail d’atelier. D’abord le rappel du Stade fœtal, puis Les rêves qui le réaniment, enfin une série de peintures métaphoriques d’îles : les illisibles, les illogiques, les illettrées, les illimitées.
Et je découvre que je suis un fischerien contrarié en mal d’accomplissement. Voilà pour moi.
Mais concernant ceux qui rejoindront mon Atelier, comme le psychanalyste je ne parlerai plus, les regardant tenir leurs pinceaux, pour qu’ils découvrent eux-mêmes quel stade de leur mémoire biographique résonne et raisonne lorsqu’ils illustrent leur vie par la peinture ou le dessin dans le but de la réimaginer dans un élan libérateur en harmonie avec eux-mêmes et le monde hyperhumaniste à venir.
Il n’y a rien là de facile. Il faut recommencer toujours le chemin en divergeant à chaque li-mythe.
3 – Les illétrées
Autant d’îles, autant de lettres à inventer pour établir un alphabet et construire un récit.
Réf : Courriel 02/02/2025
La dispersion
il n’y a pas d’oblique dans un monde clos, pas plus chez les antiques Égyptiens, ou dans les peintures des vases grecs, que dans les fresques et vitraux du Moyen-âge. Car il n’y a pas de profondeur visuelle, mais seulement spirituelle ou transcendantale, et une échelle frontale théologique, hiérarchique. Chez Giotto c’est l’accommodation chromatique qui esquisse la profondeur à venir dans la peinture fu Quattrocento. C’est le sociologue de la Renaissance Francastel qui nous a proposé les meilleures analyses de la profondeur “réaliste” par rapport à la frontalité symbolique. Et j’ajouterai que ce point de fuite unique demeure un symbole monothéiste fort dans cette période de transition, où des peintres introduiront progressivement plusieurs points de fuite. Le gothique puis le baroque restaureront un point de fuite vertical dans l’ascension du monde d’ici-bas vers le ciel. Le monde demeure sous la coupe de Dieu pour longtemps. Panofsky s’est plus attaché à l’analyse historique et sémiologique de la symbolique. Son analyse de l’oblique y voit une première rupture de l’unité du cosmos. L’oblique introduit l’angularité, l’apparition de plusieurs points de vue ; c’est un biais de la théologie unitaire. Et ce biais est vu symboliquement avec une nuance péjorativement comme un regard oblique, louche, fourbe dont il faut se méfier.
Lors de l’invention de la composition en arabesque par Gauguin puis Matisse au tournant du XIXe siècle, alors qu’on m’enseignait encore la perspective dans mes cours de dessin d’après la Seconde guerre mondiale, l’oblique disparaît avec le rejet de la profondeur de l’espace pictural, confirmant que l’oblique annonçait l’invention de la profondeur optique de la Renaissance. Pourquoi l’avènement de l’arabesque du point de vue sociologue ? L’arabesque est un effort de réunification face à un univers fragmenté, qui se casse, qui explose. Pour les pots cassés, la culture japonaise a plutôt opté pour le kintsugi, le recollage des fragments que le filet d’or resacralise. La culture japonaise a opté pour la réparation par l’art, comme l’a souligné Nobert Hillaire.
J’ai opté plutôt par le constat de cette fragmentation du monde, le paradoxe de l’émergence de la mondialisation dans notre conscience numérique augmentée. Nous sommes rendus dans un monde désunifié, multipolaire, où le forces politiques se combattent idéologiquement et militairement. Pouvons-nous être encore occidentaux. L’enjeu est majeur, incertain. C’est ce que j’ai tenté d’exprimer dans cette série de quatre toiles : les illimitées, les illettrées, les illogiques, les illisibles, où les fragments sont dispersés. Plus de profondeur, mais la frontalité, plus d’arabesque. Mais encore un instinct d’équilibre dans la composition aléatoire. Mythiquement, il nous est très difficile d’abandonner cette recherche instinctive de sécurité dans l’unité du cosmos, qui nous sécurise depuis des millénaires.
Réf : Courriel 30/09/2025
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