Artiste-philosophe, de double nationalité, française et canadienne, il vit à Montréal. Ancien élève de l’École normale supérieure, il a consacré sa maîtrise à la philosophie politique de Spinoza (sous la direction de Raymond Aron), et sa thèse de doctorat à la sociologie de la couleur (Université du Québec à Montréal). Il a enseigné la sociologie de la culture et de la communication à la Sorbonne-Paris V (Maitre de conférences en 1981), il a aussi été professeur à l’École nationale supérieure des arts décoratifs (1969-1980), travaillant principalement sur les relations entre arts, science, technologie et société.
Cofondateur de l’art sociologique en 1971 il en a été aussi le théoricien. Il a été l’initiateur de projets de participation populaire avec la radio, la presse et la télévision dans de nombreux pays d’Europe et d’Amérique latine, avant de venir s’installer au Québec au milieu des années 1980. Agitateur d’idées interactives, selon le journal Le Monde, pionnier du multimédia et des arts numériques au Québec, il a été l’organisateur de la participation franco-canadienne au projet des Nouvelles aventures de Marco Polo, roman télématique francophone impliquant des écrivains d’Afrique, d’Europe, du Canada en 1985 sous le patronage des écrivains Umberto Eco et Italo Calvino
En tant qu’artiste, il a été représentant de la France à la Biennale de Venise (1974). Il a été invité spécial de la Biennale de São Paulo (1980), invité à la documenta de Kassel en 1982. Il a eu des expositions personnelles dans les musées Galliéra (Paris, 1976), ICC (Anvers), dans les musées d’art contemporain de Sao Paulo (1976), Montréal (rétrospective 1981), Mexico (1983). Après avoir plongé dans les arts numériques, il retourne à la peinture en 1999, sur les thèmes du numérique, de l’économie, de l’écologie et présente des expositions personnelles dans les MNBA de Buenos Aires (2003), Montevideo (2004), Santiago du Chili (2006), Neuquen (2009), au Centro Wilfredo Lam – invité spécial de la Xe Biennale de La Havanne (2009), ainsi qu’au Musée d’art moderne de Céret (rétrospective), 2010.
Etabli à Montréal depuis 1982, Hervé Fischer est co-fondateur et co-président de la Cité des arts et des nouvelles technologies de Montréal avec Ginette Major en 1985, commissaire annuel des expositions et de la compétition internationale d’animation par ordinateur Images du futur de 1986 à 1997, fondateur du festival Téléscience en 1990, du MIM – Marché international du multimédia en 1992, du premier Café électronique au Canada en 1995), de la Fédération internationale des associations de multimédia en 1997, cofondateur de Science pour tous en 1997. Élu directeur de la chaire Daniel Langlois à l’Université Concordia en 1999, il fonde le média Lab québécois Hexagram. Dans les années 1985-2010, il est une figure majeure et internationale de la prospective et de l’anticipation des usages du numérique.
En 2011, il lance le « Tweet art » et la « Tweet philosophie » sur Twitter. Il évolue vers un « art philosophique », qu’il justifie publiquement, théorise dans « L’avenir de l’art, » et met en pratique dans sa création. Le Centre Pompidou lui consacre une rétrospective « Hervé Fischer et l’art sociologique » en 2017.
Au fil de ses livres, il construit sa pensée philosophique à partir des concepts d’hyperhumanisme, de conscience augmentée, d’éthique planétaire, de mythanalyse, de divergence. Il se consacre tout particulièrement à la mythanalyse. Il fonde en 2014 à Montréal La Société internationale de mythanalyse.
Il publie de nombreux articles et livres sur l’art et la communication, notamment, Théorie de l’art sociologique, Casterman (1976) et sur internet, L’histoire de l’art est terminée, Balland (1981) et sur internet, Le choc du numérique, le triomphe des cyberprimitifs, vlb éditions (2001), traduit en anglais, espagnol et chinois, CyberProméthée, l’instinct de puissance, vlb éditition, 2002, La planète Hyper, de la pensée linéaire à la pensée en arabesque, vlb éditions (2004), L’avenir de l’art, vlb éditions (2010), Les couleurs de l’occident, de la préhistoire au XXIe siècle, Bibliothèque illustrée des histoires, Gallimard, (2019), Mythanalyse de la couleur, Bibliothèque des sciences humaines, Gallimard (2023).
Sa pensée philosophique s’exprime dans l’ensemble de son œuvre (toiles, tweetart, performances, écriture). Citons, dans sa bibliographie, Nous serons des Dieux vlb éditions (2006), La société sur le divan. Éléments de mythanalyse, vlb éditions (2007), L’âge hyperhumaniste, pour une éthique planétaire, L’Aube (2019).
Le définir comme un artiste-philosophe – il faudrait ajouter sociologue – n’est pas un vain mot car toute sa démarche est constitutive de cette double appartenance. Sa pensée philosophique motive et enrichit sa créativité artistique qui, à son tour, fait progresser sa réflexion. Cette double richesse, assez inhabituelle dans le milieu artistique, il l’exprime par ces mots, repris sur la page d’accueil de ce site :
Ce matin à Malaga le musée Picasso m’a donné beaucoup à réfléchir. La liberté géniale d’invention formelle, de lui ou de Matisse, ou de tant d’autres artistes, ne me suffit pas. Il faut une passion de plus que la peinture, comme la mienne pour l’humanité, la planète, la vie; pas seulement pour le sexe, la couleur et l’invention.
Hervé Fischer – 2023
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